Le 23 avril 2015. - Berlin, BerlinS, Berl`1

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Le 23 avril 2015.
Aujourd’hui va être une journée qui sera difficile émotionnellement parlant.
Nous nous rendrons sur des lieux imprégnés de mémoire, de douleurs et de
morts.
Alors nous rappelons que votre comportement devra être exemplaire.
Visite du camp de concentration
d’Oranienburg- Sachsenhausen.
Un rappel historique général nécessaire.
I. Camps de concentration et camps d'extermination
Même si la mortalité dans les camps de concentration de l'Allemagne nazie a été élevée, il convient
d'emblée de bien distinguer les termes de camps de concentration et de camps d'extermination.
Le terme de camp de concentration ( Konzentrationslager – KZ) n'a pas été inventé par les nazis. Il a été
utilisé dès le début du XXème siècle par les Britanniques, lors de la guerre des Boers qui les a opposés en
Afrique du Sud aux descendants des colons néerlandais.
Dans l'Allemagne hitlérienne, la fonction des camps de concentration était une fonction d'exclusion et de
terreur. Ces camps étaient destinés à recevoir non seulement les adversaires des nazis, mais aussi tous les
individus considérés comme dangereux pour le régime nazi. Les uns et les autres étaient arrêtés et amenés
dans ces camps pour y être astreints au travail forcé.
Les camps d'extermination eux, ont été construits pour liquider physiquement les Juifs et les Tsiganes, et
autres groupes ciblés par les nazis.
Chronologiquement, l'ouverture des camps de concentration a précédé celle des camps d'extermination (à
partir de la conférence du Wannsee le 20 janvier 1942).
1.
L'ouverture
des
premiers
camps
de
concentration
à
partir
de
1933
Les premiers camps de concentration ont été ouverts dans l'Allemagne hitlérienne dès l'arrivée au pouvoir
des nazis au début de l'année 1933, pour recevoir : les communistes, les autres opposants politiques,
socialistes et démocrates chrétiens, les Juifs qualifiés de « sous-hommes », mélangés avec les prisonniers
de droit commun condamnés par les tribunaux allemands, et les « asociaux », les « parasites », termes
utilisés par les nazis pour désigner pêle-mêle les Tsiganes, les malades mentaux, les homosexuels et les
témoins de Jéhovah.
Le premier camp a été ouvert à Dachau, près de Munich, le 21 mars 1933.
Des camps ont été aussi implantés dans les pays annexés ou occupés par l'Allemagne nazie, à Mauthausen
en Autriche en 1938, à Theresienstadt en Tchécoslovaquie en 1939, à Auschwitz en Pologne en 1940, au
Struthof-Natzweiler en 1941, seul camp implanté en territoire français annexé, en Alsace.
2. Le développement du système concentrationnaire dans les territoires annexés ou occupés par les
nazis
Deux catégories de déportés ont été acheminées vers ces camps :
- d'une part, les « déportés résistants et politiques », termes désignant , s'agissant des déportés français, les
gaullistes, communistes et autres résistants accusés par le gouvernement de Vichy de se livrer à des
activités qualifiées d'« antinationales » ;
- d'autre part, il y avait les « déportés raciaux », c'est-à-dire les Juifs et les Tsiganes.
Pour distinguer ces différentes catégories de déportés, soumis tous au même régime, un triangle de tissu
était cousu sur leur vêtement rayé :
- Triangle rouge pour les « politiques », porté par les opposants au nazisme, puis par tous les résistants
d'Europe ;
Les triangles pouvaient être combinés
- Triangle bleu pour les « apatrides »
pour les prisonniers qui cumulaient
- Triangle vert pour les « droits communs »
- Triangle violet pour les témoins de Jéhovah
plusieurs motifs de détention.
- Triangle brun pour les Tsiganes
Une étoile jeune et rouge signifiait : un
- Triangle noir pour les « asociaux »
- Triangle rose pour les homosexuels
communiste juif.
- Triangle jaune pour les Juifs
« Bundesarchiv Bild 146-1993-051-07, Tafel mit KZ-Kennzeichen
(Winkel) » par Bundesarchiv, Bild 146-1993-051-07 / Inconnu /
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Au cours de la guerre, les premiers camps ont été agrandis, d'autres ont été ouverts :
- à Neuengamme, Bergen-Belsen, Dora, Gross-Rosen en Allemagne ;
- à Maïdanek et Stutthof en Pologne.
Des convois affluèrent de toute l'Europe occupée vers ces camps placés sous le contrôle des SS.
Dans ces camps de concentration, les déportés étaient soumis au travail forcé dans les Kommandos, les
usines secrètes d'armement et les filiales des grandes firmes allemandes, installées dans l'enceinte même
des camps ou à proximité des camps : 12 heures de travail par jour ; les appels interminables dès l'aube et
tard dans la nuit par tous les temps ; les sévices infligés par les kapos ; la sous-alimentation ; les maladies
mal soignées.
Les
déportés
les
plus
faibles
ne
résistaient
pas
longtemps
à
ce
régime.
Les camps de concentration devinrent d'inépuisables réservoirs de main d'œuvre constamment renouvelés,
où les déportés étaient utilisés comme des esclaves au service de la machine de guerre nazie.
Beaucoup de déportés sont morts d'épuisement, dans ces « camps de la mort lente ».
3. L'ouverture des camps d'extermination, centres de mise à mort immédiate
En Pologne, à partir de 1941-1942, des camps d'extermination ont été ouverts à Chelmno, à Treblinka, à
Sobibor, à Belzec, ou implantés dans des camps de concentration préexistants tels que Maïdanek et
surtout Auschwitz-Birkenau, dans le cadre de ce que les nazis ont appelé la « solution finale de la
question juive ».
L'objectif des nazis était l'extermination totale, méthodique, systématique, « biologique » des Juifs et des
Tsiganes qualifiés de « sous-hommes », dans des centres de mise à mort immédiate.
La plupart des déportés étaient exterminés le jour même de leur arrivée ou au cours des jours suivants, à
l'issue d'une sélection qui envoyait immédiatement dans les chambres à gaz les enfants, les vieillards, les
femmes, les malades, tandis que les plus valides étaient utilisés quelque temps comme esclaves au travail
forcé, avant d'être liquidés à leur tour.
Le fonctionnement des camps de concentration et des camps d'extermination relevait d'une organisation
rigoureuse et scientifique, faisant appel aux techniques les plus modernes.
Cette organisation s'appuyait sur une gestion rigoureuse des convois de déportés acheminés vers les
camps dans des trains qui devaient partir à l'heure, et poussait la recherche de l'efficacité jusqu'à
l'exploitation commerciale et industrielle des cadavres.
Après avoir confisqué les vêtements, les chaussures, les effets personnels des déportés dès leur arrivée
dans les camps, les nazis récupéraient, après les avoir exterminés, les dents en or, les lunettes, les dentiers
des déportés, tandis que leurs cheveux étaient tissés pour fabriquer des couvertures, leurs os broyés et
transformés en engrais.
II. Véracité et singularité du génocide
1. Un génocide programmé, aboutissement d'une politique antisémite
Le génocide a bien eu lieu et il n'est pas le fruit du hasard ou des circonstances liées à la 2 ème Guerre
Mondiale.
La « solution finale » procédait chez les nazis d'une volonté systématique d'extermination, inscrite dans
l'idéologie nazie, ouvertement exprimée par HITLER dans Mein Kampf ( Mon combat ) dès le milieu des
années 1920, avant qu'il ne parvienne au pouvoir, et qui a été mise en œuvre avec obstination à partir de
1933, conduisant tout droit au génocide.
Dès 1933, des mesures discriminatoires se sont abattues sur les 500 000 Juifs qui vivaient en Allemagne :
- boycott des magasins juifs ;
- interdits professionnels dans l'administration ;
- numerus clausus limitant l'accès des étudiants juifs à l'Université ;
- autodafés d'ouvrages juifs brûlés en place publique.
En 1935, les lois de Nuremberg sur la protection du sang allemand ont interdit :
- les mariages entre Juifs et ressortissants allemands ;
- les relations sexuelles entre Juifs et Allemands en dehors du mariage ;
- le droit pour les Juifs d'employer dans leur ménage des ressortissantes allemandes de moins de 45
ans.
- le droit pour les Juifs de hisser les couleurs nationales du Reich.
En 1938, toute une série d'ordonnances ont renforcé la législation raciste, antisémite du Reich hitlérien :
- 22 avril : « Tout Juif doit évaluer et déclarer la totalité de ses biens ».
- 25 juillet : « Les installations de médecins juifs doivent cesser le 30 septembre 1938 ».
- 18 août : Les Juifs n'ont plus le droit de porter un prénom chrétien et doivent tous s'appeler Israël ou
Sarah.
- Octobre : Les Juifs doivent faire tamponner la mention « J » sur leurs pièces d'identité, et les biens
juifs en Allemagne sont placés sous la tutelle d'administrateurs « aryens » ; c'est l'aryanisation des biens
appartenant aux Juifs.
- 12 novembre : « Le comportement hostile envers le peuple et l'État allemand des Juifs qui ne
reculent pas devant de lâches assassinats exige des moyens de défense énergique et une punition sévère
(...) Une contribution d'un montant de 1 milliard de reichsmark sera imposée à l'ensemble des Juifs de
nationalité allemande au profit de l'État allemand ».
Cette ordonnance allemande fait allusion à l'assassinat, à Paris, du conseiller d'ambassade Von RATH par
un jeune Juif, assassinat qui déclencha en Allemagne un vaste pogrom orchestré par les SA et les SS, dans
la nuit du 9 au 10 novembre 1938. Au cours de cette nuit qualifiée de « Nuit de cristal », des Juifs on été
assassinés, plusieurs milliers arrêtés et internés dans des camps de concentration ; 262 synagogues et
7 000 magasins juifs ont été détruits ou pillés.
- 18 novembre : les Juifs sont exclus de toute activité commerciale.
2. La mise en œuvre systématique du génocide
En janvier 1939, Hitler considérait comme probable « l'extermination de la race juive en Europe » si une
guerre devait intervenir. C’est d’ailleurs une menace qu’il adressait à tous les pays qui n’adhéraient pas à
sa manière de penser.
En septembre 1939, après la défaite et l'occupation de la Pologne, les Juifs polonais ont été rassemblés à
proximité des nœuds ferroviaires et enfermés dans des ghettos où ils furent astreints au travail forcé.
