La place de la religion en France
Introduction
Il existe 3 grandes religions en France, le Christianisme qui est la religion traditionnelle, le
Judaïsme et l’Islam. Les statistiques ethniques et religieuses étant interdites en France, il est
difficile de déterminer la part exacte de chaque communauté. L’islam, religion émergente en
France, occupe une part importante de l’espace médiatique. Les crispations semblent se
cristalliser autour de cette religion et de ces rapports avec la laïcité. Paul Thibaud définit dans
l'encyclopédia universalis la laïcité comme étant d'abord « un processus de rétrécissement de
l'influence de l'église dans la sphère politique » La laïcité de l'État républicain a été peu à peu
infléchie dans un sens qui fait sa part à une sorte d'identité chrétienne supposée commune à
tous les Français. Elle est définie par la loi du 9 décembre 1905, qui garantie la liberté de
culte, la liberté de conscience, et la neutralité de l'État. Un sondage Ipsos pour Le Monde
datant de janvier 2013 indique que 74% des Français considèrent la religion musulmane
comme intolérante et non compatible avec les valeurs de la société Française. Ce sondage très
récent est représentatif à la fois d’un mal être, d’une peur de l’intégrisme religieux mais
également, de manière plus générale, d'une crispation autour de la religion musulmane; et il
nous invite à nous focaliser sur cette place qu'occupe l'islam en France afin de décrypter
l'origine de ces tensions. Alors, qu’en est-il vraiment ? Nous tenterons de démontrer qu’en
affirmant l’existence d’une incompatibilité entre laïcité française et religion musulmane, nous
désignons par des termes réducteurs une réalité vaste et complexe qui mêle Islam modéré,
extrémismes, indéterminations de la laïcité et de la législation française, et effet de loupe
médiatique. Nous montrerons dans un premier temps qu'il y à un renouveau du sentiment
religieux en France. Ensuite, nous analyserons les rapports entre Islam et valeurs
républicaines.
I Renouveau du sentiment religieux en France
A Rappel historique
B L’Islam comme marqueur identitaire dans les banlieues
C Développement de l'extrémisme religieux
Depuis vingt ans, cet islam identitaire se fait plus vindicatif et prend parfois des formes
extrémistes. Ses valeurs sont portées par des groupes radicaux qui veulent bouleverser l'ordre
social. L'affaire Mérah relève d'autre chose que du simple terrorisme. Le parcours de ce
djihadiste montre un rejet des valeurs occidentales qui prend sa source dans la religion. Ces
crimes sont commis au nom de la religion en accord avec les préceptes salafistes (estimation :
10 à 25 milles salafistes en France selon le père Delorme), branche rigoriste de l'islam qui
souhaite imposer la charia et la « paix d'Allah » (C'est à dire la paix une fois que tout le
monde aura été converti à l'islam par n'importe quel moyen).
L'exemple de l'artiste Marocain Mounir Fatmi est révélateur. Il a annoncé le 3 octobre 2012,
renoncer à la présentation d'une de ces œuvres en raison de protestations de musulmans
indignés de voir des passants marcher sur des calligraphies du coran projetées au sol. La
projection a eu lieu sur le Pont-Neuf à Toulouse. L'installation s'est déclenchée par erreur, le
dispositif prévu pour empêcher de marcher sur l’œuvre n'était donc pas en place. Une
soixantaine de musulmans se sont réunis spontanément pour empêcher les nombreux passants
de marcher sur l’œuvre. Une femme a été giflée pour avoir malencontreusement mis le pied
sur les versets. L'artiste s'est défendu de toute volonté de provocation et croit à un
malentendu. Il souligne que l’œuvre appartient au musée d'art moderne de Doha et regrette : «
à quelques kilomètres de l'Arabie Saoudite, ça n'a pas choqué. Que ça choque à Toulouse, je
suis consterné, je ne comprends pas vraiment ».
