{ LA BALLADE DE CORNEBIQUE } dossier pédagogique } © Théâtre de la Poudrière
les thèmes du récit
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e récit nous envahit peu à peu et nous
entraîne sur un chemin universel. Une
œuvre limpide, légère et pourtant si
mystérieuse et palpitante... comme la vie.
Un livre profond qui, par ses personnages,
ses thèmes et ses situations, ouvre à de
multiples possibilités d’interprétations ou de
transpositions pédagogiques. Face à la densité
des thèmes évoqués dans «La Ballade
de Cornebique», nous avons décidé d’en exposer
ici une liste non exhaustive en développant
ceux qui nous semblent les plus importants.
Le voyage vers soi
«Ça lui coule des yeux, du nez, il a l’impression
que les larmes lui giclent par les oreilles!
Sa décision est prise. On ne plaisante pas avec
les chagrins d’amour. Ceux qui disent «allons
allons ça va passer» se moquent du monde.
Qu’on ne lui raconte pas
de salades, à Cornebique!
Il fait son bagage.»
Si le voyage de Cornebique
prend sa source au fond
d’un gouffre abyssal de
tristesse, son point de départ
a également la forme d’un
point d’interrogation qui
met en doute les conventions
et la réalité du monde bien
pensant qui entoure le héros
au début du récit. Se sentant
inadapté à son contexte car
sa perception du pays des
Boucs s’est vue transformée
par la déception, Cornebique
ressent le besoin instinctif de marcher droit
devant lui en acceptant d’être différent, donc
marginal. Le thème du vagabondage est renforcé
par les traits de caractère des personnages
singuliers que Cornebique va rencontrer
(il y a toujours plus marginal que soi). Ce thème
universel nous rappelle que le monde est
un tout et que nul ne peut en être exclu, que
la différence est une donnée subjective car elle
est toujours en lien avec un certain contexte.
C’est donc sans le savoir, que Cornebique
entreprend un périple en quête de lui-même.
Initiatique dans sa symbolique, ce voyage se
concrétise toutefois par la difficulté du chemin
que le protagoniste va devoir emprunter pour
acquérir une conscience et une connaissance
plus profonde de lui-même et des autres. Cela
implique tout d’abord qu’il s’expose aux aléas
de la route comme le hasard, la rencontre ou la
(mal)chance et qu’il touche ensuite à ses limites:
la faim, la fatigue, la solitude ou la maladie.
De cette prise de risque et de ces obstacles,
l’âme grandit et l’être se constitue.
Mais l’absence persiste. Celle de Cornebique
vis-à-vis des siens et inversement. Ses racines
et le manque des êtres qui lui sont chers le
poussent inéluctablement au retour. Une fois
au bercail, on comprend que l’itinérance lui
aura permis de reconsidérer
qui il est et d’où il vient tout
en posant un regard plus
objectif sur ses semblables:
«Cornebiquette a toujours ses
étoiles dorées dans les yeux,
mais elle s’est empâtée, il faut
bien le reconnaître. (…) Un
plus méchant que lui dirait
qu’elle a tourné bobonne».
Sa trajectoire rocambolesque
aura permis à Cornebique
de retourner à la vérité et à
la simplicité d’une vie plus
sédentaire mais sans pour
autant renoncer à voyager
dans sa tête.
La dynamique du cœur
Cornebique est un personnage qui lutte
constamment. Mais son combat prend la forme
d’une véritable résistance lorsqu’il prend
la responsabilité du petit loir endormi.
Par cette «adoption», le héros s’engage à porter
et à protéger un être, qu’il ne connaît pas
encore, comme si c’était son fils et accepte des
valeurs auxquelles il devra veiller et qu’il devra
défendre éternellement. Même s’il lui arrive
‹
« C’est juste
le cœur qui
se déloge de sa
poitrine et qui
tombe tout seul
dans l’herbe
humide. Plof ! »