Les nébuleuses « récalcitrantes » — Quand les champs magnétiques fossiles protègent l'hélium 3 des étoiles mourantes
Elles semblent préserver une substance que leurs consoeurs détruisent au cours de leur vie.
Ce sont des nébuleuses planétaires rares, comme NGC 3242 et J 320. Grâce à leur champ
magnétique fossile, et contrairement à la majorité des étoiles évoluées de faible masse, elles
ne détruisent pas l'hélium 3 qu'elles ont produit dans leur jeunesse. Cette nouvelle hypothèse
réconcilie l'évolution stellaire avec l'évolution chimique de la Galaxie. Elle résulte d'une
recherche menée par une équipe d'astrophysiciens de l'Observatoire de Genève, du CNRS
et de l'Observatoire de Paris.
En mars 2007 déjà, les mêmes chercheurs franco-suisses, Corinne Charbonnel et Jean-Paul Zahn, avaient proposé
une explication à l'évolution de l'hélium 3 dans la Galaxie. Fruit de la nucléosynthèse primordiale aux origines de
l'Univers, cet élément léger est également produit par les réactions nucléaires qui opèrent au coeur des étoiles de
faible masse comme notre Soleil. En conséquence, les modèles classiques d'évolution chimique de la Galaxie
prédisent que l'abondance d'hélium 3 aurait dû fortement augmenter depuis le Big Bang. Or il n'en est rien, comme
le montrent les observations des régions H II galactiques ! Dans ces zones qui reflètent la composition actuelle de
la matière interstellaire, «  on ne décèle pas plus d'hélium 3 qu'au moment du Big Bang  », explique
Corinne Charbonnel. «  Nous suggérons que l'hélium 3 est bien produit par les étoiles comme notre Soleil,
comme le prédit la théorie, confirme la spécialiste. Mais quand l'étoile devient géante cet élément est
détruit avant d'avoir eu le temps d'être rejeté dans la matière interstellaire.  » Dans une publication parue
dans Astronomy and Astrophysics (1), Corinne Charbonnel et Jean-Paul Zahn suggéraient alors que c'est le
mélange thermohaline qui conduit à la destruction de l'hélium 3 dans les étoiles géantes, et qui concourt à stabiliser
la concentration de l'hélium 3 au cours du temps dans la Galaxie. Ce mécanisme permet d'expliquer simultanément
d'autres anomalies en carbone, azote et lithium observées à la surface de la majorité des étoiles évoluées de faible
masse, et restées inexpliquées depuis plusieurs décennies. L'équipe franco-suisse a montré que ce processus
devait désormais être pris en compte dans les modèles d'évolution stellaire.
Figure 1 : Image HST de la Nébuleuse Planétaire NGC 3242, souvent appelée le fantôme de Jupiter (crédits
B.Balick, HST/NASA/ESA), et qui rejette de l'hélium 3 en grande quantité dans la matière interstellaire. Les
astronomes Corinne Charbonnel et Jean-Paul Zahn suggèrent que cet objet renferme un champ
magnétique intense. Cliquer sur l'image pour l'agrandir
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