
I. INTRODUCTION
Les blessures des doigts et de la main remontent bien loin avant nous, sûrement aussi loin que
l’Homme existe, qu’elles soient d’ailleurs d’origine traumatique, rhumatologique,
neurologique, congénitale… Depuis tout ce temps, la lente évolution de la médecine, par ses
progrès, ses connaissances sans cesse élargies, a permis d’améliorer la qualité des soins de la
main.
Aujourd’hui, l’époque où les seuls traitements étaient l’amputation pour les traumatismes, la
cautérisation pour les plaies, les infusions et les tisanes pour les douleurs et rien pour les
déformations, nous semble bien loin. De nos jours, les avancées technologiques et
scientifiques médicales (anesthésie, asepsie, microchirurgie, miniaturisation du matériel
chirurgical, etc.) permettent de réparer les doigts et les mains avec des résultats très corrects,
tant sur le plan esthétique que fonctionnel. Cette réussite n’aurait pu aboutir sans la
contribution de la kinésithérapie.
Sortie de l’anonymat au cours des années 1960-1970, la kinésithérapie de la main a su se
démarquer et se créer progressivement une identité.
Pourquoi si tard, alors que, comme nous venons de le dire, les blessures remontent à l’origine
de l’Homme ?
Quels sont les facteurs qui ont pu influencer ou retarder son développement ?
Peut-être est-ce l’apparition relativement récente de la kinésithérapie "générale" ou bien
encore, mais c’est peu probable, d’une prise de conscience tardive de l’importance de la main.
Une chose est sûre, la chirurgie y est pour beaucoup. Parler de kinésithérapie de la main sans
évoquer la contribution apportée par cette dernière à sa réussite nous paraît inconcevable tant
les sollicitations et les aides appuyées pour son développement sont considérables. Nous le
verrons, c’est à partir du moment où les chirurgiens ont eu besoin de la kinésithérapie qu’elle
s’est réellement développée.
Aujourd’hui, quel que soit le type de lésion, la rééducation d’une main est bien codifiée.
Quelques pionniers tels que A. Baïada, Ph. Chamagne, Ph. Durafourg, P. Redondo, J-C.
Rouzaud, D. Thomas… se sont impliqués et appliqués dans cette rééducation particulière. Ils
ont su à force de pugnacité, en collaboration avec leurs chirurgiens, mettre en place des lignes
de conduite ou bien des protocoles en fonction des différentes pathologies rencontrées.
Une autre caractéristique essentielle lorsqu’on évoque l’histoire de la rééducation de la main,
c’est la participation presque systématique d’orthèses à cette rééducation. Elles font partie
intégrante de la rééducation de la main depuis son origine. Leur importance en kinésithérapie
impose de leur consacrer une part dans cette histoire de la kinésithérapie de la main.
La kinésithérapie de la main est devenue aujourd’hui une véritable spécialisation. Elle n’a
quasiment plus rien de commun avec ce qui se pratiquait encore il y a trente ans. On est bien
loin des diverses techniques et matériels en usage alors, souvent héritées d’un lointain passé.
Elle a rapidement progressé, son évolution est considérable.
On comprendra, dans ces conditions, l’extrême difficulté de tout condenser en si peu de
pages. Ce présent mémoire se voudra donc résolument modeste en cherchant simplement à
faire connaître les grandes lignes de l’histoire de la kinésithérapie de la main.