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assistance comme dans la pratique tradition-
nelle des soins. Et l’infirmier de cardiologie va
pouvoir s’impliquer dans ces différents actes
effectués à distance, en utilisant, comme le
médecin, des outils nouveaux. De même que
dans le cadre de la médecine, dans celui de
la télémédecine, l’infirmier jouera son rôle
propre et un rôle contributif, tels qu’ils sont
décrits dans le code de la santé publique et,
aussi, certaines tâches pourront lui être délé-
guées.
L’infirmier de cardiologie se doit de s’impli-
quer dans le télésuivi des patients porteurs
de DECI car nos recommandations profes-
sionnelles indiquent que la télésurveillance
est maintenant le gold standard pour la sur-
veillance des patients: les experts interna-
tionaux ont assorti ce mode de suivi d’une
recommandation de classe I avec un niveau
de preuve A, ce qui est le niveau le plus élevé
possible des recommandations.
Dans la pratique quotidienne, le télésuivi des
patients porteurs de DECI peut être décom-
posé en plusieurs étapes : La mise en place,
la gestion des transmissions et les relations
avec les patients.
La mise en place inclut l’information du pa-
tient, l’explication du mode de suivi, la remise
du matériel permettant la télésurveillance,
l’éducation thérapeutique du patient, la pro-
grammation des paramètres du DECI liés à la
télésurveillance et l’inscription du patient sur
le site internet dédié à la télésurveillance. La
progression dans la pratique de la télé ryth-
mologie nous a appris qu’il était très impor-
tant que la mise en place soit effectuée par
un professionnel de santé et en particulier
par un infirmier formé, qui, entre autre, a
l’habitude de la relation avec le patient. Ce
professionnel de santé connait le dossier
du patient et saura adapter son discours au
contexte pathologique, social et psycholo-
gique du patient.
Les transmissions se répartissent en trans-
missions programmées et en alertes. Ces
alertes peuvent être d’ordre administratif
(par exemple les alertes indiquant que la
télésurveillance a bien été initiée ou qu’au
contraire le transmetteur n’est pas correcte-
ment branché sur la prise de courant), d’ordre
technique (par exemple les alertes indiquant
que la pile est sur le point d’être usée ou
que la sonde présente une résistance hors
normes) et d’ordre clinique (par exemple les
alertes indiquant la survenue d’un trouble du
rythme cardiaque ou une valeur hors norme
d’un paramètre lié à l’insuffisance cardiaque).
Bien sûr, ces transmissions programmées et
ces alertes requièrent un diagnostic médical.
Elles peuvent dans certains cas susciter une
action par l’infirmier ou le médecin, c’est-à-
dire par exemple une téléconsultation ou une
consultation présentielle auprès du rythmo-
logue, du cardiologue de proximité ou du
médecin généraliste, une hospitalisation, etc.
Toutes ces actions se doivent au mieux de dé-
boucher sur une intervention (modification
du traitement médical, de la programmation
du DECI, programmation d’un examen com-
plémentaire ou d’une procédure plus inva-
sive).
Evidemment, si une transmission program-
mée ou une alerte ne débouche finalement
sur aucune intervention, on peut considérer
qu’elles ont généré du temps inutilement
perdu.
La relation avec les patients consiste en la
coordination de leur suivi, la gestion des
appels téléphoniques et des consultations
additionnelles, la fourniture des réponses aux
questions que se posent les patients, la ges-
tion, en cas de besoin, du matériel de télésur-
veillance qui leur a été fourni et bien sûr en la
poursuite de l’éducation thérapeutique.
Tâches propres et contributives
Le code de la santé publique, dans son article
R4311, définit le rôle de l’infirmier et dis-
tingue un rôle qui lui est propre et un rôle
plus contributif : autrement dit, ce que l’infir-
mier peut effectuer de sa propre initiative ou
bien à l’aide d’une prescription médicale.
Par exemple, dans son rôle propre, un infir-
mier peut apporter son aide au patient
pour les prises médicamenteuses, vérifier
ces prises et surveiller leurs effets. Il peut
recueillir des informations de toute nature
susceptibles de concourir à la connaissance
de l’état de santé de la personne et appré-
cier les différents paramètres servant à sa
surveillance. Son rôle propre est aussi la réa-
lisation d’entretiens d’accueil du patient. Ces
différents rôles s’appliquent bien à certaines
tâches requises dans le télésuivi des patients
porteurs de DECI, telles que nous les avons
décrites, aussi bien dans la mise en place du
télésuivi, qui peut s’apparenter à un entretien
DÉLÉGATION DE TACHES EN RYTHMOLOGIE : L’EXEMPLE DE LA TÉLÉ RYTHMOLOGIE
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La vie des services
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