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Les interactions entre plantes médicinales et médicaments, page 1 sur 7
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En bref
Plusieurs personnes vivant avec le VIH/sida (PVVIH) utilisent des plantes médicinales
en association avec des médicaments livrés sur ordonnance et des produits
pharmaceutiques en vente libre. Bien quelles soient considérées comme naturelles,
plusieurs de ces plantes peuvent interagir avec les médicaments, provoquant ainsi de
graves effets secondaires et/ou une réduction des bienfaits des médicaments.
Malheureusement, il existe peu de données scientifiques sur les interactions plantes-
médicaments, donc il est important dêtre à laffût dinteractions éventuelles lorsquon
associe les remèdes à base de plantes aux médicaments. Pour réduire le risque
dinteractions nuisibles, on devrait informer tous ses fournisseurs de soins (médecins,
infirmières, pharmaciens et praticiens de thérapies complémentaires) de tous les
médicaments et plantes médicinales que lon prend.
Que sont les remèdes à base
de plantes médicinales?
Il sagit de plantes ou de produits dérivés de
plantes qui sont utilisés pour prévenir ou traiter
les maladies. On emploie également les termes
phytothérapie, préparation dherboristerie et
remède phytothérapeutique. Plusieurs plantes
ont des propriétés médicinales; de fait, plusieurs
médicaments pharmaceutiques ont été dérivés
de plantes. Dordinaire, pour préparer les
plantes médicinales, on en broie ou en fait
infuser les parties qui ont la réputation de
renfermer les propriétés médicinales. Les
remèdes qui en découlent prennent plusieurs
formes, notamment des comprimés, des
capsules, des extraits et des infusions. On peut
les manger, les avaler, les inhaler ou les
appliquer sur la peau. (Pour en savoir plus,
lisez Un guide pratique des plantes médicinales
pour les personnes vivant avec le VIH dans le
site de CATIE à ladresse www.catie.ca.)
Que sont les interactions
plantes-médicaments?
Lorsque les plantes médicinales et les
médicaments (sur ordonnance ou en vente libre)
sont utilisés ensemble, ils peuvent interagir à
lintérieur du corps et entraîner des changements
LES INTERACTIONS ENTRE
PLANTES MÉDICINALES
ET MÉDICAMENTS
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dans laction des plantes et/ou des
médicaments. On appelle ce genre de
changement une interaction plante-médicament.
Ces interactions peuvent être utiles ou nuisibles;
tout dépend de la nature de linteraction.
Pourquoi est-il important
de se renseigner sur les
interactions plantes-
médicaments?
Ces interactions peuvent avoir un impact sur
votre état de santé et lefficacité de vos
traitements. Par exemple, certaines plantes
médicinales pourraient:
Accroître le nombre deffets secondaires et
provoquer de la toxicité;
Affaiblir leffet thérapeutique des
médicaments et provoquer léchec du
traitement. (Dans le cas de la multithérapie
antirétrovirale, une telle interaction peut
aussi donner lieu à des résistances
médicamenteuses et, de ce fait, limiter le
nombre doptions thérapeutiques futures);
Modifier laction des médicaments de sorte
à entraîner des complications inattendues;
Augmenter leffet thérapeutique des
médicaments de sorte à causer une
surmédication.
Pour leur part, les médicaments, quils soient
livrés sur ordonnance ou offerts en vente libre,
peuvent modifier la façon dont votre corps
réagit aux plantes médicinales.
Quels sont les mécanismes
des interactions plantes-
médicaments?
1. Interactions pharmacocinétiques
Les interactions pharmacocinétiques provoquent
des changements dans la façon dont les plantes
et les médicaments circulent dans le corps. Elles
peuvent modifier les taux de médicament(s) dans
le corps. Si linteraction fait augmenter le taux
dun médicament, des effets secondaires et/ou
de la toxicité peuvent se produire. Si linteraction
fait baisser le taux du médicament, il risque
dagir moins efficacement, ce qui peut donner
lieu à léchec du traitement et/ou à lémergence
de résistances médicamenteuses. Ce genre
dinteraction peut avoir lieu dans plusieurs
endroits dans le corps.
