Après l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand le 28 juin à Sarajevo le 1er août,
l’ordre de mobilisation générale est donné et Cassin rejoint le 311e Régiment d’infanterie de
ligne. Pendant la bataille de la Marne, en octobre, le Caporal Cassin est blessé et devient un
reformé de guerre. Cette expérience de la guerre sur le « terrain » va profondément le
marquer.
Cinquante ans plus tard, René Cassin confiera: « C’est véritablement la guerre
1914-1918 qui m’a tiré du confort moral provisoire ou, pour être moins sévère, de la
concentration à laquelle je m’étais astreint. Cette guerre m’a marqué très profondément et
pour toujours, comme beaucoup de mes camarades. » Cette guerre est donc à la source de son
engagement.
On lui propose un poste d’enseignant alors qu’il n’est pas encore agrégé à l’université
d’Aix. René Cassin épouse Simone Yzombard le 29 mars 1917 à Paris Alors que pendant la
guerre, il était resté auprès de ses camarades blessés de guerre, en 1920, il se rapproche de
l’Organisation internationale du travail (OIT) où il provoque très rapidement une action
positive en faveur des anciens combattants. Il prend ensuite rapidement la présidence de
l’Union Fédérale des anciens combattants. Il sera amené à représenter cette catégorie sociale
au sein de la SDN, et sera un représentant important en France des anciens combattants.
Dès 1933, il pressent le danger Nazi et il va se battre en vain au sein de la SDN afin
que celle-ci soit forte et qu’elle impose le respect du droit.
En 1940, il prend la décision de rejoindre avec sa femme le général de Gaulle malgré
leurs divergences d’opinion politique. Comme lui, ce dernier a compris que la guerre serait
mondiale. Du fait de sa judéité, Cassin sait qu’il ne peut pas être le chef de cette « résistance »
extérieure. Il met cependant toutes ses connaissances et son savoir juridique à la disposition
du général. Il travaillera pour la France Libre durant la guerre. Il sera notamment l’artisan des
accords Churchill-de Gaulle et organisera la reconnaissance du « gouvernement » du général
par les Alliés.
Après la guerre, il commence son œuvre principale, celle pour laquelle il restera dans
l’Histoire. Membre de la commission chargée d’écrire la Déclaration Universelle des droits
de l’homme, il y occupe une position centrale. La rédaction s’inspire des déclarations
françaises de 1789, 1793 et d’autres moins connues en France comme l’habeas corpus anglais
et le préambule de la constitution américaine ?). Il s’ouvre aujourd’hui une polémique sur la
prépondérance des idées de Cassin dans l’écriture de cette déclaration. Pour Marc Agi, le
doute n’est pas permis, René Cassin est bien le père fondateur de la Déclaration.
En octobre 1968, René Cassin reçoit le prix Nobel de la paix, « en raison de ses
travaux en tant que vice-président de la Commission de l’ONU qui, en 1948, publie la
Déclaration universelle des droits de l’homme. ».
Alors qu’il est depuis 10 ans juge à la Cour européenne, qu’il a présidée pendant près
de 9 ans, il se retire pour reprendre sa liberté de parole, désolé que son pays n’ait pas ratifié la
convention européenne des droits de l’homme. Trois ans plus tard, en octobre 1973, il réussit
à faire ratifier la Convention, après 23 ans de réflexion.
René Cassin décède en 1976.
Le 5 octobre 1987, les cendres de René Cassin sont transférées au Panthéon. Il voulait
être au Panthéon pour servir d’enseignement à la jeunesse. Il devient ainsi une sorte de
« soldat de l’idéal » des droits de l’homme.