
La 3ème conséquence est qu’il n’y a pas de petits ou de grands actes de soin car ils sont tous
destiné à la personne. C’est toujours du corps, de la vie dont il est question. Il y a des actes
par lesquels on se sent gratifié, et d’autres par lesquels on se sent disqualifiés (que le
professionnel peut trouver secondaire voir dégoutant). Plus une personne est en situation de
dépendance, plus on va avoir besoin du professionnalisme du professionnel, de la subtilité, de
la délicatesse du professionnel pour que la dépendance de la personne ne conduise pas chez
elle à un sentiment de déchéance.
La 4ème conséquence est qu’il n’y a pas de petit ou de grand professionnel de soin. Il n y a que
des professionnels qui prennent une importance dans telle situation de soin pour un
patient et ces proches. Ce qui fait un grand professionnel c’est la capacité de celui-ci à
faire exister l’autre comme sujet dans une relation, de lui inspirer de la confiance pour
l’aide que je peux lui apporter.
Conclusion en quelques mots :
- Dignité : Référence au philosophe Gabriel Marcel : Prendre en compte la dignité de l’autre
c’est reconnaître en cet autre et en toutes circonstances les notions de corps et donc de vie.
Le souci de la dignité de l’autre doit éveiller la vigilance permanente de chacun.
- Humilité : signifie etre humble. En temps qu’humain on ne peut pas tout, nous ne sommes
pas Dieu. L’humilité est l’antidote du poison qu’est l’arrogance. L’arrogance étant un
« poison » dans les rapports humains, il n’y a pas de travail en équipe possible s’il y a de
l’arrogance.
- Sensibilité : signifie être présent avec ses sens en étant sensible à la sensibilité de l’autre et
se sentir concerné par ce que cet autre a à vivre. On ne peut pas prendre soin s’il on n’est pas
concerné par l’autre. La sensibilité ouvre la voie à de possibles émotions. « Je ne peux pas
prendre soin de l’autre si je ne me laisse pas toucher par sa situation »
Attention : Toucher signifie pas se laisser envahir, déborder.
Il n y a rien d’anti-professionnel à éprouver une émotion au contact de telle ou telle situation
qui nous touche plus profondément dans notre histoire. (Notion de « blindage »)
- Générosité : signifie faire un peu plus que le nécessaire pour faire exister l’autre en tant que
sujet dans la relation de soin (comment faire plaisir au sujet malade, le rendre un peu plus
heureux, un peu moins malheureux ?). Ce sont cette multitude de petites choses qui constitue
le prendre soin, qui vont faire la différence. Petites choses, pour nous cela semble « petit »
mais pour le patient c’est très important. Observer qu’être capable d’identifier la petite chose
qui va plaisir c’est faire preuve de grande attention à la personne, c’est ce qui me donne
vraiment le sentiment d’exister en tant que sujet dans ce que je suis en train de vivre.
- Délicatesse : signifie ce qui est raffiné, délicat dans le rapport à l’autre. Trop de délicatesse
n’est pas de la délicatesse mais de l’indélicatesse, trop peu n’en est pas non plus. La
délicatesse est le sens de la finesse dans le rapport à l’autre. La délicatesse ici n’est pas
seulement tactile, c’est bien la délicatesse de mon être présent à l’autre. Comment la
personne que je suis fait-elle preuve de ce sens de la finesse dans la relation à l’autre. La
délicatesse est ce qui exprime le mieux, que j’ai la pleine conscience, que tout ce que je fais,
que tout ce que je dis, c’est toujours de ton corps et de ta vie dont il est question.