THÉÂTRE DE LA POUDRIÈRE } Quai Philippe-Godet 22 } 2000 Neuchâtel } tél. 032 724 65 19 } fax 032 724 65 17
[email protected] } www.theatre-poudriere.ch
dossier pédagogique
© www.francoishuguenin.com
{ LA BALLADE DE CORNEBIQUE } dossier pédagogique } © Théâtre de la Poudrière
l’histoire
2
«La Ballade
de Cornebique»
Un spectacle d’après le texte
de Jean-Claude Mourlevat
Création le 11 septembre 2013
au Théâtre de la Poudrière
à Neuchâtel
Tout public, dès 7 ans
Durée du spectacle: 60 min.
Equipe artistique
AdAptAtion
Théâtre de la Poudrière
Yves Robert
Mise en scène
Corinne Grandjean
Jeu
Daniel Hernandez
Yannick Merlin
Claire Perret-Gentil
Musicien (sur scène)
Julien Baillod
scénogrAphie
et MArionnettes
Pierre Gattoni
Sophie Läser
Musique
L’Ensemble Rayé
LuMière
Gilles Perrenoud
Site internet et email
www.theatre-poudriere.ch
info@theatre-poudriere.ch
armi les œuvres de Jean-Claude Mourlevat, le choix
de notre compagnie s’est porté sur «La Ballade
de Cornebique». L’écriture, l’imaginaire, l’humour,
la tendresse, l’humanité et les péripéties de ce roman
ont immédiatement séduit le Théâtre de la Poudrière.
Le résumé de l’histoire
Accablé par un chagrin d’amour, Cornebique, un jeune bouc
joueur de banjo, quitte son village et s’en va vers l’est. Son
vagabondage le mène bien loin du pays des Boucs dans une
plaine interminable et balayée par le vent. Il voit alors poindre
entre les nuages la silhouette d’un volatile malmené par les
vents. Du bout du long bec de Margie (c’est le nom de cette
vieille cigogne) un balluchon tombe dans les pattes de notre
grand cornu.
Au fond du sac, Cornebique découvre un petit loir profondément
endormi et une lettre qui lui apprend que le rongeur, qui
répond au nom de Pié, est le seul survivant de son espèce
décimée par les Griffues, des fouines sanguinaires qui ne
cesseront de vouloir remettre les crocs sur Pié et son protecteur.
Après une rencontre mouvementée avec ces terribles animaux,
Cornebique comprend que les Griffues séquestrent une
petite «loirote» et qu’elles comptent sur Pié pour perpétuer
cette espèce qui finira en brochette ou en gratin au milieu de
leurs assiettes... S’engage alors un périple durant lequel les
deux compères multiplient les aventures: d’une course à pied
trépidante à des rencontres rocambolesques, en passant
par des festins gagnés à la force du banjo. C’est ainsi que,
malgré la longue période d’hibernation à laquelle Pié succombe
chaque hiver, une solide amitié lie ce duo attachant.
Mais un jour, par un épais brouillard, les fouines kidnappent
Pié et laissent Cornebique dans une tristesse et une colère
dévastatrices. Au comble du désespoir, notre héros rencontre le
Docteur Lem, un coq amnésique dont le culot et l’inconscience
permettront de libérer Pié des pattes de la reine des Fouines,
une «Grand-Mère» colérique et pour le moins imprévisible.
L’écriture de Jean-Claude Mourlevat change de registre pour
mieux nous surprendre et rythmer le récit. A la fois oral et très
écrit, le langage y est fleuri et savoureux. Grâce à une bonne
dose d’autodérision, l’auteur nous emmène dans des situations
émouvantes ou tendues; un univers symbolique et transposé
qui est toujours en relation intime avec la vie, ses défis,
ses bonheurs, ses difficultés... et ses conflits. û
{ LA BALLADE DE CORNEBIQUE } dossier pédagogique } © Théâtre de la Poudrière
notre démarche
3
ondé en 1970, le Théâtre de la
Poudrière est une compagnie
permanente subventionnée par l’Etat et
la Ville de Neuchâtel. Dès son origine, la
compagnie poursuit une démarche artistique
originale puisqu’elle se consacre à explorer
et à interroger l’univers marionnettique
d’aujourd’hui.
Au fil de ses créations
successives s’est constitué
un itinéraire et un langage
scénique singulier. La
marionnette n’est pas une
réduction du théâtre, elle
est un autre théâtre!
La Poudrière
et le jeune public
Reconnu pour sa démarche
exigeante, pour la qualité et
l’originalité de ses créations,
le Théâtre de la Poudrière
est régulièrement invité
dans de nombreux théâtres
et festivals en Suisse et
à l’étranger.
Parallèlement à des
productions destinées au
public adulte, le Théâtre
de la Poudrière consacre
une part importante de
son activité à la création
jeune public et tente de
favoriser l’émergence d’un
répertoire marionnettique
destiné aux enfants.
