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REVUE DES LIVRES
V. Gunness-Marquette - L’apothicairerie de l’hôpital Saint-Antoine
de Bazas. Les Cahiers du Bazadais. 2000, 40, n° 128-129. 86 pages,
37 illustrations en couleurs.
En 1986, Véronique Marquette avait traité de l’hôpital Saint-Antoine de
Bazas (Gironde) et de son apothicairerie dans sa thèse en vue du Diplôme
d’État de Docteur en pharmacie. Nous avions alors rendu compte de ce travail
et nous en avions dit tous les mérites (Bull. Soc. Pharm. Bordeaux, 1987,
126, 65-67). L’Académie nationale de Pharmacie avait confirmé cette
appréciation favorable en attribuant à l’auteur le Prix de la Société d’Histoire
de la Pharmacie pour 1988. Pour des raisons diverses, cette étude n’avait
pourtant pas dépassé la présentation multigraphiée habituelle à beaucoup de
thèses d’exercice, et son tirage quasi confidentiel avait limité sa diffusion à
quelques bibliothèques universitaires.
On ne peut donc que se réjouir que Les Cahiers du Bazadais 1 rendent
accessible cette excellente monographie sur une des rares pharmacies
hospitalières du Sud-Ouest ayant conservé intact son cadre du XVIIIe siècle.
Les faïences et la verrerie, qui en font tout l’intérêt, sont présentées et décrites
avec toute la précision souhaitable, une exceptionnelle iconographie en
couleurs venant à l’appui du texte. Nul doute qu’avec cette élégante plaquette
nous disposions maintenant de la publication de référence sur le sujet 2.
Guy DEVAUX
1 - Publiés par Les Amis du Bazadais. Hôtel Mauvezin. Place de la Cathédrale. B.P. 34.
33430 Bazas.
2 - Des détails complémentaires sur l’histoire de cette apothicairerie pourront être trouvés
dans l’article suivant dont l’auteur a contribué par ses excellentes photographies à
l’illustration de la monographie sur laquelle nous attirons l’attention: Filleau (M.-J.) -
L’apothicairerie de l’Hôpital Saint-Antoine dans l’histoire ... Contact (Bulletin des
Amis de la Cité de Bazas), 1998, n° 25 (septembre), 16-18.
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Paul Blanquet et Guy Delorme - Jean-Alban Bergonié, professeur de
médecine : l’homme, le savant, le visionnaire. Bordeaux, La
Mémoire de Bordeaux, de la Communauté urbaine et de ses communes,
2000. (Collection Documents n° 12). 1 vol., 99 p., ill. 15,5 × 24 cm.
C’est surtout à la lutte anticancéreuse, dont il a été le fondateur, que les
Bordelais associent le nom de Jean-Alban Bergonié (1857-1925), tant la
"Fondation Bergonié" premier centre anticancéreux créé en province —
est maintenant bien intégré dans la mémoire collective. Mais combien d’entre
eux savent que Bergonié a aussi été un pionnier dans l’utilisation des rayons
X pour le radiodiagnostic, qu’il a créé à l’Hôpital Saint-André le premier
service français de clinique électrothérapique, qu’il a été l’initiateur de
l’enseignement de l’électricité médicale à Bordeaux , qu’il est l’un des
défricheurs de la radiothérapie et de la médecine nucléaire ? La plaquette que
viennent de lui consacrer les Professeurs Blanquet et Delorme, dans le cadre
de la collection Documents éditée par La Mémoire de Bordeaux, de la
Communauté urbaine et de ses communes , vient à point pour nous le
rappeler.
Cette intéressante monographie, nourrie aux meilleures sources, nous
fait en outre bénéficier d’informations inédites.À n’en pas douter, elle
contribuera à conserver la mémoire d’un professeur éminent de l’université
bordelaise et à mettre l’accent sur son œuvre riche et multiforme. Le nom de
Bergonié restera bien sûr attaché pour le monde entier à la loi qu’il a établie et
formulée avec Louis Tribondeau en 1906, et qui régit la sensibilité des
cellules aux rayons X en fonction de leur âge et de leurs capacités de
prolifération. En dehors de son œuvre scientifique, les auteurs nous font
également mieux connaître l’homme. Ils retracent ensuite brièvement l’histoire
de ceux qui se sont succédés dans le cadre hospitalo-universitaire pour
maintenir l’héritage de Bergonié et poursuivre son œuvre.
