Histoire-géo: face à la mobilisation, Chatel défend sa

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Revue de presse
Le Figaro
Tollé contre la suppression de l'histoire en terminale S
Natacha Polony
07/12/2009 |
L'objectif de la réforme est de rééquilibrer les filières générales en les spécialisant davantage. Crédits
photo : Nicolas TAVERNIER/REA
Historiens et philosophes s'élèvent contre l'«utilitarisme à courte vue» de cette mesure,
prévue par la réforme du lycée.
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Des tables rondes, des rencontres dans la France entière… tout avait été fait pour éviter que la
réforme du lycée version Luc Chatel ne connaisse le me sort que celle de son prédécesseur. Et
les pièges semblaient évités, le mauvais sort conjuré. Jusqu'à la fronde des historiens.
Dans une pétition relayée par Le Journal du dimanche, les grands noms de l'histoire en France,
auxquels se sont adjoints des politiques et des artistes, dénoncent la suppression de l'histoire-
géographie des enseignements de tronc commun de terminale S et son remplacement par un
enseignement optionnel. Une «décision inspirée par un utilitarisme à courte vue» accuse le texte,
qui y voit une contradiction avec l'intérêt de Nicolas Sarkozy pour les références à l'histoire, de Guy
Môquet au débat sur l'identité nationale.
Niche élitiste
L'objectif de la réforme est en fait de rééquilibrer les filières générales en les spécialisant
davantage. Une façon de limiter la suprématie de la filière S (scientifique), actuellement filière
généraliste d'élite, qui donne accès aussi bien aux prépas scientifiques qu'à Sciences Po ou aux
prépas littéraires, alors que la filière L (littéraire) joue comme une orientation par défaut. D'où le
fait que les syndicats considérés comme les plus férus de pédagogies innovantes, le SE-Unsa et le
Sgen, militent pour la suppression de l'option histoire-géographie annoncée par Luc Chatel.
Pour Richard Descoings, directeur de Sciences Po et auteur du rapport qui sert de base à la
réforme, la pétition - qu'ont signée nombre de ses professeurs - relève du malentendu. «Je
comprends la crainte exprimée, concède-t-il, et je connais la sincérité des signataires, mais je ne
crois pas que la défense des humanités soit en jeu. En revanche, cette réforme est la dernière
chance pour la filière L, qui accueillera bientôt moins de 10 % des élèves de bac général.» Pour le
directeur de Sciences Po, le maintien d'une filière S généraliste perpétue une niche élitiste à usage
des nostalgiques de l'avant collège unique. Ce qu'une terminale S plus spécialisée pourrait éviter.
Du côté de l'Association des professeurs d'histoire-géographie (APHG), qui fut la première à alerter
l'opinion par une pétition en ligne, on insiste surtout sur le fait que des élèves qui se destinent à
l'enseignement supérieur, et pas seulement scientifique, pourraient ne pas faire d'histoire pendant
un an. «80 % des élèves de Sciences Po ont fait un bac scientifique, rappelle Sylvie Rachet,
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membre de l'APHG. Deux heures d'option avec un enseignement thématique, puisque c'est ce qui
se dessine, cela ne cassera pas la suprématie de la filière S. Simplement, cela favorisera ceux qui
pourront compléter leur formation par des cours privés.» D'autant que le recentrage des filières sur
leurs spécificités ne convainc pas. «Un élève de série S à la fin de son lycée, calcule Claire
Mazeron, professeur d'histoire-géographie et vice-présidente du Snalc, syndicat attaché aux
enseignements disciplinaires, aura perdu 54 heures d'histoire-géo. Mais il aura surtout perdu
198 heures de disciplines scientifiques, au profit d'heures d'accompagnement et d'orientation. Ce
qui veut dire que ces heures, dans les bons lycées, serviront à transmettre du savoir, alors
qu'ailleurs, on y fera de l'orientation. C'est ça, l'autonomie.»
Par-delà le symbole que constitue une filière de lycée général sans histoire-géographie obligatoire,
le problème est donc bien celui de la philosophie d'une réforme qui s'appuie sur l'accompagnement,
le soutien individualisé et la méthodologie plutôt que sur la transmission des savoirs. C'est ce qui a
poussé Alain Finkielkraut à signer une pétition dont pourtant le texte ne lui convient pas tout à fait.