En 1940, après la défaite française, les nazis envisagèrent un moment la possibilité de transférer les Juifs
d'Europe à Madagascar.
En attendant, les préparatifs de la politique d'extermination se poursuivirent en Allemagne, en Autriche,
en Tchécoslovaquie, en Pologne, et dans tous les territoires annexés ou occupés par les nazis :
- recensement des Juifs sur des fichiers tenus à jour
- marquage ( port obligatoire de l'étoile jaune dite de David )
- discrimination et exclusion ( interdits professionnels, interdiction des mariages mixtes )
- spoliation ( confiscations des biens = aryanisation ) ;
- ghettoïsation ( regroupement obligatoire des Juifs dans des quartiers isolés )
- déportation des Juifs ( transports ) dans des camps.
Entre le printemps et l'automne 1941, les chefs nazis ont pris trois décisions importantes pour mettre en
œuvre leur politique d'extermination systématique des Juifs :
- créer des forces mobiles spéciales organisées au sein de groupes d'intervention, les
Einsatzgruppen, chargés de pratiquer des exécutions massives en plein air ;
- étendre le génocide à l'ensemble du continent européen ;
- construire des camps d'extermination équipés de camions à gaz et de chambres à gaz utilisant le
monoxyde de carbone ou le Zyklon B (acide prussique), ainsi que des fours crématoires pour brûler les
cadavres.
En juin 1941, dès le début de l'invasion de l'Union soviétique par les troupes allemandes, les
Einsatzgruppen au fur et à mesure de l'avancée allemande en territoire soviétique ont fusillé sur place en
même temps que les cadres et les membres du parti communiste, tous les Juifs, hommes, femmes, et
enfants
Le 7 décembre 1941, le maréchal KEITEL, chef du Haut-commandement de la Wehrmacht, a signé ce
que l'on a appelé le décret Nacht und Nebel (Nuit et brouillard) : toutes les personnes arrêtées, qui
n'avaient pas été condamnées à mort par les Cours martiales allemandes, seraient déportées en
Allemagne, marquées des lettres NN = Nacht und Nebel, c'est à dire destinées à disparaître dans la nuit et
le brouillard.
Le 20 janvier 1942, les modalités du génocide ont été définitivement arrêtées à la conférence de Wannsee,
réunie près de Berlin sous la présidence de Reinhard HEYDRICH, chef de l'Office central de sécurité du
Reich, secondé par Adolf EICHMANN.
Au printemps 1942, a été lancée l'« opération Reinhard » qui concernait la liquidation des Juifs de
Pologne.
Dans le même temps, le processus d'extermination s'intensifia : de toute l'Europe occupée partirent des
convois à destination des camps d'extermination, principalement celui d'Auschwitz-Birkenau.
III. La complicité du régime de Vichy dans la mise en œuvre de la « solution finale »
En France, le gouvernement mis en place à Vichy par le maréchal PÉTAIN, chef de l'État français qu'il a
substitué à la République, n'a jamais eu pour objectif l'extermination des juifs, mais il n'en a pas moins été
l'instrument efficace de la première étape du génocide.
De septembre 1940, les lois applicables en Allemagne le sont en France et le 20 août 1941, est ouvert le
camp de Drancy, dans la région parisienne, placé sous le contrôle de la Gestapo, mais gardé par des
gendarmes français. L’ouverture du camp de Compiègne suivra.
De nombreuses arrestations et déportations sont organisées sur le territoire français. Mais une des plus
marquante est sans doute celle du Vel’ d’Hiv. Les 16 et 17 juillet 1942, la police française a arrêté en
région parisienne 13 152 Juifs dont 4 115 enfants ; la plupart furent parqués au Vélodrome d'Hiver de
Paris avant d'être internés à Pithiviers ou à Beaune-la-Rolande puis à Drancy et déportés à Auschwitz.
Le 31 juillet 1944 : départ du dernier convoi de Drancy pour Auschwitz.
Le camp d’Oranienburg Sachsenhausen
L’ensemble concentrationnaire qui l’objet de notre visite a été créé en deux étapes.
La première est :
Oranienburg (camp de concentration)
Le camp de concentration d'Oranienburg a été édifié ouvert le 22 février 1933 au milieu de la ville
d'Oranienburg sur l'emplacement d'une ancienne brasserie fréquentée par les SA (Sturmabteilung); il
ouvre le 21 mars, soit un jour après Dachau (près de Munich, 1er camp ouvert). Il s'agit d'un des tout
premiers camps de concentration nazis. Jusqu'à sa fermeture en juillet 1934, trois mille hommes et trois
femmes y ont été enfermés. Au moins 16 prisonniers y ont été tués par les gardes.
La seconde :
À partir de 1936 un autre camp a été édifié près d'Oranienburg. Il s'agit du camp de Sachsenhausen.
Oranienburg-Sachsenhausen (en allemand Konzentrationslager Sachsenhausen, KZ Sachsenhausen ou
encore KL Sachsenhausen).
Il a plusieurs objectifs : être un camp modèle, dont même l'architecture doit montrer la suprématie de
l'idéologie nazie ; former les futurs chefs de camps (Rudolf Höss y fera ses classes avant de prendre la
tête du complexe d'Auschwitz) ainsi que les SS en charge des camps de concentration (SS Totenkopf) ;
accueillir le siège de l'Inspection des camps de concentration (I.K.L.).
A son apogée, le complexe de Sachsenhausen compte près d'une centaine de camps extérieurs et de
Kommandos. Il est libéré par l'Armée rouge le 22 avril 1945. De 1936 à 1945, on estime que 200 000
personnes y ont été internées et que 84 000 y sont mortes. En août 1941, un massacre de masse y a eu lieu
avec l'exécution de plus de 13 000 soldats soviétiques, prisonniers de guerre.
C'est probablement le seul camp de concentration que les prisonniers ont baptisé d'un diminutif :
"Sachso".
Histoire du camp
Contexte
Un premier camp a été ouvert à Oranienburg fermé en 1935 (par les SA). Dès 1936, on commence la
construction d'un nouveau camp, beaucoup plus grand, cette fois sous commandement S.S. et avec le but
affiché de réaliser un "camp modèle" : Theodor Eicke, commandant du camp de concentration de Dachau
et inspecteur des camps de concentration, pense initialement agrandir "son" camp. Néanmoins,
l'inspection des camps de concentration (I.K.L.) se trouve à Berlin et nécessite d'avoir un camp de
concentration à proximité. Eicke ordonne alors, via une lettre du 18 juin 1936, que certaines forêts
domaniales d'Oranienburg soient mises à disposition "en vue de l'installation d'un camp de
concentration". Les travaux débutent à l'été 1936, alors que les Jeux Olympiques réunissent à Berlin,
capitale du Reich, les délégations de 49 nations.
Un « camp modèle »
Dès les premières esquisses, le camp de Sachsenhausen présente des particularités uniques, répondant au
dessein de Eicke de construire un "camp modèle" répondant à une architecture démontrant la supériorité
nazie. Les plans initiaux prévoient un plan triangulaire double. Le triangle intérieur correspond à la partie
dévolue aux prisonniers : une tour de garde est placée au centre de la base du triangle, des baraques
disposées en éventail selon des rayons partant de cette tour, une caserne disposée de manière transversale
et qui agrandit la base de ce petit triangle. Un triangle plus grand, qui englobe le premier et dont la base
doit contenir les bâtiments pour la SS, c'est-à-dire les pavillons d'habitations, le garage des véhicules
miliaires des SS, les locaux de la Kripo, et ceux de l'inspection des camps de concentration (I.K.L.).
Parmi les premières constructions, il y a le bloc cellulaire (Zellenbau), séparée du reste du camps par des
barbelés, des palissades, un mur. Quatre-vingts cellules servent aux arrêts, qui comprennent trois degrés:
les arrêts normaux, jusqu'à vingt-huit jours en cellule éclairée avec la ration normale ; les arrêts moyens,
jusqu'à quarante-deux jours avec de la nourriture chaude seulement tous les trois jours ; les arrêts durs en
cellule obscure, où le prisonnier ne peut ni s'asseoir ni se coucher durant toute la journée. Certains ne
quittèrent jamais cet enclos et y trouvèrent la mort.
Le pasteur Niemöller, qu’Hitler avait voulu contraindre à créer une Eglise "nationale-socialiste",
condamné à sept mois de prison le 2 mars 1938 par le tribunal de Berlin-Moabit et attendu à sa sortie par
la Gestapo, est amené en ce lieu, où il restera jusqu'à la défaite du Nazisme.
La partie des prisonniers est ceinturée d'un mur de 2,70 mètres de haut, surmonté de fils électrifiés. Des
miradors équipés de mitrailleuses et de projecteurs orientables sont disposés à intervalles réguliers. A
deux mètres du mur, côté intérieur du triangle, un chemin de ronde est délimité par une barrière de fil
barbelé électrifié. En allant toujours du mur vers l'intérieur, une bande de graviers est ceinturée de
chevaux de frises : c'est la "zone neutre". Dans cette zone, des panneaux indiquent en allemand "On tirera
sans sommation", surmonté d'une tête de mort.
Zone neutre, reconstitution par le Mémorial
Construction du camp
Les premiers prisonniers arrivent en
juillet 1936, en provenance du camp de
Esterwegen puis de celui de BerlinColumbia (ces camps sont alors en cours
de dissolution). Sur ce premier millier de
détenus, la moitié environ sont des
prisonniers politiques, l'autre moitié, des
condamnés de droit commun. Il y a
également des "asociaux" et des
homosexuels, arrêtés pour rendre Berlin
plus présentable dans le cadre des Jeux
Olympiques. L’amalgame de détenus
politiques et de droits communs est une
technique déjà éprouvée par l'administration nazie dans d'autres camps. Les SS chercheront en
permanence à utiliser l'antagonisme des deux groupes dans l'administration parallèle des camps par les
détenus (en donnant la « préférence » aux droits communs). Le premier travail consiste d'abord à déboiser
un triangle de 80 hectares dans la forêt domaniale. Les cadences de travail s’intensifient, la date de
livraison des premières baraques étant fixée au 1er octobre. Les détenus couchent dehors, les premières
baraques construites étant celles des gardiens S.S.
