Civi all CM Chapitre II : Les débuts de l`histoire allemande Zitat «Ce

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Chapitre II : Les débuts de l'histoire allemande
Zitat «Ce n'est pas dans mes forêts vierges germaniques qu'a commencé l'histoire allemande, mais à Rome ».
L'écriture de l'histoire allemande est en soi qqch de problématique. Dès les débuts de l'histoire allemande, la
civilisation romaine a joué un rôle capital : Empire romain, la chretienneté, et la capitale de l'Italie, Rome. Il y a
de nombreuses difficultés qui s'opposent à l'écriture de l'histoire allemande. Tout d'abord on ne sait pas
exactment de quoi parler en définissant l'Allemagne :
–
un Etat ? En Allemagne on a longtemps eu affaire à plusieurs Etats [Saint Empire romain germanique, 9621802]. Le 1er Etat est crée en 1871.
–
un peuple ? A l'origine, les Germains étaient une pluralité de tribus qui vont se mélanger . De + le terme
peuple est polysémique : ethnique, démocratique, plebs (seulement une certaine couche de la société).
–
Une nation ? La conscience nationale est très tardive en Allemagne (début du 19ème, avec la guerre et
l'occupation napoléonienne)
–
un Empire ? Polysémique aussi ...
Le mot Deutschland lui-même n'est pas évident. C'est un mot qui apparaît au 15ème siècle, alors que le mot
Deutsch apparaît bcp + tôt (adj mais qui désigne une langue). Il vient de theodiscus (8ème siècle). Theodiscus
=> diutisk=>thiudisc=>diutsche=>deutsch. A un certain moment, il y a eu convergence avec un terme latin :
teutunicus (9ème siècle), qui au début désignait une tribu des germains.
Deutsch est au départ un pur concept. Petit à petit, il y a une convergence de deux termes latins pour
désigner de façon péjorative le peuple germanique (ce sont les Romains qui les désignaient ainsi). Les traces
écrites apparaissent avec le contact entre la Germanie et l'Empire Romain. En 98 ap JC, Tacite écrit Germania.
I. LES PRINCIPAUX JALONS DE CETTE « PREHISTOIRE » (VORGESCHICHTE) ALLEMANDE
A) Divers aspects du contact entre les 2 mondes (romain et germanique)
Avant Tacite, les connaissances au sujet des Germains relèvent plutôt de la préhistoire. Les Germains
sont des peuples nomades dont l'émigration s'étale sur 1500 ans (4ème/5ème siècle ap JC =
Völkerwerderung, migration des peuples). A l'origine, les Germains venaient du sud de la Scandinavie et
vont monter. Vers la naissance du Christ, ils atteignent l'Empire romain. L'image donnée par Tacite du
Germain est celle d'un homme fruste, simple, épris de liberté, attaché à sa maison, à la nature, le monde
lui apparaît lointain, mystérieux. Les Germains vivent dans un univers hostile, froid. Les contacts sont :
–
d'abord militaires : victoire d'Arminius le Chérusque sur le légionaire romain Varus (an 9 ap JC) dans
la forêt de Teutoburger. Cet événement a été repris au 19ème siècle (au moment de la conscience
nationale)
–
au-delà des combats, leur histoire commune est celle d'une fascination réciproque. Les Germains
avaient la réputation d'être de bons soldats, les Romains ont tenté de les enrôler. A l'inverse, les
Germains sont fascinés pour les Romains, dont ils cherchent à acquérir la citoyenneté (insitutions
élaborées... civilisation raffinée qui fascine les Germains). Ce contact fécond va se matérialiser à
partir de 90 ap JC sous la forme de limes : ligne de contact entre le monde germanique et le monde
romain, ligne de protection militaire, économique...cf doc 5 : région Rhin, Danube. Mais c'est une
construction romaine qui sera détruite en 250 ap JC par une tribu germanique, les Alamans. C'est
une protection symbolique mais qui symbolise surtout le contact culturel, économique... Le limes à
l'époque représentait la frontière religieuse, jusqu'au 2ème/3ème siècle. Au delà-s'étendait le culte
païen. La fascination pour le monde romain va perdurer au delà des invasions barbares + disparition
de l'empire romain
B) Dates à retenir
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9 ap JC : victoire d'Arminius le Chérusque sur le légionaire romain Varus (an 9 ap JC) dans la
forêt de Teutoburger
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

90 ap JC : création du limes
98 ap JC : Tacite écrit Germania
375 – 568 : invasions barbares

