n°4 Octobre 2011 la lettre d’information de la DIRECCTE Rhône-Alpes DIRECTION RÉGIONALE DES ENTREPRISES, DE LA CONCURRENCE, DE LA CONSOMMATION, DU TRAVAIL ET DE L’EMPLOI Dialogue social et performance économique Europe, territoires et entreprises XVIIe Rencontres Economie, Emploi, Travail en Rhône-Alpes édito Jeudi 10 novembre 2011 - ENS - Lyon D ialogue social et Performance économique constituent deux notions de plus en plus indissociables aujourd’hui du fait des mutations du travail et de la crise économique. Les réussites entrepreneuriales montrent que la performance, au cœur de la stratégie des entreprises, ne peut se limiter à la sphère économique et organisationnelle mais doit investir les relations sociales. La question du dialogue social, souvent liée à celle du changement, contient en corollaire celle de la légitimité des représentants des salariés à intervenir dans la stratégie de l’entreprise, qui relève de la responsabilité des dirigeants. De plus en plus, est soulignée l’importance de développer le dialogue social à l’échelon des branches, des entreprises et des territoires en vue d’une meilleure compétitivité, d’une plus grande qualité du travail et, enfin, de créer de l’emploi. sommaire En effet, des expériences de dialogue social à l’échelon territorial, confirment qu’il est possible de trouver des réponses adaptées aux exigences posées par les mutations et de développer l’emploi. 2007-2013 - Fonds social européen : 359,7 millions d’euros investis en Rhône-Alpes. Le dialogue social européen. ................................................................... p2 Sécurisation des parcours et dialogue social, expériences européennes dans le service à la personne et le tourisme. Dialogue social et performance économique, un système complexe d’interactions. ........ p3 Textile en Rhône Alpes : le Comité stratégique prospectif et paritaire tisse sa toile. La commission paritaire du Haut Bugey. Le Comité Régional de Prévention des Risques Professionnels. L’Appui au Dialogue Social. .................................................................... p4 DIRECCTE Rhône-Alpes Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi Information, consultation, concertation, co-construction, délégation, autant de phases constitutives de l’association des salariés à la stratégie de l’entreprise qui seront examinées au travers des expériences présentées au cours de ces rencontres. Les 17e Rencontres de l’Economie, de l’Emploi et du Travail en Rhône-Alpes doivent contribuer à favoriser les échanges autour de ces questions et notamment en faisant connaître l’action de l’Europe en matière d’appui au dialogue social territorial et dans les entreprises. Si les acteurs socio-économiques et les entreprises semblent très concernés par la thématique, il est important de sensibiliser tous les acteurs de l’orientation, de la formation, de l’insertion et de l’emploi à cette nouvelle dynamique qui touche l’ensemble de la société aujourd’hui, notamment au travers de la question de la qualité du travail. Michel Delarbre Directeur régional Pour en savoir plus : www.rhone-alpes.travail.gouv.fr www.rhone-alpes.direccte.gouv.fr (en construction) 2007-2013 - Fonds social européen : 359,7 millions d’euros investis en Rhône-Alpes. Le Fonds social européen (FSE) est devenu, depuis sa création en 1957, l’un des leviers financiers essentiels de l’Union européenne pour la politique sociale. Il participe à la politique de cohésion sociale et territoriale, dont l’objectif principal est « le développement harmonieux de l’ensemble de la communauté et la réduction des écarts entre les niveaux de développement des différentes régions ». Le Fonds social européen vient en complément des financements nationaux déployés pour soutenir la cohésion sociale et la politique de l’emploi. La mise en œuvre du Fonds social européen, en France, est encadrée par un Programme Opérationnel (PO) intitulé « Compétitivité régionale et emploi » qui traduit les orientations européennes en tenant compte des spécificités du tissu économique et social national. La DIRECCTE, sous l’autorité du Préfet de région, est chargée de la mise en œuvre de ces fonds, et propose la sélection de nombreux dossiers présentés par des porteurs de projets (projets collectifs d’entreprises, projets en faveur de l’insertion des publics les plus en difficulté,…). Le FSE se déploie sur 4 axes : > l’anticipation et l’accompagnement des mutations économiques : il s’agit de répondre aux problématiques de la création d’activité, de la formation tout au long de la vie prioritairement à destination des publics les plus vulnérables > l’amélioration de l’accès à l’emploi (durable) des demandeurs d’emploi > le renforcement de la cohésion sociale et la lutte contre les discriminations > l’investissement dans le capital humain. En Rhône-Alpes, le FSE, ce sont 359,7 millions d’euros investis, pour la période 2007-2013, au bénéfice des publics dans les différents territoires