Près d'une centaine de bâtiments sont construits à la fin de l'année 1936, qui comprennent des baraques
d'habitation et de travail (les "Blocks"), une caserne pour les SS, des garages, des pavillons pour les sousofficiers et officiers SS. En parallèle plusieurs transports ont lieu vers Sachsenhausen, notamment en
provenance des camps de Sachsenbourg, Frankenbourg et Chemnitz, (partie Est) soit environ mille
nouveaux prisonniers qui viennent grossir les rangs pour construire le camp.
Premiers assassinats
Les premiers assassinats connus ont lieu à partir de novembre 1936. Le 10 novembre, un SS arrache le
béret d'un prisonnier, le jette sur la clôture qui court de l'autre côté de la "zone interdite" et lui ordonne
d'aller le rechercher. Le détenu est alors abattu, pour "tentative d'évasion" : c'était Gustav Lampe, ancien
député communiste au Reichstag. Au moins cinq autres assassinats sont attestés dans cette période : ceux
de prisonniers incarcérés parce qu'ils étaient juifs, morts sous la torture entre décembre 1936 et février
1937.
Construction de la prison
Les SS ordonnent la construction d'une
prison en forme de T, devant accueillir 80
cellules, et séparée du camp par un mur, au
début de l'année 1937. Cette prison est le
lieu de diverses exactions : c'est là que les
SS réalisent leurs interrogatoires utilisant
les peines corporelles telles que la
bastonnade, la pendaison au poteau, l'isolement dans une cellule sans lumière, etc. De nombreux
prisonniers succomberont aux mauvais traitements.
« Les fesses meurtries par les coups étaient soignées avec des emballages de margarine mis de côté
spécialement à cet effet. Néanmoins, il n'était pas rare que les gens meurent, les reins éclatés après avoir
reçu le "traitement 25". »
Le "traitement 25", c'est l'administration au supplicié de 25 coups sur les fesses, alors qu'il est attaché à un
chevalet de bastonnade (le "Bock"). Les coups peuvent être administrés soit par les SS, soit par des
prisonniers de droits communs. Plus tard, les SS choisiront de réaliser les bastonnades non plus à la
prison, mais sur la place d'appel, et de charger les déportés eux-mêmes d'infliger la peine à leurs
codétenus. Se faire prendre à fumer dans le camp, avoir mal fait son lit ou avoir discuté pendant l'appel
pouvait rendre passible du "traitement 25" : la bastonnade est alors considérée par les SS comme la
punition la plus légère dans l'échelle des sanctions.
Après le déclenchement de la guerre, des hommes politiques des pays occupés ou des dirigeants nazis en
disgrâce seront également détenus dans la prison.
Transfert de la compagnie disciplinaire
Il existe une compagnie disciplinaire depuis l'ouverture du camp. Cette compagnie est composée de
détenus qui doivent être punis ou soumis à un "traitement renforcé" selon les SS ou les surveillants du
camp. Ils sont alors affectés à des Kommandos où le travail était particulièrement pénible. C'est la
compagnie qui connaît le plus fort taux de mortalité. En mars 1938, la compagnie est transférée dans une
"zone d'isolement", c'est-à-dire que les détenus sont regroupés dans des baraques entourées d'une rangée
de barbelées à l'intérieur même du camp.
Inauguration d'une zone de quarantaine
À partir de 1938, les nouveaux arrivants passent plusieurs semaines à l'isolement, dans des baraques
séparées du reste du camp par des barbelés. Les SS entassent ainsi dans les baraques 11,12, 35 et 36 des
prisonniers juifs, homosexuels, sintis et roms, des repris de justice et des prisonniers du "service spécial
de la Wehrmacht".
Construction du camp annexe "Klinkerwerk"
Hitler a pour dessein de faire de Berlin une "capitale du monde", qui réunirait les peuples germaniques au
sein du Reich : il renommerait la ville Germania. Pour ce faire, la SS ordonne la construction d'une
briqueterie sur le canal Oder-Havel. Les déportés considèrent ce Kommando comme une antichambre de
la mort, car les assassinats y sont fréquents. Klinkerwerk prend le statut de camp annexe en 1941, lorsque
les baraquements pour loger les prisonniers sont construits. Avant cela, il faut faire l'aller-retour tous les
jours entre le "grand camp" de Sachsenhausen et le Kommando. A partir de 1942, la force de travail des
déportés est reconvertie à la production d'armement, notamment de grenades.
Tenue vestimentaire des déportés
Jusqu'à la fin de l'année 1938, les prisonniers sont habillés avec de vieux uniformes de la police ou de
treillis gris. Pour les différencier des vrais uniformes, des bandes de peinture sont appliquées sur le devant
et le dos de la veste, ainsi que sur les jambes du pantalon. Les sous-vêtements sont rapiécés et la plupart
des détenus, n'ayant plus de chaussettes, s'entourent les pieds dans des bouts de chiffons, les fameuses
"chaussettes russes". En 1940, les chaussures sont remplacées par des socques à semelles de bois, appelés
des "Höllander".
Introduction des triangles de couleur
À partir du printemps 1938, les SS instaurent un système permettant d'identifier immédiatement le motif
de la présence au camp de chaque détenu : les prisonniers sont contraints de coudre des triangles de
couleur sur leurs habits, pointe en bas, la couleur renvoyant aux diverses catégories établies. Il faut coudre
le triangle au niveau de la poitrine et à gauche sur la veste, ainsi que sur le haut d'une jambe du pantalon.
Les SS classifient souvent de manière arbitraire or, dans la mesure où ils traitent les groupes de détenus
avec plus ou moins de brutalité, ces classements peuvent signifier la vie ou la mort. Au-dessus du triangle
est cousue une bande de tissu blanc sur laquelle est peinte le numéro matricule du détenu.
Lorsque des prisonniers étrangers arrivent au camp, une ou plusieurs lettres sont ajoutées sur le triangle
pour signifier la nationalité. Seuls les Allemands n'ajoutent pas de lettres. Par ailleurs, s'ils n'étaient ni
juifs, ni sintis ou roms, les étrangers sont quasiment tous affublés d'un triangle rouge. En général, les
déportés en provenance des pays occupés par l'Allemagne nazie, qui arrivent en masse au camp de
Sachsenhausen après le début de la guerre, sont plus mal traités par les SS que les détenus allemands.
Tenue de la Strafkompanie
Les déportés affectés à la compagnie disciplinaire portent en plus une croix jaune sur le dos de leur veste,
ainsi que des points noirs ou rouge, au niveau du cœur, dans le dos et sur le pantalon, qui les signalent
comme autant de cibles aux SS ou aux surveillants.
Entrée du camp de Sachsenhausen en 2010
Déportés à Sachsenhausen en 1938
Heinrich Himmler (Reichsführer SS) en
visite au camp de Sachsenhausen en 1936
C'est dans ce camp que Himmler installa son état-major et que l'inspection centrale des SS fit
expérimenter ses méthodes d'extermination avant de les faire appliquer dans les autres camps: les camions
à gaz destinés à l'Est ainsi que la "station Z" installation pour l'extermination par le gaz. 96 déportés juifs
y sont assassinés.
Parmi les activités du camp, on trouve des ateliers destinés à découdre les vêtements et les chaussures des
Juifs assassinés à Auschwitz et à Majdanek pour découvrir d'éventuels trésors cachés.
Administration SS
Sachsenhausen a connu différents commandants et commandants intérimaires:
 Juillet 1936 à juillet 1937: Karl Otto Koch, SS-Standartenführer
 Août 1937 à juillet 1938: Hans Helwig, SS-Oberführer
 Juillet 1938 à septembre 1939: Hermann Baranowski, SS-Oberführer
 Septembre 1939 à mars 1940: Walter Eisfeld, SS-Sturmbannführer
 Avril 1940 à août 1942: Hans Loritz, SS-Oberführer
 Août 1942 au 22 avril 1945: Anton Kaindl, SS-Obersturmbannführer puis SS-Standartenführer
Les déportés
En novembre 1938, suite à la Nuit de Cristal (le 9 novembre) près de 6000 juifs sont déportés dans le
camp bientôt rejoints par d’autres. Ceux qui n'ont pas été libérés contre rançon sont déportés en octobre
1942.
NB : la Nuit de Cristal est appelée ainsi car les nazis ont organisé des pogroms et la destruction de
nombreuses synagogues et magasins juifs. Le mot »cristal » rappelle le bruit du verre qui se brise.
Mais on déportait essentiellement des prisonniers dits politiques ressortissants de nombreuses
nationalités, y compris des résistants français.
Les déportés étaient utilisés pour l'effort de guerre des nazis et travaillaient alors dans des conditions
extrêmement pénibles dans des petites unités souvent extérieures au camp principal et constituant des
camps annexes, appelés kommandos (le terme Kommando couvre de nombreux sens à cette époque)
Outre des travaux de manufacture (menuiserie), certains déportés devaient réparer le matériel de guerre
allemand.
Un atelier de fausse monnaie y fut également installé. Il produisit environ 15 millions de livres sterling
utilisées pour contourner le blocus anti-nazi. C'était l'opération Bernhard qui devait provoquer une crise
économique en Angleterre mais aussi aux Etats unis.
Au moins un millier d'homosexuels ont été déportés à Sachsenhausen au titre du paragraphe 175 (faisant
de l’homosexualité un délit). Affectés aux deux commandos les plus durs (le commando disciplinaire
Schuhläufer — marche forcée — et le commando extérieur Klinkerwerk - la briqueterie), ils connaissent
une mortalité particulièrement élevée.
Il existait plus de cent Kommandos extérieurs dont l'usine-camp de construction Heinkel (entreprise de
fabrication d’avions pour la Luftwaffe).
Dignité des prisonniers
Face à la violence gratuite des SS, une "soirée chantante" est organisée le soir de Noël 1936 : les déportés
se regroupèrent pour chanter "à en faire vibrer les murs", une manière de signifier qu'ils n'abdiquaient pas
leur dignité.
Après la guerre
Fin avril 1945, le camp fut libéré par l'Armée rouge. De nombreux prisonniers étaient morts entre temps
au cours de l'une des nombreuses marches de la mort( marche forcée pour déplacer les prisonniers au fur
et à mesure de l’avancée des alliés tant à l’ouest qu’à l’est). Il restait environ 3 000 survivants au camp
dont la moitié de femmes. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le camp de Sachsenhausen fut occupé
par les Soviétiques, qui y internèrent des petits fonctionnaires du régime nazi et des opposants au régime
communiste de 1945 à 1950. On estime à 12 000 le nombre de morts lors de cette période, dus
essentiellement aux épidémies et aux mauvaises conditions de détention.