395 : L'Empire romain est affaibli par sa scission (Empire romain occidental/Empire oriental)

476 : L'Empire romain disparaît sous le coup des invasions barbares Odoakei qui destituent le
dernier empereur romain Romulus. A partir de 476, la référence à l'Empire va être de l'ordre du
souvenir, mais très vivante.
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800 : couronnement de Charlemagne à Aix-la-Chapelle

843 : Traité de Verdun conclu entre Charles le Chauve, Louis le Germanique et leur frère
Lothaire. Il aboutit au partage de l’empire de Charlemagne entre la Francie occidentale, la
Germanie et la Lotharingie. On peut donc dire que Charles le Chauve est le premier roi de France
(Rex Francorum) et Louis le premier Empereur proprement allemand, tandis que Lothaire est
placé à la tête de l’Italie et de ce qui, de la Suisse à la Belgique, constituera une zone tampon
entre Français et Allemands + déclin de l'Empire carolingien


911 : Konrad I
962 : Otton le Grand, souverain Germanique, Roi d’Italie, protecteur du Saint-Siège, se fait
couronner à Rome par le Pape et fonde le Saint-Empire romain.
C) L'émergence des Francs
Les recherches sur les Germains relèvent de l'archéologie et de l'ethnologie. 6 grands peuples (tribus)
sont à l'origine des divisions :
–
les Fridons
–
les Saxons
–
les Francs
–
les Turingiens
–
les Alamans
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les Bavarois.
Parmi ces peuples, les Francs vont se distinguer petit à petit :
–
par des conquêtes :
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à l'ouest, en Gaulle, sous la dynastie des Mérovingiens, dynastie créee par Clovis [le nom
vient du grand-père de Clovis, Mérovée], 481-571
–
à l'est, sous les dynasties Pippinides (qui succèdent aux Mérovingiens, > Pépin le Bref [751768] et Carolingiennes (> Carolus Magnus = Charlemagne ; vie : 747-814)
–
par des actions d'unification des tribus en un seul royaume : A la mort de Clovis, ses successeurs
vont au-delà du Rhin (est). A cette époque, conquêtes et missions religieuses sont étroitement
reliées. Pour certains historiens, c'est Charlemagne qui marque son entrée dans l'histoire allemande
(soumission par Charlemagne de 2 chefs de tribus bavaroise et saxonne)
L'aura de Charlemagne a perduré. D'abord roi des Francs de 768 à 814, il devient empereur d'Occident
en 800, jusqu'en 814. Son rayonnement tient à plusieurs aspects de sa personnalité :
–
qualités militaires, la plus longue guerre qu'il a menée étant celle contre les Saxons, d'où il est sorti
vainqueur
–
c'est un souverain lucide, il sait que c'est un territoire difficile à gouverner, c'est pourquoi il crée des
marches (terme géographique = régions gouvernées par des guerres militaires) aux confins de
l'Empire + il s'appuie sur l'Eglise chrétienne et des intermédiaires (ducs, comtes...)
–
prestige de son règne, il est couronné empereur à Rome en l'an 800
En 476, l'image de l'Empire commençait à être de l'ordre du souvenir. Avec ce couronnement, on assiste
à une première renaissance d'une forme d'Empire, en la figure de Charlemagne : renouveau intellectuel
et artistique, souci du rayonnement intellectuel.
Les suites sont « brillantes » : En 811, Louis le Pieux fait couronner son fils, mais sous ses petits-fils,
l'Empire va se morceler en 3 (843) : c'est la création du traité de Verdun, conclu entre les 3 frères :
–
Charles le Chauve reçoit la partie occidentale (Gaulle)
–
Charles le Germanique reçoit la partie orientale (Allemagne)
–
Lothaire reçoit la partie médiane (> Loraine)
Ce partage est lourd de conséquences : il y a des oscillations entre les territoires comme patrimoine
privé ou comme empire indivisible.
En 843, c'est le déclin de l'Empire carolingien. Traditionellement, on fait débuter l'histoire allemande
avec l'arrivée au pouvoir de la dynastie saxonne (919 ap JC), fondatrice en 962 du St Empire Romain
Germanique. Le passage des Carolingiens aux Saxons se fait en 2 temps : le duc de Franconie (non
carolingien mais franc), Konrad (911) est au pouvoir, mais il choisit comme successeur quelqu'un d'une
autre dynastie en 919 : Henti l'Oiseleur, père d'Otton (duc de Saxe).
II. LA NOTION D'EMPIRE : LE PRESTIGE D'UNE NOTION COMPLEXE
Il y a une polysémie du terme « Reich ». Il peut être la traduction de 2 mots latins :
–
–
regnum, maîtrise d'un territoire qui repose sur un potestas (maîtrise réelle)
imperium, empire, qui repose sur une auctoritas (maîtrise morale)
En Allemagne, depuis la fin de l'Empire Romain Occidental, l'Empire fait surtout l'objet de nostalgie, d'idéal
impérial, il fait rêver, mais il est rendu complexe par l'enchevêtrement des idéaux :
–
héritage carolingien
–
héritage romain disparu
–
universalisme chrétien
A) Un phénomène historique singulier (962-1086)
La nostalgie de 476 explique les 2 renaissances :
–
empire carolingien
–
St Empire Romain germanique (962 - 1806) : donc quand on parle d'Empire, les Allemands pensent
au St Empire, qui est assez paradoxal puisqu'il a une longévité exceptionnelle mais qui en même
temps a une extrême fragilité politique. Durant la période du St Empire, les institutions vont
connaître un délabrement progressif au cours du temps, et en même temps l'idéologie liée au St
Empire va rester très vigoureuse pendant longtemps (jsq 17ème siècle).
B) Les sources philosophiques et religieuses