Lestomac (tractus gastro-intestinal)  Lorsque
les plantes et les médicaments se prennent
par voie orale, ils passent habituellement dans
le sang à partir de lestomac et les intestins.
Les plantes peuvent influer sur labsorption des
médicaments de sorte que les concentrations
sanguines de ces derniers changent. Par
exemple, certaines plantes peuvent modifier
lenvironnement physique de lestomac,
notamment le taux de pH. Dautres sont
susceptibles de se lier aux médicaments de
sorte que ces derniers demeurent dans
lestomac au lieu dentrer dans le courant
sanguin. Certaines plantes, telles que les
laxatifs, peuvent accélérer le processus digestif.
Lorsque cela arrive, les médicaments sont
présents dans lestomac moins longtemps et
sont donc absorbés en moins grande quantité.
Le foie Une fois dans le sang, plusieurs
médicaments doivent être métabolisés (altérés
chimiquement) par le foie soit pour devenir
actifs en tant que traitement soit pour être
évacués du sang. Ainsi, le foie joue un rôle
important dans la régulation des taux sanguins
des médicaments et influe beaucoup sur
lefficacité de ces derniers. Les plantes
médicinales (et les médicaments) peuvent
modifier la façon dont les médicaments sont
métabolisés par le foie. Lorsque les plantes
stimulent ou inhibent laction des enzymes
hépatiques (du foie), elles peuvent modifier
les taux de médicaments actifs dans le sang.
Il sagit du mécanisme dinteraction le plus
important entre les plantes médicinales et les
médicaments antirétroviraux.
Les reins Certains médicaments sont éliminés
du sang par lentremise des reins. Les plantes
qui perturbent le fonctionnement des reins
peuvent influer sur les taux de médicaments
dans le sang. Si la plante réduit la fonction
rénale, le taux de médicament risque de
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saccroître. Si la plante stimule la fonction
rénale, le taux de médicament peut diminuer.
2. Interactions pharmacodynamiques
Le terme interaction pharmacodynamique se
rapporte à la façon dont les plantes et les
médicaments influent les uns sur les autres
dans le corps. Lorsquils sont pris en même
temps, les plantes et les médicaments peuvent
agir conjointement (effet synergique) ou en
opposition (effet antagoniste). Par exemple, si
chaque produit provoque indépendamment les
mêmes effets toxiques, lutilisation conjointe
des deux produits accroîtra lintensité des effets
secondaires. Plusieurs interactions plantes-
médicaments se trouvent dans cette catégorie.
Les interactions pharmacodynamiques sont
difficiles à prévoir et à prévenir.
Que savons-nous sur les
interactions plantes-
médicaments?
Malheureusement, on en sait très peu sur les
interactions entre les plantes médicinales et
les médicaments. Les raisons de ce manque
de connaissance sont multiples. En voici un
aperçu:
Les recherches sur les plantes médicinales
en sont à un stade beaucoup moins avancé
que les recherches sur les produits
pharmaceutiques. Les produits dherboristerie
ne sont pas évalués autant que les produits
pharmaceutiques, et on en contrôle moins
linnocuité et la possibilité dinteractions. De
plus, il est rare que les études sur les produits
pharmaceutiques envisagent la possibilité
dinteractions avec les plantes;
Traditionnellement, la pureté et la puissance
daction des plantes médicinales ne sont
soumises à aucune réglementation. Les
ingrédients que renferment les produits
dherboristerie peuvent varier grandement
dun fabricant à lautre et même dun lot à
lautre chez un même fabricant. Voilà
pourquoi la Direction générale des produits
de santé naturels de Santé Canada travaille
actuellement à la mise en oeuvre dun cadre
réglementaire pour régir la mise en marché
des produits de santé naturels;
La plupart des professionnels de la santé
nont pas dexpérience clinique en ce qui a
trait à lutilisation conjointe de plantes et
de médicaments.
Vu le faible nombre de recherches, les
informations sur les interactions plantes-
médicaments sont habituellement rassemblées
à partir de plusieurs sources différentes,
notamment les suivantes:
Renseignements anecdotiques (témoignages),
expérience clinique et rapports sur des
interactions possibles dans la littérature
médicale;
Les connaissances sur la façon dont une
plante et un médicament spécifiques
agissent ensemble laissent croire à la
probabilité dune interaction;
Études in vitro (éprouvettes)  notamment
celles sur laction métabolique des cellules
du foie;
 Études dobservation sur lutilisation de
plantes médicinales par les PVVIH;
Études pharmacocinétiques qui mesurent
directement les fluctuations dans les
concentrations sanguines des médicaments.
