B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique
2013-2014
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Chapitre 3
PIB, Croissance et Développement.
1. PIB nominal, PIB réel et croissance.
Nous avons vu que la richesse nouvelle créée chaque année par une économie se mesure
concrètement par le « Produit Intérieur Brut » ou PIB.
Il va sans dire que les biens et services produits sont mesurés en monnaie seule unité commune
permettant d’additionner des choux, des automobiles et des heures d’enseignement.
Lorsqu’on calcule la valeur du PIB d’une année, on le fait d’abord « à prix courants », c’est-à-dire en
valorisant les quantités de biens et de services produits et distribués aux prix de marché observés cette
année-là dans l’économie. On obtient ainsi le PIB « nominal ».
Une augmentation du PIB nominal d’une année à l’autre peut alors être due à deux causes
simultanées :
Un accroissement des quantités de biens et de services produits (donc une augmentation « en
volume »)
Une augmentation de leur prix.
Pour mesurer la croissance réelle de la richesse d’un pays, on ne s’intéresse qu’aux augmentations
« en volume », c’est-dire au PIB « réel », qui fournit la réponse à la question suivante : quelle serait la
valeur des biens et services produits au cours de l’année étudiée, s’ils étaient valorisés aux prix en vigueur
l’année précédente, ou aux prix d’une année de référence, par exemple l’année 2005 (année « de base »
actuelle) ?
Mesurer l’augmentation des prix permet de calculer le « déflateur du PIB », moyenne pondérée de
l’évolution des prix de chaque catégorie de biens et services produits. Il permet de calculer l’indice des
prix de l’année étudiée par rapport à celui de l’année de base. On obtient le PIB réel en appliquant ce
déflateur à la valeur du PIB à prix courants :
Exemple : En 2012, le PIB « à prix courants » (nominal) était de 2032,3 milliards d’euros.
L’augmentation des prix des produits a été évaluée à 12,35% par rapport aux prix observés en 2005 : cela
signifie que, si l’indice des prix à la production était de 1 (ou de 100) en 2005, il est de 1,1235 (ou de
112,35) en 2012. Ainsi, la valeur du PIB de 2012, « aux prix de l’année 2005 » est égale à :

 
En 2005, la valeur du PIB était de 1718,0 milliards d’euros : l’augmentation du PIB, en valeur réelle
est donc de :   
   
(Et non de :
  , résultat que l’on obtiendrait si l’on n’éliminait pas l’effet de
la hausse des prix.)
Cette évaluation ne tient ainsi compte que des variations « en volume » des agrégats. On considère à
juste titre que seule une augmentation des volumes produits constitue une augmentation de richesse pour
le pays, quelle que soit par ailleurs les variations de prix. En effet, une augmentation du PIB nominal (en
euros courants) peut parfois cacher une diminution du PIB réel (en volume, après élimination de l’effet
hausse des prix).
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En résumé : Le PIB nominal évalue la production de biens et de services à l’aide des prix courants.
Le PIB réel évalue cette même production à l’aide des prix d’une année de base (ici 2005). Puisqu’il n’est
pas affecté par les variations de prix, le PIB el mesure bien la production « en volume » de biens et de
services. Il reflète mieux que le PIB nominal la capacité de l’économie à satisfaire les besoins des membres
de la société.
Le taux de croissance du PIB publié chaque année mesure les variations du PIB réel par rapport à
l’année précédente, en utilisant, pour valoriser chaque année les biens et services produits, le système de
prix de l’année de base 2005.
Tableau 1 : Les variations du PIB réel en France depuis 2005 : 2008 et 2008 sont deux années de
récession (le PIB réel diminue par rapport à l’année précédente).
2. Croissance du PIB et facteurs de production.
La production résulte de la combinaison de capital et de travail au cours d’un processus
consistant à essentiellement à utiliser et transformer des matières premières, ressources naturelles, biens
intermédiaires et consommables en produits finaux. Ce processus peut être décrit par une « fonction de
production », dont la forme la plus simple est :
  
