Histoire-géo: face à la mobilisation, Chatel défend sa

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Revue de presse
Le Figaro
Tollé contre la suppression de l'histoire en terminale S
Natacha Polony
07/12/2009 |
L'objectif de la réforme est de rééquilibrer les filières générales en les spécialisant davantage. Crédits
photo : Nicolas TAVERNIER/REA
Historiens et philosophes s'élèvent contre l'«utilitarisme à courte vue» de cette mesure,
prévue par la réforme du lycée.
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Des tables rondes, des rencontres dans la France entière… tout avait été fait pour éviter que la
réforme du lycée version Luc Chatel ne connaisse le même sort que celle de son prédécesseur. Et
les pièges semblaient évités, le mauvais sort conjuré. Jusqu'à la fronde des historiens.
Dans une pétition relayée par Le Journal du dimanche, les grands noms de l'histoire en France,
auxquels se sont adjoints des politiques et des artistes, dénoncent la suppression de l'histoiregéographie des enseignements de tronc commun de terminale S et son remplacement par un
enseignement optionnel. Une «décision inspirée par un utilitarisme à courte vue» accuse le texte,
qui y voit une contradiction avec l'intérêt de Nicolas Sarkozy pour les références à l'histoire, de Guy
Môquet au débat sur l'identité nationale.
Niche élitiste
L'objectif de la réforme est en fait de rééquilibrer les filières générales en les spécialisant
davantage. Une façon de limiter la suprématie de la filière S (scientifique), actuellement filière
généraliste d'élite, qui donne accès aussi bien aux prépas scientifiques qu'à Sciences Po ou aux
prépas littéraires, alors que la filière L (littéraire) joue comme une orientation par défaut. D'où le
fait que les syndicats considérés comme les plus férus de pédagogies innovantes, le SE-Unsa et le
Sgen, militent pour la suppression de l'option histoire-géographie annoncée par Luc Chatel.
Pour Richard Descoings, directeur de Sciences Po et auteur du rapport qui sert de base à la
réforme, la pétition - qu'ont signée nombre de ses professeurs - relève du malentendu. «Je
comprends la crainte exprimée, concède-t-il, et je connais la sincérité des signataires, mais je ne
crois pas que la défense des humanités soit en jeu. En revanche, cette réforme est la dernière
chance pour la filière L, qui accueillera bientôt moins de 10 % des élèves de bac général.» Pour le
directeur de Sciences Po, le maintien d'une filière S généraliste perpétue une niche élitiste à usage
des nostalgiques de l'avant collège unique. Ce qu'une terminale S plus spécialisée pourrait éviter.
Du côté de l'Association des professeurs d'histoire-géographie (APHG), qui fut la première à alerter
l'opinion par une pétition en ligne, on insiste surtout sur le fait que des élèves qui se destinent à
l'enseignement supérieur, et pas seulement scientifique, pourraient ne pas faire d'histoire pendant
un an. «80 % des élèves de Sciences Po ont fait un bac scientifique, rappelle Sylvie Rachet,
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membre de l'APHG. Deux heures d'option avec un enseignement thématique, puisque c'est ce qui
se dessine, cela ne cassera pas la suprématie de la filière S. Simplement, cela favorisera ceux qui
pourront compléter leur formation par des cours privés.» D'autant que le recentrage des filières sur
leurs spécificités ne convainc pas. «Un élève de série S à la fin de son lycée, calcule Claire
Mazeron, professeur d'histoire-géographie et vice-présidente du Snalc, syndicat attaché aux
enseignements disciplinaires, aura perdu 54 heures d'histoire-géo. Mais il aura surtout perdu
198 heures de disciplines scientifiques, au profit d'heures d'accompagnement et d'orientation. Ce
qui veut dire que ces heures, dans les bons lycées, serviront à transmettre du savoir, alors
qu'ailleurs, on y fera de l'orientation. C'est ça, l'autonomie.»