Créer un spectacle jeune public exige de se
décentrer et de se simplifier... Tout peut être
rêvé, tenté et réalisé mais il est un tamis, un
filtre magique au travers duquel le travail doit
s’égrainer pour atteindre la ligne et l’éclat
d’une immédiateté d’évidence.
«S’ouvrir au monde,
c’est s’ouvrir à soi-même»
Pour la compagnie, il est
fondamental de déterminer
avec précision le type de
fiction et l’expérience de vie
que proposera le spectacle
de manière à véritablement
parler aux enfants.
Il s’agit donc de créer un
lien intime, qui, au travers
des rires et des émotions,
au travers de l’univers
visuel, verbal et sonore
proposé, permettra à l’enfant
de se reconnaître, de se
découvrir, de grandir et de se
métamorphoser…
Travailler pour le jeune public
c’est donc, pour le Théâtre de
la Poudrière, garder à l’esprit
le respect de l’autre (ce public
spécifique et en attente),
le respect de soi (réussir
à se retrouver pleinement
dans le projet réalisé) et la
transmission d’un théâtre
actuel, articulé d’images et
de paroles vives!
û
Quelques dates clés
2003
LAssociation suisse du théâtre
pour l’enfance et la jeunesse
cerne le prix AsteJ 2003
à Yves Baudin, pour la mise
en scène du spectacle «A dos
d’éphan et pour lensemble
de son travail dans le domaine
du théâtre jeune public alisé au
sein du Tâtre de la Poudrière.
2005
Yves Baudin adapte «une
sAison dAns LA VALLée des
MouMines» d’après «Moumine
le Troll» de Tove Jansson.
176 représentations
2009
«LîLe Au trésor» d’après
R. L. Stevenson. Un spectacle
adapté par Yves Baudin
et coproduit par Le Petit
Théâtre de Lausanne et le
CCN-Théâtre du Pommier
210 représentations
{ LA BALLADE DE CORNEBIQUE } dossier pédagogique } © Théâtre de la Poudrière
les thèmes du récit
4
e récit nous envahit peu à peu et nous
entraîne sur un chemin universel. Une
œuvre limpide, légère et pourtant si
mystérieuse et palpitante... comme la vie.
Un livre profond qui, par ses personnages,
ses thèmes et ses situations, ouvre à de
multiples possibilités d’interprétations ou de
transpositions pédagogiques. Face à la densité
des thèmes évoqués dans «La Ballade
de Cornebique», nous avons décidé d’en exposer
ici une liste non exhaustive en développant
ceux qui nous semblent les plus importants.
Le voyage vers soi
«Ça lui coule des yeux, du nez, il a l’impression
que les larmes lui giclent par les oreilles!
Sa décision est prise. On ne plaisante pas avec
les chagrins d’amour. Ceux qui disent «allons
allons ça va passer» se moquent du monde.
Qu’on ne lui raconte pas
de salades, à Cornebique!
Il fait son bagage.»
Si le voyage de Cornebique
prend sa source au fond
d’un gouffre abyssal de
tristesse, son point de départ
a également la forme d’un
point d’interrogation qui
met en doute les conventions
et la réalité du monde bien
pensant qui entoure le héros
au début du récit. Se sentant
inadapté à son contexte car
sa perception du pays des
Boucs s’est vue transformée
par la déception, Cornebique
ressent le besoin instinctif de marcher droit
devant lui en acceptant d’être différent, donc
marginal. Le thème du vagabondage est renfor
par les traits de caractère des personnages
singuliers que Cornebique va rencontrer
(il y a toujours plus marginal que soi). Ce thème
universel nous rappelle que le monde est
un tout et que nul ne peut en être exclu, que
la différence est une donnée subjective car elle
est toujours en lien avec un certain contexte.
C’est donc sans le savoir, que Cornebique
entreprend un périple en quête de lui-même.
Initiatique dans sa symbolique, ce voyage se
concrétise toutefois par la difficulté du chemin
que le protagoniste va devoir emprunter pour
acquérir une conscience et une connaissance
plus profonde de lui-même et des autres. Cela
implique tout d’abord qu’il s’expose aux aléas
de la route comme le hasard, la rencontre ou la
(mal)chance et qu’il touche ensuite à ses limites:
la faim, la fatigue, la solitude ou la maladie.
De cette prise de risque et de ces obstacles,
l’âme grandit et l’être se constitue.
Mais l’absence persiste. Celle de Cornebique
vis-à-vis des siens et inversement. Ses racines
et le manque des êtres qui lui sont chers le
poussent inéluctablement au retour. Une fois
au bercail, on comprend que l’itinérance lui
aura permis de reconsidérer
qui il est et d’où il vient tout
en posant un regard plus
objectif sur ses semblables:
«Cornebiquette a toujours ses
étoiles dorées dans les yeux,
mais elle s’est empâtée, il faut
bien le reconnaître. (…) Un
plus méchant que lui dirait
qu’elle a tourné bobonne».
