Fatima
Salut du Monde
conférence du Père Joseph de Sainte-Marie,
Fatima, 12 octobre 1981,
Pèlerinage de l’Association Saint-Benoit, Patron de l’Europe
« Ce que je propose, sous le titre : « Fatima, salut du monde »,
c’est un essai de synthèse, historique et théologique, j’ajouterai
même spirituel, sur le message et plus profondément sur le «
mystère » de Fatima. Et comme toute synthèse, cette réflexion
rassemble des données multiples ; d’où la difficulté de la réflexion
et de la conférence : faire tenir ces multiples éléments en un tout
cohérent, clair et organisé. C’est ce que je vais essayer de faire.
Encore une parole d’introduction, qui est très importante : lorsqu’on
aborde le problème, je veux dire le fait de Fatima, il faut se
convaincre de deux choses. La première, c’est que ce fait est
encore très mal connu - je ne parle pas, bien sûr, des spécialistes ni
des personnes qui se sont consacrées à l’étude de Fatima. Je ne
parle pas non plus des gens qui ignorent à peu près tout de Fatima.
Je parle de ces fidèles dont vous êtes sans doute, qui connaissent
déjà Fatima et qui cependant ne le connaissent que très
partiellement. Et c’est à vous très spécialement que je dis : prenez
garde, cette connaissance que vous avez est vraisemblablement
partielle car le mystère de Fatima est immense. Il y a donc les
choses que l’on sait déjà et les choses, beaucoup plus nombreuses
et plus importantes encore, qui restent à découvrir.
Deuxième condition pour aborder le mystère de Fatima : il faut
savoir - et cela est très délicat - que le message du Cœur
Immaculée de la Vierge Marie a été, est et sera de plus en plus un
« signe de contradiction ». Il est méconnu, il est combattu. Et
entreprendre une action théologique ou une action apostolique
pour connaître et faire connaître ce message, il faut le savoir, c’est
aller à la rencontre des difficultés. Cela fait partie des sacrifices que
demande la Vierge à Fatima.
Donc : il reste beaucoup de choses à découvrir ; c’est un signe de
contradiction qui demande courage et lucidité.
Cela étant, je proposerai cette réflexion en deux temps, en deux
parties. Dans la première, je vous rappellerai très brièvement
l’histoire, les faits et le message de Fatima. Dans la seconde - la
plus importante, mais que, malheureusement, je ne développerai
que très rapidement - je vous proposerai un effort de réflexion et
d’approfondissement historique et théologique sur ce message et
sur le mystère que constitue l’ensemble des faits de Fatima.
A Le Mystère de Fatima : les faits et le message.
1 Commençons donc par l’étude historique. Il faut noter tout
d’abord, c’est un des paradoxes de Fatima, que cet ensemble de
faits se présente à la fois dans une extrême simplicité et dans une
extrême complexité. Simplicité, parce que le message, je le dirai
tout à l’heure, se résume en une parole : Dieu veut établir dans le
monde la dévotion au Cœur Immaculée de Marie. En un sens, tout
est là. Voilà la simplicité. Mais , en même temps complexité
extrême, car cette unique message, révélé en 1917, a été ensuite
développé d’une manière progressive : d’où la nécessité de suivre
et d’étudier ce veloppement. Pour cela, il faut des documents
historiques qui ne sont pas tous accessibles ; il faut les examiner
critique ment, les évaluer.
Et c’est là, il faut le reconnaître, un problème très délicat. Je le dis
surtout à l’intention des spécialistes ; mais il est nécessaire qu’on
voit ces deux aspects en même temps : tout est donné dans le
noyau ; à partir de ce noyau, tout se développe et la lumière
grandit.
Ce déroulement est très important pour l’intelligence de Fatima.
2 Cela étant dit, je rappellerai rapidement les faits de Fatima.
Pour beaucoup de gens, ils se réduisent aux six apparitions de la
Vierge, du 13 mai au 13 octobre 1917. Mais, il faut savoir que les
apparitions de la Vierge ont été précédées par six apparitions de
l’Ange : trois manifestations où l’Ange est encore voilé, ne parle pas
; et trois apparitions l’Ange se montre sous la forme d’un jeune
homme et donne déjà un message extrêmement riche. Donc :
avant la Vierge, l’Ange. Et après les apparitions de Fatima, les
témoignages et la série de communications, spécialement à Sœur
Lucie.
C’est une première image pour étudier les faits. On peut les
considérer comme formant un triptyque, comme certains retables
de nos églises. Au centre, les apparitions de la Vierge ; d’un côté,
ce qui précède, l’Ange ; de l’autre, ce qui suit, essentiellement la
mission de Lucie. Ceci est très important, car les paroles qui
précèdent et les paroles qui suivent permettent de mieux
comprendre celles que la Vierge a dites dans la partie centrale. Il
faut embrasser les trois tableaux dans un seul regard. C’est une
première approche, qui est importante. Mais il faut aller plus loin.
J’ai parlé d’un développement historique et, effectivement, ce
triptyque n’est pas quelque chose de figé, c’est un mouvement qui
se roule dans l’histoire. Il s’explique de la manière suivante, très
simple, très logique : il y a la préparation ; il y a, au centre, le
message ; et il y a le développement en vue de son
accomplissement. Et cela, je vous le signale, est très biblique.
Toute l’histoire du salut, dans la Bible, est d’abord l’histoire de la
préparation de la venue du Sauveur ; c’est ensuite, au centre de
l’histoire du salut, la vie du Christ pendant ses 33 ans ; enfin, c’est
son accomplissement dans l’histoire de l’Eglise.