Quelques jours après, l'Organisation de la conférence islamique a demandé la reconnaissance
en droit international du crime de blasphème. Pour Rachid Azzouz spécialiste de l'islam
interrogé par Le Monde, ce qui se joue au travers de ces actions parallèles, c'est une double
guerre. La première est une guerre menée au sein du monde arabo-musulman par des
minorités financées par l'islam le plus radical pour imposer par la force : « des dictatures
islamistes à une majorité souvent indifférente et une minorité démocrate mais apeurée ». La
seconde est une guerre d'intimidation menée par les mêmes contre l'occident et sa liberté
d'expression. Ce type de radicalisme peut donc être vu comme une exacerbation du sentiment
religieux qui se dresse contre les valeurs républicaines.
II Discordances entre valeurs Républicaines et Islam ?
A Frontières floues et effet de loupe médiatique
B Le problème de la laïcité dans la fonction publique :
Le fondement majeur de la laïcité française est la loi de séparation de l’État et de l’Église
du 9 décembre 1905 comportant des dispositions libérales comme le respect de la liberté de
conscience, le libre exercice des cultes, et l'organisation interne des religions. La loi de 1905
privatise la religion : en effet, il ne doit pas être demandé de service public aux différents cultes et
inversement les services publics de l’État ne doivent pas porter de marque à caractère religieux.
Or, par le prisme des médias, l'islam nous apparaît comme un retour du religieux qui vient
fragiliser les acquis de cette loi. Dans l'espace public, les crispations communautaires se ressentent
esssentiellement à la cantine par exemple des plats de substitution sont proposés les jours
le porc est au menu. Dans son rapport de 2010 intitulé Les défis de l'intégration à l'école, Caroline
Bray déclare : « Avec l’adoption de menus sans porc, des tables séparées se sont créées et des groupes se sont
formés ». Dans la même perspective, Hélios Privat, ancien proviseur du lycée Jean-Baptiste
Carot à Savigny sur Orge (91), a favorisé les regroupement pour faciliter et optimiser le service.
Mais, il avoue que ces distinctions ont alimenun communautarisme de plus en plus marqué qui
se dresse contre le vivre ensemble. Gilles Kepel affirme à ce propos : Apprendre à manger ensemble
à la table de l'école est l'un des modes d'apprentissage de la convivialité future à la table de la république ”. Par
conséquent, les revendications islamiques ne sont pas les seules fautives : les maires ne font pas
suffisamment preuve de fermeté et favorisent ainsi un phénomène de ségrégation. Ce dernier
renforce l'existence d'une zone grise religieuse dans le champs républicain allant à l'encontre de la
laïcité. Ce phénomène atteint son paroxysme à Villeurbanne le dispositif suivant a été mis en
place sous prétexte d'éviter les stigmatisations : un jeton de couleur que chaque élève doit poser
sur son plateau. Bleu pour un menu standard, vert pour un repas sans viande, jaune pour un plat
sans porc. Claude Mollier responsable de la restauration scolaire déclare : «
Cette solution
pragmatique simplifie le service,
,
et engendre le minimum de distinction entre les
enfants : à aucun moment nous leur demandons la raison de leur choix
». Cette forme
d’identification des élèves par le repas est une reconnaissance implicite des religions, tout à fait contraire à l’esprit
d’intégration de l’école publique et laïque.
Pour ce qui est des hopitaux, le docteur Benbara gynécologue-obstétricienne à l’hôpital Jean
Verdier à Bondy (Seine Saint-Denis) affirme que le challenge consiste à s'adapter sans faire
sauter les digues de la laïcité. En effet, le personnel soignant a fait face à une augmentation des
revendications religieuses à partir des années 2000 : être examiné par un soignant du même sexe,
refus d'enlever le voile dans la salle de travail etc. Pour pallier cela, des affiches sur la laïcité et la
mixité du personnel ont été placardées dans l'hôpital Jean Verdier afin de transmettre le discours
officiel de l'hôpital. Le docteur Chassaigna affirme à ce sujet : depuis cet affichage clair, il n’y a
presque plus de problèmes “. Dans la même perspective, le Docteur benbara déclare :
«
Nous faisons signer aux couples en début de grossesse des papiers précisant que nous
ne pouvons pas garantir une prise en charge strictement féminine à l’accouchement et
que nous pratiquons si nécessaire des épisiotomies, des délivrances artificielles, des révi-
sions utérines et des sariennes
,
cela nous sauve, on ne voit pas de mari se cramponner
à une femme qu’on tente d’emmener en urgence au bloc pour une césarienne : on les a
prévenus, s’ils sont c’est qu’ils ont accepté nos règles
». Ainsi en palliant les limites de la
législation française par la mise en place d'un cadre rigoureusement défini, les hopitaux parvien-
nent à désamorcer les tensions et à préserver les acquis de la laïcité. Les musulmans peuvent
néanmoins objecter que la loi de 1905 est limitée dans la mesure le calendrier traditionnel n'a
pas été remplacé par le calendrier républicain, et où les principales fêtes catholiques ont été main-
tenues avec les jours fériés. Il subsiste en France un minimum de religion civile.