Par-delà le symbole que constitue une filière de lycée général sans histoire-géographie obligatoire,
le problème est donc bien celui de la philosophie d'une réforme qui s'appuie sur l'accompagnement,
le soutien individualisé et la méthodologie plutôt que sur la transmission des savoirs. C'est ce qui a
poussé Alain Finkielkraut à signer une pétition dont pourtant le texte ne lui convient pas tout à fait.
«La pétition parle d'une “approche scientifique et critique” des problèmes», regrette le philosophe,
qui aurait préféré une approche «modeste et savante car le rôle de l'histoire est avant tout
d'assurer la transmission d'un héritage. Et c'est bien ce que l'on peut reprocher au président de la
République à travers cette réforme : il cite Marc Bloch et donne carte blanche à Richard Descoings.
Dès lors qu'on prend les deux, il y a mystification.»
Le combat des historiens concerne leur discipline précise. Mais il s'attaque à l'architecture globale
de la réforme, à son esprit plus qu'à sa lettre.
Luc Chatel : «Nous avons trouvé un bon compromis»
Propos recueillis par Natacha Polony
07/12/2009 |
Alors que la liste des signataires de la pétition pour maintenir un enseignement
obligatoire d'histoire-géographie en terminale S s'allonge, le ministre de l'Éducation
précise le sens de sa réforme.
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Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale : «Il s'agit de mettre l'accent sur l'orientation et
l'accompagnement » Crédits photo : Le Figaro
LE FIGARO. - La perspective de voir supprimer l'histoire-géographie en terminale S
déclenche une levée de boucliers. Comment y répondez-vous ?
Luc CHATEL. - Je veux tout d'abord redire mon attachement à l'enseignement de l'histoiregéographie, qui doit conserver la place éminente qui est la sienne dans le système scolaire
français. Il n'est pas question de le supprimer. Simplement, le programme qui est actuellement
traité en terminale S le sera en première, où nous augmentons les horaires. Nous avons voulu un
tronc commun en première qui permette aux élèves de se forger une véritable culture commune.
Ce mouvement, qui affirme un attachement aux savoirs disciplinaires, ne remet-il pas en
question la philosophie de votre réforme, fondée sur des heures d'accompagnement
personnalisé ?
Il faut rappeler la philosophie de la réforme. Il s'agit de mettre l'accent sur l'orientation et
l'accompagnement. Aussi la spécialisation est-elle progressive. La seconde redevient une vraie
classe de détermination, la première offre un début de spécialisation avec la possibilité d'une
correction de trajectoire, et la terminale s'appuie sur une plus grande spécialisation, avec des
passerelles vers le supérieur. En terminale, les lycéens se concentrent donc sur ce qui fait le cœur
de leur orientation. Et ceux qui souhaiteront, après une terminale S, faire par exemple une école
de commerce ou Sciences Po pourront choisir de faire l'option histoire-géographie. Cette option
viendra s'ajouter au programme actuel, qui sera traité en seconde et première. L'inspection
générale va donc s'employer à réécrire progressivement les programmes. Mais je rappelle que la
réforme, c'est aussi l'accompagnement personnalisé voulu par les chefs d'établissement, les
professeurs et les élèves et qui, évidemment, comportera un enseignement disciplinaire, y compris
d'histoire-géographie, quand l'élève en aura besoin.
Vous n'envisagez donc pas de rediscuter les modalités de la réforme, même si cette
pétition prend de l'ampleur ?
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Les signataires de cette pétition ont lu sur le papier « il n'y aura plus d'histoire-géographie » ; ils
n'ont pas compris qu'il s'agissait d'une réorganisation. Nous avons consulté pendant des mois, j'ai
fait un tour de France, et, par exemple, le Conseil national de la vie lycéenne, la semaine dernière,
a approuvé ce que nous présentions. Nous avons trouvé un bon compromis, sans sacrifier aucune
discipline. Il ne faudrait surtout pas prendre le risque de déséquilibrer ce qui a été fait. Mais je me
réjouis que certains syndicats fassent preuve de responsabilité et nous soutiennent, de même que
les fédérations de parents d'élèves.