de la région. Au total, ce sont plus de 3000 projets déjà financés, pour près de 100 000 participants. Pour en savoir plus : www.fse.gouv.fr Le dialogue social européen. Européenne des Syndicats, UNICE et UEAPME pour le patronat) sur toute initiative prise dans le domaine social. Les partenaires sociaux sont ainsi devenus partie prenante dans l’élaboration de la législation européenne dans le domaine du travail ou des affaires sociales. Créé en 1985, à l’initiative de Jacques Delors, alors Président de la Commission européenne, le processus de dialogue social est devenu un des éléments importants de la politique sociale de l’Union européenne. Il a acquis une dimension essentielle au cœur du modèle social européen. Ainsi, les articles 152 à 155 du Traité de Lisbonne (en vigueur depuis 2009) prévoient la consultation obligatoire, par la Commission européenne, des organisations syndicales européennes (Confédération Concrètement, le dialogue social européen, c’est aujourd’hui 40 comités sectoriels (branches professionnelles), qui concernent 145 millions de travailleurs, soit les ¾ de la population active de l’Union européenne. Ce sont plus de 500 textes élaborés à ce jour, dont un certain nombre ont abouti à des accords-cadres ou à des directives sur : le congé parental (1995), le travail à temps partiel (1999), le travail à durée déterminée (1999), l’aménagement du temps de travail des travailleurs mobiles dans l’aviation civile (2000), le télétravail (2002), l’exposition des travailleurs aux risques de troubles musculosquelettiques (2005), la prévention des blessures pour le personnel hospitalier (2010), etc. Dans une optique de sortie de crise, le dialogue social européen devient un atout fondamental pour la réussite de la « Stratégie Europe 2020 ». Les objectifs de croissance européenne (fixés par cette stratégie) sont, désormais, sous-tendus par des objectifs d’éducation et de protection sociale. A travers le financement du Fonds Social Européen (359,7 millions € pour Rhône-Alpes), le dialogue social européen accompagne la performance économique et l’efficience des relations industrielles. Il participe ainsi à la recherche d’une plus grande cohésion sociale dans nos territoires. Le défi de l’innovation sociale au service des actifs de l’artisanat La Commission Paritaire Interprofessionnelle de l’Artisanat Rhône-Alpes est un lieu de dialogue social d’échanges et de concertation inter-entreprises. Elle est issue d’un accord national signé initialement en 2001 et qui est particulièrement remarquable puisque conclu entre l’UPA et de nombreuses organisations syndicales (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO) qui depuis ne se sont jamais départies de cette position unanime. Elle agit concrètement pour le développement de l’emploi et l’amélioration des conditions de vie des salariés de l’artisanat : attractivité, recrutement, promotion des emplois et des métiers de l’artisanat, hygiène, santé, sécurité, accès à l’emploi, formation professionnelle. Le premier chantier ouvert en Rhône-Alpes, par la CPRIA, concerne la mise en place d’une garantie multi-entreprises en matière de complémentaire santé, avec une offre complète et spécifiquement conçue pour leur(s) salariés(s), à un coût compétitif. D’autres thèmes sont à l’étude notamment dans le cadre du prochain Contrat de Progrès de l’Artisanat (Etat-Région, UPA, CRMA pour la période 2012-2015). Pour Monsieur Christian BRUNET, Président de l’UPA Rhône-Alpes : « La réussite d’un dialogue social régional spécifique à l’artisanat est une des conditions du développement de nos entreprises, à moyen et long terme. » Pour en savoir plus : www.uparhonealpes.fr 2 Sécurisation des parcours et dialogue social, expériences européennes dans le service à la personne et le tourisme. Le programme Sécurisation des parcours tenariale vise à construire un parcours riés : quelles solutions avancer pour un professionnels et dialogue social dans les professionnalisant pour les saisonniers : meilleur dialogue social ? territoires rhônalpins est conduit en parte- cela passe par une meilleure formation de nariat par une équipe d’économie du l’encadrement de proximité et la promo- travail de Grenoble (CREG), par l’échelon tion d’outils adaptés. L’aide à domicile, régional de la CGT et de la CFDT. Le déve- avec la problématique du travail à temps loppement du dialogue social territorial partiel. L’idée centrale est de structurer est l’idée centrale du projet. Il offre de l’offre pour agir sur les statuts de l’emploi nombreuses clés pour limiter l’insécurité et la sécurisation des parcours profession- des parcours professionnels et offrir des nels : cela passe par un travail partenarial perspectives d’évolution professionnelle à avec les employeurs de l’économie so- l’échelle d’un territoire, notamment en ciale. Le secteur de l’économie de l’inno- articulant les diagnostics sur l’emploi dans vation avec la thématique du travail sur le tissu