Suivis végétation au niveau du marais de Sougeal Une

Suivis végétation au niveau du marais de Sougeal
Une végétation structurée par l’inondation
Plus de 280 espèces végétales ont été recensées sur le marais de Sougeal (L. Diard, données
non publiées), diversité due à la proximité du littoral (espèces plus méridionales), du Couesnon
(eaux chargées en nutriments) et des coteaux (eaux plus pauvres en nutriments). La flore du
marais de Sougeal comprend plusieurs espèces patrimoniales : le Fluteau nageant (Luronium
natans) (protection européenne, annexe II directive habitats et protection nationale), la Pesse d’eau
(Hippuris vulgaris) (liste rouge régionale protection en Basse-Normandie, taxon rare en Ille-
Vilaine), la Pulicaire commune (Pulicaria vulgaris) (protection nationale) et l’Utriculaire
commune (Utricularia vulgaris) (sans statut particulier). Selon la directive européenne « habitat »,
le marais de Sougeal présente également deux habitats d’intérêt communautaire qui sont tous deux
rattachés au milieu aquatique, l’habitat « lacs eutrophes naturels avec une végétation de type
Magnopotamion ou Hydrocharition » et l’habitat « végétation flottante de renoncules des rivières
submontagnardes et planitaires du Ranunculion fluitantis ».
Les formations végétales sont largement dépendantes des inondations (étendue + durée) et de
la gestion en eau du marais. En réponse au gradient hydrique, plusieurs associations d’espèces
peuvent être identifiées :
- l’association à Holcus lanatus, sur les marges du marais, rarement inondée
- l’association à Alopecurus geniculatus et Poa trivialis en zone intermédiaire généralement
inondé en période hivernale.
- l’association à Agrostis stolonifera et Glyceria fluitans, plus longuement inondée (plus de
6 mois)
Les fossés comportent une végétation aquatique correspondant à l’association à Hydrocharis et
Callitriche.
Le pâturage collectif mixte (bovins, équins et oies) ainsi que la gestion des périodes et de
l’intensité du pâturage ont également une influence sur la structuration de la végétation.
Dans le cadre de nos activités sur le marais, un suivi de la végétation en place sur le long
terme est réalisé 1) sur les communautés terrestres par cartographie et relevés floristiques au
niveau de chacune des associations végétales répertoriées. Un dispositif de 5 transects permanents
a été installé sur le site du marais de Sougeal sur lesquels sont réalisés des relevés floristiques tous
les 3 ans selon un échantillonnage systématique. 2) sur les communautés aquatiques par
l’installation de plusieurs stations permanentes géoréférencées caractérisées par des relevés
floristiques et des facteurs environnementaux (physiques et physico-chimiques).
Par ailleurs, nous analysons l’impact des activités agricoles et de la gestion en eau sur la
diversité et la qualité des prairies humides en comparant le marais de Sougeal à plusieurs marais
du Bas-Couesnon (Lanoe, 2009).
Les études en cours
1. Gestion anthropiques des écoulements d’eau et survie d’espèces patrimoniales : ex du
Fluteau nageant, Luronium natans
Luronium natans est une espèce aquatique
protégée à l’échelle européenne. Plusieurs stations
ont été répertoriées au niveau du réseau de fossés du
marais de Sougeal. Nous cherchons à analyser
l’impact potentiel de l’entretien régulier de ces
fossés par curage sur le maintien et la dispersion de
cette espèce. Cette espèce se reproduit par graines et
par boutures dont une partie est stockée dans les
sédiments au fond du fossé. Notre objectif est
d’évaluer si les capacités de régénération et de
colonisation de cette espèce permettre de compenser
l’effet du curage et si les modalités de curage
doivent être adaptées sur le terrain pour la protection
de cette espèce.