Gageons qu'en lisant cette plaquette , dont les auteurs doivent être
complimentés, bien des Bordelais apprendront beaucoup, et que les historiens
de la médecine y trouveront une substantielle matière.
Guy DEVAUX
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Olivier Lafont - De l’alchimie à la chimie. (Collection L’Esprit des
Sciences) . Paris, Ellipses, 2000 . 1 vol. 125 p. , ill., 14 × 19 cm.
Bien comprendre une science nécessite d’en connaître les origines. Les
concepts novateurs émergent en effet après des détours imprévus et des
cheminements obscurs. Il en est ainsi dans le domaine de la chimie. Chercher
à repérer les continuités et les ruptures entre cette science et l’alchimie qui l’a
précédée n’est pas une démarche facile, tant il faut prendre du recul vis-à-vis
des aspects philosophico-mystiques de la doctrine hermétique pour en
appréhender les apports techniques et conceptuels, et par même expliquer
comment une chimie "scientifique" s’en est individualisée au début du XVIIe
siècle.
C’est à quoi s’est appliqué le Professeur Lafont dans une approche
épistémologique à la clarté convaincante. Après avoir exposé l’état des
connaissances sur la matière avant l’apparition de l’alchimie — notamment les
conceptions des philosophes grecs , il s’intéresse à la naissance de
l’alchimie dans l’Égypte hellénistique des IIe et IIIe siècles, à son
développement dans le Monde Arabe, et à sa transmission à l’Occident où elle
connaîtra un nouvel essor jusqu’à la fin du XVIe siècle. L’essentiel de la
doctrine alchimique est ensuite présenté et l’accent est mis sur les techniques
et le matériel mis au point par les disciples d’Hermès, et qui seront
ultérieurement adoptés par les chimistes. Un chapitre est consacré à la
révolution paracelsienne qui annonce une profonde mutation dans l’approche
de l’étude de la matière comme de la thérapeutique : rien que dans ce dernier
domaine, Paracelse a introduit l’iatrochimie et ainsi ouvert la voie aux
pharmacochimistes. Cette évolution s’accentuera au XVIIe siècle avec le
succès du Tyrocinium chemicum de Jean Béguin, les découvertes de Van
Helmont — prémices de la chimie pneumatique — , les préoccupations d’un
Christophe Glaser, d’un Nicaise Lefebvre, d’un Jean-Rodolphe Glauber, fort
éloignées de la recherche de la pierre philosophale. La rupture sera
consommée avec Robert Boyle qui publiera en 1661 son fameux Sceptical
chymist or Chymico-physical Doubts & Paradoxes, Touching the
Spagyrist’s Principles. Un dernier chapitre souligne l’indifférence de
Lavoisier à l’égard de l’alchimie et expose l’opinion qu’en avaient quelques
grands chimistes du XIXe siècle. La conclusion résume à grands pas
l’évolution de la chimie jusqu’à nos jours, observant in fine que la
compréhension de la constitution de l’atome et les découvertes dans le
domaine de la radioactivité « permirent à la physique nucléaire de réaliser le
vieux rêve des alchimistes en rendant possible une véritable synthèse des
170
éléments, et en particulier celle de l’or, mais avec des moyens fort éloignés du
chauffage de l’œuf philosophique dans l’athanor ».
Alliant le sérieux de la documentation à la clarté de l’exposé, cet
ouvrage doit être recommandé chaleureusement à tous ceux qui, sans
s’obliger à une lecture aride, voudront enrichir leur culture dans un domaine
important de l’histoire des sciences.
Guy DEVAUX
REVUE DES THÈSES
Nathalie Brèthes . Contribution à l’étude des pharmaciens d’origine
landaise : Pierre-Oscar Réveil (1821-1865) . Thèse Doct. Pharm.
