L'Astrologie Celtique: Une création
moderne?
(Commenté par Joseph Monard, celtologue et
linguiste)
par Michel-Gérald Boutet (iconologue)
N. Éd.: Les fontes pour les oghams et les coelbrens sont utiles pour lire ce texte.
Introduction
L'astrologie fascine, excite la curiosité, soulève les passions. Science cosmique ou
art divinatoire ? On la fait remonter à la nuit des temps, ou aux Chaldéens, tant on
ignore l'histoire de ses origines et ce, qu'elle soit tout occidentale ou orientale. Une
chose demeure certaine cependant, les zodiaques que l'on dit celtiques, mais qui
n'en conservent que le nom, n'ont rien à voir avec les Anciens, et encore moins avec
les druides. Cette étude ne vise pas tant à exposer les failles du système de base des
modèles proposés par les "reconstructivistes" d'astrologie celtique qu'à démontrer
que celles-ci ont une origine douteuse, voire frauduleuse.
Plusieurs tentatives ont été faites pour restaurer, et même reconstruire, le modèle
astrologique celtique ancien. Malheureusement, ces zodiaques ont été, pour la
plupart, fabriqués de toutes pièces. Il n'est pas étonnant que cette astrologie celtique
reconstituée ait très peu de ressemblance avec les systèmes d'astrologie
conventionnels tant occidentaux qu'orientaux. Faudrait-il alors parler de nouvelles
créations plutôt que de simples reconstructions à partir l'éléments existants ou de
fragments anciens? Or justement, ces fragments fossiles existent toujours !
Ceci étant, la plupart des reconstructivistes travaillent à partir de fausses données,
ou de pistes confuses, que l'on peut malgré tout imputer à l'écrivain irlando-
britannique Robert Graves. Dans son sillon, ces reconstructivistes de l'astrologie
celtique ont complètement confondu almanach et zodiaque.
Évidemment, il s'agit là de deux systèmes différents. L'almanach est strictement
lunaire alors que le zodiaque est solaire. Le premier repose sur un cycle annuel de
354,3 jours, soit approximativement 12 lunaisons, alors que le second cycle annuel
est de 365,6 jours précisément.
Autre rappel important: la lune fait le tour des 12 constellations zodiacales en un
mois seulement alors que le soleil prend une année complète pour effectuer le
même tour.
Si tout ceci nous semble bien évident, ces détails semblent avoir échappé à nos
faiseurs de zodiaques. Cependant, il y a plus grave encore: aucun de ces auteurs,
Carnac et Bliss surtout, ne se risquent à donner leurs sources. Malgré tout, en
suivant les pistes de ces auteurs, on parvient visiblement à reconnaître la forêt
derrière l'arbre!
Robert Graves savait très bien qu'un zodiaque ne peut pas être un "calendrier
perpétuel", constatation qui n'allait pas l'empêcher cependant de commettre la
méprise sur la séquence du Beth-Luis-Nion qui, selon lui, ne pouvait réconcilier les
équinoxes et les solstices avec les douze constellations zodiacales.
Donc, selon la thèse de Graves, nos zodiaques de douze mois dérivaient d'un ancien
calendrier de treize mois. Ainsi, il s'est imaginé que le signe double des Gémeaux
résultait d'une combinaison de deux constellations antérieures en une dans le but
d'arriver à harmoniser les cycles luni-solaires.
Sa suite sylvestre débute à la veille de Noël le 24 décembre ; une impossibilité car
l'année celtique luni-solaire débutait en fait à la mi-automne à la lune de fin octobre
début novembre.
Autre impossibilité : les dates fixes données par Graves contredisent les données
archéologiques recueillies sur les plombs de Coligny, prouvant que les druides
avaient ingénieusement solutionné les divergences entre les deux cycles.
Les druides comptaient à partir de la pleine lune; ce qui faisait que les dates étaient
flottantes et pas toujours en accord avec le mois zodiacal.
Des corrections inévitables devaient être faites en indexant le court cycle lunaire
avec le long cycle solaire en ajoutant un mois supplémentaire à tous les deux ou
trois ans suivant un retour de cinq ans.
Bref, il n'y avait pas de dates fixes dans le schéma druidique, que des flottantes.
Un bref rappel :
Le mois sidéral : Le mois sidéral est défini comme étant le temps de la révolution
de la lune dans un orbite à partir d'une maison donnée et son retour dans la même
constellation (c'est-à-dire, les constellations définies en tant que maisons lunaires)
en précisément dans une moyenne de 27 jours, 7 heures, 43 minutes et 11.5
secondes.