C La liberté d'expression :
La valeur constitutionnelle de la liberté d'expression est définie par l'article 11 de la
déclaration des droits de l'homme et du citoyen : «
La libre communication des pensées et
des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc
parler, écrire et imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas
déterminés par la loi
». La France est doublement tenue de la respecter car elle figure aussi dans
les traités de la Convention européenne des droits de l'homme et de l'Organisation des Nations
unies. La liberté de la presse est une composante importante de la liberté d'expression
reconnue par la Déclaration universelle des droits de l'homme adoptée le 10 décembre
1948 par l'Onu dans les termes suivants : «
Toute personne a le droit à la liberté
d'expression ; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir, et de répandre des
informations et des idées de toutes espèces, sans considération de frontières, sous forme
orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen que ce soit
» (article 19).
Les limites de la liberté d'expression sont des limites liées soit à la protection de l'individu, soit à
la morale, soit à la protection de l'ordre public. Mais Charlie Hebdo ne trouble-t-il pas l'ordre
public et moral en ayant publié les caricatures de Mahomet en septembre dernier car, après tout,
il favorise une marginalisation de la religion musulmane.
Christian Makarian, journaliste à l’express, déclare dans le numéro du 26 septembre 2012 : Char-
lie Hebdo avait parfaitement le droit de publier des caricatures de Mahomet, cette entreprise est protégée par la
liberté d’expression et les principes essentiels de la démocratie”. Néanmoins, cette démarche, nécessaire
dans le sens on n'est vraiment libre que dans l'exercice de sa liberté, manque cruellement de
mesure. Charlie Hebdo, en répondant de manière si offensive aux 250 islamistes radicaux qui ont
manifestés devant l’ambassade des Etats-Unis contre le film Innocence des musulmans”, les a
définis comme le seuls et vrais porteurs de l’islam au mépris des millions de musulmans français
qui s'opposent à leur action. Nous assistons à un détournement de cible : l’image heurte la sensi-
bilité de ceux qui ne se sentent pas affiliés aux salafistes et qui souhaitent uniquement exercer leur
religion dans un pays qui respecte leurs différences.
Charlie Hebdo suit les traces du journal danois Jyllands-Posten qui publie une série de 12 carica-
tures de Mahomet en réponse à la terreur insupportable qui s’est installée après l’assassinat du
réalisateur néerlandais Theo Van Gogh, égorgé par un islamiste et aux protestations de Kare
Bluigten qui se plaint de ne trouver personne d’assez courageux pour illustrer sa biographie cri-
tique qu’il venait de consacrer à Mahomet . Il s’agit donc de 12 caricatures réalisées au nom de la
liberté d’opinion et d’expression. La démarche de Charlie Hebdo s'inscrit dans un contexte radi-
calement différent : les caricatures paraissent juste après les émeutes engendrées par le film « In-
nocence des musulmans » et illustre le soutien de Charlie Hebdo pour ce court-métrage qui tient
des propos agressifs contre la religion musulmane. Makarian s'interroge : D’ailleurs provoquer les
extrémistes ne revient-il pas à rentrer dans leur jeu? Entretenir la nervosité sans tenir compte des sensibilités respec-
tives consiste-t-il à consolider les libertés fondamentales? ”. La dérision ne contibue pas à l'évolution de
l'islam mais au contraire elle fait d'elle une religion à part au sein de la république.
Conclusion
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