Univ. Victor-Segalen (Bordeaux 2), 1999, n° 98. 1 vol. 155 p., ill., fac sim.
20,5 × 29 cm.
Nul n’est prophète en son pays. Une fois de plus, cet adage se vérifie.
Nombre de pharmaciens originaires d’Aquitaine ont apporté une contribution
notable à leur profession. Ils restent pourtant encore bien méconnus dans
notre région. C’est donc faire œuvre utile que de les tirer de l’ombre,
d’approfondir leur biographie et de mettre l’accent sur leurs travaux. Nathalie
Brèthes fait ainsi revivre Pierre-Oscar Réveil, natif de Villeneuve-de-Marsan,
dans les Landes, mais dont toute la carrière se déroulera à Paris.
Orphelin très jeune, Réveil entrera chez un pharmacien de sa ville natale
dès l’âge de quatorze ans, puis passera dans les officines de Vital Pailhasson
à Lourdes et d’Hector Serres à Dax, avant de poursuivre sa formation à Paris
où il réussira le concours de l’Internat en Pharmacie. Il deviendra ensuite
Licencié ès Sciences naturelles, Pharmacien, puis Docteur en Médecine. Sa
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thèse de médecine développe ses Recherches sur l’opium des opiophages et
des fumeurs d’opium. Elle fera date en un siècle où, après l’Angleterre, la
France voyait l’opiomanie se répandre chez elle, principalement dans les
milieux des intellectuels, des officiers de marine et des coloniaux.
Muni de ce bagage académique, Pierre-Oscar Réveil embrasse alors une
carrière hospitalière qu’il achèvera comme pharmacien-chef de l’Hôpital des
Enfants-Malades à Paris, poursuivant parallèlement une carrière universitaire,
successivement comme agrégé de toxicologie à l’École de Pharmacie, puis
comme agrégé de matière médicale et de thérapeutique à la Faculté de
Médecine. Victime d’une rupture d’anévrisme, il décèdera prématurément à
quarante-quatre ans, quelques jours à peine après l’obtention de son Doctorat
ès Sciences.
Réveil fut un grand travailleur à la culture scientifique encyclopédique.
Malgré la brièveté de sa vie, il a laissé une œuvre abondante et variée. Outre la
publication de plusieurs ouvrages (Formulaire des médicaments nouveaux
(deux éditions) ; Traité de l’art de formuler (en collaboration avec
Trousseau) ; Flore médicale usuelle du XIXe siècle (en collaboration avec
Dupuis) ; Traité de botanique générale (en collaboration avec Herincq et
Gérard); édition française de l’ouvrage de Piesse Des odeurs, des parfums et
des cosmétiques), on lui doit la fondation en 1863 de L’Annuaire
pharmaceutique, revue d’information scientifique destinée au pharmacien
pour lui permettre de maintenir ses compétences constamment à niveau. Ses
travaux ont concerné aussi bien la toxicologie et l’hygiène que la
thérapeutique, la matière médicale et l’hydrologie. Dans ce dernier domaine il
s’est particulièrement intéressé à l’absorption cutanée lors des pratiques
thermales, ainsi qu’aux eaux minérales d’Eugénie-les-Bains, de Salies-de-
Béarn et de Cauterets. Enfin, ses origines landaises l’ont incité à mettre en
lumière les produits retirés du Pin maritime dont la culture était alors en pleine
expansion. C’est à cette occasion qu’il détruira le mythe des « résiniers
quadrumanes » de Bory de Saint-Vincent, montrant l’inexistence d’un orteil
opposable capable de faire de leurs pieds des organes de préhension, comme
le prétendait le naturaliste agenais.
Des illustrations bien choisies, plusieurs tables et index, une
chronologie synoptique, rendent agréable la consultation de l’ouvrage
qu’ouvriront avec profit même les historiens étrangers à la pharmacie, tant il
est vrai que l’histoire s’enrichit par le croisement des regards. Il nous reste à
féliciter l’auteur, et à souhaiter que d’autres pharmaciens d’origine landaise
encore bien absents de la bibliographie régionale, comme un Pierre
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