 
Exemple :      
Q représente la quantité de biens et services produits, K le volume de capital utilisé, L le
volume de travail utilisé, et la combinaison technique utilisée plus riche en capital ou en travail selon le
niveau de progrès technique de l’économie considérée, et le coût relatif des facteurs
1
.
La comptabilité de la croissance relie l’accroissement de la valeur ajoutée à celui du volume de
facteurs de production utilisés, capital et travail. Une partie de la croissance s’explique donc par
l’augmentation des quantités de facteurs utilisés.
Comment mesure-t-on l’augmentation du capital et du travail utilisé ? Comment mesure-t-on la
capacité de ces facteurs à produire de la valeur ajoutée, en d’autres termes leur productivité ?
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Ainsi, on constate que plus le niveau de progrès technique augmente, plus la combinaison des facteurs
est riche en capital ; il en est de même lorsque le coût relatif du capital est plus faible que le coût relatif du
travail : les entreprises ont alors tendance à substituer du capital au travail. L’intensité capitalistique du
processus de production (le rapport capital/Travail) augmente alors.
1,700.00
1,720.00
1,740.00
1,760.00
1,780.00
1,800.00
1,820.00
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Evolution du PIB de la France de 2005 à 2012
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2.1 Mesure du capital et de sa productivité.
2.1.1 Le capital fixe Brut
Le stock de capital résulte de l’accumulation au fil des ans des actifs fixes non-financiers acquis
par les agents économiques, déduction faite des actifs mis au rebut pour cause d’usure, d’obsolescence,
ou de cessations d’activité, donc « déclassés ».
Pour mesurer le stock de capital fixe brut à la fin d’une année t (Kt), on tient compte du stock de
capital déjà existant fin de période précédente : Kt-1, des investissements de l’année : (FBCFt) et des
déclassements effectués pendant la période : (Dt).
 
Les investissements (la FBCF) comprennent aussi bien les acquisitions d’actifs neufs que les
acquisitions d’actifs d’occasion, et les gros travaux d’entretien et de paration effectués sur les
équipements pour maintenir intacte leur efficacité productive.
Les actifs sont valorisés au prix du neuf, même s’il s’agit d’équipements d’occasion.
Les différents actifs ayant été acquis à des périodes différentes, et les prix de la FBCF augmentant
chaque année, on évaluera le stock de capital en fin d’année aux prix de l’année de référence,
actuellement l’année 2005, ce qui permettra de mesurer son évolution en volume (déduction faite de
l’inflation) sur plusieurs années.
Pour valoriser les déclassements, on applique une loi uniforme de mortalité des équipements,
analogue à celle qui est appliquée aux populations.
On attribue à chaque équipement ou matériel une durée de vie forfaitaire (30 à 40 ans pour les
constructions, de 3 à 20 ans selon leur nature - pour les autres équipements)
Chaque année, les actifs fixes perdent une partie de leur valeur, ce que mesure la Consommation de
capital fixe (CCF) : par exemple, un bien d’équipement acquis pour 100 000 et d’une durée de vie
estimée à 10 ans perdra ainsi 1/10ème de sa valeur chaque année.
Arrivés au terme de leur durée de vie, ils sont déclassés (ils disparaissent ainsi du stock de capital).
La proportion du stock de capital déclassé chaque année (ou taux de déclassement) dépend alors de la
composition par âge du capital.
En 2008, le stock de capital fixe brut était estimé à 6 343,6 milliards d’euros, en 2009 à 6 444,3
milliards. Il a donc augmenté de 100,7 milliards d’euros. Sachant que la formation brute de capital fixe a
été en 2009 de 392,1 milliards d’euros (base 2000), la valeur des déclassements de l’année peut alors être
estimée de la manière suivante :
6 444,3 = 6 343,6 + 392,1 D2009 D2009 = 6 343,6 + 392,1 - 6 444,3
= 291,4 Mrds.
La mesure du capital fixe brut ne prend pas en considération :
la dépréciation subie par les actifs au fil du temps (la consommation de capital fixe, estimée à 272,7
milliards en 2009.)
la variation de la productivité ou de l’efficacité productive de ces actifs sous l’effet du progrès
technique : celle-ci est mesurée à part, par les gains de productivité.
Les événements ou les phénomènes qui accélèrent les déclassements : crise économique (qui
multiplie les faillites), augmentation du prix de l’énergie ou progrès technique (qui accélèrent
l’obsolescence de certains équipements) ou les délocalisations d’activité à l’étranger.
2.1.2 Capital fixe Net et Consommation de Capital Fixe
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La valeur du capital fixe net se mesure en déduisant de la valeur du capital fixe brut la
« consommation de capital fixe » (CCF) cumulée, c’est-dire la dépréciation subie tout au long de leur
durée de vie par les biens d’équipements.
Par exemple, le bien d’équipement acheté il y a 4 ans 100 000 €, et dont la durée de vie est de 10
ans, aura perdu aujourd’hui en valeur 4 * 100 000/10 soit 40 000 : il sera comptabilisé pour une valeur
de 60 000 € dans le capital fixe net.
2.1.3 Mesure de l’évolution du stock de capital fixe et de son efficacité.
Le taux d’accroissement relatif du capital fixe brut, éval aux prix de l’année précédente,
mesure la croissance en volume du stock de capital d’une année à l’autre :
 
  
Le taux d’accumulation du capital mesure la FBCF en t par rapport au stock de capital en (t-1) :

  
Le taux de déclassement est égal au rapport des déclassements de la période t au stock de
capital en (t-1) :
  
De ce fait le taux d’accroissement du capital fixe brut peut être calculé par la différence entre le
taux d’accumulation et le taux de déclassement du capital. En effet :
    