Ce camp, qui a été transformé en mémorial (Gedenkstätte, lieux de souvenirs), couvre une superficie de
600 hectares.
Évolution de la population des détenus dans le complexe du camp de Sachsenhausen
Les "types" de population incarcérés dans le complexe de Sachsenhausen (c'est à dire Kommandos
compris) varient considérablement au cours des 9 années d'existence du complexe. Les chiffres donnés cidessous présentent les principales évolutions, en réutilisant la classification des détenus établie par
l'administration SS. Ils sont issus des travaux du Mémorial et musée de Sachsenhausen, présentés dans
l'exposition dite "des cuisines"
Définition des catégories
 Schutzhäftlinge : Personnes soumises à un "internement de protection" pour raisons politiques.
En 1938, cette catégorie comprend les opposants politiques, les personnes persécutées pour leurs
convictions religieuses (notamment les témoins de Jéhovah) et les homosexuels arrêtés par la
Gestapo. A partir de 1939, on trouve également des prêtres catholiques et des pasteurs protestants,
ainsi que les déportés d'origine polonaise et les étudiants tchèques. Au fur et à mesure de
l'occupation de nouveaux territoires par les nazis, cette section comprend des résistants de
plusieurs nationalités.
 Vorbeugungshäftlinge : Personnes soumises à un "internement de protection" pour raisons de
droit commun. Cette catégorie désigne en fait les récidivistes de droit commun coupables de
divers crimes ou délits. Les homosexuels arrêtés par la Kripo font également partie de cette
catégorie. A partir de fin 1939 elle est appelée "BV", c'est à dire befristete
Vorberbeugungshäftlinge ou Berufverbrecher. Il s’agit au départ d’incarcération préventive à plus
ou moins court terme..
 Réfractaires au travail : Catégorie hétérogène dans laquelle sont regroupés les indigents, les
SDF, les alcooliques, les divorcés qui ne paient pas la pension alimentaire à leur conjoint, des
grévistes, ainsi que des personnes ayant démissionné de leur emploi. En 1938, plus de 400 Sintis
et Roms et près de 800 Juifs sont également classés dans cette catégorie. A partir de 1939, elle est
rebaptisée "Asociaux".
 Juifs : Cette catégorie apparaît en novembre 1938, consécutivement à la Nuit de Cristal. Les lois
de Nuremberg donnent les critères permettant de discriminer quels citoyens allemands doivent
être considérés comme Juifs. En 1939, on compte dans cette section un millier personnes juives
originaires de Pologne et d'Europe de l'Est.
 Étudiants de la Bible : Témoins de Jéhovah
 Service spécial de la Wehrmacht (SAW) : Dans cette catégorie sont classés les soldats ayant
déserté ou refusé d'obéir, transférés à Sachsenhausen après la dissolution des unités disciplinaires
de la Wehrmacht.
 Travailleurs civils russes : Déportés du travail venant de l'Union soviétique ayant essayés de
s'évader ou ayant commis des infractions dans les usines où ils travaillaient.
 Polonais : Bien que Schutzhäftlinge, l'administration SS les classent à part jusqu'en janvier 1944.


Prisonniers de guerre russes : soldats de l'Armée Rouge.
Divers : Catégorie qui regroupe les Allemands qui avaient émigré et de SS punis pour diverses
raisons, puis des Témoins de Jéhovah et des homosexuels en 1939. A partir de 1942 elle
comprend les personnes qui ont reçu pour sanction "l'extermination par le travail" et des
républicains espagnols.
Populations incarcérées selon les répartitions établies par les SS
1938
Population du camp au 15 juin 1938,
Schutzhäftlinge
: 1 721
Vorbeugungshäftling : 1 162
Réfractaire au travail : 0
Juifs : 0
Divers : 98
Total : 20 976
Population du camp au 28 juin 1938
Schutzhäftlinge : 1 739
Vorbeugungshäftlinge : 1 175
Réfractaire au travail : 6 221
Juifs : 0
Divers : 98
Total : 9 228
Population du camp au 20 novembre 1938
Schutzhäftlinge: 1 736
Vorbeugungshäftlinge: 902
Réfractaire au travail: 4 854
Juifs : 6 471
Divers : 93
Total : 14 062
1939
Population du camp au 31 août 1939
Schutzhäftlinge : 3 322
Vorbeugungshäftlinge/BV: 3 315
Asociaux : 964
Juifs : 247
Etudiants de la Bible : 367
Service spécial de la Wehrmacht : 0
Divers : 348
Total : 6 563
Population du camp au 30 décembre 1939
Schutzhäftlinge : 4 854
BV : 3 625
Asociaux : 1 452
Juifs : 1 332
Etudiants de la Bible : 412
Service spécial de la Wehrmacht : 166
Divers : 346
Total : 12 187
1943
Population du camp au 30 avril 1943,
Schutzhäftlinge : 7 261
BV : 1 509
Asociaux : 826
Travailleurs civils russes : 7 165
Polonais : 4 298
Prisonniers de guerre russes : 857
Divers : 788
Total : 23 408
1945
Population du camp au 2 février 1945
Schutzhäftlinge : 27 627
Bv : 1 891
Camps des femmes : 13 308
Travailleurs civils étrangers : 13 659
Prisonniers de guerre russes : 732
Juifs : 10 983
Divers : 1 660
Total : 68 858
Au regard des données ci-dessus, on remarque que les motifs d’internement varient au
fil des années. De plus, le nombre des motifs augmente selon le bon vouloir des nazis.
Quittons maintenant ce lieu pour poursuivre nos visites.
Retournons au car.
Nous allons maintenant faire un bon dans le temps, puisque nous nous rendons sur les traces du
Mur de Berlin.
Le mémorial du Mur dans la Bernauerstrasse.
La Bernauserstrasse est un des symboles forts de la fermeture brutale, le 13 août 1961, de la frontière
entre les secteurs d’occupation. Les habitants de cette rue se sont vus refuser l’accès à leur proche
voisinage du jour au lendemain. Soudain, la maison d’en face faisait partie d’un autre système politique.
Gagnés par la panique et le désespoir, certains n’hésitèrent pas à sauter de leurs fenêtres pour essayer de
gagner Berlin Ouest et payèrent ce geste de leur vie. Certaines tentatives de fuite des riverains de la
Bernauerstraße réussirent, sous les objectifs et caméras des médias du monde entier.
Le mémorial du mur se trouve environ au milieu d’un ancien tronçon de No Man's Land qui séparait les
deux parties de Berlin. La République Fédérale d'Allemagne le fit ériger en 1998 «à la mémoire de la
séparation de la ville du 13 août 1961 jusqu'au 9 novembre 1989, et en hommage aux victimes de la
dictature communiste». Les architectes de Stuttgart, Kohlhoff & Kohlhoff se sont vus confier une
soixantaine de mètres de No Man's Land pour une interprétation artistique de ce symbole.
La vue d'ensemble la plus complète du site commémoratif est celle qu’on peut avoir depuis la station de
RER de la gare du nord. A la sortie de l'espace voyageurs de la gare, on accède à l'exposition plein-air sur
l'ancien No Man's Land par la «fenêtre de la mémoire», suivie du mémorial du mur de Berlin. Les autres
étapes du site sont le centre de documentation du mur et son exposition intitulée «Berlin, le 13 août
1961», ou encore la chapelle de la réconciliation (Kapelle der Versöhnung). L'aménagement du site
commémoratif se terminera en 2011.
Le Mur de Berlin encercla Berlin-ouest du 13 août 1961 au 9 novembre 1989, traçant une ligne à travers
la ville entière. Il était censé empêcher toutes tentatives de fuite des Berlinois de l’Est et des citoyens estallemands vers l’Ouest. Dans les faits, il ne parvint pas à juguler immédiatement les départs massifs de
sorte que les dirigeants de RDA firent ajouter des fortifications créant ainsi un véritable système
d’obstacles frontaliers. Les habitants de l’Ouest surnommèrent cette zone : « la bande de la mort » en
raison du nombre de personnes mortes en ayant tenté de la franchir. Avec la chute de la dictature
d'Allemagne de l’Est en 1989, le Mur de Berlin, que le SED (Parti au pouvoir) avait si longtemps utilisé
pour maintenir son pouvoir, tomba lui aussi. Sa chute marqua la fin définitive de la dictature.
La construction du mur en aout 1961
Après la seconde guerre mondiale, le SED, le parti communiste de l’Allemagne de l’Est, instaure une dictature
avec l’appui des troupes d’occupation soviétiques. Une grande partie de la population n’accepta pas le nouveau
système économique et politique. Il s’en suit une émigration massive vers l’Ouest dès la fin des années 1940,
motivée par des raisons politiques, économiques ou familiales.
En août 1961, l’Allemagne de l'Est avait déjà perdu un sixième de sa population.
An fait, le SED avait commencé à boucler sa frontière avec l’Ouest dès 1952 (le Rideau de Fer). Dès lors, il devint
de plus en plus dangereux de fuir directement par cette frontière. Nombreux sont ceux qui décidèrent alors de tirer
avantage du talon d’Achille du système, à savoir la frontière encore ouverte entre Berlin-Est et Berlin-Ouest.
Le 13 août 1961, le SED fit ériger des fils barbelés pour délimiter et fermer la frontière. Des murs furent alors
battis en quelques jours. Avec l’espoir d’endiguer définitivement le flux migratoire, le SED souhaitait aussi assoir
son pouvoir sur la population de RDA et montrer au monde entier la souveraineté du pays. Dès lors les obstacles
frontaliers ne cessèrent d’être étendus et renforcés.
Extension du mur (1961-1989)
Malgré la construction du Mur, le gouvernement est-allemand dû constater qu’il n’était toujours pas en
mesure d’endiguer la migration vers l’Ouest. Au contraire, du fait que le Mur séparait des amis et des
parents à Berlin, la pression sur les Berlinois de l'Est et les habitants des alentours de Berlin s’accrut. Les
tentatives de fuite à travers les barrières ne cessant pas, le SED continua d’étendre les fortifications. Ce
qui au départ n’était qu’un mur unique, se transforma à un système complexe d’obstacles successifs.