Un inventaire annuel des stations à Luronium est réalisé et analysée en relation avec les
opérations de curage. Chaque station répertoriée est également caractérisée par des relevés de
végétation aquatique et des mesures des facteurs abiotiques. La population de L. natans est
également caractérisée par différents indicateurs de vitalité. Une opération de restauration des
populations au nord a été entamée en septembre 2010 en partenariat avec la communauté de
communes. Deux facteurs ont été testés : la modification de la technique de curage (technique
vieux-fonds, vieux bords ou technique en pente douce) et le type d’apport de propagules (via
sediments, via transplantation, sans apports). Le succès de cette opération sera évalué tous les ans.
2. quelles techniques de gestion pour une espèce proliférante localement ? ex de la Canche
cespiteuse
La Canche cespiteuse (Deschampsia cespitosa) est une espèce formant de larges touradons de 30 à
120 cm de hauteur. Elle se reproduit de manière végétative par l’établissement de nombreux
modules en touffes et de manière sexuée par le développement de grandes inflorescences. La
texture rugueuse de ses feuilles, notamment lorsqu’elle est mature, la rend peu appétante pour les
herbivores. Les usagers du marais perçoivent une nette expansion de sa répartition sur le marais
bien qu’aucun état des lieux antérieur n’ait été effectué. Plusieurs techniques de gestion ont été
employées localement (utilisation de produits phytosanitaires, fauche…) sans de notoire
régression de l’espèce sur les surfaces gérées.
Notre objectif est de mieux comprendre la dynamique de cette espèce et les facteurs
écologiques favorisant son développement afin de pouvoir préconiser des techniques de gestion
plus efficaces.
Un premier bilan de sa répartition a été effectué par cartographie
en été 2007. Des analyses spatiales seront réalisées sous SIG
pour permettre de croiser les couches d’information écologique
avec sa répartition actuelle.
Par ailleurs, nous cherchons à évaluer l’impact d’une
technique de fauche expérimentale menée par la
Communauté de Communes sur la survie et la vitesse de
repousse de la canche et sur la restauration potentielle de la
communauté végétale associée. Nous testons également
l’impact de la litière comme facteur indirect favorisant ou
non le succès de cette technique de gestion.
Une zone a été ainsi choisie au niveau de populations
très denses de canche et a été fauchée à ras. Nous avons ainsi
délimité plusieurs placettes expérimentales dans la zone
fauchée et la zone non fauchée voisine (considérée comme
étant le témoin). Au sein de la zone fauchée, nous avons
enlevé manuellement l’ensemble des produits de fauche sur
la moitié des placettes. L’effet de la litière sur la repousse de
la canche est donc ainsi testé. Pour chaque placette
expérimentale sont réalisés des suivis de la repousse de la
canche (nb. de touffes, morphologie des touffes,
recouvrement…) et de la composition floristique de la
communauté végétale associée.
3. les stratégies de réponse des plantes à l’inondation et au pâturage
Nous cherchons à analyser comment sont structurées
les communautés végétales observées in situ en
fonction du régime hydrique et de l’intensité de la
gestion agricole. Nous nous intéressons notamment aux
stratégies de réponse des espèces, abordées par la
mesure de leurs traits de vie (=caractéristiques
morphologiques, physiologiques, anatomiques). Ces
mesures sont réalisées à la fois sur le terrain le long de
gradients d’inondation (gradient transversal de la plaine
alluviale) et de déprise agricole (gradient longitudinal).
Cet axe de recherche fait aussi l’objet
d’expérimentation en bassins (centre expérimental,
campus de Beaulieu).
Nous nous interessons notamment aux stratégies de reproduction de ces espèces permettant leur
maintien au sein de ces écosystèmes de prairies humides. Cette analyse permettra de mieux
comprendre les mécanismes de coexistence de ces espèces et l’évolution possible de ces
communautés en réponse à une modification environnementale ou d’usage agricole.
Liste des projets de recherche associés
Expertise communauté de communes de la baie du Mont St Michel (2007-2009 puis 2010-2012)
Expertise Conservatoire du Littoral (2009)
Pour plus d’informations :
Cendrine Mony : [email protected]
Bernard Clément : Bernard.Clé[email protected]
(*) : certaines de ces études sont menées en partenariat avec la Communauté de Communes de la baie
du Mont St Michel et le Conservatoire du littoral.
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