Vie de Joseph Roulin - premier

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Vie de Joseph Roulin
Du lundi 2 au vendredi 13 mars 2009
La Chapelle du Grand T
Portrait de Joseph Roulin par Vincent Van Gogh
Dossier
Secteur jeune public
1
Sommaire
Présentation
p.3
p.3
Le propos
p.4
p.4
Guillaume Delaveau, metteur en scène et la
la compagnie X ici
p.5
p.5
Pierre Michon,
Michon, auteur
p.6
p.6
Entretiens
ntretiens avec Pierre Michon
p.7
p.7
Extrait de Vie de Joseph Roulin
p.1
p.10
Vincent Van
Van Gogh et la famille Roulin
p.1
p.11
L’école du spectateur :
Aller au théâtre avec les élèves / Ressources bibliographiques
p.1
p.13
2
Vie de Joseph Roulin
De Pierre Michon
Mis en scène par
Guillaume Delaveau
Scénographie Aurélie Thomas
Régie générale et son Yann Argenté
Régie plateau et accessoires Vincent Rousselle
Lumières Mickaël Berret
Avec
Régie Laroche
Vincent Vabre
Production
Compagnie X ici, Théâtre Garonne ,Théâtre Dijon-Bourgogne / CDN
Avec le soutien
du Grand T / Nantes, de la Région Midi-Pyrénées,
du Conseil général de la Haute-Garonne et de la Ville de Toulouse.
La Compagnie X ici est conventionnée par le Ministère de la Culture/ DRAC Midi-Pyrénées
Du lundi 2 au vendredi 13 mars
mars 2009 à 20h
Relâche les samedi 7 et dimanche 8 mars
Durée du spectacle : environ 1h30 (spectacle en création)
Tarif : 6€ par élève ou un pass culture (pour un groupe d’au moins 15 élèves)
Public : à partir de la première
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Le propos
« Je voudrais partager avec vous la prose de Pierre Michon, et vous raconter la Vie de Joseph
Roulin - employé des Postes, né sous le second Empire, mort sous la troisième République.
En Arles en 1888, Joseph Roulin devient l’ami de Vincent Van Gogh et accepte de poser
plusieurs fois pour le peintre hollandais. C’est devant ces portraits, dispersés aujourd’hui dans
les plus grands musées du monde, que Pierre Michon suppose la vie de ce facteur. Il l’imagine
admiratif des beaux-arts et à la fois ignorant tout de ce qu’est une œuvre. Il le voit soutenir et
observer le pauvre rouquin dans ses épopées picturales. Il le voit encore stupéfait et ahuri,
vivre la naissance des tableaux.
Joseph Roulin regarde donc, "baba", la peinture de son acolyte se faire, et il cherche, lui aussi,
à comprendre ce qui pousse un homme à peindre sous un soleil assommant. Mais il ne voit
pas sur la toile « la mutilation sacrificielle » ou la « liturgie solaire » avec lesquelles Van Gogh
fut punaisé ; non, ce que reçoit Roulin de « ces pays informes » de « ces visages
méconnaissables », c’est la catastrophe, la violence à vouloir représenter le monde, l’excès
irréparable à chercher sa ressemblance. Et ce regard presque primitif réinterroge, mine de
rien, la naissance de l’Art moderne et l’exacte valeur des choses.
Comme le précise la correspondance du peintre et le suggèrent les portraits, Roulin est à la
fois alcoolique et républicain convaincu ; et Pierre Michon ne prend pas à la légère cette
dernière qualité. Cet homme d’une quarantaine d’années, barbu magnifique, coiffé d’une
casquette où l’on peut lire POSTES en lettres d’or, devant un champ fleuri, n’est rien
moins qu’un prince de la République. "La vraie, précise Michon, pas celle qui en ce moment
usurpait les trois couleurs pour faire le Tonkin et nourrir les jésuites, mais l’autre, celle dont
en douce il était prince, aimait les beaux-arts et œuvrait en sorte que chacun dans les beauxarts eût son compte, trouvât dans leur commerce un pur plaisir, évident comme l’absinthe, au
lieu de la honte de ne rien comprendre."
Dans la désolation de cette ancienne République, ce simple fonctionnaire devient un véritable
mécène. Van Gogh le peindra d’ailleurs, lui et toute sa famille, comme Vélasquez a pu peindre
les rois et les infantes d’Espagne. Mais ici, le Prado est un bistrot d’Arles ou le fond d’une
cuisine. Les gages sont des verres de gnole offerts, le soir, chez les Roulin. Ainsi Pierre Michon
célèbre-t-il la vie oubliée de ce facteur, rétablit-il l’existence de cet homme « exalté »,
« terrible » qui a accompagné un grand peintre.
L’œuvre de Pierre Michon n’a pas été pensée pour la scène. A ma connaissance, il n’a
d’ailleurs jamais écrit pour le théâtre. Vie de Joseph Roulin se présente du début à la fin
comme un texte en cours d’élaboration. Il est pétri d’hypothèses, de sorte que jamais Michon
ne nous laisse croire à sa vraisemblance, jamais il ne dissimule son invention ou ne recouvre
ses repentirs. A notre tour, nous tâcherons de jouer avec la prose et les incertitudes
biographiques, et de faire
fa ire voir, comme le voulait le peintre, « la grande chose simple : la
peinture de l’humanité, de toute une république, disons plutôt, par le simple moyen du
portrait ».
Guillaume Delaveau, metteur en scène
4
Guillaume Delaveau,
compagnie
comp agnie X ici
metteur
en
scène
et
la
Après une formation de plasticien, Guillaume Delaveau intègre en 1996 l’École du Théâtre
National de Strasbourg, section scénographie. Durant sa formation, il travaille notamment avec
Luca Ronconi sur la scénographie de Ce soir on improvise de Luigi Pirandello (création au TNS
en 1998). Il est stagiaire à la mise en scène auprès de Jean-Louis Martinelli pour OEdipe le
tyran de Sophocle, créé au festival d’Avignon 1998 dans la Cour d’honneur.
À sa sortie de l’école, il assiste Jean-Louis Martinelli pour la mise en scène et la scénographie du
spectacle Le Deuil sied à Électre d’Eugene O’Neill.
De novembre 1999 à janvier 2000, dans le cadre de l’Institut nomade de la mise en scène, il
effectue un stage de mise en scène avec Matthias Langhoff au Burkina Faso sur Prométhée
enchaîné d’Eschyle.
Il collabore ensuite avec Jacques Nichet : comme assistant à la mise en scène (Combat de nègres
et de chiens de Bernard-Marie Koltès en 2001) et comme scénographe (Le Pont de pierre et la
peau d’images de Daniel Danis en 2000, Mesure pour mesure de William Shakespeare en 2001
et Antigone de Sophocle en 2004).
Il dirige à diverses reprises de jeunes comédiens en formation : à Toulouse au sein de l’Atelier
Volant, des ateliers sur Iphigénie en Tauride d’Euripide (2002) et Fatzer, fragments de Bertolt
Brecht (2004) ; à Lyon au sein de l’ENSATT, le spectacle de sortie de la promotion 66 sur les
textes des élèves dramaturges, Ou le monde me tue ou je tue le monde ! (2007).
En juin 2000, il fonde la Compagnie X ici avec d’anciens élèves de l’École du TNS et signe
sa première mise en scène, Peer Gynt / Affabulations d’après Henrik Ibsen (coproduction
Théâtre National de Strasbourg, Le Maillon – Théâtre de Strasbourg, TNT – Théâtre National de
Toulouse Midi-Pyrénées, Compagnie X ici). L’année suivante, la compagnie s’installe
définitivement à Toulouse.
En janvier 2002, Guillaume Delaveau met en scène Philoctète de Sophocle (coproduction TNT Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées, Compagnie X ici).
Il met en scène La Vie est un songe de Pedro Calderón de la Barca en novembre 2003, coproduit
par l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, le Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées, le
Théâtre Nanterre-Amandiers, Le Carreau - Scène nationale de Forbach et la Compagnie X ici.
Le spectacle est repris en tournée durant la saison 2004-2005.
En février 2006, il crée Iphigénie suite et fin, un diptyque réunissant Iphigénie chez les Taures
d’Euripide et Le Retour d’Iphigénie de Yannis Ritsos (coproduction Espace des arts - Scène
nationale de Chalon-sur-Saône, Théâtre national de Toulouse Midi- Pyrénées, Les Gémeaux Scène nationale de Sceaux, L’Estive - Scène nationale de Foix et de l’Ariège et la Compagnie X
ici).
En mars 2007, il crée Massacre à Paris de Christopher Marlowe.
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Pierre Michon,
Michon , auteur
Né le 28 mars 1945, Pierre Michon passe son enfance à
Guéret dans la Creuse, puis étudie les Lettres à
Clermont-Ferrand et consacre son mémoire de maîtrise
à Antonin Artaud.
Il parcourt ensuite toute la France au sein d’une troupe
de théâtre.
© D Eeckoudt
À l'image d'un Rimbaud, il n'exerce pas de profession
stable.
À trente-sept ans, il entre dans la vie littéraire avec la publication des Vies minuscules (Prix
France Culture), unanimement saluées. Ce livre se présente comme une suite de nouvelles ou
« vies » de personnages côtoyés par le narrateur durant son enfance, rencontrés ou retrouvés
plus tard dans sa vie d'errance. Publiée pour la première fois en 1984, cette autobiographie se
compose de plusieurs petites histoires, des nouvelles, qui racontent des tranches de vie de
personnes, de petites gens que Pierre Michon a connues ou dont il a entendu parler, et qu'il fait
revivre par l'écrit.
Chacun de ces textes est d'une densité exceptionnelle, d'un style profond qui s'inscrit dans
la lignée des plus grands (Julien
(Julien Gracq,
Gracq, LouisLouis- René des Forêts).
Forêts).
Le récit pris dans son ensemble s'apparente au genre autobiographique, non pas comme une
confession, mais comme une exploration du destin d'écrivain du narrateur, dont tout l'enjeu du
livre est qu'il soit mené à bien.
À ce grand livre succèdent des textes courts et remarquables autour de la destinée de Rimbaud
(Rimbaud le fils) ou dans une veine qu'on qualifiera, faute de mieux, de romanesque (La Grande
Beune ou, plus récemment, Abbés). Ainsi se poursuit une œuvre exigeante et discrète qui
gagne de plus en plus en reconnaissance
reconnaissance publique.
Son œuvre
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Vies minuscules / Gallimard (1984) et Folio (1996)
Vie de Joseph Roulin / Verdier (1988),
L'Empereur d'Occident, avec des illustrations de Pierre Alechinsky / Fata Morgana
(1989) / réédition Verdier Poche (2007) sans les illustrations
Maîtres et serviteurs / Verdier (1990)
Rimbaud le fils / Gallimard (1991)
La Grande Beune / Verdier (1996)
Le Roi du bois / Verdier (1996)
Mythologies d'hiver / Verdier (1997)
Trois Auteurs / Verdier (1997)
Abbés / Verdier (2002)
Corps du roi / Verdier (2002), Prix Décembre
Le Roi vient quand il veut : propos sur la littérature / Albin Michel (2007)
Les Onze / Verdier (2008)
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E ntretiens
ntretien s avec Pierre Michon
« Je voudrais faire des portraits qui un siècle plus tard
aux gens d’alors apparussent
apparussent comme des apparitions »
Vincent Van Gogh
A propos de Van Gogh, Joseph Roulin se pose cette question : « Qui a décidé que c’était un
grand peintre, car ça n’avait pas l’air d’être
d’être décidé du temps d’Arles… Comment
Comment s’est fait
cette
cette transformation ? » Comment un artiste devientdevient- il un mythe ?
Pour Van Gogh, ça s’est fait très vite. S’il ne s’était pas suicidé, il aurait eu une grande
notoriété à 55 ans : car on s’était mis à parler de lui dans Paris dès avant sa mort : les
peintres, les marchands, les faiseurs d’opinion. Quand une vie est racontée et est racontée par
beaucoup de bouches, amplifiée à chaque nouveau récit, elle tend à l’exemplarité et devient
mythique. Surtout si la structure même de cette vie est sacrificielle, comme c’est le cas pour
Rimbaud et Van Gogh. Comme ils sont à la fois des victimes et des fondateurs, la modernité en
a fait deux de ses mythes d’origine.
Donc il y aurait un rapport étroit entre la modernité et le mythe ?
Pas plus que généralement dans l’histoire. Toute époque est nécessairement indissociable des
mythes qui la fondent : ils sont de même étoffe. La modernité comme tout mouvement de pensée
a besoin de ces figures qui incarnent sa théorisation au moment où elle apparaît. Ainsi les
théories de la poétique moderne étaient déjà dans l’air avant Rimbaud, pour Baudelaire, pour
des petits romantiques comme Nerval ou Pétrus Borel qui avaient déjà cette implication
existentielle noire dans le fait artistique, qui aspiraient à devenir des mythes posthumes. Il
reste que ça n’est pas arrivé à Pétrus Borel, ni à Hippolyte Babou ni à – comment s’appelle-til ? – Philoxène Boyer ; c’est arrivé à Baudelaire et plus encore à Rimbaud : leur œuvre est plus
belle indubitablement, et plus encore ils arrivaient au bon moment, celui où la théorie est mûre
pour son incarnation.