Au début, après chaque tentative de fuite réussie, les soldats et les pionniers se contentaient de poser
provisoirement de nouvelles barrières derrière le Mur. Après l’établissement officiel d’une zone
frontalière entre le Mur et Berlin-Est en 1963, une large zone fut équipée d’installations de défense. Au
milieu des années 1960, Le SED fit détruire les immeubles situés sur cette zone, créant ainsi une zone
frontalière uniforme assurant aux soldats « une vue non obstruée et un champ de tir clair ». Les années
qui suivirent furent marquées par encore plus de barrières à l’intérieur du « no man’s land ». Dans les
années 1970, un second mur, le « mur intérieur » fut ajouté, délimitant la zone frontalière avec Berlin Est.
Les fortifications frontalières dans les années 1980
Les installations frontalières furent développées et perfectionnées en permanence.
Dans les années 1980, le mur intérieur qui délimitait la bande frontalière coté Est, devint le premier
obstacle à franchir par les fugitifs. Une fois passé, ils devaient grimper au dessus d’un grillage, qui, s’il
était touché, déclenchait une alarme dans les miradors où les soldats étaient stationnés. Un tapis de
pointes en acier tournées vers le haut (surnommé le « gazon de Staline »), souvent apposé au pied de ce
grillage, visait alors à blesser ou à dissuader le fugitif. Une fois le chemin de ronde et la bande de sécurité
franchis, ils devaient traverser les chevaux de frise placés pour stopper tous véhicules. Dans la zone
urbanisée de la ville, il s’agissait le plus souvent de bouts de rails soudés ensemble et entourés de
barbelés, constituant un nouvel obstacle pour les fugitifs à pied. Sur la frontière en banlieue (campagne
berlinoise), un fossé s’ajoutait à l’installation.
Le mur de 3m50 constituait le dernier obstacle à franchir pour atteindre l’Ouest.
Sur certains tronçons de la zone, des aires pour les chiens sont aménagées pour que ces chiens de garde
puissent bloquer le passage, prévenir les soldats de l’approche d’un fugitif et le dissuader de continuer sa
fuite.
La nuit, la bande frontalière était éclairée par une ligne de « lampadaires » offrant aux soldats une bonne
visibilité dans l’obscurité.
Les deux murs la zone étaient peints en blanc ce qui permettait de repérer plus facilement l’ombre d’un
fugitif.
Les miradors étaient approximativement éloignés les uns des autres par 250 mètres de distance. Ils étaient
positionnés de sorte que les gardiens puissent voir facilement l’ensemble de la surface séparant deux tours
de guet. De là, les gardiens pouvaient observer l’ensemble de la frontière, repérer et prévenir rapidement
toutes tentatives de fuite. Les soldats frontaliers étaient aussi chargés de surveiller le coté ouest du Mur.
A la fin des années 1970, le gouvernement du SED laissa rénover le Mur, dans l’espoir d’obtenir une
reconnaissance internationale.
A la fin des années 1980, peu avant la chute du Mur en 1989, la majorité des éléments menaçants (les
brise chars, le « gazon stalinien » …) entre Berlin Est et Ouest avaient disparus.
Croquis des fortifications frontalières dessiné
Archives fédérales, archives militaires de Fribourg.
par
les
troupes
de
surveillance,
1983.
Ordre de tir
Le mur et les fortifications frontalières ne suffisaient pas à empêcher toutes les fuites. Ils devaient donc
être surveillés par des soldats en arme ayant l’ordre de tirer sur les fugitifs au cas où ils n’auraient pu les
arrêter autrement. L’usage d’armes à feu du coté ouest de la frontière est allemande était règlementé par
des ordres et des directives internes. Une loi officielle, celle sur la frontière de la RDA, ne fut promulguée
qu’en 1982. Mais indépendamment de ce changement statutaire, des ordres oraux existaient depuis 1952,
obligeant les policiers et les soldats frontaliers à faire usage de leur arme contre les fugitifs s’ils n’étaient
pas en mesure d’éviter une fuite par d’autres moyens. L’usage d’arme entraina la mort de nombreuses
personnes. A Berlin même, 90 personnes périrent dans de telles circonstances entre 1961 et 1989. L’ordre
de tir ne fut suspendu qu’en avril 1989 et l’ouverture de la frontière en novembre 1989 signifia sa
disparition définitive.
Les morts du mur de Berlin, 1961-1989
En tout 137 personnes furent abattues ou moururent accidentellement à la frontière berlinoise entre 1961
et 1989.
 99 fugitifs de l’Est furent tués, périrent accidentellement ou se suicidèrent lors d’une tentative de
traverser des fortifications frontalières.
 30 personnes de l’Est et de l’Ouest furent abattues par accident, alors qu’elles ne tentaient pas de
s’enfuir.
 8 soldats est-allemands furent tués que ce soit accidentellement ou dans l’exercice de leur fonction
par des déserteurs, des collègues, un fugitif, un passeur ou par un policier ouest-allemand.
En tout 251 voyageurs moururent pendant ou après le passage au contrôle frontalier (check-point).
Quant au nombre de personnes qui ont souffert psychologiquement en raison de la séparation
forcée, il reste à ce jour inconnu.
La chute du mur
Lors de la conférence d’Helsinki en 1975, l’Allemagne de l’Est accepta en principe, même si elle ne
l’admit pas dans ses textes de loi, le droit pour chaque individu de voyager et de circuler librement.
Cette ratification permit à des familles séparées depuis 1961 de se réunir. Cependant, les demandes
étaient toujours très longues à traiter ! Sans compter que certains Allemands de l’Est demandaient (en
vertu de ce traité) l’autorisation d’émigrer définitivement en Allemagne de l’Ouest. Un mouvement
d’opposition au gouvernement vint s’ajouter à cela, mouvement qui se développa dans les années 1980,
critiquant de plus en plus ouvertement la situation sociale et politique du pays.
Les dégâts environnementaux ainsi que la stagnation économique heurta aussi la population en générale,
la menant à tourner le dos à l’Etat Est-allemand.
Des évolutions similaires purent être observées dans d’autres pays du bloc communiste, par exemple en
Pologne, où le syndicat indépendant Solidarnosc fut créé et lutta pour obtenir finalement sa
reconnaissance au niveau national en novembre 1980 (alors que la notion même de « syndicat » était
impensable !).
Avec la nomination de Michael Gorbatchev comme secrétaire général du Parti communiste d’Union
soviétique en 1985, la situation politique à l’Est commença à changer lentement. Il met en place la
Perestroïka (politique de dégel). Gorbatchev essaya d’abord de résoudre les problèmes économiques
graves en introduisant des réformes politiques. En 1988, il abandonna la doctrine Brejnev, fondement de
la politique extérieure de l’Union soviétique, qui limitait la souveraineté des pays membres du Pacte de
Varsovie. Ce changement permit à ces nations de déterminer leurs propres politiques. La Hongrie se
tourna alors vers l’Ouest, démantelant sa frontière le 2 mai 1989. La première brèche dans le rideau de fer
était alors percée.
Des milliers d’Allemands de l’Est transitent par la Hongrie pour passer à l’Ouest. Le gouvernement Est
Allemand réfléchit alors à une nouvelle loi sur l’émigration. Mais elle n’est qu’à l’état de vague projet
quand elle est annoncée par erreur le 9 novembre 1989. Alors la foule est-allemande se rue à la frontière
et le Mur « tombe» sous la liesse de la population. La chute du Mur mena à la chute définitive de l’Etat
est-allemand.
La démolition du mur et les vestiges aujourd'hui
Peu après l’ouverture de la frontière, la démolition du Mur débuta. Les « wall peckers » (les piverts du
Mur) cassèrent des bouts pour les garder en souvenir et un nombre croissant de passages frontaliers furent
aménagés. Les soldats frontaliers commencèrent à démanteler les signaux de défense et autres éléments
de fortification. Le gouvernement est-allemand et les membres de ses troupes envisagèrent aussi
sérieusement des moyens de commercialiser le Mur. Des segments de celui-ci furent alors vendus dans le
monde entier. En juin 1990, la destruction systématique commença officiellement dans l’Ackerstrasse,
entre les arrondissements de Wedding et de Mitte pour s’achever quasiment à la fin de cette même année.
Les premiers lieux d’ouvertures du Mur furent déclarés monuments historiques en 1990.
Le site historique
Histoire de la Bernauer Strasse
Du fait de sa situation géographique à la frontière entre les quartiers de Wedding et de Mitte, la Bernauer
Strasse est devenue le théâtre de l'histoire allemande d'après guerre. La construction du Mur de Berlin et
ses conséquences pour les habitants de la ville divisée furent ici particulièrement dramatiques.
L'histoire de cette rue illustre de manière remarquable l'impact de la construction du Mur: la destruction
de l'espace urbain et de lieux de vie et la séparation de membres de familles et d'amis. Elle témoigne des
tentatives de fuites vers l'Ouest pour échapper à la dictature et sa volonté de domination et de l'aide
apportée aux réfugiés. Deux jours à peine après le début de la construction, le soldat frontalier Conrad
Schumann s'enfuit en sautant par dessus les barbelés.
Dans la Bernauer Strasse, la frontière longeait les façades des immeubles situés à Berlin Est. De
nombreux habitants décidèrent de fuir peu après les premières mesures de bouclage. Ils descendirent en
rappel depuis leur domicile ou sautèrent dans la toile tendue des pompiers de Berlin Ouest. Certains se
blessèrent grièvement. Les premières victimes du système frontalier se comptèrent ici. Quelques semaines
après l'érection du Mur, les immeubles furent vidés, les habitants déplacés, les fenêtres et les portes
emmurées.
La population s'opposa au bouclage en manifestant ou en résistant. Les tunnels les plus connus et les plus
couronnés de succès furent creusés ici. Le dynamitage du Temple de la réconciliation, qui se trouvait dans
la zone frontalière depuis la construction du Mur, contribua aussi à la triste célébrité de la rue.
Le site illustre la fonction du Mur dans le système conduit par le SED, le quotidien du régime du Mur, et
met en évidence le clivage qui existait entre la population et la direction de l'État de RDA.
La Bernauer Strasse est cependant aussi un lieu du souvenir pour la victoire pacifique sur la partition:
Dans la nuit du 10 au 11 novembre 1989, de premiers segments de Mur furent brisés entre la Bernauer et
l'Eberswalder Strasse, afin de faire un nouveau passage entre l'Est et l'Ouest de la ville. La démolition
officielle du Mur débuta aussi dans la rue en juin 1990 à l’angle de l'Ackerstrasse. Aujourd'hui, ce lieu
historique héberge le Mémorial du Mur de Berlin
Le mémorial du mur de berlin
Sur le site original du „no mans land“, à Berlin Est, une exposition en plein air présente de manière
exemplaire en s'appuyant sur l'histoire de la Bernauer Strasse, l’histoire de la division de l'Allemagne.
Elle inclut le monument commémoratif de la division de la ville et des victimes de la dictature
communiste, ainsi que la fenêtre du souvenir. De même sur le site se situent la Chapelle de la
Réconciliation et les fondations mises à jour d'un ancien immeuble d'habitation dont la façade servait de
mur frontalier jusqu'au début des années 80. De l’autre côté de la rue, anciennement à l'Ouest, se situent
le centre d'accueil des visiteurs et le centre de documentation doté d'une tour panoramique. La gare de la
Nordbahnhof présente quant à elle l’exposition « Gares frontalières et gares fantômes ».
Plan du mémorial
Naissance du mémorial
Le 2 octobre 1990, date de la réunification allemande, le parlement Est-Berlinois classa « monument
historique » la zone frontalière passant sur le cimetière Sophienfriedhof.
En 1994, un concours fut mené pour l’aménagement d’un mémorial pour les victimes de la construction
du Mur et pour la commémoration de la division de la ville. Le monument fut inauguré le 13 août 1998.
A l’initiative du sénat de Berlin, une association fut créée en 1997 pour la construction d’un centre de
documentation. Celui-ci fut inauguré le 9 novembre 1999, 10 ans après la chute du Mur, dans le
presbytère de la paroisse de la réconciliation.
En 2000, la Chapelle de la réconciliation est inaugurée sur l’ancienne zone frontalière.
Ces trois éléments permettent de manières artistique, informative et spirituelle d’accéder à l’histoire et
aux conséquences du Mur de Berlin: Le visiteur peut ainsi choisir sa manière d’aborder le lieu historique
et les témoignages du passé.
Cependant avec le temps, il fut de plus en plus clair que la destruction quasi-totale de l’infrastructure
frontalière rendait difficile la transmission de l’histoire avec des éléments concrets. En 2006, le sénat de
Berlin décide d’un concept global de commémoration du Mur de Berlin qui prévoit un soutien et la
coordination des différents sites du Mur à Berlin.
Le Mémorial dans la Bernauer Strasse est devenu dès lors le lieu central de commémoration des victimes
du Mur de Berlin. En 2009, un centre d’accueil pour les visiteurs est ouvert au coin des rues Bernauer et
Gartenstrasse.
Il sert de point de départ pour les groupes et les visiteurs individuels..
Un autre élément central est l’exposition en plein-air sur l’ancienne zone frontalière au Sud de la
Bernauer Strasse. Cet espace de 1,3 km de long et 4,4 ha était aménagé en parc du souvenir selon la
proposition du cabinet d’architectes «sinai» et «ON». Les vestiges du Mur de Berlin étaient conservés et
les évènements tragiques de la Bernauer Strasse mis en valeur. En 2010, la «Fenêtre du souvenir» a été
inaugurée sur l’ancien cimetière Sophienfriedhof. Les victimes du Mur de Berlin dont l'individualité fut
dérobée par le régime frontalier, sont honorées ici avec leur nom et une photo-portrait.
Au 9 novembre 2014, l'exposition permanente "1961 | 1989. Le Mur de Berlin" est inaugurée dans le
centre de documentation. La nouvelle exposition permanente mène des évènements précédents la
construction du Mur à la
Le monument
En avril 1994, l'Etat fédéral, représenté par le Musée de l’Histoire allemande lança un concours pour la
réalisation d'un monument pour les victimes de la construction du Mur et de la division de l'Allemagne,
qui devait se situer sur le site historique de la Bernauer Strasse. 3 des 259 projets obtinrent le deuxième
prix. Bühren et Schulz d'Allenbach, Winkler et Thiel de Berlin et Kohlhoff&Kohlhoff de Stuttgart. Un
premier prix ne fut pas attribué.
En juin 1995, l'Etat fédéral comme commanditaire du concours décida que la proposition de
Kohlhoff&Kohlhoff devait être réalisée. Ce projet prévoyait l’intégration des restes de l’infrastructure
d’origine dans la Bernauer Strasse tout en essayant de les mettre en relief.
Le concours entraina des nombreuses controverses concernant la forme et l’aménagement appropriés du
souvenir. Le 13 août 1998, le monument, constitué de deux murs d’acier fermant un segment original de
l’installation frontalière de 70 mètres de long, fut officiellement inauguré. L’inscription gravée dessus
signifie en français:
"En souvenir de la partition de la ville du 13 août 1961 au 9 novembre 1989 et à la mémoire des victimes
de la tyrannie communiste"
Le centre de documentation du mur de Berlin
"1961 | 1989. Le Mur de Berlin"
Au 9 novembre 2014, date anniversaire des 25 ans de la chute du Mur, la nouvelle exposition permanente
"1961 | 1989. Le Mur de Berlin" a été inaugurée dans le centre de documentation. Le bâtiment était en
cours de réaménagement pendant une année.
La nouvelle exposition permanente mène des évènements précédents la construction du mur à la situation
actuelle. Elle explique les contextes socio-historiques de la construction à la chute du Mur et de la
réunification allemande.
Chapelle de la réconciliation
La Chapelle de la réconciliation située sur l'ancienne zone frontalière, a été érigée précisément sur
l'emplacement de l'ancien Temple de la réconciliation. Avec la construction du Mur en 1961, le Temple
de la paroisse protestante de la réconciliation se retrouva inaccessible (fenêtres murées, accès à la porte
impossible) et devint un symbole de la division de l'Allemagne et de l'Europe. Au cours du processus
d'aménagement permanent de la frontière, il fut dynamité en 1985 sous les ordres du gouvernement de
RDA. Après la réunification, le terrain fut restitué à la paroisse avec le devoir de l'utiliser à des fins
religieuses.
La chapelle fut construite suivant les plans des architectes berlinois Peter Sassenroth et Rudolf
Reitermann, par le spécialiste autrichien de la construction en pisé(en terre crue) Martin Rauch, sur les
fondations du cœur du temple détruit. Elle est de forme ovale, construite en pisé et entourée par un
chemin éclairé de la lumière filtrée par un contour en lamelles de bois, servant de façade extérieure à
l'édifice. Au dessus des escaliers menant au sous-sol de l'ancien temple et à une porte condamnée en 1961
par un mur, se situe le relief sauvé de l'autel. Il est placé dans une niche, qui coiffe comme soupirail le toit
en cuivre. C'est là que se joignent les murs massifs en pisé écrasé, précisément au cœur de la chapelle
orientée vers l'Est. Dans le nouvel autel de la chapelle se trouve le livre des morts du Mur. Enfin, devant
l'édifice sont suspendues dans une construction en bois, les cloches du temple qui ont pu être sauvées.
La cérémonie d'inauguration de la Chapelle de la réconciliation a eu lieu en 2000. La chapelle sert à la
fois de lieu de culte pour la paroisse protestante mais aussi pour le mémorial du Mur de Berlin. La
chapelle doit être considérée comme lieu du souvenir et de recueillement par les paroissiens et les
visiteurs. La mémoire des victimes y est régulièrement honorée.
Manfred Fischer a été témoin du dynamitage de l’ancien Temple de réconciliation ainsi que de
l’édification de la Chapelle de la réconciliation. Il était prêtre de la paroisse entre 1975 et 2013. Après la
chute du mur de Berlin, le prêtre Fischer s’engagea dans un effort d'édification du « Mémorial du mur de
Berlin ».
Le nouveau site commémoratif
L'exposition en plein-air sur l’emplacement de l’ancienne zone frontalière utilise la large quantité des
vestiges et d’évènements qui eurent lieu dans la Bernauer Strasse pour informer sur le lieu historique des
buts et du fonctionnement du Mur. Elle raconte la vie des personnes dont la vie fut entravée par le Mur,
qui durent partir pour lui laisser place ou qui aspiraient à aller de l’autre coté. Le site conçu qui incorpore
les fortifications préservées, forme le cœur du mémorial de la Bernauer Strasse. Le Monument, la
Chapelle de la Réconciliation et la Fenêtre du souvenir ont aussi étaient intégrés au concept.
Le site présente 4 niveaux d’approche:
 La où les vestiges originaux des fortifications ont disparu, de l’acier Corten est utilisé pour
indiquer où les éléments étaient situés, les rendant ainsi visibles. Des représentations des tunnels
et des immeubles détruits complètent le tout.
 Des bornes indiquent les lieux spécifiques d’incidents. Un livre du terrain fournit des détails sur
ceux-ci.
 Des fenêtres archéologiques montrent les restes des fortifications et les traces historiques de la
ville vestiges des destructions dus à la construction du Mur et des fortifications.
 Une exposition le long de bande frontalière explique le site, décrit les évènements les plus
marquants et informe sur le contexte historique.
Le site est divisé en quatre tronçons thématiques:


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
Zone A: Le Mur et le « no man’s land »
Zone B: La destruction de la ville
Zone C: La construction du Mur
Zone D: La vie quotidienne au Mur
Plan du site
Zone A: le mur et la bande frontalière
Le tronçon A montre comment fonctionnait le Mur de Berlin tout en constituant un moyen central du
SED pour garantir le maintien de la dictature au pouvoir. Il illustre de manière vivante la brutalité du
système frontalier et son rôle dans la prévention de fuites et la limitation de la liberté de mouvement. Il
explique enfin comment les habitants de Berlin-Est et Ouest furent affectés par de tels changements.
La Station thématique « Le Mur et la bande frontalière » utilise la Bernauer Strasse pour montrer
comment les fortifications frontalières changèrent et se développèrent au cours du temps. Les réactions de
la population à l'Est comme à l'Ouest et le résultat des tentatives de fuite sont présentés au travers
d'enregistrements
vidéo
et
audio,
de
photographies
et
autres
documents
écrits.
Les fenêtres archéologiques dans la Bergstrasse, une rue préservée mais enfouie sous la zone frontalière,
montrent les restes d'anciennes fortifications placées dans la rue et fournissent des détails sur le système
frontalier. En complément des découvertes archéologiques rendues visibles, des informations sont
données par la station thématique « Verrouillage de la Bergstrasse ».
La bande frontalière passait à travers le cimetière de la paroisse protestante de Sophie. Après 1961, les
fortifications furent étendues sur plusieurs dizaines de mètres de large rendant le cimetière inutilisable
dans cette zone. La station thématique « Le Mur et le cimetière de la paroisse de Sophie » décrit comment
le terrain changea au cours du temps, comment les tombes furent déplacées pour faciliter l'extension de la
frontière et comment les parents de personnes enterrées furent affectés.
La fenêtre du Souvenir fait partie du site A du mémorial. Les victimes du Mur de Berlin dont
l'individualité fut dérobée par le régime frontalier, sont honorées ici avec leur nom et une photo-portrait.
Plan de la zone A
Zone B: La Destruction De La Ville
Dans la zone B sont présentés les destins de personnes qui ont contribués à la célébrité de la Bernauer
Strasse, c'est-à-dire les fuites d'habitants vivant dans les immeubles bordant la frontière et qui sautèrent
par les fenêtres ou descendirent en rappel. Pour cela, les caves d'un immeuble ont été mises à jour, caves
où des documents servent à mettre en relation l'histoire des locataires et des lieux d'habitation comme la
vie à la frontière avant la construction du Mur, les fuites; les déménagements forcés en 1961 et la
démolition des immeubles au milieu des années 1960.
Le tracé des immeubles sont marqués au sol, afin que les visiteurs puissent reconstruire l'histoire de
chaque immeuble. En outre, les emplacements des tunnels sont aussi marqués.
Une station thématique est consacrée au bouclage de l'Ackerstrasse. Ce lieu est non seulement l'un des
premiers sites où un mur fut érigé en août 1961 mais aussi l'endroit où la destruction systématique du Mur
débuta officiellement en juin 1990. Le thème de la deuxième station concerne l'histoire du Temple de la
réconciliation qui se situait depuis 1961 en plein milieu de la zone frontalière interdite et qui fut dynamité
en 1985. Le tracé du temple détruit est lui aussi marqué, une partie des fondations du bâtiment est visible
grâce à une fenêtre archéologique.
La dernière station thématique, aux abords d'une sculpture symbolisant un mirador, informe sur les
différents moyens utilisés à partir de la construction du Mur pour fuir à Berlin-Ouest.
Plan de la zone B
Zone C: La Construction Du Mur
Dans la zone C, l'exposition traite de deux thèmes différents: La première station thématique explique le
processus de la construction du Mur qui débuta en août 1961 pour s'achever en novembre 1989. Durant
toute cette période les fortifications frontalières furent en permanence modifiées et améliorées, les fugitifs
parvenant toujours à trouver une faille dans le système pour atteindre l'Ouest. 3 mécanismes étaient
déterminants dans le fonctionnement de la frontière: Premièrement, depuis le milieu des années 1970,
l'extension des installations fut planifiée de manière systématique en deux étapes. Deuxièmement, chaque
fuite fut analysée et mena à de nouvelles modifications et troisièmement, les officiers installèrent de leur
propre chef des installations supplémentaires localement. Une fenêtre archéologique montre pour
l'exemple les restes des installations anti-véhicules détruites à partir de 1983.
La deuxième station thématique informe sur la surveillance en amont de la frontière c'est à dire à
l'extérieur des fortifications. Il s'agit d'une part de l'observation des habitants proches de celles-ci, et
d'autre part des institutions du régime impliquées soit au sein de l'administration civile et du Ministère de
la sécurité, soit des assistants bénévoles de la police populaire et des troupes frontalières. La station met
en évidence que la RDA ne fonctionnait pas uniquement grâce à la répression, mais aussi grâce à la
participation pas nécessairement forcée de citoyens qui signifiait pour eux aussi une forme d'intégration
au régime.
Plan de la zone C
Zone D: La Vie Quotidienne Au Mur
La zone D du mémorial se distingue des autres parties du site par la présence au bord de la rue de
d’immeubles d’habitation récents. L’aire d’exposition est réduite à une voie le long de l’ancien chemin de
patrouille et à quelques éléments d’exposition le long du trottoir. Ce segment du site est dédié à la „vie
quotidienne au Mur“.
Entre les rues Ruppiner et Wolliner Straße est mis en valeur dans deux stations thématiques, le quotidien
politique du Mur. La station « Le Mur dans la politique » montre comment le gouvernement fédéral et le
parlement de Berlin-Ouest lors de visites officielles de personnalités internationales et au travers de
commémorations silencieuses rappelaient l’emmurement et ses conséquences pour la ville. La „Guerre
froide et ses média“ est l’objet de la deuxième station. Le Mur fut utilisé aussi bien à l’ouest qu’à l’est à
des fins de propagande politique dans le conflit portant sur la division du pays plus particulièrement au
travers d’affiches mais aussi par la „Guerre des Hautparleurs“ au cours de laquelle les deux parties
essayèrent au début des années 1960 avec des hauts-parleurs mobiles de transmettre de l’autre coté leur
message politique.
Gares frontalières et gares fantômes dans le Berlin divisé
Cette exposition, présentée sur le site historique de la Gare du S-Bahn Nordbahnhof, évoque un chapitre
particulier de l'histoire de la division de Berlin. Les stations condamnées et fortement surveillées des
lignes de métro et de S-Bahn de Berlin-Est. Les stations n'étaient utilisées uniquement que pour des trains
venant de l'Ouest. L'exposition décrit les tentatives de fuites souterraines et les fortifications prévues pour
les empêcher.
L'exposition dans la gare de la Nordbahnhof illustre l'absurdité de la division en s'appuyant sur 3 lignes de
métro et de RER circulant sous Berlin-Est tout en reliant des stations entre Berlin-Ouest. Entre 1961 et
1989, ces lignes avaient un statut particulier au sein du transport public urbain normalement divisé. Les
trains de ces lignes (aujourd'hui lignes U6, U8 et S1 et S2, S25) ne desservaient pas les gares situées à
Berlin-Est, gares qui ne pouvaient donc pas être utilisées. Pour les Berlinois de l'Ouest, le passage
quotidien sous Berlin-Est continua d'être une expérience étrange. Les stations condamnées furent
surnommées „gares fantômes“ à l’Ouest. Les trains freinaient avant de pénétrer dans les gares, mais ne
s'arrêtaient pas. Des gardiens en arme est-allemands étaient postés là dans des stations faiblement
éclairées et avant que les trains ne pénètrent dans Berlin Est, un haut parleur annonçait "Dernières stations
à Berlin Ouest !". L'exposition utilise le métro berlinois pour traiter de thèmes du mémorial: la division de
la ville, la migration vers l'Ouest, la vie avec les fortifications frontalières... Elle intègre aussi la
perspective des Berlinois de l'Est qui n'ayant plus accès aux trains allant vers l'Ouest, essayèrent d'utiliser
les tunnels de métro pour fuir.
L'exposition qui constitue la première section inaugurée du nouveau site commémoratif, présente des
photos inédites, des histoires peu connues ou des lieux de fuites oubliées.
Longeons maintenant la East Side Gallery
Histoire
de la
East Side Gallery
L’East Side Gallery est un endroit particulier où
l'art reflète un moment unique dans l'histoire
d'une Allemagne autrefois divisée. Cet endroit
raconte l'histoire de Berlin, vieux et moderne,
nous parle d'une Allemagne divisée et réunifiée.
Entre le pont Oberbaum et la gare de l'Est
(Ostbahnhof), un éventail de fresques uniques
longe l'ancienne bande frontière - un symbole
de la victoire sur l'inhumanité. Après la chute du mur en 1989 plus d'une centaine d'artistes sont venus du
monde entier pour transformer avec leurs images le côté est du mur, jusqu'alors inaccessible. Les temps
avaient changé - et avec eux l'aspect du mur.
La East Side Gallery est ce qui lui donne ce nouvel aspect. Ses fresques expriment l'euphorie et l'espoir,
l'espoir d'un futur plein de nouvelles perspectives, bref tous ces sentiments caractéristiques qu'éprouvaient
les gens pendant le tournant de 1989.
Lorqu'en 1996 on a rendu public le projet de démolir ce qui restait du mur, les artistes de la East Side
Gallery ont créé "L'Association East Side Gallery" (Künstlerinitiative East Side Gallery e.V.), une
initiative artistique, qui s'est donné pour but la défense des droits de la galerie et sa protection sur son lieu
original; avec du succès, vu que la East Side Gallery existe toujours. Depuis lors cette initiative artistique
s'efforce de garantir le futur de la galerie en veillant à ce qu'elle soit restaurée continuellement. Beaucoup
d'artistes intègrent l'association dont le peintre Kani Alavi est le président.
Outre ses efforts pour restaurer la East Side Gallery cette initiative artistique envisage surtout de faire
entrer la problématique de la East Side Gallery dans la conscience publique pour que la galerie soit
aperçue comme un lieu de rencontre, afin de promouvoir l'échange et le dialogue dans la ville de Berlin.
Créant des liens particuliers entre le passé et l'avenir, étant à la fois objet d'art et patrimoine national, la
East Side Gallery n'est pas un site historique mort, mais un carrefour qui ouvre et ouvrira des voies vers
des nouvelles idées créatives.
East Side Gallery est un morceau du Mur de
Berlin couvert de peintures, d’une longueur
de 1,3 km et bordant la Mühlenstrasse dans
l’ancien Berlin Est. Il s’agit de la plus vaste
galerie en plein air du monde, présentant
plus de cent peintures murales originales.
Galvanisés
par
les
changements
extraordinaires qui étaient en train de
bouleverser la planète, des artistes du
monde entier se précipitèrent à Berlin après
la chute du mur, laissant un témoignage
visuel de la joie et de l’esprit de liberté qui
émergeaient alors. Les peintures avaient été
précédemment un point fort pour les visiteurs et une attraction de Berlin mais on les ne les trouvait que du
côté ouest du mur. Les artistes transformaient ainsi le béton gris en une expression durable de liberté et de
réconciliation.
Parmi les peintures les plus connues, on trouve le Baiser Mortel de Dimitri Vrubel, montrant Eric
Honecker et Leonid Brejnev bouche contre bouche et la Trabi (la Trabant) de Birgit Kinder heurtant le
mur. Elles ont servi de motif à des cartes postales populaires jusqu’à notre époque. Les peintures, qui
reflètent toujours le patchwork éclectique et bohème de l’atmosphère du Berlin d’aujourd’hui, offrent un
assortiment d’images surréalistes, de déclarations politiques et de messages graffités qui s’étire du pont
Oberbaumbrücke à Ostbahnhof.