Luc Chatel : «l'histoire-géo va garder une place éminente»
F.G. (lefigaro.fr) avec agences
06/12/2009
Crédits photo : AFP
Le ministre de l'Education répond à l'appel très suivi lancé par une vingtaine d'historiens
de renom, indignés de la disparition de cette matière en terminale scientifique.
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«On ne supprime pas le programme d'histoire-géo en terminale scientifique, ce programme sera vu
en première. En première, les lycéens de la filière S vont voir leur horaire d'histoire-géo passer de
2h30 à 4 heures». Le ministre de l'Education nationale a voulu rassurer, dimanche, après la
pétition d'universitaires signée par de nombreuses personnalités politiques, inquiets de voir
disparaître cette matière en terminale scientifique.
«Que les élèves soient en filière scientifique ou littéraire, ils auront en première quatre heures
d'histoire-géo, une discipline qui fait partie du tronc commun de matières partagées», a précisé Luc
Chatel. «L'histoire-géo va garder la place éminente qui a toujours été la sienne dans le système
éducatif français et va même voir sa place confortée», a-t-il tenu à rajouter.
«Impératif» d'annuler cette décision
Le projet de réforme des lycées, qui doit être entériné jeudi par le Conseil supérieur de l'Education
et entrer en vigueur à la rentrée 2010 pour la seconde, prévoit la suppression de l'histoiregéographie en terminale S au profit d'un «accompagnement personnalisé» en petits groupes. Le
ministère de l'Education nationale estime en effet qu'avec cette nouvelle mesure, les élèves auront
plus de temps pour se consacrer à leurs matières scientifiques.
Des explications qui risquent de ne pas convaincre les signataires de l'appel pour «sauver
l'histoire», publié ce week-end dans le JDD. «Universitaires, personnalités artistiques et politiques
s'insurgent» contre la proposition de rendre optionnelle l'histoire-géographie en terminale, pouvait
on lire dimanche dans les colonnes du Journal du Dimanche. «Au moment où le président de la
République et son gouvernement jugent urgent de lancer un grand débat sur l'identité nationale qui
doit mobiliser le pays, cette mesure», font-il valoir notamment, «va priver une partie de la
jeunesse française des moyens de se faire de la question une opinion raisonnée (...), ouvrant ainsi
la voie aux réactions épidermiques et aux jugements sommaires». Il est donc «impératif» d'annuler
cette décision, estiment-ils.
Un choix «irresponsable et dangereux», selon le PS
Parmi les politiques signataires figurent notamment les socialistes Martine Aubry, Ségolène Royal,
Manuel Valls, Aurélie Filippetti, Vincent Peillon, Laurent Fabius, Jack Lang ou encore François
Hollande. Marielle de Sarnez (Modem) et quelques députés de la majorité -Hervé Mariton et
Renaud Muselier (UMP), Jean-Claude Lagarde et Maurice Leroy (Nouveau centre)- ont également
signé cette pétition.
L'appel, initiée par le philosophe Alain Finkielkraut, le démographe Hervé Le Bras ainsi que 18
historiens de renom, a également été signé par d'autres personnalités telles que l'acteur Pierre
Arditi, le PDG d'Arte Jérôme Clément, le psychiatre Boris Cyrulnik, les écrivains Philippe Delerm et
Hervé Hamon, le philosophe Michel Onfray ou encore l'historienne Mona Ozouf.
Dimanche, le PS a suivi le mouvement des historiens en demandant dans un communiqué au
gouvernement de renoncer à supprimer ces cours d'histoire-géographie pour les élèves
scientifiques, estimant que «les priver d'une matière aussi essentielle est irresponsable et
dangereux».
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LE MONDE
Luc Chatel : "L'histoire-géo va garder une place
éminente" au lycée
LEMONDE.FR avec AFP | 06.12.09 |
On ne supprime pas le programme d'histoire-géo en terminale scientifique, ce
programme sera vu en première. En première, les lycéens de la filière S vont voir leur
horaire d'histoire-géo passer de 2 h 30 à 4 heures", a déclaré, dimanche 6 décembre, Luc
Chatel, ministre de l'Education nationale. Il réagissait ainsi à une pétition d'universitaires
inquiets de la disparition de cette matière dans les programmes de terminale S.