Quelles sont les
interactions plantes-
médicaments importantes du
point de vue des PVVIH?
Il nest pas possible dénumérer toutes les
interactions qui pourraient avoir un impact sur
la santé des PVVIH. Il faut prendre plusieurs
points en considération avant de prendre des
décisions concernant lutilisation conjointe de
plantes et de médicaments. Cest une bonne
idée de discuter de ses options avec
lensemble de ses fournisseurs de soins. Voici
une liste de quelques interactions importantes
dont vous devriez être au courant:
1. Interactions générales
Les PVVIH doivent faire preuve de prudence
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lorsquelles mélangent plantes médicinales et
médicaments dans les situations suivantes :
La plante peut perturber la digestion ou la
fonction rénale ou hépatique;
On signale que la plante et le médicament
provoquent des effets secondaires
semblables;
La plante et le médicament sont utilisés pour
traiter la même affection;
La maladie ou des réactions indésirables aux
médicaments auront provoqué une déficience
ou des lésions à lestomac, au foie ou aux reins.
2. Multithérapie antirétrovirale fortement
active
Les combinaisons suivantes sont à éviter :
Le millepertuis (Hypericum perforatum) et
nimporte quel inhibiteur de la protéase ou
inhibiteur non nucléosidique de la
transcriptase inverse (INNTI);
De grandes quantités dail frais ou transformé
avec nimporte quel inhibiteur de la protéase
(quelques gousses dail cuit dans un repas
ne devraient pas causer de problème);
Les combinaisons suivantes pourraient
altérer les concentrations sanguines des
antirétroviraux:
Le chardon-Marie avec nimporte quel
inhibiteur de la protéase ou inhibiteur non
nucléosidique de la transcriptase inverse
(INNTI).
3. Autres médicaments
En plus des antirétroviraux, de nombreuses
PVVIH ont recours à différentes catégories de
médicaments. Celles-ci peuvent comprendre
les antibiotiques et les médicaments contre
lhypertension, la dépression, les maladies du
coeur et le diabète, pour nen nommer que
quelques-uns. Les combinaisons plantes-
médicaments suivantes pourraient provoquer
dimportantes interactions. Cette liste nest
pas exhaustive.
Le Ginko biloba et les anticoagulants;
Le millepertuis (Hypericum perforatum) et
les antidépresseurs, les anticoagulants et
les médicaments administrés aux greffés;
Le kava (Piper methysticum) avec lalcool
ou en présence de lésions hépatiques;
La griffe de diable (Harpagophytum
procumbens), le ginseng (Panax ginseng)
ou le dong Quai (Angelica sinensis) avec la
warfarine;
 Laubépine (CrataegusSpecies) avec les
médicaments contre lhypertension, la
digoxine ou les antidépresseurs.
Comment peut-on éviter les
interactions plantes-
médicaments?
[Les dix conseils suivants pour éviter les
interactions plantes-médicaments ont été tirés
de Living +, une revue publiée par la British
Columbia Persons with AIDS Society.]
1. Savoir, cest pouvoir
La connaissance est votre meilleure protection
contre les interactions plantes-médicaments.
Assurez-vous de savoir ce que vous prenez et
pourquoi. Vos praticiens de thérapies
complémentaires et vos médecins devraient vous
fournir les noms de tous les médicaments et
plantes que vous prenez, ainsi quune explication
de leurs bienfaits escomptés et des effets
secondaires éventuels. Évitez tous les produits
qui contiendraient une «formule secrète». Si
le produit est efficace, il devrait y avoir des
preuves à lappui. Malheureusement, le manque
de connaissances sur les interactions entre
plantes médicinales et produits pharmaceutiques
et les grandes différences entre les gens qui les
prennent font quil est difficile de reconnaître
les interactions plantes-médicaments
indésirables. Il est crucial que vous soyez proactif
et que vous travailliez en collaboration étroite
avec votre médecin, votre pharmacien et vos
praticiens de thérapies complémentaires afin
quils soient au courant de toutes les substances
que vous prenez. Cest ainsi que vous pourrez
être certain de recevoir toutes les informations
dont vous aurez besoin pour prendre des
décisions éclairées concernant vos traitements.