productif local et les possibilités de projet. Enfin les systèmes sociaux d’inno- formation tout au long de la vie professionnelle qui sont offertes localement. Le projet est soutenu par la DIRECCTE, la Région Rhône Alpes et par le FSE (Fonds Social Européen) . Bruno LAMOTTE, Economiste, LEPII Université Pierre Mendes France, Christine CANALE, Secrétaire Régionale du Comité Régional CGT Rhône-Alpes et Christian JUYAUX, Secrétaire général adjoint de l’URI CFDT. vation se développent rapidement dans l’économie régionale sans que les parte- Trois secteurs font l’objet d’un travail naires sociaux y trouvent réellement une approfondi : le Tourisme où l’action par- prise pour défendre les intérêts des sala- Dialogue social et performance économique, un système complexe d’interactions. Interview de Jacques Freyssinet, économiste, Président du Conseil scientifique du Centre d’études de l’emploi Q : Comment envisagez-vous cette dialectique « dialogue social et performance économique » ? qui suscite quelques remarques. Tout d’abord, ciations d’entreprise. La négociation de la question ne se pose pas de la même crise est essentiellement une négociation façon en temps normal et en période de de reconversion et de restructuration. crise. Le temps des crises économiques est C’est la mauvaise performance qui im- bref et haché alors que le temps du pose un type de dialogue social souvent dialogue social est généralement long. conflictuel. Dans les périodes de crise, on voit souvent dysfonctionner les mécanismes de En ce qui concerne les territoires, la dialogue social à cause de l’urgence. réflexion est plus récente et on a encore Jacques Freyssinet : Dialectique me semble De plus, les problèmes sont différents la bonne expression car ce qui me semble selon qu’on se situe à l’échelle de l’Europe, redoutable, c’est de raisonner en terme des entreprises et des territoires. En de causalité - est-ce que le dialogue social améliore la performance économique ou est-ce que la performance économique enrichit le dialogue social ? - ces approches me paraissent limitées. Je parlerais davantage d’un système complexe d’interactions, Europe, la problématique se pose en termes de contrastes entre les Etats, avec excepté quelques exemples. Ce ne sont pas les formes classiques de dialogue social qui sont prédominantes : on ne trouve ni les procédures de consultations-concer- un rôle d’ailleurs de plus en plus faible de tations comme au niveau national et euro- la Commission Européenne, car ce sont péen, ni les procédures de négociations les spécificités nationales qui appa- collectives. Les initiatives de dialogue so- raissent. cial territorial sont très hétérogènes. Je les A l’échelle des entreprises, il est plus difficile de faire des comparaisons européennes. Les travaux réalisés en France montrent 3 peu d’informations comparatives fiables, définirais plus comme des engagements de projet, où les différents acteurs se mettent d’accord sur des projets favorisant une assez bonne correspondance entre le développement du territoire, très liés à dialogue social et performance écono- des particularités locales, avec des durées mique : en temps normal ce sont les entre- de vie très variables, créant du lien et de prises les plus performantes qui ont le la coopération entre acteurs mais dont on meilleur niveau d’activité des instances ne sait pas encore évaluer l’impact écono- représentatives du personnel et de négo- mique. Textile en Rhône Alpes : le Comité Stratégique Prospectif et paritaire tisse sa toile. Mis en place en 2005, dans un contexte economique hésitant, le comité stratégique prospectif et paritaire (CSP) a peu à peu trouvé ses marques . Aujourd’hui, à l’unanimité des participants et des co-financeurs, (l’Etat et la Région), cette instance apparaît comme l’un des instruments principaux pour l’accompagnement partagé et réussi des mutations en cours dans le secteur textile rhônalpin. Cette instance paritaire régionale est adossée sur le COEF (Contrat Pluriannuel d’Objectifs, pour l’Emploi et la Formation) signé pour 3 ans puis reconduit jusqu’en 2011 dans la branche textile , entre l’Etat, la Région et les partenaires sociaux du secteur. Ont été abordées au sein de cette structure et en profondeur, toutes les grandes préoccupations des activités textiles : > la concurrence internationale, notamment sur les productions massives, > les conditions d’une créativité renouvelée dans les fabrications, en lien notamment avec le pôle de compétitivité du secteur : Techtera, > l’intégration des prescriptions environnementales dans la filière de la soie, > la diversification des qualifications professionnelles et la formation initiale, > la traçabilité sociale dans la production textile avec la participation d’un réseau constitué d’industriels : Altertex. Tour à tour grâce à des expertises de tous horizons, industriels, scientifiques et syndicats sont intervenus devant ce groupe paritaire qui a dégagé des axes de