Victor Hugo, Mélancholia

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Victor Hugo, Mélancholia
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Décomposez les figures de style que vous trouverez aux vers 5 à 8
Retrouvez dans ce poème deux parallélismes de construction et expliquez leur utilité.
Faites l’analyse de la ponctuation des vers 12 à 22.
Analysez les trois derniers vers, sur le plan grammatical .
Quel est le système d’énonciation choisi par l’auteur ?
Quel est ce type de texte ?
Quels sont les quatre champs lexicaux importants ? Comment s’opposent-ils ?
Expliquez le vers 22 en faisant appel à vos références culturelles.
Quel est le thème de ce texte ? Pourquoi a-t-il été choisi par Victor Hugo ?
Quelle est la thèse de l’auteur ? Reformulez-la en une phrase.
Méthodes et techniques, page 213
Réponses :
Réponse 1
Vers 5:
« De l’aube au soir » :Antithèse marquant la monotonie et la durée et amplifiée (hyperbole) par l’adverbe
éternellement : ces enfants ne voient jamais le soleil. Ils sont condamnés à perpétuité au travail, un enfer.
Vers 6 :
« même prison … même mouvement » : répétition indiquant la lassitude et la stérilité de cette activité.
Vers 7 :
« dents d’une machine » : personnification de l’objet, qui devient animal féroce.
Vers 8 :
« monstre hideux… mâche… dans l’ombre » : la machine est, dans une métaphore filée, assimilée à un ogre
dont l’aspect sournois est précisé par « dans l’ombre » ou « sombre » que l’on trouve au vers précédent.
L’horreur, tapie dans l’obscurité, attend pour avaler un de ces enfants.
Réponse 2
Vers 9 : « Innocents dans un bagne, anges dans un enfer ». Cette structure d’insistance présente le paradoxe
de la situation : le premier et le second terme de ces parallélismes s’opposent. En effet « bagne » et « enfer » sont
destinés aux coupables et aux démons, et non aux enfants, représentés métaphoriquement par les termes d’
«innocents » et « anges ». Ils ne sont donc pas à leur place au travail.
Vers 11 : « Jamais on ne s’arrête et jamais on ne joue ». Encore une fois, l’auteur insiste sur l’aspect définitif et
tragique de la situation, assimilée à une condamnation. Le verbe « jouer » est celui qui pourrait indiquer
l’activité normale de ces enfants. Normale, mais qui n’est « jamais » pratiquée. Ces enfants sont ainsi privés
d’enfance.
Réponse 3
Un relevé de la ponctuation dans cette partie du poème permet de constater la présence de sept occurrences du
point d’exclamation, ainsi que celle de deux points, de six virgules, de guillemets (une fois) et de tirets (une
fois).
Le fait le plus important est donc l’abondance de phrases exclamatives, qui révèlent le ton employé par l’auteur.
Ce ton est exalté et indigné comme dans les expressions « Rachitisme ! », « Ô servitude infâme imposée à
l’enfant ». Il est parfois marqué par la pitié :« Aussi quelle pâleur ! », « hélas ! », par l’accusation véhémente
« voyez ce que nous font les hommes ! » ou par l’ironie : « son fruit le plus certain ! », « …de Voltaire un
crétin ! »
L’utilisation du style direct, encadré par les guillemets, met dans la bouche des enfants une hypothétique
prière, qui en appelle à Dieu comme témoin de cette injustice. Cette prière permet d’adresser indirectement un
reproche aux hommes responsables de cette souffrance et d’en appeler à leurs sentiments chrétiens, comme le
font Voltaire dans sa « Prière à Dieu » ou Montesquieu dans De l’esclavage des nègres.
Enfin, les tirets permettent de mettre sur un autre plan une remarque ironique de l’auteur
« - C’est là son fruit le plus certain ! - » dans une phrase dont la tonalité générale ne prête pas à sourire, même si
les exemples choisis juste après sont caricaturaux.
