Approche micro-économique de la net

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LA NET-ECONOMIE
Technologie, stratégies,
concurrence et croissance
Jérôme Vicente
Maître de Conférences à L’IEP
Chercheur au LEREPS-GRES
Chercheur à l’ENST-Bretagne
Membre du GDR CNRS « TIC & Société »
[email protected]
Plan du cours
Introduction
Une économie fondée sur les réseaux
Une économie fondée sur l’intermédiation
Une économie fondée sur le risque
Une économie fondée sur de nouvelles formes de
management
Un nouveau régime de croissance?
Bibliographie (sélective)
E. Brousseau et N. Curien (2001), Economie de l’Internet, n° spécial de la
Revue Economique. (****)
P. Artus (2001), La nouvelle économie, Repères, La découverte. (**)
M. Baslé et T. Pénard (2002), e-Europe: la société européenne de
l’information, Economica. (*)
N. Curien (2000), Economie des réseaux, Repères, La Découverte. (***)
G. Dang Nguyen (2001), L’entreprise numérique, collection « NTIC »,
Economica. (*****)
Problèmes économiques (2001), La net-économie à bout de souffle, La
documentation française, n° 2697. (*)
D. Cohen et M. Dubonneuil (2000), La nouvelle économie, Rapport du
Conseil d’Analyse Economique, La documentation française. (**)
Le Journal du NET : http://www.journaldunet.com/ (****)
Introduction
De la start-up qui fournit des services en ligne sur les lieux touristiques
au créateur de logiciel, en passant par le fournisseur d’accès Internet
haut débit, il y a de telles différences qu’il serait hasardeux de
s’aventurer dans la définition d’un secteur producteur des TIC.
Tout comme il serait réducteur d’investir la seule dimension microéconomique de leurs stratégies, sans porter un regard sur les
conséquences de l’agrégation de ces stratégies au niveau macroéconomique, et sans s’intéresser de près aux propriétés
technologiques.
Il est donc nécessaire de clarifier le concept même de net-économie,
de le resituer dans une triple logique : technique, micro-économique et
macro-économique. C’est là la condition nécessaire qui permet d’éviter
toute généralisation hâtive.
Introduction
En particulier, la net-économie ne concerne pas uniquement ce qui a
fait l’objet du plus d’attention médiatique : le commerce électronique
Ce dernier d’ailleurs ne représente qu’une faible partie du commerce de
détail, et son échec est une des principales raisons de l’éclatement de
la bulle spéculative et de la crise de la net-économie au début des
années 2000
 En 2002, 1.3 % des ventes de détails aux USA
 Une croissance de 110% en France, mais seulement 1,5 milliards
d’euros sur l’année 2001 (0.6 % des ventes de détails) contre 680
millions d’euros sur 2000
 secteurs les plus concernés : voyages (44%), informatique (13 %),
alimentation (11 %), biens culturels (8 %)
Introduction
La net-économie concerne tous les acteurs,
tous les secteurs institutionnels de l’économie.
Internet étant une technologie générique
(« general purpose technology, P. David), son
introduction dans le système économique
concerne tous les acteurs
Introduction
Approche technico-organisationnelle
de la net-économie
Approche micro-économique de la
net-économie
Approche macro-économique de la
net-économie
Approche technico-organisationnelle de la
net-économie
Il convient de distinguer trois couches:
Telecommunications
(goods and services
including manufactures)
Networking
La couche des infrastructures
La couche de l’infostructure
La couche de l’infomédiation
IT (goods and
services
including
manufactures)
Transmission
Online
including
interactive
Offline
multimedia
Information
content
(film production,
Information
services, media)
La distinction est nécessaire en raison des propriétés économiques qui
peuvent différencier chacune d’entre elles, mais elle ne doit pas être
exclusive de toute analyse sur leur complémentarité et leur encastrement,
non seulement dans des systèmes techniques, mais aussi s’agissant de
l’organisation industrielle des offreurs et des comportements d’adoption des
utilisateurs.
La couche des infrastructures
La première de ces couches est celle des
infrastructures, à savoir celle qui concerne toutes les
technologies de réseaux de transport de l’information.
Le temps des autoroutes de l’information, au cœur des
discours présidentiels de Clinton aux Etats-Unis ou du
rapport Théry en France dans les années 1990, est
aujourd’hui quelque peu révolu, pour revenir à des
considérations économiques et technologiques de
déploiement, de tarification et d’accès.