Vous voyez le parallélisme : la préparation par l’Ange, le message
de la Vierge, l’accomplissement par l’instrument de Dieu qui est
Sœur Lucie. Et là, je voudrais souligner un point très important,
parce que, vous le savez peut-être, il y a une série d’historiens de
Fatima qui disent : ce que la Vierge a dit en 1917, nous le
recevons ; le reste, ce sont des histoires de Sœur Lucie, nous ne le
recevons pas.
Pourquoi cette attitude n’est-elle pas acceptable ? Parce que le 13
juin 1917, la Vierge a dit à Lucie : « Dieu veut se servir de toi pour
me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la
dévotion à mon Cœur Immaculée ». Donc le 13 juin 1917, Lucie a
été établie par la Vierge Marie comme témoin de son message,
comme prophète de la volonté de Dieu. Elle a reçu cette « mission
», non pas une mission canonique : une mission prophétique. C’est
sur cette parole de la Vierge, sur cette mission donnée à Sœur
Lucie que nous nous basons pour dire l’importance des paroles
prononcées au cours de la troisième phase, celle de
l’accomplissement
3 Ayant ainsi établi, ou montré comment établir la base historique
solide de notre réflexion, présentons le message de Fatima. Il nous
est donné par les paroles de la Vierge.
Le message de Fatima, je le disais et je le répète, car on ne revient
jamais d’une manière superflue au centre, l’essentiel de ce message
se trouve dans cette déclaration de la Vierge, le 13 juillet 1917 : «
Pour les sauver (les âmes), Dieu veut établir dans le monde la
dévotion à mon cœur Immaculée. Si l’on fait ce que je vais vous
dire, beaucoup d’âmes seront sauvées et on aura la paix ».
Voilà l’affirmation centrale. Si on l’analyse, on voit qu’elle contient
une vérité doctrinale fondamentale et un appel. La vérité, c’est le
rôle de Marie médiatrice : « Elle seule, dit-elle en parlant d’Elle-
même aux enfants, peut vous secourir » (13 juillet 1917) Notez la
parole : « Elle seule ». Dieu veut que tout passe par la Médiation
de Marie. Voilà la vérité dogmatique qui est au cœur du message
de Fatima.
Et l’appel, qui est la conséquence pratique de cette vérité : pour
être sauvés et obtenir la paix, il nous faut aller à Marie en
pratiquant la dévotion qu’Elle nous demande.
Autour de ce noyau central, deux autres vérités, deux autres
aspects apparaissent. Le premier est un avertissement d’une
extrême gravité : la Vierge dénonce le péché qui est la cause des
malheurs du monde. Et le dernier est à la fois une promesse et une
annonce prophétique : « Mais, à la fin, mon Cœur Immaculé
triomphera » (13 juillet 1917).
Vous voyez comment tout s’organise de manière très cohérente
dans ces quatre points :
Premier point : l’avertissement initial, avertissement du danger qui
pèse sur le monde à cause du péché.
Deuxième point : la vérité évangélique qui va fonder l’appel de
Marie : Marie est Médiatrice. Elle seule peut nous sauver du péché
et de ses conséquences.
Troisième point : l’appel lui-même : « Allez à Marie, venez à moi,
pratiquez cette dévotion ».
Quatrième point : l’annonce du salut final : « Mais à la fin mon
cœur Immaculé triomphera ».
Je crois que nous avons vraiment le message de Fatima. Vous le
voyez, il tient en quelques mots. Mais lorsqu’on prend le temps de
les méditer, de les approfondir, ces quelques mots sont d’une
richesse éblouissante, d’une profondeur illimitée, la profondeur
même de l’Evangile. Car le message de Fatima, c’est le message de
l’Evangile passant par le cœur Immaculé de Marie.
Alors si vous le voulez, essayons brièvement quelques réflexions sur
chacun des quatre points.
4 - Premier point : l’avertissement et la dénonciation du péché. Ils
apparaissent dès les paroles de l’Ange : le grand mal du monde,
l’unique mal qui soit à craindre, c’est le péché ; et tout le reste,
misères, souffrances, divisions, guerres ,etc. et par dessus-tout
la mort, qui n’est que la conséquence du péché. Ce qui doit nous
faire peur, par conséquent, ce ne sont pas d’abord ces
conséquences qui, aujourd’hui, risquent de devenir apocalyptiques.
Ce qui nous fait peur, ce qui doit nous faire peur par dessus-tout,
c’est le péché, le péché qui est la cause de la perte éternelle des
âmes, le péché qui est la cause de la guerre et des catastrophes
dans le monde. Voilà ce que la Vierge dénonce, voilà son
avertissement.
Et parmi tous les péchés, l’innombrable litanie, l’océan des péchés
du monde, il y a un péché premier. Quel est-il ce péché premier ? Il
a un nom moderne, c’est l’athéisme, c’est le rejet de Dieu. Et cet
athéisme de masses, cet athéisme organisé, militant, conquérant,
qui est un fait nouveau dans l’histoire de l’humanité, n’est pas autre
chose que la plénitude, le plein développement du ché originel
d’Adam et d’Eve, qui a été la première négation de Dieu.
Le premier péché que la Vierge dénonce à Fatima, c’est donc le
péché de l’athéisme, ce péché général, cette source commune de
tous les péchés du monde. Et il est à noter, je le dis en passant,
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