Guinée-Bissau / Coup d’Etat / CEDEAO Guinée Bissau : La junte sous sanctions de la CEDEAO (MFI / 01.04.12) Les négociations dimanche dernier à Banjul entre une délégation de la junte et le groupe de contacts de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest ayant échoué, la junte est depuis ce lundi sous sanctions en Guinée Bissau. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a décidé d’imposer des sanctions contre les militaires qui ont pris le pouvoir le 12 avril dernier en Guinée-Bissau, suite à l’échec des négociations qui se sont déroulées ce dimanche 29 avril, à Banjul, en Gambie. Dans un communiqué publié ce 30 avril, l’organisation régionale a annoncé que la junte militaire « ne souhaite pas négocier ». La CEDEAO a décidé de maintenir une position très ferme à l'égard de la junte bissauguinéenne. Selon le communiqué, « après douze heures de négociations » à Banjul, entre les pays membres du « groupe de contact » et une délégation de la junte, il est « apparu évident » que le chef de la junte « ne souhaite pas négocier et préfère clairement affronter les conséquences ». Pour un responsable de la CEDEAO joint par l’agence Reuters, les représentants des putschistes téléphonaient régulièrement au général Antonio Indjai, chef d’état-major de l’armée, pendant les discussions pour savoir ce qu’il fallait faire, « montrant ainsi clairement qui était le chef ». La CEDEAO est persuadée que le général Indjai, censé avoir été déposé par les putschistes, dirige, en réalité, dans l’ombre, l’actuel commandement militaire autoproclamé. Sanctions après un revirement de la junte Le communiqué de la CEDEAO souligne également que « le rejet de la position du groupe de contact signifie l’imposition des sanctions diplomatiques, économiques et financières ». Selon l’organisation régionale, les discussions ont notamment bloqué sur le nom de la personnalité devant conduire la transition. Elle veut réinstaller Raimundo Perreira à son poste de président par intérim, ce que refuserait le général Antonio Indjai. La junte a également refusé l’organisation d’élections dans les six mois, comme le demandait la CEDEAO. En ouvrant la réunion de Banjul, ce dimanche, le président gambien Yahya Jammeh avait prévenu que la patience de l'organisation régionale était en train de « s'épuiser » et les 12 heures de discussions entre les sept pays du groupe de contact et la junte n'ont manifestement pas permis de rapprocher les positions. Pourtant, depuis le sommet des chefs d’Etat ouest-africains, réunis jeudi dernier à Abidjan, les putschistes avaient donné des gages. Suite à l'ultimatum de 72 heures décrété par la CEDEAO, la junte a libéré Raimundo Perreira, le président intérimaire renversé et Carlos Gomes Junior, l’ex-Premier ministre, arrêtés au moment du putsch et détenus depuis. Ils avaient aussi accepté le principe d'une transition de douze mois ainsi que l'envoi d'une force militaire de la CEDEAO d’environ 600 hommes, censée remplacer la mission militaire angolaise – 650 soldats angolais présents à Bissau depuis 2011 – dont la présence était fortement contestée. Reste maintenant une question en suspens : jusqu'où ira la CEDEAO pour rétablir l'ordre constitutionnel ? Jusqu’à un embargo économique notamment sur les exportations de noix de cajou qui pourrait s'avérer catastrophique pour l'économie du pays ? Une intervention armée ? La réponse devrait être connue ce jeudi 3 mai à l'issue du sommet des chefs d'Etat du groupe de contact (Gambie, Nigeria, Bénin, Cap-Vert, Guinée-Conakry, Sénégal et Togo) à Banjul. MFI / Avec Ursula Soares