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thèse de médecine développe ses Recherches sur l’opium des opiophages et
des fumeurs d’opium. Elle fera date en un siècle où, après l’Angleterre, la
France voyait l’opiomanie se répandre chez elle, principalement dans les
milieux des intellectuels, des officiers de marine et des coloniaux.
Muni de ce bagage académique, Pierre-Oscar Réveil embrasse alors une
carrière hospitalière qu’il achèvera comme pharmacien-chef de l’Hôpital des
Enfants-Malades à Paris, poursuivant parallèlement une carrière universitaire,
successivement comme agrégé de toxicologie à l’École de Pharmacie, puis
comme agrégé de matière médicale et de thérapeutique à la Faculté de
Médecine. Victime d’une rupture d’anévrisme, il décèdera prématurément à
quarante-quatre ans, quelques jours à peine après l’obtention de son Doctorat
ès Sciences.
Réveil fut un grand travailleur à la culture scientifique encyclopédique.
Malgré la brièveté de sa vie, il a laissé une œuvre abondante et variée. Outre la
publication de plusieurs ouvrages (Formulaire des médicaments nouveaux
(deux éditions) ; Traité de l’art de formuler (en collaboration avec
Trousseau) ; Flore médicale usuelle du XIXe siècle (en collaboration avec
Dupuis) ; Traité de botanique générale (en collaboration avec Herincq et
Gérard); édition française de l’ouvrage de Piesse Des odeurs, des parfums et
des cosmétiques), on lui doit la fondation en 1863 de L’Annuaire
pharmaceutique, revue d’information scientifique destinée au pharmacien
pour lui permettre de maintenir ses compétences constamment à niveau. Ses
travaux ont concerné aussi bien la toxicologie et l’hygiène que la
thérapeutique, la matière médicale et l’hydrologie. Dans ce dernier domaine il
s’est particulièrement intéressé à l’absorption cutanée lors des pratiques
thermales, ainsi qu’aux eaux minérales d’Eugénie-les-Bains, de Salies-de-
Béarn et de Cauterets. Enfin, ses origines landaises l’ont incité à mettre en
lumière les produits retirés du Pin maritime dont la culture était alors en pleine
expansion. C’est à cette occasion qu’il détruira le mythe des « résiniers
quadrumanes » de Bory de Saint-Vincent, montrant l’inexistence d’un orteil
opposable capable de faire de leurs pieds des organes de préhension, comme
le prétendait le naturaliste agenais.
Des illustrations bien choisies, plusieurs tables et index, une
chronologie synoptique, rendent agréable la consultation de l’ouvrage
qu’ouvriront avec profit même les historiens étrangers à la pharmacie, tant il
est vrai que l’histoire s’enrichit par le croisement des regards. Il nous reste à
féliciter l’auteur, et à souhaiter que d’autres pharmaciens d’origine landaise
encore bien absents de la bibliographie régionale, comme un Pierre