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19/12/2002 |
Astrologie
Art cherchant à déterminer l'influence des astres sur le caractère et le destin des hommes, attesté pour la
première fois au XVIIIe s. av. J.-C. en Mésopotamie, l'astrologie gagna le territoire de la Suisse actuelle dans le
sillage de la conquête romaine, mais n'y laissa guère de témoignages (mosaïque à Boscéaz, bassin de bronze
à Augusta Raurica, dodécaèdre à Genève). A la fin de l'Empire romain, elle tomba largement dans l'oubli, ne
serait-ce qu'en raison de la perte des connaissances indispensables au calcul de la position des astres
(Astronomie). En outre, les chrétiens, notamment saint Augustin, combattaient cet art divinatoire qui mettait
en doute le libre arbitre de l'homme et la toute-puissance de Dieu. Textes juridiques de Rhétie, la lex romana
Curiensis et les Capitula Remedii comprenaient des dispositions contre la divination. La Vie de saint Lucius
(vers 800) et d'autres manuscrits du début du Moyen Age, tels les Recognitiones Clementis de Disentis et
Saint-Gall (IXe-Xe s.), montrent que l'Eglise luttait contre l'astrologie, bien que les astres aient joué un certain
rôle dans les premiers textes chrétiens (étoile de Bethléem, par exemple).
Enseignée par les Arabes en Espagne et en Sicile, l'astrologie prit à nouveau pied en Europe au XIe s. Elle se
répandit dans toutes les couches de la société, devint une science reconnue et atteignit son apogée à la
Renaissance, bien que de nombreux humanistes, tel Pamphilus Gengenbach, l'aient caricaturée dans des
parodies de divination. Trois représentants éminents de la médecine astrologique, qui mettait en rapport les
diverses partie du corps avec les astres (microcosme et macrocosme), viennent de Suisse: Conrad Heingarter
(Defensio astrologica, 1488), Paracelse et Leonhard Thurneysen.
Les réformateurs ne jugeaient pas tous l'astrologie de la même façon: Zwingli, Calvin et Vadian s'opposaient à
la divination, mais non pas Melanchthon. Peu avant 1500, l'astrologie apparut dans les Almanachs indiquant
aux paysans les moments propices pour les travaux des champs et les saignées. La position des cinq planètes
alors connues, du Soleil et de la Lune était déterminante. Au XVIIe s., avec le développement des sciences,
l'étroite relation unissant l'astrologie, l'astronomie et les mathématiques se perdit. De plus, les Eglises,
protestante et catholique, accentuèrent leur lutte contre l'astrologie, notamment contre les horoscopes
(Superstition). Au XVIIIe s., les Lumières reléguèrent l'astrologie dans la clandestinité, malgré l'intérêt
d'astronomes réputés. Contre le désir des lecteurs, l'astrologie disparut des almanachs dans la première
moitié du XIXe s., ne survivant que dans certains dictons. Vers 1900, elle n'existait pour ainsi dire plus en
Suisse.
La crise de conscience consécutive à la Première Guerre mondiale et à la dépression économique ressuscita
une astrologie enracinée non plus dans la population des campagnes, mais dans celle des villes et dans les
mouvements ésotériques du début du siècle (confrérie rosicrucienne, par exemple), et fortement marquée au
sceau de la psychologie. Les pionniers en furent Charles Ernest Krafft, l'anthroposophe Rudolf Steiner,
l'écrivain Alfred Fankhauser et Carl Gustav Jung (principe de la synchronicité). Dès les années 1930 se
créèrent des offices de consultation, des maisons d'édition et des revues, comme Trigon que fonda
Fankhauser. Après la Deuxième Guerre mondiale, l'astrologie pénétra des milieux de plus en plus larges. Le
mouvement New Age lui donna un nouvel essor dès la fin des années 1960 (Nouveaux courants religieux,
Esotérisme). Sur un millier de personnes interrogées par sondage en 1982, la moitié environ croyait aux
influences astrales. Les Eglises, qui avaient combattu l'astrologie comprise comme substitut de la foi,
l'acceptèrent finalement en tant qu'assistance psychologique.
Bibliographie