"Que les élèves soient en filière scientifique ou littéraire, ils auront en première quatre
heures d'histoire-géo, une discipline qui fait partie du tronc commun de matières
partagées", a-t-il précisé. "L'histoire-géo va garder la place éminente qui a toujours été
la sienne dans le système éducatif français et va même voir sa place confortée", a-t-il
assuré.
DES
INTELLECTUELS
UNIVERSITAIRES
APPORTENT
LEUR
SOUTIEN
AUX
Le projet de réforme des lycées, que Luc Chatel doit présenter jeudi devant le Conseil
supérieur de l'Education, prévoit que les lycéens ayant choisi la voie scientifique n'aient
plus de cours d'histoire-géographie obligatoires en terminale afin qu'ils puissent se
consacrer à leurs matières scientifiques. "Les lycéens en S seront évalués en fin de
première par une épreuve anticipée d'histoire-géo, comme le français. Ils ne feront pas
d'histoire en terminale, mais actuellement ils ne font pas non plus de français et je n'ai
pas le sentiment qu'ils soient illettrés", a-t-il ajouté en précisant que "les lycéens en
filière S spécialement intéressés par l'histoire pourront suivre une option de deux heures
d'histoire".
Vingt universitaires de renom, comme Jean-Pierre Azéma, Alain Finkelkraut ou Michel
Winock, ont publié samedi dans Le Journal du dimanche une pétition, dans laquelle ils
"s'insurgent" contre la disparition prévue des cours d'histoire en terminale S. Ils ont été
rejoints, dimanche, par des intellectuels dont le psychiatre Boris Cyrulnik, les écrivains
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Philippe Delerm et Hervé Hamon et le philosophe Michel Onfray. Des politiques leur ont
également apporté leur soutien parmi lesquels Martine Aubry (PS), Marielle de Sarnez
(Modem) ou encore des députés de la majorité comme Hervé Mariton et Renaud
Muselier (UMP), Jean-Claude Lagarde et Maurice Leroy (Nouveau centre).
LE JDD
Il faut sauver l’histoire!
La réforme des lycées, présentée jeudi devant le Conseil supérieur de l’Education,
propose de rendre optionnelle l’histoire-géo en terminale S.
L'annonce était passée presque inaperçue. Le 19 novembre dernier, au Salon de l’éducation, le
ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, présente une mouture quasi définitive de sa
réforme des lycées. Une réforme qui n’a rien de révolutionnaire à première vue. En épluchant
la grille horaire de la classe de terminale, une nouveauté saute pourtant aux yeux: la
disparition de l’histoire-géographie parmi les matières obligatoires en classe de terminale
scientifique. Celle-ci deviendrait facultative. Une mesure d’abord dénoncée par la seule
APHG (association des professeurs d’histoiregéographie), qui a lancé lundi dernier une
pétition.
Plus qu’une amputation horaire, les professeurs d’histoire-géographie y voient une atteinte à
la culture générale. "Quels citoyens voulons-nous pour demain?", s’interrogent aujourd’hui
historiens et intellectuels dans un appel rédigé par Serge Berstein, spécialiste de l’histoire
politique du XXe siècle. Parmi les premiers signataires, Pierre Milza, spécialiste du XXe
siècle, n’hésite pas à dénoncer "une régression formidable qui pourrait concourir à une
amnésie générale!" Jean-Pierre Azéma, grand spécialiste de la Seconde Guerre mondiale,
rappelle que "l’étude de l’histoire et de la géographie est utile à nos élites scientifiques, elle
permet de se situer dans le temps et dans l’espace, de questionner le passé pour se forger un
jugement".