La couche des infrastructures
Il convient de distinguer plusieurs types de réseaux, au-delà de
l’emblématique réseau Internet. Généralement, on distingue trois types
de réseaux selon leur graphe et leur taille :
les réseaux locaux (LAN, local area network dans la
terminologie anglaise) pour des réseaux de faible
étendue géographique. Ils permettent une connexion
des machines sur un même site tels une grosse
entreprise, une administration ou un campus
universitaire.
Les réseaux métropolitains (MAN, metropolitan area
network dans la terminologie anglaise) pour des
réseaux intermédiaires. Ils permettent
d’interconnecter des machines et des réseaux locaux
sur un espace tels un bassin d’emploi, une ville et sa
périphérie voire une région.
Enfin les réseaux globaux (WAN, wide area network
dans la terminologie anglaise) pour des réseaux de
grande taille, tels les grands backbones nationaux ou
internationaux, qui permettent d’interconnecter tous
les sous-réseaux entre eux.
Les backbones
Backbone Internet, 1997
Backbone Internet, 1999
Les backbones
Les réseaux métropolitains
L’architecture d’Internet
Les normes (Internet Protocol – IP) Internet
rendent possibles l’interconnexion des
réseaux informatiques et leur administration
sur un mode totalement décentralisé.
Le réseau organise une communication entre
les machines sur la base du modèle « clientserveur », tout équipement connecté pouvant
être alternativement client et serveur
L’architecture d’Internet
Réseau internet : liaisons physiques, reliées à
des routeurs gérés par des opérateurs de
réseau
Données découpées en "paquets" avec
adresse de l'émetteur et du récepteur et
transmises suivant le protocole TCP-IP
 A chaque nœud du réseau, un routeur,
disposant de "tables de routage" fréquemment
remises à jour
 Aucune liaison permanente créée : les paquets
peuvent suivre différentes trajectoires dans le
réseau et même arriver dans le désordre
(resynchronisés après coup).
La couche de l’infostructure
La deuxième de ces couches est celle de l’infostructure,
à savoir celle qui concerne les outils d’utilisation et
d’optimisation de l’infrastructure et qui permet à une
infrastructure de réseaux d’assurer, dans un contexte
d’informatique décentralisée, une fonction d’intermédiation
et de transmission de l’information.
Navigateurs, solutions intégrées pour entreprises, industrie
du logiciel ou fournisseurs d’accès Internet peuvent entrer
de manière générale dans cette couche. Au-delà des
aspects tarification, qui caractérisent également la couche
précédente, se posent ici de manière plus saillante des
questions d’innovation, de concurrence, de coopération et
de propriété intellectuelle
La couche de l’infomédiation
La dernière couche, celle de l’infomédiation, est
probablement celle qui a suscité le plus d’intérêt dans le
développement de la net-économie, puisque directement liée
au gonflement de la bulle spéculative sur le Nasdaq à la fin
des années 1990.
Pour faire un raccourci, c’est la couche du phénomène startup. Pour la caractériser de manière plus précise, c’est la
couche des services finals dont la vocation est de fournir des
prestations de différentes natures mais dont le dénominateur
commun est d’être sous-tendue par l’usage des réseaux.
On peut ainsi intégrer dans cette dernière couche le
commerce électronique, les portails Internet ou tout autre site
agrégateur d’informations, ou créateur de contenu multimédia.
Dans cette couche, les questions prédominantes sont celles
du financement de ce type d’activité, corrélativement au
développement du secteur du capital risque, et de leur modèle
d’affaire, avec le développement du modèle de l’intermédiation
Approche micro-économique de la net-économie
Du point de vue de la micro-économie, la net-économie a suscité de
nombreuses recherches depuis le milieu des années 1990.
Selon la couche sur laquelle on se situe, le développement de la netéconomie a conduit les économistes à mobiliser les outils de la science
économique pour renouveler les analyses de la concurrence et étudier
les processus d’innovation et de diffusion technologique.
Du point de vue de l’analyse de la concurrence, la net-économie
présente les caractéristiques d’une économie des réseaux, dont les
propriétés particulières s’appliquent aussi bien à la couche des
infrastructures, de l’infostructure qu’à celle de l’infomédiation.
Ces propriétés sont relatives à la structure des coûts du côté de l’offre
et au rôle des externalités de réseaux du côté de le demande.
Approche micro-économique de la net-économie
Stratégies et concurrence dans la net-économie : le cas général
Du côté de l’offre, les biens et services de la net-économie exhibent
une structure de coûts caractérisée par un fort poids des coûts fixes et
un faible poids des coûts marginaux, et ce en raison de la faiblesse des
coûts variables.
La structure de coûts des biens et services types de la net-économie se
distinguent donc de celle des biens traditionnels, en ce sens que les
coûts marginaux seront inférieurs aux coûts moyens, entraînant des
processus de production à rendements croissants incompatibles avec
le cadre du modèle concurrentiel
Approche micro-économique de la net-économie
Stratégies et concurrence dans la net-économie : le cas général
Une infrastructure de réseau numérique
 Le montant des coûts fixes dépend des effets de taille et du
graphe du réseau.
 Les coûts moyens sont décroissants jusqu’à un niveau de
production qui correspond au seuil des rendements croissants.
 Ce seuil est d’autant plus élevé, qu’à taille donné, le graphe du
réseau permet l’interconnexion d’un nombre d’utilisateurs
élevé, assurant une meilleur répartition des coûts fixes.
 Enfin, les coûts marginaux sont inférieurs aux coûts moyens
dans la phase de rendements croissants. Le coût marginal de
connexion d’un agent situé le long du graphe sera quasiment
nul dans la limite des capacités techniques du réseau.
Approche micro-économique de la net-économie
Stratégies et concurrence dans la net-économie : le cas général
Un logiciel
 La création d’un logiciel en tant que bien caractéristique de
l’infostructure de la net-économie présente de forts coûts
fixes, représentés par des coûts de développement du
prototype.
 Les coûts marginaux correspondent alors à de simples
coûts de reproduction du prototype qui, parce que sous
forme numérique, sont très faibles.
 Les coûts moyens sont donc toujours décroissants avec le
nombre d’utilisateurs.
Approche micro-économique de la net-économie
Stratégies et concurrence dans la net-économie : le cas général
Un site de presse en ligne
 La presse en ligne, caractéristique d’un service de
l’infomédiation de la net-économie, présente une structure
de coûts différente de la presse papier.
 Les coûts fixes, représentés par la création des contenus,
sont de même nature quel que soit le support. Ils peuvent
cependant être répartis sur une base plus large lorsque le
support numérique reprend les contenus du support papier
et élargit ainsi l’audience.
 Les coûts moyens, s’ils sont conséquents pour la presse
papier en raison du montant des coûts variables (papier,
impression, distribution), sont beaucoup plus faibles dans le
cadre de la presse numérique, si bien que les coûts
marginaux sont également plus faibles, voire quasi-nuls.
Approche micro-économique de la net-économie
Stratégies et concurrence dans la net-économie : le cas général
Du côté de la demande, la dynamique d’adoption et d’usage des biens
et services de la net-économie est soumises aux externalités de
réseaux.
Les externalités de réseaux apparaissent dès lors que la satisfaction ou
l’utilité que retire un agent de l’usage d’un bien ou service est
positivement corrélée au nombre d’usagers de ce même bien ou
service.
Les biens et services de la net-économie s’appuyant tous peu ou prou
sur les notions de communication, d’interaction, voir d’interactivité,
l’usage de l’un de ces biens ou services par un agent supplémentaire
procure un accroissement de la satisfaction des autres agents.
Cet accroissement provient de l’élargissement de la base d’usagers
avec lesquels entrer en communication ou en interaction, et ce sans
qu’il y ait de transaction volontaire entre les agents.
Approche micro-économique de la net-économie
Stratégies et concurrence dans la net-économie : le cas général
La dynamique de marché des biens et services
de la net-économie, résultat de l’interaction
dynamique entre coûts et externalités de réseaux,
est soumise à un processus de rétroactions
positives qui conduit à analyser les structures de
marché dans le cadre de la concurrence
imparfaite.
L’effet « boule de neige » qui entraîne l’apparition
de structures monopolistiques provient d’un effet
interaction et d’un effet prix
Approche micro-économique de la net-économie
Stratégies et concurrence dans la net-économie : le cas général
Dès lors qu’un bien ou service de la net-économie commence à être
adopté par quelques utilisateurs, ces adoptions génèrent des
externalités de réseaux pour les prochains utilisateurs qui voient leur
satisfaction s’accroître au fur et à mesure des adoptions successives.
Cet afflux de demande va stimuler l’offre du producteur de ce bien ou
service, lequel, en raison des rendements croissants, voit ses coûts
moyens décroître au fur et à mesure que la demande augmente.
L’offreur est donc en mesure de diminuer ses tarifs tout en
reconstituant ses profits.
Cette baisse des prix va rétroagir sur la demande, attirant ainsi de
nouveaux utilisateurs.
Ce nouvel afflux de demande va de nouveau rétroagir sur l’offre, si bien
que la demande est à la fois stimulée par la demande et par l’offre.
Approche micro-économique de la net-économie
Stratégies et concurrence dans la net-économie : le cas général
Tous les offreurs ne pourront bénéficier d’une telle
dynamique de marché.
Seuls ceux qui auront atteint une masse critique
d’utilisateurs pourront bénéficier des effets des
rétroactions positives.
Approche micro-économique de la net-économie
Stratégies et concurrence dans la net-économie : le cas des infrastructures
La structure de coûts particulière du déploiement et de la gestion des
infrastructures pouvant conduire à une situation monopolistique, de
nombreux travaux ont été menés pour montrer qu’une concurrence
saine ne pouvait se développer en l’absence d’une régulation
privilégiant les accords d’interconnexion entre réseaux et les modalités
de tarification, et ce afin d’éviter les abus de position dominante et de
favoriser une concurrence, loin d’être naturelle.
En France par exemple, les droits de passage, les tarifs
d’interconnexion des réseaux, sont fixés par l’ART (Autorité de
Régulation des Télécommunications)
Approche micro-économique de la net-économie
Stratégies et concurrence dans la net-économie : le cas des infrastructures
Modalités d ’interconnexion
 Deux formes d’accords :
 peering = accord d’échanges
de trafic sans compensation
financière ( « je laisse passer
tes paquets si tu laissens
passer les miens »)
 transit =accord avec
compensation financière
Approche micro-économique de la net-économie
Stratégies et concurrence dans la net-économie : le cas de l’infostructure
On retrouve ce mécanisme de rétroactions positives dans l’analyse de
la diffusion et de l’innovation technologiques.
Au niveau de la diffusion, le mécanisme de rétroactions positives
favorise l’émergence de standards technologiques.
Dès lors que les biens de l’infostructure sont des biens de
communication (logiciel, navigateur Internet, messagerie électronique,
téléphonie mobile, …), leur diffusion est d’une part soumise à des
externalités de réseaux et d’autre part à des problèmes de
compatibilité.
Approche micro-économique de la net-économie
Stratégies et concurrence dans la net-économie : le cas de l’infostructure
La satisfaction que retirera un client d’une messagerie va
dépendre largement, outre des prix d’accès, du potentiel de
communication avec d’autres agents.
En présence de plusieurs technologies concurrentes et
incompatibles entre elles, la dynamique de marché va rapidement
conduire à la sélection d’un ou quelques offreurs : celui ou ceux
qui auront atteint la masse critique d’utilisateurs nécessaire au
déclenchement du mécanisme de rétroactions positives.
La recherche de standards est donc un des enjeux importants du
développement de la net-économie. Elle n’est pas incompatible
avec une concurrence des offreurs dès lors que la confrontation
de leurs stratégies les conduit à s’appuyer sur des technologies
compatibles
Exemple : les normes GSM, UMTS, ….
Approche micro-économique de la net-économie
Stratégies et concurrence dans la net-économie : le cas de l’infostructure
La problématique des standards technologiques est également au
cœur du processus d’innovation.
Ce dernier est cumulatif et dépendant du sentier, compte tenu de la
nécessité de rendre compatible l’innovation avec les technologies
existantes, ce qui pose des questions relatives à la propriété
intellectuelle, en particulier dans l’industrie du logiciel.
Il est également plus ouvert, en raison notamment du risque qu’encourt
une firme d’innover seule de son côté, alors même que la compétitivité
des offreurs passe de plus en plus par la coopération et la définition de
standards communs
Approche micro-économique de la net-économie
Stratégies et concurrence dans la net-économie : le cas de l’infomédiation
Certains infomédiaires ont su tirer partie du mécanisme de
rétroactions positives pour s’installer sur les marchés de la netéconomie. Leur offre étant directement destinée à la demande
finale, ce sont les mieux placés pour bénéficier des externalités
de réseaux.
Dans ce cadre-là, les offreurs qui ont le mieux résisté à
l’éclatement de la bulle spéculative sont ceux dont le modèle
d’affaire prenait en compte l’existence de cette propriété
particulière de la demande, jusqu’à en faire un principe
essentiel du marketing de l’entreprise numérique
Approche micro-économique de la net-économie
Stratégies et concurrence dans la net-économie : le cas de l’infomédiation
Ce modèle peut se résumer autour du principe de
l’attraction. Ce dernier consiste à attirer les internautes
en leur fournissant des contenus gratuits et des
possibilités d’interactions dans divers domaines.
Le but est de constituer une audience sous forme de
communautés, et de valoriser ces communautés auprès
de fournisseurs de biens et services, traditionnels ou de
la net économie, en ligne ou sur des marchés réels.