Sa trajectoire rocambolesque
aura permis à Cornebique
de retourner à la vérité et à
la simplicité d’une vie plus
sédentaire mais sans pour
autant renoncer à voyager
dans sa tête.
La dynamique du cœur
Cornebique est un personnage qui lutte
constamment. Mais son combat prend la forme
d’une véritable résistance lorsqu’il prend
la responsabilité du petit loir endormi.
Par cette «adoption», le héros s’engage à porter
et à protéger un être, qu’il ne connaît pas
encore, comme si c’était son fils et accepte des
valeurs auxquelles il devra veiller et qu’il devra
défendre éternellement. Même s’il lui arrive
« C’est juste
le cœur qui
se déloge de sa
poitrine et qui
tombe tout seul
dans l’herbe
humide. Plof ! »
{ LA BALLADE DE CORNEBIQUE } dossier pédagogique } © Théâtre de la Poudrière
5
de défaillir brièvement à son engagement après
l’enlèvement de Pié, Cornebique fait sans cesse
preuve de courage, au sens propre du mot, c’est
à dire qu’il «agit avec le cœur». Cette causalité
«je m’engage donc je résiste» revient à chaque
fois que les protagonistes sont confrontés à une
nouvelle épreuve.
Si le récit traite de tendresse et de toutes les formes
d’amour (passionnel, amical, filial…), il nous
rappelle que la solitude n’est pas à craindre mais
qu’il est essentiel de réaliser de vraies rencontres
en acceptant l’autre comme il est, avec ses
qualités et ses défauts. En réponse à un monde
où le virtuel donne l’illusion de tout pouvoir
vivre chez soi, «La Ballade de Cornebique» nous
incite à regarder autrement, à sortir de sa bulle,
à se lier, à partager et à se confronter réellement
aux différences de chacun.
La peur de la prédation
Si l’univers et la réalité de Cornebique englobe
une mixité de genres et de formes (humains et
animaux de tous genres vivent ensemble dans
des contrées diversifiées), un monde unitaire
et beaucoup plus sombre s’y oppose, basé sur
l’injustice et la cruauté.
Le royaume des fouines marque une rupture
sociale et raciale où la loi du plus fort induit
un univers ordonné selon le désir et la volonté
des maîtres-prédateurs avec, comme référant
suprême, l’injuste et irascible Grand-Mère. Sous
son joug exclusif, toutes les Griffues évoluent de
manière hiérarchisée et planifiée en cherchant
à imposer leurs règles aux autres, sans se soucier
des dégâts et des inégalités qu’elles créent autour
d’elles. Ne prime que leur avidité sans borne.
Avec ce monde antagoniste et inquiétant, l’auteur
vient titiller la peur des personnages et, par
prolongement, celle du lecteur. A tel point que
la crainte de la prédation agit non seulement
comme le moteur du récit mais également
comme un révélateur d’autres thématiques plus
morales: la légitime défense, le non-dit ou le
mensonge, la colère et l’utilisation de la force,
le renoncement.
Ces étapes marquent une progression des
personnages face à leur propre peur pour
aboutir à la confrontation. Cornebique et Lem
doivent affronter l’inconnu et le danger pour
libérer le petit Pié.
Mais au point culminant de leur entreprise, le récit
opère un retournement inattendu qui permet
aux personnages de démystifier leur crainte.
Bien que réelle, la menace était beaucoup plus
petite que prévu. Le pire ennemi a toujours des
failles dans lesquelles l’ingéniosité et le culot
peuvent s’infiltrer pour mieux triompher.
û
L’auteur, Jean-Claude Mourlevat
Jean-Claude Mourlevat est né en 1952 à Ambert, en Auvergne, de
parents agriculteurs. Il est le cinquième enfant de six. Il fait des études
à Strasbourg, Toulouse, Bonn et Paris et exerce brièvement le métier
de professeur d’allemand. Il se consacre plus tard au théâtre et crée deux
solos clownesques avant de mettre en scène des pièces de répertoire.
À partir de 1997, il se consacre à l’écriture.Tout d’abord des contes, puis
un premier roman, «La Balafre». Depuis, les livres se succèdent avec
bonheur, plébiscités par les lecteurs, la critique et les prix littéraires:
«La Ballade de Cornebique», «L’Enfant-Océan», «Le Chagrin du Roi
Mort», «Le Combat d’Hiver», «Terrienne» et en 2013 «Silhouette» ainsi
que «Sophie Scholl: “Non à la lâcheté”». La plupart de ces ouvrages
ont été publiés chez Gallimard Jeunesse.
1 / 7 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !