Automne Dans le brouillard s`en vont un paysan cagneux Et son

Automne
Dans le brouillard s’en vont un paysan
cagneux
Et son bœuf lentement dans le brouillard
d’automne
Qui cache les hameaux pauvres et
vergogneux
Et s’en allant -bas le paysan chantonne
Une chanson d’amour et d’infidélité
Qui parle d’une bague et d’un cœur que
l’on brise
Oh! l’automne l’automne a fait mourir l’été
Dans le brouillard s’en vont deux
silhouettes grises
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
Automne malade
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera
dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et
naines
Qui n’ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j’aime ô saison que j’aime tes
rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à
feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie
S’écoule
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
L’automne
Salut ! bois couronnés d’un reste de
verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons
épars !
Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la
nature
Convient à la douleur et plaît à mes
regards !
Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire,
J’aime à revoir encor, pour la dernière
fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l’obscurité des
bois !
Oui, dans ces jours d’automne où la
nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus
d’attraits,
C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier
sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour
jamais !
Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l’espoir
évanoui,
Je me retourne encore, et d’un regard
d’envie
Je contemple ses biens dont je n’ai pas
joui !
Terre, soleil, vallons, belle et douce
nature,
Je vous dois une larme aux bords de mon
tombeau ;
L’air est si parfumé ! la lumière est si pure
!
Aux regards d’un mourant le soleil est si
beau !
Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel !
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel ?
Peut-être l’avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l’espoir est
perdu ?
Peut-être dans la foule, une âme que
j’ignore
Aurait compris mon âme, et m’aurait
répondu ? …
La fleur tombe en livrant ses parfums au
zéphire ;
A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ;
Moi, je meurs; et mon âme, au moment
qu’elle expire,
S’exhale comme un son triste et
mélodieux.
Alphonse de Lamartine, Méditations
poétiques
Chant d’automne
Bientôt nous plongerons dans les froides
ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J’entends déjà tomber avec des chocs
funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.
Tout l’hiver va rentrer dans mon être :
colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et
forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon cœur ne sera plus qu’un bloc rouge
et glacé.
J’écoute en frémissant chaque bûche qui
tombe ;
L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus
sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui
succombe
Sous les coups du bélier infatigable et
lourd.
Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu’on cloue en grande hâte un cercueil
quelque part.
Pour qui ? - C’était hier l’été ; voici
l’automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un
départ.
II
J’aime de vos longs yeux la lumière
verdâtre,
Douce beauté, mais tout aujourd’hui m’est
amer,
Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni
l’âtre,
Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.
Et pourtant aimez-moi, tendre cœur !
Soyez mère,
Même pour un ingrat, même pour un
méchant ;
Amante ou sœur, soyez la douceur
éphémère
D’un glorieux automne ou d’un soleil
couchant.
Courte tâche ! La tombe attend ; elle est
avide !
Ah ! Laissez-moi, mon front posé sur vos
genoux,
Goûter, en regrettant l’été blanc et torride,
De l’arrière-saison le rayon jaune et doux !
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal
Soupir
Mon âme vers ton front où rêve, ô calme
sœur,
Un automne jonché de taches de
rousseur,
Et vers le ciel errant de ton œil angélique
Monte, comme dans un jardin
mélancolique,
Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers
l’Azur !
- Vers l’Azur attendri d’Octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur
infinie
Et laisse, sur l’eau morte où la fauve
agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid
sillon,
Se traîner le soleil jaune d’un long rayon.
Stéphane Mallar
Les saisons et l'amour
Le gazon soleilleux est plein
De campanules violettes,
Le jour las et brûlé hâlette
Et pend aux ailes des moulins.
La nature, comme une abeille,
Est lourde de miel et d'odeur,
Le vent se berce dans les fleurs
Et tout l'été luisant sommeille.
Ô gaieté claire du matin
Où l'âme, simple dans sa course,
Est dansante comme une source
Qu'ombragent des brins de plantain !
De lumineuses araignées
Glissent au long d'un fil vermeil,
Le cœur dévide du soleil
Dans la chaleur d'ombre baignée.
Ivresse des midis profonds,
Coteaux roux où grimpent des chèvres,
Vertige d'appuyer les lèvres
Au vent qui vient de l'horizon ;
Chaumières debout dans l'espace
Au milieu des seigles ployés,
Ayant des plants de groseilliers
Devant la porte large et basse ...
Soirs lourds où l'air est assoupi,
Où la moisson pleine est penchante,
Où l'âme, chaude et désirante,
Est lasse comme les épis.
Plaisir des aubes de l'automne,
Où, bondissant d'élans naïfs,
Le cœur est comme un buisson vif
Dont toutes les feuilles frissonnent !
Nuits molles de désirs humains,
Corps qui pliez comme des saules,
Mains qui s'attachent aux épaules,
Yeux qui pleurent au creux des mains.
Ô rêves des saisons heureuses,
Temps où la lune et le soleil
Écument en rayons vermeils
Au bord des âmes amoureuses ...
Anna de Noailles ("Le Cœur innombrable")
Chanson d'automne
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
Paul Verlaine, Poèmes saturniens
Quand automne en saison revient
Quand automne en saison revient,
La forêt met sa robe rousse
Et les glands tombent sur la mousse
Où dansent en rond les lapins.
Les souris font de grands festins
Pendant que les champignons poussent.
Ah! Que la vie est douce, douce
Quand automne en saison revient.
Automne
Les feuilles colorées
Commencent à tomber ;
Les arbres sont en deuil
Car ils perdent leurs feuilles.
Le matin, la rosée
Me fait rêver.
Les feuilles dorées
Me font délirer.
La soirée est vite arrivée,
Le soleil s’est couché,
Le vent s’est levé,
Et les feuilles se sont envolées.
L’automne va se terminer ;
Les feuilles vont s’émietter
L’hiver va commencer,
La neige va tomber.
L'automne
On voit tout le temps, en automne
Quelque chose qui vous étonne,
C'est une branche tout à coup,
Qui s'effeuille dans votre cou ;
C'est un petit arbre tout rouge,
Un, d'une autre couleur encor,
Et puis partout, ces feuilles d'or
Qui tombent sans que rien ne bouge.
Nous aimons bien cette saison,
Mais la nuit si tôt va descendre !
Retournons vite à la maison
Rôtir nos marrons dans la cendre.
Lucie Delarue-Mardrus
Les feuilles tombent
Les feuilles tombent peu à peu
Les feuilles sont déjà par terre
En grand silence, en grand mystère
Les feuilles tombent peu à peu.
Lucie Delarue-Mardrus
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