Si un tel marketing fait appel au principe des externalités
de réseaux et des rétroactions positives, c’est parce que
le site sera d’autant plus attractif que le nombre
d’individus connectés est élevé, accroissant ainsi la
probabilité de trouver la bonne information. Et
l’infomédiaire pourra d’autant plus proposer de services
et de contenus attrayants, en raison des entrées de
recettes publicitaires, attirant ainsi de nouveaux
utilisateurs.
Approche macro-économique de la net-économie
Les économistes se renvoient la balle depuis la fin des années 1990, à
coup d’analyses théoriques, statistiques et économétriques, pour
étudier si la diffusion de la technologie numérique et le développement
des usages de l’Internet met fin au fameux paradoxe de la productivité
qu’ont connu les pays développés suite à la période d’informatisation
des années 1980.
Si les Etats-Unis ont connu une période de croissance forte à la fin des
années 1990, beaucoup d’auteurs s’accordent à dire que seule une
faible partie de cette croissance peut s’expliquer par l’investissement
dans les TIC, et que rien n’indique que cette croissance se poursuivra
dès lors que la phase d’accumulation dans les TIC ralentira.
Approche macro-économique de la net-économie
Approche macro-économique de la net-économie
Le débat porte sur le fait de savoir si Internet
s’apparente à une simple innovation
technologique ou au socle d’un cycle de
croissance durable, qui conduirait à un nouveau
régime de croissance stable, succédant à la
période des Trente Glorieuses et au vingt années
de crise et d’instabilité qui ont suivi.
Entre la thèse de Gordon (2000), selon lequel la
contribution des TIC à la croissance serait très
faible, et celle de David (2001), selon lequel cette
contribution ne serait être significative dès lors
que le taux de pénétration de la technologie
n’aurait pas atteint un certain seuil, le débat est
loin d’être tranché.
Approche macro-économique de la
net-économie
En revanche, ce que la réalité
macro-économique révèle est relatif
aux aspects de financiarisation de la
net-économie.
La net-économie a connu une
période d’euphorie suivie d’une
période de crise que l’on retrouve à
travers le gonflement puis
l’éclatement de la bulle spéculative
sur le Nasdaq, comme sur
l’ensemble des places boursières
dédiées aux entreprises de haute
technologie.
la bulle spéculative : évolution de l’indice Nasdaq,
janv 1998- fev 2002
Approche macro-économique de la net-économie
•
La période d’euphorie est directement liée à un phénomène de
contagion sur les marchés financiers et une anticipation
particulièrement optimiste des perspectives de profit des entreprises de
la net-économie.
•
Durant la période du gonflement de la bulle, seulement 25% des
entreprises entrées en bourse étaient rentables au moment de leur
introduction, les capitaux risqueurs, principaux acteurs du financement
de la création d’entreprises Internet, n’hésitant pas, dans le contexte
d’euphorie et face aux perspectives de croissance, à prendre le risque
de ces introductions.
Approche macro-économique de la net-économie
Les principales raisons de l’éclatement de la bulle sont à
rechercher dans des problèmes informationnels.
Du point de vue théorique, la publication d’informations
portées à la connaissance des agents les conduit à
réviser leur croyance, si bien que le processus de
contagion peut se retourner et provoquer des
anticipations à la baisse.
Du point de vue empirique, on associe généralement la
période d’éclatement de la bulle à la publication de
données réelles, en particulier les données du
Département de Commerce Américain relatives à la part
du commerce électronique dans le commerce de détail,
largement en deçà des anticipations. C’est alors les
firmes de la couche de l’infomédiation qui ont été le plus
touchées.
Approche macro-économique de la net-économie
Evolutio n du secte ur du
cap ital- risq ue a u Etats-Unis
Les levées de fonds en
cap ital- r isque da ns
l’Interne t en millions
d’euros (co mparaison
2001-2002
- France)
Les levées de fonds IT: comparaison 2001 - 2002 (en millions
d'euros)
837
.
.
.
295
T1
133
244
&
T2
76
132
&
T3
48
166
&
T4
39
298
&
2001
2002
Annuel
Cette crise a ainsi conduit à une
rationalisation du secteur du capitalrisque vers une meilleure sélection des
projets, une diversification plus prudente
de la part des investisseurs, à une
réorientation des projets du commerce
en ligne vers le modèle de
l’intermédiation.
De nombreuses opérations de rachats
ont également caractérisé cette période,
tels le rachat de Nomade par Liberty
Surf, Infonie par Tiscali, ou Geocities par
Yahoo, … révélant ainsi que la netéconomie, en particulier la couche de
l’infomédiation, n’était peut-être pas
aussi concurrentielle que ce que les
discours des analystes auraient pu
laisser croire.
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