L'année sidérale : Le temps moyen d'une année sidérale est mesuré selon une
révolution complète de la terre dans son orbite autour du soleil. C'est-à-dire selon le
déplacement apparent du soleil d'une constellation zodiacale à l'autre et son retour
dans la même constellation initiale (c.-à-d. : du point vernal au point vernal, ou du
Bélier au Bélier), et ce, en précisément 365 jours, 6 heures, 9 minutes, et 9,54
secondes en temps solaire.
LE SOLEIL A RENDEZ-VOUS AVEC LA LUNE (mais la lune n'est pas là et
le soleil attend)...
Indexage des deux cycles :
Les difficultés surviennent lorsque l'on tente de combiner le cycle de lunaisons
avec l'année solaire. Le problème vient du fait que l'année lunaire moyenne est
constituée de douze mois de 354, 3669 jours alors qu'un cycle solaire complet est
de 365, 2422 jours en moyenne. La différence est donc de 10, 8753 jours
exactement.
La tâche est de combiner ces deux années en une année synchronique en gardant
bien le cours des changements saisonniers. La solution est venue avec l'ajout d'un
mois embolismique dans l'année et de l'ajout d'une année intercalaire dans les
cycles plus longs.
Les druides conçurent un cycle de trois ans dans lequel ils introduisirent un
treizièmement mois "mis de côté" qu'ils appelèrent Santarana (sanataran-os/-a/-on,
adj. = "à côté"). Cette technique du mois "embolismique" est à la base de notre
année bissextile.
À part la possibilité de l'ajout d'un mois embolismique, il y avait aussi la possibilité
de l'ajout d'un jour supplémentaire au mois Juillet, opération délicate qui devait
compliquer quelque peu les calculs. Ce premier mois supplémentaire inséré au
point vernal en mars/avril s'appelait Ciallobuis Sonnocingos, ce qui veut dire,
"indexation de la course du soleil". Dans sa course, le soleil retrouve tous les cinq
ans la lune grâce à ce stratagème des deux mois embolismiques. Le deuxième de
ces mois inséré en octobre/novembre s'appelait quant à lui Mens in Dueixtionu,
pour "mois en duplication" abrégé en MIDX dans le calendrier de Coligny.
La constellation du Serpentaire (Ophiucus) servait jadis chez les druides comme marqueur de l'initiation du
nouvel an, c'est-à-dire au moment de l'entrée du soleil en Scorpion. (crédits : M.-G. Boutet)
Durée des cycles planétaires
- Lune : 19.00011 ans, lunaison sur le même degré zodiacal pour un cycle
métonique ;
- Soleil : 33.00004 ans, pour retourner à la même position zodiacale à la même
heure du jour ;
Positions des luminaires dans le zodiaque :
Soleil en
PL (pleine
lune) en DQ (dernier quartier) en NL
(nouvelle
lune) en
PQ
(premier
quartier)
en
Balance Bélier Cancer Balance Capricorne
Scorpion Taureau Lion Scorpion Verseau
Sagittaire Gémeaux Vierge Sagittaire Poissons
Capricorne
Cancer Balance Capricorne
Bélier
Verseau Lion Scorpion Verseau Taureau
Poissons Vierge Sagittaire Poissons Gémeaux
Bélier Balance Capricorne Bélier Cancer
Taureau Scorpion Verseau Taureau Lion
Gémeaux Sagittaire Poissons Gémeaux Vierge
Cancer Capricorne
Bélier Cancer Balance
Lion Verseau Taureau Lion Scorpion
Vierge Poissons Gémeaux Vierge Sagittaire
Le combat des arbres tel qu'illustré sur le célèbre chaudron de Gundestrup issu de la culture Pontique celtique
(daté ca. 250 è.v. +/- 50 à 150 ans). Notez le mat à peine émondé figurant l'axe du monde. Les guerriers
représentent les jours, symbolisme dû à un jeu de mots en celtique : Latis = "héros", "guerrier" et "jour"
calendaire. Le calendrier se disait Lation. Les attributions de lettres respectant les données médiévales et la
philologie ne sont pas ici fortuites mais bien dans la logique traditionnelle des Celtes. Détails qui confirment la
relation des lettres avec les arbres guerriers au symbolisme constellaire ! (crédits : M.-G. Boutet)
LE COMBAT DES ARBRES
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