Réponse 4
La dernière phrase du texte est une phrase sans verbe principal. Elle est composée d’un groupe nominal (nom +
adjectif ) antécédent de trois subordonnées relatives introduites par « qui ». Il s’agit donc d’une phrase
nominale, malgré la présence de trois verbes conjugués. L’auteur dresse un constat final sous forme générale,
comme il pourrait le faire dans un titre. Il est d’ailleurs curieux de constater que la phrase précédente a la même
structure. L’auteur, en fin d’argumentation, définit dans ces deux dernières phrases ce qu’est, selon lui le travail
des enfants, quelque chose qui n’est plus le travail, qui n’en a pas les mérites, quelque chose de monstrueux.
Réponse 5
Le système d’énonciation choisi par l’auteur de ce texte n’est pas classique. Il ne s’adresse pas directement au
lecteur et n’utilise ni la première ni la deuxième personne.
Au contraire, il pose au début une question vague, presque innocente, qui introduit son thème (l’enfance) puis
précise le cadre par deux autres questions sur le même thème.
Après cette introduction, il propose une réponse, dans une longue description imagée des enfants cheminant
vers leur lieu de travail, et qu’il poursuit en imaginant la journée qu’ils vont y passer.
La conclusion du texte, sous forme de phrases nominales, définit toute l’horreur d’une telle leur situation.
Réponse 6
Il s’agit donc, comme cela la été démontré dans la réponse 5, d’une argumentation bien structurée, présentant
un thème en introduction, des exemples concrets servant d’arguments et la thèse de l’auteur en conclusion.
Cependant, l’auteur choisit la forme poétique, dans une évocation au titre élégiaque. La tristesse du propos n’en
diminue pas la virulence. Au contraire, par l’image, Hugo frappe l’imagination du lecteur et l’exhorte à la pitié.
Réponse 7
Les champs lexicaux présents ici sont celui de l’enfance, bien entendu, associé à celui du travail, de façon à
montrer que ces deux univers cohabitent mal. Les réseaux lexicaux sont nombreux et bien imbriqués. On peut
ainsi trouver le champ lexical de la maladie, de la souffrance, de la mort, ainsi que celui de l’injustice, ou
celui de l’enfer.
Il faut retenir comme importants les champs lexicaux de l’enfance (« enfants », « filles », « innocents »,
« joue », « petits », « l’enfant », « l’âge tendre ») , le champ lexical du travail, réparti tout au long du texte
(« travailler quinze heure sous des meules », « machine », « airain », « fer », « œuvre », « fruit », « richesse »,
« outil »), celui de la souffrance, avec les termes « fièvre », « maigrit », « enfer», « pâleur », « déjà bien las »,
« servitude », « rachitisme », « étouffant », « qui tue », « mauvais » ) et enfin celui du malheur, représenté par
les expressions « seules », « prison », « sous les dents », bagne », « enfer », « cendre » , « destin », « servitude
infâme », « bossu » ou « crétin » (des infirmités congénitales) et le mot « misère ».
Réponse 8
Apollon, dieu grec de la beauté, Voltaire, le plus grand philosophe du Siècle des Lumières sont des exemples
par l’absurde de la façon dont le travail peut transformer l’être le mieux disposé, le plus doué, au départ. La
relation est double car Voltaire a lutté contre toutes les injustices et Apollon représente aussi ce soleil que les
enfants ne voient jamais… Ce vers est à mettre en relation directe avec le chiasme (=construction grammaticale
en croix, dans laquelle on inverse l’ordre les termes du parallélisme) du vers 20 : le travail détruit « la beauté (A)
sur les fronts (B), dans les cœurs (B) la pensée (A). » La beauté est reprise par Apollon, la pensée par Voltaire.
Réponse 9
Le thème de ce texte est le travail des enfants. Il a été choisi pour dénoncer une situation que l’auteur considère
comme contraire à la morale, et qui va être l’objet de son roman le plus célèbre : les Misérables. Nous sommes
au dix-neuvième siècle, à l’aube de la révolution industrielle, dont Zola nous fera nombre de descriptions
émouvantes. Victor Hugo est l’un des premiers à parler des classes sociales défavorisées. Il présente, dans ce
texte devenu rapidement célèbre, l’un des premiers écrits sur ce thème, en s’adressant aux bourgeois, qui
s’enrichissent grâce à cette exploitation, légale à l’époque, et qui préféreraient sans doute ne pas voir la
souffrance et la misère qu’ils causent.
Réponse 10
L’auteur soutient dans ce poème qu’il est inhumain de faire travailler des enfants.
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