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2. Votre pharmacien est votre ami
Assurez-vous de mettre tous vos soignants au
courant de ce que prenez. Lorganisme Project
Inform vous propose de mettre tous vos remèdes
médicaments sur ordonnance ou en vente
libre, produits dherboristerie et vitamines dans
un sac pour que vos divers fournisseurs de soins
puissent effectuer un examen personnalisé. Il
peut être utile de faire une liste de tous les
suppléments et plantes médicinales que vous
prenez et de la donner à vos fournisseurs de
soins pour quils puissent la mettre dans votre
dossier. Les revues médicales et
pharmaceutiques publient régulièrement de
nouvelles données sur les bienfaits, les effets
indésirables et les interactions médicamenteuses
impliquant les remèdes à base de plantes
médicinales il se peut que votre pharmacien
ou médecin puisse vous mettre au courant des
dernières nouvelles (ou que vous puissiez les
mettre au courant). Quoi quil en soit, vous en
profiterez tous.
3. Gare à larnaque
Achetez vos produits dherboristerie auprès dun
fabricant digne de confiance ou dans un
magasin qui est ouvert depuis longtemps.
Demandez à votre fournisseur de soins
complémentaires de recommander une bonne
source de produits dherboristerie de qualité.
Les produits vendus par les fabricants de moins
bonne réputation risquent dêtre mal étiquetés,
davoir un contenu variable (ou incorrect) ou
de qualité douteuse ou dêtre contaminés par
dautres ingrédients. Il est impossible de prévoir
ou dévaluer une interaction si lon ignore ce
que renferme le produit.
4. Une chose à la fois
Commencez par prendre un produit à la fois et
évitez de dépasser le dosage recommandé. Évitez
les produits combinés qui contiennent une
longue liste dingrédients. Évitez de commencer
à prendre un nouveau produit dherboristerie et
une nouvelle combinaison antirétrovirale au
même moment; il vaut mieux attendre que votre
réaction aux nouveaux médicaments anti-VIH
se stabilise. Certaines personnes souhaitent
prendre des plantes médicinales pour alléger
les effets secondaires à court terme dune nouvelle
combinaison anti-VIH, comme le gingembre pour
la nausée ou la tisane aux framboises pour la
diarrhée, entre autres.
5. Attention aux enfants!
Les produits dherboristerie doivent être
administrés aux enfants sous la surveillance
dun praticien compétent. Les enfants sont
plus susceptibles aux effets indésirables
attribuables aux modifications métaboliques.
Évitez les remèdes à base de plantes si vous
êtes enceinte ou si une grossesse est
envisagée. Certaines plantes, dont le
chrysanthème-matricaire et lhydraste du
Canada, peuvent provoquer un accouchement
prématuré. Dautres, notamment laubépine
et le kava, peuvent réduire le tonus de lutérus.
6. Inscrivez tout
Inscrivez votre réaction à chacun des remèdes
que vous essayez dans un journal, et arrêtez
de prendre les remèdes sils ne procurent pas
les bienfaits escomptés après quelques
semaines. Très peu détudes à long terme ont
été menées sur les remèdes à base de plantes
médicinales. Il est possible de réduire le risque
dinteractions en minimisant le nombre de
plantes utilisées.
7. Le moment propice
Puisque nous disposons de peu de données
sur les interactions plantes-médicaments
attribuables aux perturbations de labsorption,
essayez de prendre vos antirétroviraux et vos
suppléments et plantes médicinales à au moins
une heure dintervalle. Cela est particulièrement
important quand il sagit de médicaments
comportant des restrictions alimentaires comme
la didanosine (ddI) et lindinavir (Crixivan) ou
de médicaments susceptibles de réagir aux
changements dans le taux de pH de lestomac,
tels que litraconazole et le kétoconazole.
8. Respectez la nature
Le seul fait dêtre naturel ne signifie pas quun
produit soit inoffensif. Plusieurs personnes
estiment que les produits «naturels» ne
provoquent pas deffets indésirables et que
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