Le
Parvis
40 ème
saison
2014
2015
Le Parvis 40 ème saison
2014 / 2015
Jouer collectif
saison 2014 / 2015
À la lecture de la brochure de saison, chacun perçoit et ressent du sir pour la vitalité du théâtre qu’il
fréquente. Mais prendre la mesure de l’ensemble des propositions artistiques et des actions en direction du
public que les scènes nationales initient sur tout le territoire nécessite un eort de synthèse et un souci de
communication auxquels s’attache l’association qui les regroupe.
Dignes héritières du mouvement de création des maisons de la culture initié par André Malraux, sises de
part et d’autre de l’hexagone et jusqu’en Outre-Mer, les 70 Scènes nationales, emploient aujourd’hui plus
de 1700 permanents, orent près d’un million d’heures de travail à des intermittents du spectacle, totalisent
à elles seules plus de 3, 5 millions d’entrées.
Elles sont par ailleurs, un des premiers les de l’éducation artistique et de l’animation culturelle sur les
territoires, et tout particulièrement en direction des plus jeunes.
Au-delà de l’importance des chires, de l’int des statistiques de tous ordres (fréquentation, nombre de
représentations...) les Scènes nationales représentent l’un des maillons essentiel de la chaîne des théâtres
publics en Région, aux côtés des Centres Dramatiques Nationaux, des Centres Chorégraphiques Nationaux,
des Scènes conventionnées, des Pôles Cirques ou des Centres Nationaux des arts de la rue, notamment.
Elles souhaitent déclarer leur attachement indéfectible aux artistes, venus d’horizons divers, et à la création,
armer leur volonté déterminée d’un accès pour tous aux œuvres comme aux pratiques artistiques.
Devant la banalité du renoncement, dont labstention lors des élections est un des signes préoccupants, la
vigilance quant aux engagements de l’État, comme de l’ensemble des collectivités locales et territoriales est
de mise. Elle conduit l’association à militer pour le développement de ce réseau, pour ce paysage culturel
exceptionnel que les pays européens nous envient, et qui ne doit plus servir de variable d’ajustement
financier, quand les études d’impacts économiques, comme l’attachement des publics, témoignent de
manière indiscutable de l’importance des réalisations menées depuis près de 60 ans.
« Nous sommes chargés de l’héritage du monde, mais il prendra la forme que nous lui donnerons.»
André Malraux
L’association des Scènes nationales
Jouer collectif
Cette quarantième saison, nous l’avons voulue libre, audacieuse, grave et festive. Bref, à l’image d’une
vie pleine, d’une vie vivante, faite de rencontres déterminantes et de circonstances inattendues. Ainsi en
ira-t-il avec notre premier temps fort, Transports en commun, qui ouvre l’espace public à des rencontres
surprenantes dans des lieux insolites, histoire de vivre ensemble autrement, en créant des liens nouveaux
avec la cité.
Vous le verrez, les artistes qui ont inspiré cette saison sont de taille à soulever l’enthousiasme. Bartabas
et ses chevaux pour la première fois sur le plateau du Parvis, Christoph Marthaler, le plus iconoclaste des
artistes suisses, revisitant Labiche, ou Brett Bailey avec son opéra Macbeth marqueront durablement nos
esprits. Nous retrouverons, après quelques années d’absence, l’immense chorégraphe Saburo Teshigawara,
ainsi quArthur Nauzyciel, qui met en scène Splendid’s de Jean Genet avec des acteurs américains, et
Alexandre Tharaud pour un récital Scarlatti mêlé de chants flamenco. Des artistes feront pour la première
fois leur apparition au Parvis, parmi lesquels plusieurs chorégraphes majeurs de la danse d’aujourd’hui
comme Christian Rizzo, Olivier Dubois ou l’israélien Hofesh Shechter.
Les émotions de cette nouvelle saison, nous les devrons en grande part à l’étonnante surrection de la
musique dans l’art théâtral. Qu’on l’appelle comme on veut : théâtre musical, opéra, forme opératique, le
théâtre se réinvente en réinventant ses relations avec la musique. Mimi, opéra d’aujourd’hui écrit à partir de
La Bohème, ou le Macbeth du sud-africain Brett Bailey démontrent que l’opéra est en train de « forcer » les
portes des théâtres pour notre plus grand bonheur de spectateurs.
Avec Christoph Marthaler ou Huis, de Josse de Pauw, nous verrons comment texte, corps et voix s’allient pour
créer une esthétique puissante, captivante, où le comique voire l’absurde des situations renvoie au sarroi
fondamental de la condition humaine, tandis que chant et musique prennent en charge le récit. Tout aussi
remarquable est la démarche de Joris Lacoste, avec sa Suite numéro 1, qui s’empare de l’énergie collective
pour combattre et démonter les rouages des discours qui nous environnent.
Car cette saison n’est pas une construction hors-sol. Les artistes invités témoignent, à leur manière,
des dicultés du présent et de la médiocrité ambiante. Fait étrange, ils le racontent souvent avec humour,
comme s’il n’y avait plus que l’humour (fût-il grinçant) pour révéler notre hébétude et notre impuissance face
à un monde devenu illisible, plus injuste et dangereux que jamais. Urbanisme et exclusion dans Paris nous
appartient, enseignement du cynisme contemporain avec Le Prince de Machiavel revisité, conséquences
avec Trust du libéralisme dans nos vies personnelles, et même un Malade imaginaire fortement ancré dans
notre époque : toutes ces pièces nous emportent dans des discours jubilatoires pour dire combien le
monde ne tourne pas rond.
Mais de ce désastre mondial passé ou plus récent - nous verrons émerger quelques figures héroïques
capables d’inspirer notre présent. Aux côtés d’Histoires à la noix, ou de la grandeur du personnage de Jean
Zay dans Le jardin secret, notre saison aura aussi le sourire fou de Dorothée Munyaneza qui, dans Samedi
détente, réussit à redonner vie par la danse aux disparus du Rwanda.
Du destin collectif au destin particulier, il n’y a parfois qu’un pas à franchir pour accéder à des moments
d’intimité bouleversante, en compagnie de Phia Ménard et de son magnifique Vortex, ou de Jonathan
Capdevielle qui nous fait l’immense joie de créer sa nouvelle pièce Saga, ici, à Tarbes.
Au théâtre, comme en danse et en musique, œuvres contemporaines et relecture vivante du
répertoire vont naturellement de pair. Des polyphonies traditionnelles d’Europe du Sud à la folie baroque de
Vivaldi et jusqu’aux saisissants quatuors à cordes composés au XXème siècle par Bartók, Ligeti ou Stravinski,
les concerts ponctuant cette quarantième saison en seront une nouvelle fois l’illustration.
Enfin, pour tous ceux qui aiment partager le goût du spectacle avec les plus jeunes, de nombreuses
propositions vous attendent en soirée ou le mercredi après-midi pour les plus petits. En marge de ce
programme « famille », nous poursuivrons l’important travail de démocratisation culturelle entamé depuis
des années à travers une programmation scolaire de grande ampleur. En collaboration avec l’Éducation
Nationale et le Ministère de la Culture, nous organiserons ainsi, en avril 2015, un colloque sur l’éducation
artistique intitulé Des enfants et des œuvres.
Proposer au public le plus large des œuvres inattendues, porter un regard renouvelé et généreux sur le
monde, créer des liens de proximité, jouer collectif, tel est notre sir et notre devoir. Car ce qui se joue,
chaque jour et chaque soir dans nos salles, c’est aussi la représentation de la société telle quelle est :
vivante, diverse et créative.
Bonne saison !
Marie-Claire Riou
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