 


La Productivité apparente du capital mesure la valeur ajoutée dégagée par euro de capital fixe
disponible : 

PIB et capital fixe brut sont calculés « en volume », au prix d’une année de référence (2005).
L’efficacité marginale intensive mesure la productivité apparente du capital le plus récent,
l’efficacité marginale extensive, celle de l’équipement le plus ancien encore en service.
En utilisant les indicateurs ci-dessus, on mesure les services que le capital disponible pourrait
rendre s’il était utilisé en totalité et en permanence, ce qui n’est pas le cas.
Il faut corriger la productivité apparente du capital en tenant compte :
Du taux d’utilisation du capital (calculé en pourcentage du capital disponible). Ce taux est considéré
comme plutôt faible s’il est inférieur à 80%, et on estime que l’on est en situation de plein-emploi du
capital si ce taux est supérieur ou égal à 95% : en effet, les entreprises préfèrent généralement
disposer de capacités de production supplémentaires pour faire face à une augmentation imprévue de
la demande (principe de précaution) : l’incapacité à satisfaire la demande à court terme peut en effet
faire perdre des parts de marché aux entreprises nationales, et favorise l’apparition de tensions
inflationnistes. Par ailleurs, prévoyant une augmentation future des prix des biens d’équipement, elles
ont tendance à « surdimensionner » leurs investissements, pour bénéficier des prix actuels.
De la durée d’utilisation du capital : Cet indicateur tient compte de la durée hebdomadaire effective
du travail, de l’organisation du travail (nombre d’équipes qui se succèdent sur les mêmes
équipements en 2x8, 3x8, équipes de nuit, ou équipes de week-ends), de la part des effectifs concernés
par le travail en équipe sur l’effectif total, et du recours aux heures supplémentaires ou au contraire
au chômage partiel.
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En résumé, la productivité apparente du capital se réduit lorsque le taux d’utilisation du capital
diminue sous l’effet d’un ralentissement de la demande, mais augmente lorsque la durée d’utilisation du
capital s’accroît : à quantités de capital et taux d’utilisation constants, la productivité sera plus forte si l’on
fait fonctionner les équipements plus longtemps (par jour, par semaine, mois ou année).
2.2 La productivité du travail.
La productivité apparente du travail mesure la valeur ajoutée dégagée par heure de travail
(productivité horaire apparente du travail) ou par personne en emploi (productivité par tête).

  
 
Comme dans le cas de la productivité du capital, le PIB est calculé « en volume », au prix d’une
année de référence (2005).
La productivité du travail est étroitement liée à l’intensité capitalistique du processus de
production, c’est-à-dire le rapport de la quantité de capital à la quantité de travail utilisée.
2.3 La productivité globale des facteurs.
Une part de la croissance n’est cependant pas expliquée par l’augmentation du volume des
facteurs de production : elle correspond à l’accroissement de la productivité globale des facteurs (PGF),
c’est-à-dire la capacid’une économie à mieux combiner les mêmes quantités de capital et de travail afin
de produire davantage.
Cet accroissement de la PGF peut s’expliquer :
D’une part par l’amélioration de la qualité des facteurs, à quantités utilisées inchangées :
o Les services rendus par le capital, donc sa productivité, s’améliorent :
au fur et à mesure que l’on remplace le capital existant par des équipements plus
performants. Les effets de qualité sont plus forts quand le capital se renouvelle vite, donc
lors des périodes de fort investissement. Un pays qui n’investit pas suffisamment
pendant quelques années voit son capital vieillir, et perd en compétitivité.
En fonction directe de la part des nouvelles technologies de l’information et de la
communication dans la composition du capital : en effet, plus cette part est forte, plus la
productivité du capital est élevée. Les NTIC comptent parmi les actifs les plus productifs.
o Les services rendus par le travail, donc sa qualité et sa productivité, s’améliorent :
au fur et à mesure que les générations nouvelles remplacent les générations anciennes
moins diplômées (effet d’un accroissement du niveau de formation),
lorsque la structure de lemploi se déforme en faveur de salariés très qualifiés, et dans
une moindre mesure en faveur de travailleurs plus âgés et plus expérimentés.
Depuis le but des années 80, la qualité du travail est le principal moteur de la
croissance des services rendus par le travail, alors me que le nombre total d’heures
travaillées a baissé.
D’autre part par une plus grande efficacité de la combinaison productive, essentiellement liée à :
o une meilleure organisation de la production,
o une gestion des ressources humaines et un environnement de travail plus motivants, (en
particulier la qualité des relations sociales, et l’adéquation entre contribution et rétribution
des salariés).
C’est ce que les experts nomment la « PGF pure » ou « résiduelle ».
La prise en compte de la Productivité Globale des Facteurs se traduit par l’introduction d’un
coefficient dit « de progrès technique » dans la fonction de production précédente, qui devient ainsi :
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