Jamaïque – Cadrage général. I. Description de la structure de l

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AMBASSADE DE FRANCE AU PANAMA
SERVICE ÉCONOMIQUE DE PANAMA
Jamaïque – Cadrage général.
I.
Description de la structure de l’économie
S’inscrivant dans la moyenne de la Caraïbe (PIB/habitant de 4 970 USD en 2015), l’économie jamaïcaine
peine à se développer en dépit d’une localisation avantageuse (proximité d’importants partenaires
commerciaux, notamment les Etats-Unis, et du canal de Panama dont l’agrandissement devrait
bénéficier au port de Kingston). Malgré un revenu par habitant voisin de 5 000 USD, ce pays de 2,8
millions d'habitants (auxquels s'ajoute une diaspora de plus de 2 millions d'habitants) souffre d'un fort
niveau de pauvreté et de chômage (13,3% début 2016), d'une qualité de formation initiale et
professionnelle insuffisante et d'un indice de criminalité et d'insécurité élevé. Il en résulte un climat
des affaires qui nuit aux entrées d’IDE et à l’investissement (18,5% du PIB) ainsi qu’une compétitivité
qui reste à améliorer, malgré des améliorations récentes (86ème rang sur 140 au classement
Compétitivité Globale du WEF en 2015-16).
Largement tournée vers les Etats-Unis (près de 40% des exportations, 65 % des touristes -hors
croisiéristes- et 55 % des transferts de fonds des émigrés), l’économie repose principalement sur les
exportations de bauxite et d’alumine, le tourisme (5% du PIB) et les transferts de fonds des migrants
(environ 2 Md USD, 14 % du PIB). Le secteur agricole, auparavant développé, requiert des réformes
structurelles (productivité, foncier) et a particulièrement souffert des ouragans au cours des années
récentes avec l’arrêt de la production de bananes pour l’exportation et la chute de 50 % de la
production de sucre ; le pays est désormais fortement dépendant des importations de denrées
alimentaires, mais également d’hydrocarbures.
La Jamaïque est, depuis des années, prise dans un cercle vicieux : la dette est proche de 125 % du PIB
et son service absorbe plus de 40% des recettes de l’Etat (28 % pour les seuls intérêts). Les nécessités
de refinancement sont coûteuses en prime de risque, éviction du secteur privé et attrait d’IDE. Le
fardeau que représente la dette publique ne permet pas de dégager les ressources budgétaires
suffisantes pour le déploiement d’infrastructures et le financement de programmes sociaux, pourtant
nécessaires. Le pays s’est engagé depuis 2013 dans un programme avec le FMI particulièrement lourd
et qu’il exécute avec une rigueur remarquable, laissant entrevoir une amélioration, encore
superficielle pour l’heure, de sa situation économique et de son endettement.
II.
Eléments d’analyse conjoncturelle
La Jamaïque connait depuis plusieurs années une croissance faible, elle était de 0,7% en moyenne
depuis 1990. En 2014 elle atteignait 0,5% et le FMI estime qu’elle s’est établie à 0,8% en 2015. Cette
année, elle pourrait atteindre 2,2%.
La dette publique dépasse les 100% du PIB depuis 2000. Pour réduire les déséquilibres budgétaire et
de la balance des paiements, le FMI a mis en place un programme en 2013. Celui-ci a permis de faire
passer la dette publique de 140% du PIB à 125%. Cependant, aux vues des efforts réaliser par le pays
pour suivre le programme, les résultats se font attendre et la crainte de voir monter l’exaspération
sociale est grande.
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Sur les 9 premiers mois de l’année budgétaire 2015-2016, les IDE ont cru de 30% et le taux de chômage
est descendu à 13,3% en janvier 2016 contre 14,2% en 2014. La chute des cours du pétrole réduit
l’inflation qui s’est établie à 2,4% en avril 2016, soit un taux exceptionnellement bas historiquement.
De même, le déficit du compte courant a atteint -2,2% du PIB au dernier trimestre 2015, ce qui
représente une amélioration de 8,7% du PIB par rapport à la même période de l’année précédente.
Cette amélioration tient principalement à la chute des importations de pétrole en valeur. Les
exportations ont cependant également reculé, avec la baisse des exportations de bauxite. La balance
des paiements demeure positive à 313 MUSD (2,2% du PIB) et les réserves internationales se
maintiennent à 2,4 Md USD, soit 5 mois d’importations.
Après avoir longtemps maintenu son taux directeur stable, la Banque centrale a profité de la faible
inflation que connaît le pays pour l’abaisser, le fixant à 5% en juin dernier.
III.
Secteur bancaire
Six banques commerciales opèrent en Jamaïque, pour un bilan agrégé équivalent à 52,2 % du PIB et à
7,1 Md USD. Le crédit au secteur privé représente 23,6 % du PIB, les dépôts collectés 32,9 %. La
croissance des actifs en 2014 (+11 %) est tirée par les acquisitions de titres qui représentent 25,5 % du
portefeuille total. Le crédit a connu une croissance limitée à 5,2 %, qui reflète la faiblesse de la
dynamique économique et d’autres difficultés d’ordre structurel. Les banques peinent à obtenir des
financements à long terme en monnaie domestique. L’économie jamaïcaine présente le paradoxe d’un
accès plus facile aux financements longs en devises qu’en JMD. Les banques n’ont en effet aucune peine
à se financer en dollars, sur les marchés, ou via l’afflux continu des remises de migrants ou encore les
lignes de crédit ouvertes auprès de leurs nombreuses banques correspondantes aux Etats-Unis. Au plan
prudentiel, la plupart des indicateurs sont en amélioration. En vertu des recommandations du FMI, la
supervision du secteur bancaire a été consolidée à la Banque centrale dont les prérogatives et
l’autonomie ont été de surcroît confortées dans ces matières. Le ratio d’adéquation du capital est en
hausse constante sur les 3 dernières années et atteint 15 % fin 2015. Les prêts non performants baissent
sur la même période et se situent à 5 % du portefeuille de prêts.
IV.
Perspectives et réformes structurelles
Le gouvernement a placé au cœur de sa stratégie actuelle le développement d’un pôle logistique majeur
en Jamaïque, qui souhaite répondre à la concurrence dominicaine et, potentiellement, cubaine. Une
autoroute chinoise qui relie depuis peu Kingston à la côte Nord de l’île en 45 minutes, contre 2 heures
auparavant, en fait partie. La concession et l’extension du terminal à conteneurs du port de Kingston
suppose un investissement de CMA-CGM de 300 M USD dans une première phase, pouvant être porté
à 700 M ultérieurement. Avec 2,5 mètres de tirant d’eau gagné à travers cet investissement, le pays sera
en mesure d’accueillir le transit des navires de dimension « post panamax ». La première phase pourrait
situer le port autour de la 40ème position mondiale pour le trafic conteneurs à pleine exploitation, contre
le 76ème rang qu’il a effectivement occupé en 2013 selon l’association portuaire des Amériques. Un
parc logistique de 80 hectares peut être développé en périphérie, avec une structure de coûts inférieurs
potentiellement à ceux de la zone libre de Colón au Panama, et une situation géographique tout aussi
stratégique et centrale. Un nouveau cadre légal des zones économiques spéciales est en cours
d’élaboration.
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Enfin, le développement logistique passera par la modernisation de l’aéroport international de Kingston
au moyen d’une concession et la mise en place d’un guichet unique des douanes informatisé.
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