Les peintures font partie du patrimoine protégé. La restauration de plus d’un quart de celles-ci ayant été
endommagées par des graffitis, l’érosion et la pollution de l’air, est en cours.
Le symbole
L’East Side Gallery est considérée comme un symbole de liberté. Dès janvier 1990, 118 artistes issus de
21 pays différents se sont donné rendez-vous pour décorer la plus longue fresque à ciel ouvert du monde.
Le thème était bien sûr la division et la réunification de l’Allemagne. Mais les peintures reflètent avant
tout le changement, l’euphorie et l’espoir d’un monde meilleur qui régnaient après la chute du Mur.
En 1992, l’East Side Gallery est classée au patrimoine des monuments historiques.
La pérennité
Aujourd’hui, la partie la mieux conservée de l’East Side Gallery se situe près de la gare Ostbahnof, où
les fresques ont été rénovées. Malheureusement, les œuvres subissent les mauvais traitements du temps et
surtout des nouveaux graffitis qui les recouvrent et les font disparaître. Ainsi, de nouveaux projets de
rénovation sont en cours. Les artistes à l’origine de l’East Side Gallery ont monté une association afin de
récolter des fonds.
La chute de l’East Side Gallery ?
Cependant, cette idée ne fait pas l’unanimité. Des projets, entre autres immobiliers, sont envisagés aux
abords la Spree, et voient d’un mauvais œil la conservation de ce vieux bout de mur tagué. Même les
Berlinois eux-mêmes ne seraient qu’une minorité à souhaiter cette rénovation. Il est vrai que seuls les
touristes trouvent un intérêt à visiter cette galerie et vous ne trouverez aucun Berlinois aux alentours.
On peut également comprendre la volonté de détruire définitivement ce mur, aussi fameux soit-il.
Symbole de liberté certes, il reste avant tout la cicatrice de la division de Berlin et de l’Allemagne.
105 fresques furent remises en état en 2009 par les artistes eux-mêmes afin de célébrer les 20 ans de la
chute du mur.
Maintenant, nous allons au Plötzensee.
Dans ce lieu, entre 1933 et 1945, sous la dictature hitlérienne, des centaines de personnes ont été
assassinées sur décisions de justice, payant de leur vie leur combat contre la tyrannie, pour les droits de
l'homme et les libertés politiques.
Ces condamnés venaient de toutes les couches de la société et de presque toutes les nations.
Par ce Mémorial, Berlin honore les millions de victimes du IIIe Reich diffamées, maltraitées,
emprisonnées ou assassinées en raison de leurs convictions politiques ou religieuses ou de leur
appartenance raciale.
Le nombre de condamnations à la peine capitale entre 1933 et 1945 s'élève à au moins 16 560, dont
11 881 sont exécutées jusqu'à la fin 1944. Près d'un quart des exécutions ont lieu au Plötzensee.
Histoire du bâtiment.
Le Plötzensee doit son nom au lac qui le touche.
Il fut construit entre 1868 et 1879 et est dès le début destiné à être une prison.
Il s’étend sur 25ha. Les espaces ouverts permettent à 1 200 prisonniers d’y prendre place. A côté des
cellules se dressent les bâtiments administratifs, les baraquements de travail, un hôpital, et une église en
briques rouges.
De grandes différences étaient à noter entre les espaces réservés aux prisonniers et les bâtiments
administratifs.
Du côté des prisonniers, une discipline stricte et un total isolement régnaient en maîtres. Cependant, à
l’origine, cette prison sert avant tout à rééduquer les délinquants. On n’y trouve pas encore le sentiment
de vengeance froide et de torture.
Ce n’est qu’à partir de 1933, après la prise de pouvoir
d’Hitler, que les règles de vie et les conditions de détention vont se dégrader dramatiquement..
Dès lors, la terreur, l’éradication et l’extermination vont devenir la loi.
C’est aussi à ce moment que le Plötzensee va recevoir une nouvelle fonction : il devient le centre
d’investigation pour les comportements politiques déviants.
En 1933 – 34, de nombreux procès s’y tiendront.
Durant la guerre, un nombre croissant de prisonniers étrangers y sont incarcérés avant d’être soit
exécutés, soit envoyés dans des camps de concentration pour y mourir à force de travail forcé.
Généralement, les peines qu’on y purge sont d’assez courte durée (quand on n’est pas condamné à mort).
Ceux dont les peines dépassent un an ont bien peu de chances d’en sortir vivants. Si toutefois ils vivaient
encore, ils finissaient souvent dans un camp de concentration.
La mort survenait de multiples manières : par malnutrition, en raison de la surpopulation et faute de
médicament. En 1943, les des prisonniers sont morts sous les bombardements alliés.
La seconde moitié de la guerre est la pire période du centre. Lorsque l’Armée Rouge ouvre les portes, le
24 avril 1945, le centre est vide.
Juste après la guerre, les alliés transforment le Plötzensee en centre pour les jeunes délinquants. Les
bâtiments restent à cette époques tels qu’ils étaient en 1945 (certains en ruines, d’autres rasés).
En 1951, cependant, la première pierre du mémorial est posée. Il ouvre ses portes le 14 septembre 1952.
Il devient un lieu de recueillement silencieux à la mémoire de toutes les victimes du nazisme. Un mur du
souvenir est dressé à la place d’une des salles d’exécution.
Les exécutions entre 1933 et 1945.
En fait, entre 1890 et 1932, seuls 36 criminels condamnés à mort avaient été exécutés, à ciel ouvert,
décapités à la hache. Il faut savoir que seuls les crimes particulièrement affreux étaient passibles de la
peine de mort.
Pendant les 12 années du nazisme, 2 891 personnes perdront la vie.
De 25 chefs d’inculpation passibles de peine de mort en 1938, on passe à plusieurs dizaines. Tout et
n’importe quoi peut coûter la peine capitale. La cour martiale prononce presque toujours cette sentence.
Entre 1933 et 1936, 45 personnes sont exécutées à la hache. Mais sur ordre d’Hitler, une guillotine
prendra le relai (le 14/10/1936). Dans le plus grand secret, on en introduit une au Plötzensee : elle est
installée dans une salle où auront désormais lieu les exécutions.
En 1937, 37 personnes sont ainsi décapitées, en 1938, il y en aura 56 et en 1939, 95.
Avant leur exécution, les condamnés passent leur dernières de vie dans une cellule du bâtiment III, au rezde-chaussée. D’ailleurs, ce bâtiment était surnommé « le bâtiment des morts ».Ils font leurs derniers pas
pour se rendre sur le lieu de leur décapitation.
Fin 42, le « rendement » n’est pas assez important. On va donc placer une poutre métallique dans la salle.
On y accroche des crochets de bouchers qui serviront à pendre les condamnés. On peut ainsi exécuter 8
personnes à la fois. Les premières victimes de ce nouveau mode d’exécution sont les membres du groupe
de résistants « l’orchestre rouge ». Plus tard, les conjurés du 20 juillet 44 connaitront le même sort.
L’horreur dans ces murs ne connait pas de limites : la famille des exécutés reçoit une facture lui indiquant
le montant dont elle est redevable pour l’exécution du condamné. Aux 60 ou 65 Reichsmark destinés au
bourreau (en plus de ses 3 000 RM – environ 150€-), il faut ajouter 1,50 RM par jour de frais
d’hébergement et 12 Pfennig de frais de port de la facture.
Différents tribunaux pouvaient décider de l’incarcération au Plötzensee, mais les deux plus grands
pourvoyeurs sont le « Volksgericht » (tribunal du peuple) et le tribunal spécial (spécialisé dans les cas de
dissidence).
La moitié des morts sont Allemands et jugés coupables de résistance. Mais l’autre moitié (constituée de
Tchèques, Français, Belges…) aura eu à subir des exactions extrêmement brutales avant de mourir.
De prison allemande, le Plötzensee devient une lieu de mort pour toutes nations occupées par
l’Allemagne nazie.
Les nuits sanglantes du Plötzensee.
Les nuits du 7 et 8 septembre 1943 ont été particulièrement meurtrières. En effet, les bombardements se
déchainent sur Berlin. Le Plötzensee est touché. Du coup, les exécutions vont s’enchainer pendant 2
nuits. 300 personnes seront mises à mort, majoritairement par pendaison.
Les acteurs du coup d'État manqué du 20 juillet 1944 : opération Walkyrie.
Alors que la guerre semble perdue, quelques hommes décident de mettre fin à celle-ci. Cependant, tant
que Hitler est en vie, cela est impossible (il prône la guerre à outrance).
Alors, une poignée d’hommes décide de l’assassiner. Ils déposent une bombe dans le QG d’Hitler (« la
Tanière du loup » à Rastenburg – Prusse Orientale). Certains d’entre eux sont restés à Berlin pour assurer
la « transition ». Malheureusement, Hitler n’est que légèrement blessé. Les représailles contre les conjurés
vont être sanglantes, et se passer majoritairement au Plötzensee.
Le procès se tiendra les 7 et 8 août 1944.Les accusés sont des amis ou la famille des conjurés (exécutés
sommairement). Ils ont été lourdement torturés pour leur extorquer des informations qui auraient permis
l’arrestation de supposés conspirateurs. Si le nombre exact d’accusés est inconnu, le nombre d’exécutions
l’est : 86 personnes meurent de la main du bourreau entre le 8 août 44 et le 9 avril 1945.
La grande Urne devant le monument contient un peu de terre de chaque camp de concentration ou
d’extermination.
Nous quittons ce lieu de souffrance aussi émus que ce midi quand nous avons quitté
Oranienburg- Sachsenhausen.
Nous retournons à l’auberge.
Il est primordial que chacun couche sur le papier les
émotions accumulées aujourd’hui.
Notez dans votre journal de bord ce que vous avez
ressenti (tristesse, colère ?) Il faut que chacun se
souvienne dans 1 an, dans 10 ans, dans 30 ans pour
témoigner de l’horreur.
Il est nécessaire de comprendre comment tout cela s’est
passé et tout faire pour que jamais cela ne puisse se
reproduire.
Ce soir, nous vous souhaitons sobrement bonne nuit.
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