«La pétition parle d'une “approche scientifique et critique” des problèmes», regrette le philosophe,
qui aurait préféré une approche «modeste et savante car le rôle de l'histoire est avant tout
d'assurer la transmission d'un héritage. Et c'est bien ce que l'on peut reprocher au président de la
République à travers cette réforme : il cite Marc Bloch et donne carte blanche à Richard Descoings.
Dès lors qu'on prend les deux, il y a mystification.»
Le combat des historiens concerne leur discipline précise. Mais il s'attaque à l'architecture globale
de la réforme, à son esprit plus qu'à sa lettre.
Luc Chatel : «Nous avons trouvé un bon compromis»
Propos recueillis par Natacha Polony
07/12/2009 |
Alors que la liste des signataires de la pétition pour maintenir un enseignement
obligatoire d'histoire-géographie en terminale S s'allonge, le ministre de l'Éducation
précise le sens de sa réforme.
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Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale : «Il s'agit de mettre l'accent sur l'orientation et
l'accompagnement» Crédits photo : Le Figaro
LE FIGARO. - La perspective de voir supprimer l'histoire-géographie en terminale S
déclenche une levée de boucliers. Comment y répondez-vous ?
Luc CHATEL. - Je veux tout d'abord redire mon attachement à l'enseignement de l'histoire-
géographie, qui doit conserver la place éminente qui est la sienne dans le système scolaire
français. Il n'est pas question de le supprimer. Simplement, le programme qui est actuellement
traité en terminale S le sera en première, nous augmentons les horaires. Nous avons voulu un
tronc commun en première qui permette aux élèves de se forger une véritable culture commune.
Ce mouvement, qui affirme un attachement aux savoirs disciplinaires, ne remet-il pas en
question la philosophie de votre réforme, fondée sur des heures d'accompagnement
personnalisé ?
Il faut rappeler la philosophie de la réforme. Il s'agit de mettre l'accent sur l'orientation et
l'accompagnement. Aussi la spécialisation est-elle progressive. La seconde redevient une vraie
classe de détermination, la première offre un début de spécialisation avec la possibilité d'une
correction de trajectoire, et la terminale s'appuie sur une plus grande spécialisation, avec des
passerelles vers le supérieur. En terminale, les lycéens se concentrent donc sur ce qui fait le cœur
de leur orientation. Et ceux qui souhaiteront, après une terminale S, faire par exemple une école
de commerce ou Sciences Po pourront choisir de faire l'option histoire-géographie. Cette option
viendra s'ajouter au programme actuel, qui sera traité en seconde et première. L'inspection
générale va donc s'employer à réécrire progressivement les programmes. Mais je rappelle que la
réforme, c'est aussi l'accompagnement personnalisé voulu par les chefs d'établissement, les
professeurs et les élèves et qui, évidemment, comportera un enseignement disciplinaire, y compris
d'histoire-géographie, quand l'élève en aura besoin.
Vous n'envisagez donc pas de rediscuter les modalités de la réforme, même si cette
pétition prend de l'ampleur ?
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Les signataires de cette pétition ont lu sur le papier « il n'y aura plus d'histoire-géographie » ; ils
n'ont pas compris qu'il s'agissait d'une réorganisation. Nous avons consulté pendant des mois, j'ai
fait un tour de France, et, par exemple, le Conseil national de la vie lycéenne, la semaine dernière,
a approuvé ce que nous présentions. Nous avons trouvé un bon compromis, sans sacrifier aucune
discipline. Il ne faudrait surtout pas prendre le risque de déséquilibrer ce qui a été fait. Mais je me
réjouis que certains syndicats fassent preuve de responsabilité et nous soutiennent, de même que
les fédérations de parents d'élèves.
Luc Chatel : «l'histoire-géo va garder une place éminente»
F.G. (lefigaro.fr) avec agences
06/12/2009
Crédits photo : AFP
Le ministre de l'Education répond à l'appel très suivi lancé par une vingtaine d'historiens
de renom, indignés de la disparition de cette matière en terminale scientifique.
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