travail collaboratif adaptés au secteur régional. Chacun ensuite a contribué à diffuser au sein de son propre réseau l’essentiel de ces échanges. Aujourd’hui, le constat est là : le CSP a fait la preuve de son utilité au service de la mutation technologique, sociale, environnementale et organisationnelle du textile en Rhône-Alpes. Une plastique nouvelle des relations sociales dans le bassin d’Oyonnax : La commission paritaire du Haut Bugey. La Direccte Rhône-Alpes dans le cadre du soutien au dialogue social, a assuré un financement pour la mise en place de la la commission paritaire du Haut Bugey par ailleurs également bénéficiaire d’une subvention de la Région. Cette instance réunit toutes les organisations professionnelles présentes sur le bassin d’Oyonnax, notamment Allizée qui fédère les indus- triels de la plasturgie, ainsi que les cinq organisations syndicales représentatives. Les partenaires sociaux ont accepté de se former ensemble à une autre pratique du dialogue entre eux. Sous la présidence alternée, l’an passé d’une organisation syndicale et cette année d’une structure patronale, tous les membres se sont initiés à des modes renouvelés de relations interpersonnelles et de gouvernance au sein de cette instance. Cela a permis de conduire de manière consensuelle, des analyses des conditions de production et de travail dans la plasturgie. Un dialogue social de qualité s’avère indissociable d’une réussite plus globale pour l’économie du territoire du Bugey à la recherche d’un second souffle. Le Comité Régional de Prévention des Risques Professionnels. Derrière ce sigle un peu obscur, le CRPRP se donne l’ambition de réunir de nombreux acteurs de la prévention (représentants de l’Etat, préventeurs, partenaires sociaux et personnes qualifiées) pour élaborer des diagnostics territoriaux sur le champ de la santé au travail. Il émet également des avis sur les politiques menées par l’Etat en matière de prévention des risques professionnels. Le CRPRP peut également faire des recommandations en vue de sensibiliser les salariés et les entreprises à l’amélioration des conditions de travail. Ces derniers mois, cette instance a travaillé sur la construction du Plan Régional de Santé au Travail auxquels sont associés dans le comité de suivi des représentants de services de santé au travail. Opportunité de dialogue autant que lieu de réflexion stratégique et d’expertise depuis sa création en 2008, ce comité a su trouver progressivement sa place pour devenir un acteur écouté. Pour en savoir plus sur le plan régional de santé au travail 2010-2014 : www.rhone-alpes.travail.gouv.fr Des outils pour lutter contre les risques professionnels, améliorer les conditions de travail et, par voie de conséquence, contribuer à la compétitivité des entreprises : www.travailler-mieux.gouv.fr : Le dispositif d’Appui au Dialogue Social : mode d’emploi Quand le conflit relationnel se situe entre la direction de l’entreprise et les représentants du personnel ou le collectif des salariés, l’exigence de neutralité et d’équidistance du tiers intervenant est plus facile à remplir aux yeux des parties si l’intervenant n’est pas rémunéré par l’entreprise. Cela a conduit le Ministère du travail à mettre en place et à financer une offre d’intervention spécifique, dénommée « Appui au Dialogue Social ». Les intervenants de ce dispositif sont tous des professionnels des relations sociales (chargés de mission du réseau Anact, consultants, agents des services du travail), formés à ce type de situation, ils interviennent en binôme en s’inscrivant dans de strictes règles déontologiques et en s’appuyant sur un corpus de méthodes structurées et éprouvées. Ne se prononçant pas sur le contenu des problèmes, ils aident les parties à retrouver la confiance et la capacité à poser par elles-mêmes les problèmes en vue de les résoudre. Depuis 1994, plus de 200 interventions ont été réalisées au sein des entreprises . Ce dispositif peut être mobilisé dans différentes situations : - améliorer les relations entre direction, encadrement et salariés quand elles sont difficiles, - aider la direction et les représentants du personnel à poser les bases d’un dialogue confiant et respectueux, - faire en sorte que les instances représentatives soient de véritables lieux de concertation, - aider les parties à se parler face à des échéances importantes : négociation, restructuration, changements… Deux interlocuteurs en Rhône-Alpes : Direccte, Michel Perron]Êä{ÊÇÇÊ{ÎÊ{£ÊäÊUÊAravis, Colette Desbois, 04 37 65 49 70. Document téléchargeable sur www.rhone-alpes.travail.gouv.fr 4 EN PRISE DIRECCTE Lettre d’information de la DIRECCTE Rhône-Alpes, octobre 2011. Directeur de la publication : Michel Delarbre. Comité éditorial : Michel Delarbre, Jean Pierre Berthet, Laurent Badiou, Agnès Berjon, Marc Tincry, Evelyne Pattein. Crédits photos : Restelli-Fotolia, Stocklib. Conception graphique : Patrick Relave. 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