les sources philosophiques proviennent de la philosophie stoïcienne : mouvement né en Grèce
au 13ème siècle av JC, l'éthique est caractérisée par l'indifférence des biens d'ici-bas et un
cosmopolitisme (ils considèrent qu'il y a une communauté de destin, que les hommes sont tous
égaux...) ; idée d'universalité.

Les sources religieuses proviennent du christiannisme, qui va se combiner au stoïcisme (qui lui
est antérieur) = relais quand l'Empire romain a disparu
C) Rôle de l'Eglise et des papes dans la perpétuation de l'idée impériale dans son caractère
d'universalité
Il y a une perpétuation de l'idée impériale par l'Eglise : le Pape et l'Empereur sont à l'époque chefs de la
chretienneté, ils avaient mutuellement besoin l'un de l'autre : l'Empereur a besoin du Pape pour garantir
sa succession impériale, et il protège en échange la chretienneté. Le Pape renforce l'aura de l'Empereur
en le sacrant (caractère sacré de son pouvoir). Sous Otton Ier, les évêques vont entrer dans la vassalité
du Roi, ils deviennent indépendants. Les 2 autorités vont entrer en concurrence et vont être amenées à
se disputer
: qui est le meilleur défenseur de l'autorité impériale? => querelle des investitures (cf
chapitre suivant), souvent analysée comme un premier genre de séparation des pouvoirs.
D) Oscillation perpétuelle entre l'universalisme de l'idée d'Empire et la conception particulière d'un
royaume (imperium/regnum)
L'oscillation correspond à 2 conceptions du pouvoir (Verdun) :
–
royaume comme patrimoine privé
–
comme empire indivisible
L'idée d'empire entraîne l'idée d'une dimension militaire (idée de conquête). La rupture de 911marque le
retour de la monarchie élective, malgré les efforts pour établir l'hérédité de la succession.
Henri Ier se réfère à la tradition franque (il veut se faire reconnaître par les Carolingiens de l'Ouest), il
récupère la Loraine avec Aix la Chapelle en 925 (importa,ce symbolique). Son fils Otton s'y fait
couronner roi en 936.
E) La dimension militaire ( Heerkaisertum ) et hégémonique
De nombreuses victoires auront lieu, comme celle d'Otton sur les Hongrois (955 Lechfeld : Otton
qualifié d'Imperator)
Il y a une ambivalence de la notion : à la fois un caractère idéologique de ce pouvoir , un prestige de
l'universalité et un pouvoir réel avec des puissances territoriales qui vont s'affirmer de + en +. La place de
Charlemagne reste une référence majeure, à côté de la référence à l'Empire romain, au moins jusqu'au 17ème.
Ses successeurs vont être couronnés à Aachen (référence à Charlemagne, en 800; le dernier empereur qui y
sera couronné est Ferdinand Ier. Aix la Chapelle et Rome deviennent 2 villes pleines d'aura. Les insignes du
pouvoir de Charlemagne reflètent tous les aspects de la notion d'empire :
–
dimension chretienne : croix sur la couronne
–
dimension d'universalité : die Weltkugel = der Reichapfel
–
dimension militaire : l'épée = das Reichschwert
–
la couronne, symbole du pouvoir réel et de la souveraineté
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