En tête de Vie de Joseph Roulin,
Roulin, vous citez un passage de L’Echange de Claudel :
« MARTHE : EstEst-ce que chaque chose vaut exactement son prix ?
THOMAS POLLOCK NAGEOIRE : Jamais. »
La valeur
valeur du mythe estest- elle factice ?
Bien sûr, mais cette fausseté crée de la vérité. A partir du moment où quelque chose,
quelqu’un, une œuvre, une vie, donnent lieu à des récits, leur valeur s’enjolive et se pare
de mensonge ou d’erreur – mais ça reste de la valeur
valeur vraie, puisqu’ils nous font parler,
discourir ensemble, aimer ensemble. Evidemment, ça n’est sûrement pas de la valeur
absolue au regard de l’éternité. Tout ça est historique, contingent.
Vous reconnaissez une valeur authentique au mythe. On a pourtant
pourtant l’impression que se
met en place dans vos livres toute une stratégie pour démythifier, sinon pour démystifier…
7
Pourquoi démystifier ? Je ne suis pas sociologue. Je prends des noms propres indubitables
comme Van Gogh et Rimbaud. Je les fais trembler un petit peu dans l’espace de 60 ou 120
pages. Je les mets en cause, à l’épreuve, mais je crois qu’à la fin l’aura ressurgit intacte. Il y a
plutôt une stratégie de mise en doute – mais je ne tiens pas à détruire le peu de figures
communautaires qui nous restent ; et Rimbaud ou Van Gogh sont de celles-ci. Bien sûr, c’est
sans doute une injustice et un bluff que ceux-ci précisément aient été choisis par la postérité
plutôt que Monticelli ou Philoxène Boyer… parce qu’il y a toujours de l’injustice dans les
décisions des hommes. Mais il est bien que nous les admirions ensemble, que nous soyons au
moins d’accord là-dessus.
Pourquoi dès lors regarder Van Gogh à travers un petit postier de province, Roulin, qui n’a
l’envergure que d’un personnage secondaire et dont vous écrivez qu’il ne comprend pas
l’œuvre du peintre ?
Comment la comprendrait-il ? Qu’est-ce que ça veut dire comprendre une œuvre ?
Ça veut dire se confronter à elle avec des discours légitimants sur cette œuvre parce que sans
discours légitimant sur Van Gogh à l’époque de Van Gogh – avant que tout discours légitimant
sur Van Gogh ne vienne aux oreilles du grand public, à peu près dix ans après sa mort –
personne dans le petit peuple (ni sans doute ailleurs) ne pouvait aimer Van Gogh. Simplement
les décideurs de cote qui étaient les grand amateurs-marchands de la fin du siècle ont décrété
un jour que cette œuvre avait du prix et à partir de là, comme ils ont instauré un discours
légitimant, n’importe qui, n’importe quel postier, vingt ans plus tard aimait Van Gogh.
Vous savez, ce type de personnages, Roulin ou ceux de Vies minuscules, c’est le type
romanesquement très ancien du témoin, du petit témoin. C’est très employé dans le roman
populiste et ses avatars nobles, Cervantes, Céline. C’est une figure extrêmement efficace parce
que le lecteur peut directement compatir avec elle : c’est la figure chrétienne du pauvre, c’est le
prolétaire ou Charlot. C’est la figure qui gagne d’emblée et sans médiation la sympathie du
lecteur, et dans ce sens c’est une facilité populiste.
Ce qui surtout m’a plu dans le choix de Roulin, c’est son côté rouge, son côté « Grand
soir » parce que là je mettais en présence, dans une même constellation, deux mythes
sociaux très beaux et très forts : le mythe de la révolution, du « Grand Soir » en tout cas
(ce mythe depuis peu est malheureusement en panne) et le mythe – c’en est un – des
beauxbeaux-arts (qui, lui, fonctionne toujours, un peu trop bien). J’ai aimé frotter l’une contre
l’autre ces deux mythologies. Deux mythes tout à fait opposés puisqu’il y en a un qui tend au
solipsisme – celui de l’art – et l’autre, au contraire, extrêmement tendu vers une communauté
idéale à venir. J’ai voulu que mes deux personnages s’aiment à travers ces deux grands mythes
d’amour du siècle dernier.
Extrait de 5. La mer est belle
in Le Roi vient quand il veut, propos sur la littérature, Albin Michel (2007)
Vous dites de Joseph Roulin, ce facteur d’Arles qui servit de modèle à Van Gogh : « C’est
un personnage de bien peu de profit quand on se mêle
mêle d’écrire sur la peinture. Il me
convient. » Pourquoi ?
D’abord parce que c’est le point de suture entre Vies minuscules et la peinture : c’est un tout
petit bonhomme comme les ivrognes dont parlait mon grand-père, et c’est en même temps un
homme dont l’image est sauvée, sacralisée par la postérité. Ensuite, il me convient parce qu’il
est alcoolique, et rouge. Ce sont souvent des hommes extrêmement intéressants, et même les
plus intéressants ! Quoique les gens rouges maintenant soient en voie de disparition. Quant aux
alcooliques, je ne crois pas, non.
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Vie de Joseph Roulin (1988) semble animé par l’amour pour les vieilles valeurs populaires
et républicaines.
Je parlais de charité, de compassion. Au moment où elles disparaissent, j’étais content de faire
le livre avec toutes ces valeurs tendues vers une communauté à venir, qui étaient celles du
christianisme, qui furent très fortement celles des républicains puis des socialistes. Nous
n’avons plus de barre haut placée du communautaire à quoi nous équivaloir.
Dans le livre, on a l’impression que la rencontre peut avoir lieu entre Roulin et Van Gogh,
parce que le facteur admire dans la République quelque chose de « féroce » lui aussi, une
« sauvagerie impeccable » qui le dispose à admettre celle du peintre.
peintre.
Ce qui rapproche la politique des arts, c’est que les deux sont féroces, mais leur objet est
commun à tous. C’est le bien-être des hommes. Il y a une phrase extraordinaire de Hegel : « Le
battement de cœur pour le bien-être de l’humanité passe par une présomption démente »,
quelque chose comme ça. C’est vrai. Maintenant nous disons, bien sûr : « On ne veut plus de
tout ça, la guillotine, les commissaires du peuple. » Evidemment, puisqu’on n’a plus de visée
communautaire, de visée du meilleur. Maintenant, la doxa dit que tout communiste est un
chien. Je crois qu’il faudrait repenser la vieille phrase sartrienne : « Tout anticommuniste est
un chien », ça a tout de même une autre gueule, non ? La visée du meilleur ne peut passer que
par une sorte de férocité.
La boisson, pour Roulin et Van Gogh, semble un moyen de faire connaissance. EstEst- ce un
moyen de connaissance ?
Ce n’est sûrement pas un moyen de connaissance, mais c’est un moyen de mêler étroitement la
colère et la compassion. Voyez les ivrognes. C’est vraiment de l’homme tout pur, dans ses deux
pulsions, qui se suivent souvent avec la plus grande rapidité. Vous êtes dans un bar, ils vous
insultent, puis ils vous embrassent. Je ne vois rien là de déplorable. C’est de l’homme
superlatif.
Extrait de 7. Châtelus, Bénévent, Mégara
in Le Roi vient quand il veut, propos sur la littérature, Albin Michel (2007)
9
Extrait de Vie de Joseph Roulin
« Roulin ne dort pas non plus. Le quinquet brûle sur la table. Augustine dort, et le mainate
aussi : on voit juste la petite crête violente, jaune, sur cette masse chétive et refermée comme un
poing noir. Ainsi c’était un grand peintre ; quelqu’un donc dont les tableaux doivent être vus par
tout le monde parce que bizarrement, pour opaques qu’ils paraissent, ils rendent les choses plus
claires, plus faciles à comprendre ; quelqu’un qui aurait pu être riche finalement, car ces
bricoles atteignent des prix exorbitants. Et bien sûr Roulin se demande qui a décidé que c’était
un grand peintre, car ça n’avait pas l’air d’être décidé du temps d’Arles, et comment ça s’est fait
cette transformation. Il regarde son portrait encadré, le quinquet en estompe un peu les
couleurs, mais on voit bien les gros dahlias et ce large visage clair qui fut le sien. Il a les deux
bras devant lui sur la table, ces manches galonnées comme s’il fallait être déguisé en maréchal
pour se coltiner des sacs de courrier. Il regarde sans bouger. On n’entend rien dehors. Vincent
est assis à côté de lui et il pourrait le voir en jetant un coup d’œil, mais à quoi bon, il a un
panama et des gants jaunes, chic comme un Manet, il est extrêmement calme, rajeuni, la barbe
bien taillée, il a eu enfin de quoi se faire mettre un appareil pour remplacer ses dents perdues,
et son oreille, est-ce qu’elle a repoussé, ou n’est-ce pas plutôt un de ces bouts de chair plus vrai
que la chair qu’on fait en Amérique, en carton bouilli ou cuir peint, et surtout c’est fini cet œil
sourcilleux, cette bouche tyrannique, elle est tombée la grande colère, il est détendu et paisible,
il a des certitudes heureuses et sûrement sur ce chemin de certitude il peint toujours, et mieux,
plus lentement, plus magistralement, dans un atelier clair à Paris dans les beaux quartiers, et si
l’on vient l’y voir c’est une si jolie femme qui vous fait entrer et asseoir, plus belle que Marie
Ginoux et plus jeune, mais royale aussi, et elle vous dit aimablement que Vincent travaille, qu’il
faut attendre un peu, elle vous offre des journaux, un verre. On attend, on est heureux que les
choses aient bien tourné, et qu’elle soit oubliée la besogne catastrophique qui ravageait on ne
sait quoi dans le bout d’Arles, la besogne jetée au vent, méchante comme la foudre, qui après
son passage laissait Vincent hébété devant un tableau où il n’y avait qu’un paysage en hébreu.
Maintenant ça n’est plus de l’hébreu pour tout le monde, apparemment. Roulin a posé sa
casquette, il n’y a personne là pour voir qu’il est chauve, et d’ailleurs dans ce moment lui-même
s’en moque : pour une fois l’espèce de prince ne batifole pas hors de lui, il est tout entier en lui ;
il ne se révolte pas, il ne fait pas semblant d’être Roulin, il est heureux d’être ce Joseph Roulin
qui a vu un miracle, la transformation de Vincent en grand peintre ; et à n’en pas douter il verra
aussi le Grand Soir, qui est une timbale autrement facile à décrocher, de la rigolade à côté. Se
tournera-t-il vers Vincent ? Non, ils n’ont rien à dire. Calmement donc ils considèrent ce tableau
peint il y a longtemps ; et Roulin le trouve presque beau, après tout. Les dahlias fleurissent. De
l’énorme masse de la Vieille Charité, ce qu’on entend de péremptoire dans un petit clairon, c’est
déjà la diane, peut-être. Sans regarder la chaise à côté de lui Roulin éteint le quinquet, le
mainate dérangé s’agite, comme en rêve dit un nom. Le vieux va se coucher. »
10
Vincent Van
V an Gogh et la famille Roulin
« Ce qui me passionne le plus, beaucoup, beaucoup davantage que tout le
reste dans mon métier c’est le portrait, le portrait moderne. Je le cherche
par la couleur et ne suis certes
certes pas le seul à le chercher dans cette voie. Je
voudrais, tu vois, je suis loin de dire que je puisse faire tout cela mais enfin
j’y tends, je voudrais faire des portraits qui un siècle plus tard aux gens
d’alors apparussent comme des apparitions. Donc je
je ne cherche pas à faire
cela par la ressemblance photographique mais par nos expressions
passionnées, employant comme moyen d’expression et d’exaltation du
caractère notre science et goût modernes de la couleur. […] »
Lettres de Vincent Van Gogh à sa sœur (W 22 F)
Les Portraits de la famille Roulin sont un ensemble de portraits réalisé par l'artiste-peintre
hollandais Vincent Van Gogh à Arles entre 1888 et 1890.
Vincent Van Gogh, qui réalisait de nombreux paysages souhaitait se consacrer également aux
portraits.
Il recherchait un modèle et c'est par ce biais qu'il a rencontré Joseph Roulin (il fréquentait,
comme lui, le café de la Gare).
Joseph Roulin était né le 4 avril 1841 à Lambesc, environ 60 kilomètres à l'est d'Arles. Il est
mort en septembre 1903 à Marseille. Le 31 août 1868 il s'était marié à Augustine-Alex Pellicot
(1851 - 1930). Les Roulin ont eu trois enfants : Armand, Camille et Marcelle.
Van Gogh a réalisé des portraits de chacun d'eux.
L ettres de Vincent Van
Van Gogh à sa famille
(In Correspondances générales / Editions Gallimard)
Lettres à Bernard
« Cette fois-ci, je cherche à te faire voir la grande chose simple : la peinture de l’humanité, de
toute une république, disons plutôt, par le simple moyen du portrait. Cela d’abord et avant tout
[…] » (B 13 F)
« Je viens de faire un portrait d’un facteur ou plutôt même deux portraits. […] Il se raidissait
trop dans la pose, voilà pourquoi je l’ai peint deux fois, la deuxième fois dans une seule séance.
Sur la toile blanche, fond bleu, presque blanc, dans le visage tous les tons rompus, jaunes,
verts, violacés, roses, rouges. L’uniforme, bleu de Prusse, agrémenté de jaune […] » (B 14 F)
Lettres à sa soeur
« En ce moment, je suis en train de faire le portrait d’un facteur en uniforme bleu foncé, avec
du jaune. Une tête un peu comme celle de Socrate, presque pas de nez, un grand front, le crâne
chauve, de petits yeux gris, des joues pleines, hautes en couleur, une grande barbe poivre et
sel, de grandes oreilles. L’homme est un terrible républicain et socialiste ; il raisonne très bien
et sait beaucoup de choses. Sa femme a accouché aujourd’hui, et il n’est pas peu fier ; il
rayonne de satisfaction. » (W 5 N)
11
Lettres à son frère Théo
« Je ne sais si je pourrai peindre le facteur comme je le sens, cet homme est comme le père
Tanguy en tant que révolutionnaire, probablement il est considéré comme bon républicain parce
qu’il déteste cordialement la république de laquelle nous jouissons, et parce qu’en somme il
doute un peu et est un peu désenchanté de l’idée républicaine elle-même. Mais je l’ai vu un jour
chanter la Marseillaise, et j’ai pensé voir 89, non pas l’année prochaine, mais celle d’il y a
quatre-vingt-dix-neuf ans. C’était du Delacroix, du Daumier, du vieux hollandais tout pur. »
(520 F)
« Mon ami le postier par exemple vit beaucoup dans les cafés, et certes est plus ou moins
buveur, et l’a été sa vie durant. Mais il est tellement le contraire d’abruti et son exaltation est
si naturelle, si intelligente, et il raisonne alors si largement à la Garibaldi, que volontiers je
réduis le légende quant à Monticelli buveur d’absinthe à exactement les proportions de ce cas
de mon postier. […] » (550 F)
« […] j’ai fait des portraits de toute une famille, celle du facteur dont j’ai déjà précédemment
fait la tête – l’homme, la femme, le bébé, le jeune garçon et le fils de 16 ans, tous des types et
bien français quoique cela ait l’air d’êtres des Russes. Toiles de 15. Cela tu sens combien je me
sens dans mon élément et que cela me console jusqu’à un certain point de n’être pas médecin.
J’espère insister là-dessus et pouvoir obtenir des poses plus sérieuses, payables en portraits. Et
si j’arrive à faire encore mieux toute cette famille-là j’aurai fait au moins une chose à mon goût
et personnelle. […] » (560 F)
« Nous sommes ainsi déjà arrivés le jour ou le lendemain de ma sortie d’hôpital à un
déboursement forcé de ma part de 103fr. 50 ce à quoi il faut encore ajouter qu’alors le premier
jour j’ai été dîner avec Roulin au restaurant joyeusement, tout à fait rassuré et ne redoutant
pas une nouvelle angoisse. […] Nous sommes le 17, il reste treize jours à faire. Demande
combien pourrai-je dépenser par jour ? Il y a ensuite à ajouter que tu as envoyé 30 francs à
Roulin sur lesquels il a payé les 21,50 de loyer de décembre. […] Roulin va partir et cela déjà le
21, il va être employé à Marseille, l’augmentation de salaire est minime, et il va être obligé de
quitter pour un temps sa femme et ses enfants, qui ne pourront le suivre que beaucoup plus
tard, à cause de ce que les dépenses de toutes une famille seraient plus lourdes à Marseille.
C’est un avancement pour lui, mais c’est une consolation bien maigre que donne ainsi le
gouvernement à un tel employé après tant d’années de travail. Et au fond je crois qu’ils
demeurent lui comme sa femme bien navrés. Roulin m’a bien souvent tenu compagnie pendant
cette dernière semaine. […] » (571 F)
« Roulin est sur le point de partir. Son salaire était ici de 135 francs par mois, élever trois
enfants avec ça et en vivre lui et sa femme ! Ce que cela a été tu le conçois. Et ce n’est pas tout,
l’augmentation c’est un remède pire que le mal même… Quelles administrations…et dans quels
temps vivons-nous ! Moi j’ai rarement vu un homme de la trempe de Roulin, il y a énormément
de Socrate, laid comme un satire ainsi que le disait Michelet… « Jusqu’à ce qu’au dernier jour
un dieu s’y vit dont s’illumina le Parthénon etc. etc. ». Si Chatrian que tu as rencontré avait vu
cet homme-là ! […] » (572 F)
« Hier Roulin est parti. C’était touchant de le voir avec ses enfants ce dernier jour, surtout avec
la toute petite quand il la fait rire et sauter sur ses genoux et chantait pour elle. Sa voix avait
un timbre étrangement pur et ému où il y avait à la fois pour mon oreille un doux et navré
chant de nourrice et comme un lointain résonnement du clairon de la France de la révolution. Il
n’était pourtant pas triste, au contraire il avait mis son uniforme qu’il avait reçu le jour même
et tout le monde lui faisait fête. […] J’étais en train de faire le portrait de la femme Roulin, où
je travaillais avant d’être malade. J’avais arrangé là-dedans les rouges depuis le rose jusqu’à
l’orangé, lequel montait dans les jaunes jusqu’au citron avec des verts clairs et sombres. Si je
pouvais terminer cela, cela me ferait bien plaisir, mais je crains qu’elle ne voudra plus poser
son mari absent. […] » (573 F)
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L’école du spectateur
Par Catherine Le Moullec, formatrice à l’IUFM de Nantes
Aller au théâtre : lire, voir,
voir, dire,
dire , écrire et faire…
faire … avec les élèves
Commencer un parcours théâtre
Rappel : il n’est pas toujours nécessaire de préparer la représentation. On peut parfois laisser
les élèves se confronter directement à l’œuvre, surtout s’ils sont engagés depuis longtemps dans
un parcours de spectateur. Tout cela est à peser au regard des difficultés possibles de la
réception. Mais il est souvent motivant et productif d’aiguiser l’appétit et de créer un horizon
d’attente !
Premier principe : choisir des activités « apéritives », donner envie au spectateur, susciter
l’attente, refuser l’exhaustivité, éveiller la curiosité, garder le « suspense », ne pas vouloir tout
expliquer.
Deuxième principe : donner priorité au jeu théâtral dans chaque activité, s’efforcer de mettre en
place des situations de prise de parole, d’oralisation, de jeu dramatique ou d’improvisation (par
exemple, toutes les activités d’écriture seront suivies de mises en place de protocoles permettant
l’oralisation collective).
Travailler autour du théâtre
Les pratiques de spectateur :
* Questionnaire autour du théâtre et des représentations qu’en ont les élèves. A faire dépouiller
et commenter par la classe. Faire l’état des lieux des représentations du théâtre dans la classe.
Se renseigner pour savoir qui dans la classe est déjà allé au théâtre. Faire ressortir les mots
qu’ils connaissent.
* « La sortie au théâtre » (en souvenir du sketch de Karl Valentin !) : groupement de textes
autour des spectateurs de théâtre, lire, dire ou écrire un souvenir de théâtre bon ou mauvais.
Raconter un souvenir est une incitation à la prise de parole pour les élèves. Possibilité d’utiliser
le livre Moi, j’ai rien d’intéressant à dire de Jean-Pierre Moulères, publié aux Editions de
l’Atalante. Penser à l’exercice du filet : avant de prendre la parole, je dois rencontrer le regard
de quelqu’un.
* Le comportement du spectateur : la charte du spectateur.
spectateur A partir des lettres de l’abécédaire,
possibilité de faire inventer des définitions aux élèves. Possibilité de réaliser des lectures
plurielles de cette charte. Improviser sur le « mauvais spectateur de théâtre ». Exercice des
gardiens du théâtre : faire jouer les situations (reprise, avec des consignes vocales ou
d’interprétation, de l’un des articles à adresser au public…) à la manière de Pennac.
* Observer des photos de publics (en salle, en plein air, devant un concert de rock…), les décrire
et analyser ce qu’elles suggèrent du public et de celui qui a pris la photographie bien sûr !
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Découvrir le théâtre, un art et un métier…
* Recherches sur le théâtre à travers les époques ou dans le monde : utiliser abondamment
l’iconographie : faire commenter des images d’acteurs de tragédie en Grèce ancienne, de
kathakali, de théâtre nô, puis de commedia dell’arte et de théâtre d’aujourd’hui. Retrouver leur
origine géographique, les faire classer chronologiquement. S’intéresser aux diverses traditions
du maquillage, du masque…
* Collecter dans les journaux des critiques de spectacle. Les lire, les commenter et les mettre en
parallèle avec des critiques d’auteurs littéraires reconnus.
* Réunir des photos de spectacles, les observer et les commenter. Montrer que le décor et les
costumes ont des qualités plastiques et des significations.
* Le vocabulaire du théâtre : s’amuser avec le vocabulaire spécifique (imaginer des jeux de
vocabulaire à partir du Dictionnaire de la langue du théâtre d’Agnès Pierron, Collection Les
Usuels, Editions Robert), avec les expressions « consacrées ». Par exemple : écrire une scène
autour de l’expression « brûler les planches ».
Possibilité d’utiliser le vocabulaire lié aux métiers et à la terminologie propre au théâtre. C’est le
moment de faire comprendre que tout est important dans le spectacle (lumières, décors,
costumes…). Jouer dans l’espace, les expressions comme « cour » et « jardin », « avant-scène »,
« fond de scène », etc. Constituer une image représentant un groupe de comédiens de boulevard
ou de tragédiens, des régisseurs ou des metteurs en scène.
Préparer des mots sur des petits papiers et faire tirer ces mots par les élèves. Ceux-ci doivent
donner une explication du mot qu’ils ont tiré. Réaliser un « brainstorming » dans la classe pour
trouver la définition la plus précise possible. S’appuyer sur les textes d’Amiour, d’Alain Gautré
pour déclencher l’écriture.
* Visiter un (ou des) théâtre(s) et découvrir la réalité du lieu (étudier son plan, espace de jeu,
espace public, localisation dans la ville…). Jouer dans ce lieu si possible (même simplement une
prise de parole sur la scène).
* Découvrir les métiers du théâtre et sa réalité économique (étudier des plaquettes ou des
programmes de différents lieux de programmation, les repérer sur une carte, consulter leur site
internet, découvrir l’organigramme d’un lieu de diffusion et de création).
* S’intéresser à la réalité économique et politique du théâtre à travers les époques en posant la
question du prix de la place : la chorégie dans l’antiquité, la protection royale, le mécénat, le
subventionnement institutionnel.
* Accueillir un(e) scénographe, un régisseur(e) dans sa classe, préparer cette rencontre et
l’interview.
* A partir de tout cela établir une grille de lecture du spectacle théâtral avec les élèves qui mette
en valeur tous les aspects de cet art : le jeu des comédiens, la mise en scène, le traitement de
l’espace, le décor, les costumes, les lumières, la musique (il est important que cela ne vienne
qu’en fin de parcours !).
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Travailler autour du texte
* Le titre : à partir du titre, caractériser de manière positive ou négative (dire ce que le spectacle
va être et ce qu’il ne va pas être), mettre ce titre en relation avec d’autres (textes du même
auteur, de la même époque, du même genre théâtral… en tirer des conclusions) ; écrire les
premières répliques d’un spectacle qui aurait ce titre ; écrire un texte de présentation du
spectacle à partir du titre.
* La liste de personnages : mettre en scène l’entrée des différents personnages pour constituer
un tableau collectif. Leur inventer une réplique, ou au contraire découvrir des répliques et en
regard de la liste des personnages, leur restituer leur réplique. Rêver à partir des noms de
personnages et leur imaginer un futur. Faire un exercice de mémorisation (parfois bien utile
pour certaines pièces à riche distribution). Tenter de faire créer des personnages par les élèves,
avec des costumes, ou un accessoire par exemple (imaginer comment il se comporte, sa
démarche, sa façon de parler…). Avec la liste des personnages de la pièce, on peut essayer
d’imaginer quels sont les rapports qui les unissent, inventer leur histoire, les incarner.
* Travailler un corpus de répliques qui permet d’entrer dans la fable et la thématique, de
connaître les personnages, leurs rapports et conflits tout en travaillant corps et voix, adresse et
espace. Les lectures plurielles et jeux d’adresse permettent de mémoriser et faire siennes ces
répliques. On peut donner une réplique à chaque élève et lui demander de la retrouver pendant
le spectacle. On peut aussi se mettre en jeu et travailler l’intonation de certaines répliques. A
partir d’une sélection de répliques (ce qu’un personnage dit et ce qu’on dit de lui, ou ce qu’on lui
dit…), essayer de comprendre le personnage. Pour travailler l’adresse, faire échanger des
répliques entre élèves (à qui je m’adresse ? à tout le monde, à une personne en particulier, au
public ?).
Les répliques peuvent aussi attirer l’attention sur l’espace dans toutes ses dimensions (espace
mimétique où est censée se passer l’action, espaces hors scène, métaphores spatiales, espace
symbolique). Tous ces exemples montrent que l’animateur doit choisir en fonction de ce sur quoi
il veut attirer l’attention : le texte, les choix du metteur en scène…
On peut ensuite composer des images et des tableaux, mettre en scène des entrées sur des
musiques différentes, créer des « machines rythmiques » de personnages…
On peut également faire écrire des suites de répliques en particulier pour les duos. Les élèves ne
découvriront la « vraie » suite que lors du spectacle.
La première et la dernière réplique : imaginer ce qui se passe « entre », raconter la fable.
* On peut inventer une bandebande- annonce du spectacle tel qu’on l’imagine, en trois tableaux par
exemple. C’est un travail qui peut être effectué avant ou après la représentation et qui fait
intervenir l’image, le son et le bruitage. Les élèves peuvent se mettre en scène par groupe. Ce
travail peut être réalisé à partir de mots que les élèves auront choisis pour qualifier le spectacle
(adjectifs qualificatifs, objets, couleurs, sons).
* Proposer une scénographie (dessin ou maquette) ou des costumes. On peut travailler alors avec
des propositions de couleurs, de matières, des petits échantillons de tissu, des esquisses tout
comme le font les professionnels.
* S’il s’agit d’un texte classique, il peut être intéressant de demander aux élèves de constituer un
dossier documentaire sur les différentes mises en scène qui ont émaillé la vie de ce texte
(photographies, citations diverses…). Ce répertoire de mises en scène sera très utile également
pour l’analyse de la représentation. Dans le même ordre d’idée, on peut observer et analyser
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des photographies ou des extraits vidéo proposant diverses interprétations d’un texte ou d’une
même scène.
Travailler autour de la représentation
* Lire l’affiche : de quoi ça parle, qu’est-ce que ça raconte, qu’est-ce que ça dit ? Mettre en
commun de toutes ces réponses et à partir de cela constituer un tableau représentant l’idée que
l’on a du spectacle. Créer une autre affiche (dessin, collages…)
Si l’affiche montre des comédiens en jeu, reprendre ce jeu en image fixe, imaginer les répliques
à proférer, l’image ou la réplique précédentes, l’image ou la réplique suivantes ; le monologue
intérieur du personnage représenté avant son entrée en scène. Proposer la réplique d’un
deuxième personnage hors champ suggéré par le regard.
Distinguer les parties textes et les images. L’affiche peut être également exploitable pour faire
connaître les métiers du théâtre. A partir de quelques éléments de la pièce on peut faire créer
une affiche du spectacle aux élèves. Cet exercice peut être réalisé après le spectacle comme
forme d’expression. Les affiches créées par les élèves peuvent être montrées aux comédiens lors
de leur venue, pour amorcer l’échange par exemple.
Il faut être attentif à tout et se questionner par exemple sur les éléments qui peuvent apporter
des précisions sur l’époque de la pièce... On peut aussi comparer les informations de la
brochure (souvent plus détaillées ) et celles de l’affiche.
On peut tenter de reproduire corporellement l'affiche : un élève choisit un personnage de
l'affiche et reproduit son attitude devant la classe. Puis, un deuxième élève vient s’ajouter et
ainsi de suite jusqu'à ce que la photo soit reproduite.
On peut aussi faire parler les personnages de l’affiche.
* Travail sur les documents annexes : dossier dramaturgique, articles de presse, plaquette du
spectacle, notes d’intentions de mise en scène… Tout cela permet d’appréhender la réalité des
différents intervenants de la création : le scénographe, le dramaturge, le créateur lumière, le
compositeur… Etudier la nature et le contenu des différents renseignements donnés sur
l’argument du spectacle et les choix artistiques du metteur en scène.
Et encore !
On peut ressentir le besoin de donner quelques renseignements sur l’auteur, le genre, la période
ou les événements historiques évoqués. Distribuer une feuille de vocabulaire spécifique au texte
mis en scène. Il faut éviter de rendre cela trop « encombrant » : imaginer des protocoles et des
situations de jeu, se saisir des potentialités de l’iconographie (peintures, photographies, extraits
de films…) et des autres arts (musique, arts plastiques, danse…) pour ouvrir à un monde, un
pays, une époque, un mouvement artistique…
Vivre le spectacle avec les élèves
Surtout profiter du moment du spectacle et prendre son plaisir de spectateur !
Pour favoriser l’attention et susciter la curiosité des futurs spectateurs, leur confier
individuellement ou par petits groupes une mission personnalisée à remplir pendant la
représentation : l’un devra s’intéresser au décor, un autre aux éclairages, un autre aux costumes
ou au jeu des acteurs. On peut aussi retrouver la réplique sur laquelle on a travaillé. Ces
missions seront ensuite bienvenues lors de l’analyse du spectacle, mais attention cela ne doit
pas gâcher le plaisir de la représentation ! Possibilité de rendre compte de ce travail en classe
ensuite par un cours exposé. Possibilité de faire rédiger un article de presse, une critique.
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Prolonger après le spectacle
Partager
* Utiliser des déclencheurs de parole : je me souviens, j’ai aimé, je n’ai pas aimé, j’ai compris, je
n’ai pas compris, j’aurais préféré… Quel est le mot qui vient à l’esprit au souvenir du spectacle ?
* La mémoire immédiate : quelles résonances intimes le spectacle a-t-il chez les élèves ? Portrait
chinois : « si ce spectacle était une couleur ? », « une musique ? », « une matière ? », « un
objet ? », « une époque ? », « un personnage célèbre ? », « un adjectif ? ».
* Les cinq sens : le spectacle m’a fait penser à une couleur, une odeur ou un parfum, un goût…
* A partir de la grille de lecture et des missions. Insister sur la mise en commun (description) et
la phase d’analyse (le pourquoi des choix de la mise en scène), faire une mise en commun par
groupes de ces analyses pour rédiger ensuite une critique commune.
Rédiger
* Un mot ou une phrase : « s’il n’y avait qu’une seule chose à dire, ce serait… »
* Une liste poétique à la façon de Pérec (« je me souviens… ») ou un inventaire à la façon de
Prévert.
* Une critique du spectacle en trois phrases, ou seulement le titre de sa critique !
* Une lettre (ou une carte postale) à l’un des personnages, l’un des acteurs du spectacle ou au
metteur en scène. Favoriser une correspondance avec la troupe si possible (se renseigner sur la
tournée ou prendre contact par l’intermédiaire du diffuseur).
* Un poème (un haïku).
* Un titre : « si je devais proposer un autre titre, ce serait… ». Justifier son choix !
* La parodie d’une scène, un pastiche du genre, une perturbation (exemple on fait intervenir un
personnage connu d’une autre pièce de théâtre ou un héros filmique à un moment de l’intrigue),
une bifurcation (et si au lieu de partir, ce personnage était resté ?)
Imaginer
* Proposer une autre affiche, un autre décor, de nouveaux costumes. Réaliser une nouvelle
maquette !
* Constituer l’album-photos du spectacle, d’un personnage. Associer très librement collages,
dessins et images.
* Constituer le musée imaginaire d’un des personnages ou une collection d’objets qui nous le
fasse (re)connaître. L’intérêt lors de ce type d’activités est à la fois dans le développement de
l’esprit créatif et dans l’apprentissage de l’argumentation et de la justification des choix lors de
la présentation à la classe.
Il est important alors de proposer au sein de l’établissement, si possible en les affichant ou en
les exposant, le résultat de ces travaux individuels et collectifs !
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Jouer, improviser
* Le théâtrethéâtre-image.
image Possibilité de faire créer des images à partir de répliques du texte. Rappeler
les notions d’espace, de regard et de rythme. Possibilité d’utiliser une photo. Le théâtre-image
peut être utilisé en amont de la représentation, en guise de préparation, ou en aval, afin de faire
s’exprimer les élèves d’une autre manière que la parole.
* Retrouver une image fixe du spectacle, improviser la suite.
* Retrouver par des improvisations vocales ou une machine rythmique le paysage sonore de la
pièce.
* Rejouer la scène préférée et proposer d’autres indications de jeu et de mise en scène. L’intérêt
vient alors de la diversité des propositions qui se confrontent.
* Faire raconter la fable du point de vue de chaque personnage.
* Jouer le monologue intérieur d’un personnage qui nous révèle ce qu’il pense à la fin du
spectacle.
* Improviser en duo le pour et le contre sur le spectacle (les critiques dans Télérama)
* Jouer l’émission de télévision où le journaliste interviewe metteur en scène, comédiens,
régisseurs…
* Créer une « petite forme » s’inspirant du spectacle : de sa forme, de son genre, de son
esthétique ; faire vivre les mêmes personnages dix ans avant ou après ; travailler des extraits du
même auteur.
Ressources bibliographiques
Ouvrages :
La Langue du théâtre
de Agnès Pierron
Editions Le Robert
A la découverte de cent et une pièces de théâtre, répertoire critique du théâtre
contemporain pour la jeunesse
de Marie Bernanoce
Editions Théâtrales
Jeux pour acteurs et non acteurs
de Augusto Boal
Editions La Découverte
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Coups de théâtre en classe entière au collège et au lycée
de Chantal Dulibine et Bernard Grosjean
Editions Argos-Démarches
Lire le théâtre au lycée
lycée
de M. Carbonelle et N. Norday
CRDP Champagne – Ardenne
Pratiquer le théâtre au collège / De l’expression à la création théâtrale
Sophie Balazard et Elisabeth Gentet-Ravasco
Editions Bordas
Eduquer par le jeu dramatique
Christiane Page
ESF éditeur, Collection Pratiques et enjeux pédagogiques, 1997
Lire le théâtre contemporain
De Jean-Pierre Ryngaert
Editions Dunod
Les Pratiques théâtrales à l’école
De Jean-Claude Lallias et Jean-Louis Cabet
CRDP de Seine St Denis / Rectorat de Créteil, 1985.
3 ouvrages de la Collection « Ateliers de théâtre » / Edition Actes SudSud- Papiers
11 Rendez-vous en compagnie de Robin Renucci, de Katell Tison-Deimat (n°1 de la collection)
10 Rendez-vous en compagnie de Yannis Kokkos, de Dany Proché (n°2 de la collection)
10 Rendez-vous en compagnie de Pierre Vial,, de Danièle Girard (n°3 de la collection)
Les ouvrages de la Collection « Théâtre Aujourd’hui », Editions théâtre du SCEREN
L'Ere de la mise en scène
Théâtres et enfance. L'émergence d'un répertoire.
Michel Vinaver
Le Cirque contemporain, la piste et la scène
Hamlet et la Nuit des rois. Shakespeare, la scène et ses miroirs
Koltès, combats avec la scène. Approches scéniques du théâtre de Koltès
Dom Juan de Molière
L'Univers scénique de Samuel Beckett
Dire et représenter la tragédie classique
La Tragédie grecque
Chaque titre propose des documents iconographiques et sonores, des textes critiques, des
commentaires de spécialistes qui permettent de travailler en classe sur les sujets abordés.
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DVD :
5 DVD de la Collection « Entrer en théâtre » du SCEREN/CNDP
Les Deux Voyages de Jacques Lecoq
Texte et représentation
Lire le Théâtre à haute voix
Du Jeu au théâtre
Jeu d’enfance, jeu de cirque
Sites internet :
http://crdp.ac-paris.fr/piece-demontee (les dossiers pédagogiques « Théâtre » du CRDP de Paris)
http://www.copat.fr (éditeur de vidéos de spectacles)
http://www2.educnet.education.fr/theatre (site de références d’ouvrages, DVD, sites internet…)
http://www.pedagogie.ac-nantes.fr puis cliquer sur « action culturelle » puis « domaine », puis
« théâtre » ou « danse » (site de ressources pédagogiques)
http://www.theatredurondpoint.fr/publications/dvd.cfm (vidéos de spectacles)
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Contacts Jeune Public
Public
Le Grand T
Marion Echevin / 02 28 24 28 18
[email protected]
Pascale Degrieck / 02 28 24 28 08
[email protected]
Florence Danveau / 02 28 24 28 16
[email protected]
Clémence Jouin / 02 28 24 28 17
[email protected]
Le Grand T
BP 30111
44001 Nantes cedex 01
Tel 02 28 24 28 24
Fax 02 28 24 28 38
Dossier réalisé à partir des documents fournis
par la Compagnie X ici
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