DU PASSÉ À L’ÉTAT
DE NOTRE MONDE PRÉSENT
On fera lire avec profit un extrait de l’article de
Gunter Anders, « Être sans temps ». (Annexes) On
pourra par la suite, faire des passerelles avec l’en-
tretien de Jean-Pierre Vincent. Au-delà du contexte
historique, quelle vision philosophique du monde
se dégage de la pièce ? En quoi renvoie-t-elle à notre
état du monde actuel ?
Dans son entretien, Jean-Pierre Vincent renvoie souvent
à des références historiques – notamment à Auschwitz.
La question posée par la mise en scène est celle du sens
qu’En attendant Godot peut avoir pour nous aujourd’hui.
Pour Jean-Pierre Vincent, notre société non en état de
« décomposition » mais en état de « re-décomposition ».
Beckett peint et reconnaît le modèle d’une irréversible
déchéance et non la promesse d’un événement salvateur.
Selon Günther Anders, L’œuvre de Beckett n’est pas
porteuse d’une pensée nihiliste, mais bien au contraire,
elle soutient l’incapacité d’être nihiliste, même dans la
situation la plus désespérée.
Il faut d’abord dire, dès les premières
répétitions, la joie qu’on éprouve à travailler
ce texte, comme il vous porte, comme il se
relance sans cesse, et ouvre de nouveaux
paysages – ou bien toujours le même
sous des angles différents. Pas d’histoire,
mais c’est toute une histoire et c’est plein
d’histoires. Scène répétitives, mais on ne se
baigne jamais dans le même fleuve.
e
n
répétant
g
odot
, jean-pierre vincent,
notes 2015.
^ Umusana, compagnie Sankai Juku © Michel Cavalca
BECKETT À REBOURS
On demandera aux élèves de faire des recherches
sur la biographie de Beckett en sélectionnant les
éléments susceptibles d’éclairer l’œuvre.
Samuel Barclay Beckett est né le 13 avril 1906 dans
une famille bourgeoise irlandaise. Il étudie le français
et la littérature à Dublin, puis s’installe en France, où il
devient très proche de James Joyce, dont il est l’assistant.
Il poursuit sa carrière académique alternativement en
Irlande et en France, avant de se lasser des milieux
universitaires et de s’installer définitivement à Paris en
1938. Le 7 janvier de la même année, il est gravement
poignardé par un proxénète notoire dont il a refusé les
sollicitations, et reçoit alors une large attention média-
tique. Fatigué par la bureaucratie judiciaire, il retire
rapidement sa plainte, et rentre brièvement en Irlande.
Il regagne la France en 1940 afin de s’engager dans
la Résistance. Profondément marqué par la guerre, il
continue néanmoins à écrire, et obtient dès la fin des
années 1940 un grand succès – notamment pour son
théâtre.
Auteur de romans, de nouvelles, de poèmes, de pièces
de théâtre et d’essais littéraires, il reçoit le prix Nobel
en 1969, ce qu’il considère comme une « catastrophe. »
Il rejette par-là l’industrie beckettienne de la recherche
universitaire sur son œuvre – recherche parmi les plus
riches de la littérature moderne.
^ Samuel Beckett par Gisèle Freund, 1962