"Une volonté de rupture avec les humanités"
Les débat dépasse désormais une réaction que d’aucuns pourraient juger corporatiste. L’appel
lancé hier dans la première édition du JDD auprès des historiens a, depuis, été rejoint par de
nombreux écrivains et personnalités politiques. Pour les signataires, la réforme envisagée de
l’enseignement en histoire et géographie est en effet incompréhensible, alors qu’est engagé un
grand débat sur la question de l’identité nationale et que le président de la République,
Nicolas Sarkozy, multiplie les références à l’histoire : lecture de la lettre de Guy Môquet dans
les lycées, mémoire d’un enfant déporté confiée à des écoliers, création d’un musée de
l’Histoire de France… "Depuis la guerre de Cent Ans jusqu’aux maquis du Vercors, de
Corrèze ou des Glières, depuis Valmy jusqu’au chemin des Dames, depuis Lazare Ponticelli,
le dernier poilu […], la France a vécu d’abord dans l’esprit et dans le coeur de ceux qui
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avaient le sentiment de lui devoir tant qu’ils étaient prêts à se battre pour elle et peut-être à
mourir", lançait-il aussi le 12 novembre dernier à La Chapelle-en-Vercors (Drôme).
Citant aussi "Marc Bloch, le plus grand historien peut-être du XXe siècle". Au cabinet de Luc
Chatel, on pense que cette mesure sera bénéfique aux élèves. "En terminale, les élèves
scientifiques vont pouvoir se consacrer à leur spécialité et être mieux préparés aux études
supérieures. Et pour ceux qui choisiront l’option histoire- géographie, ce sera un vrai choix
et non une matière imposée." Un conseiller du ministre préfère souligner "la place
prépondérante que la matière prendra en première, puisque tous les élèves – L, ES et S – vont
bénéficier pour la première fois d’un même enseignement en histoire- géo, à raison de quatre
heures par semaine". Un discours qui ne convainc pas les professeurs d’histoire-géographie :
"Les élèves de terminale S représentent aujourd’hui la moitié des effectifs. Trop d’élèves
seront privés d’un enseignement indispensable à leur culture générale, déplore Hubert Tison,
président de l’APHG. Cela dénote une volonté de rupture avec les humanités et avec des
valeurs supposées être de gauche. Dans une vision utilitariste de la société, tout enseignement
qui ne débouche pas sur un métier concret est mal vu." L’opposition au projet ministériel
dépasse les clivages politiques. Joint par le JDD, Max Gallo, qui n’a pas caché son vote en
faveur de Nicolas Sarkozy lors de l’élection présidentielle de 2007, apporte son soutien à
l’association des professeurs d’histoire: "Je juge très négativement qu’on puisse envisager de
supprimer le caractère obligatoire de cet enseignement en terminale."
L’historienne Hélène Carrère d’Encausse, autre membre de l’Académie française, juge quant
à elle "catastrophique que des élèves de terminale ne disposent pas d’enseignement en
histoire-géographie, ce qui les priverait de la culture générale la plus élémentaire qui forme
l’entendement des citoyens". François Bayrou, président du MoDem, ancien ministre de
l’Education nationale et agrégé de lettres, parle quant à lui d’une "amputation, une offense à
l’idée que l’on va se faire de l’enseignement général. C’est tellement révélateur de la
fermeture culturelle à laquelle conduit une conception uniquement utilitariste des études.
Comme si les matheux ne devaient faire que des maths, les physiciens de la physique… On
oublie ainsi que l’on forme des esprits libres et que la formation humaniste et civique est
fondamentale".
Adeline Fleury et Alexandre Duyck (avec Camille Neveux) - Le Journal du Dimanche
"Il est impératif d’annuler cette décision"
Présentée jeudi prochain, la réforme des lycées propose de rendre optionnelle l’histoiregéo en terminale S. Universitaires, personnalités artistiques et politiques s’insurgent
contre cette proposition.
"La décision envisagée par M. le Ministre de l’Education nationale, dans le cadre de la
réforme des lycées, de rendre optionnelle l’histoire-géographie en terminale scientifique ne
peut que susciter la stupéfaction par son décalage avec les nécessités évidentes de la
formation des jeunes Français au début du XXIe siècle.
A l’heure de la mondialisation, les futurs bacheliers scientifiques n’auraient donc nul besoin
de se situer dans le monde d’aujourd’hui par l’étude de son processus d’élaboration au cours
des dernières décennies, pas plus que par l’analyse de sa diversité et des problèmes qui se
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posent à la planète et à son devenir. En outre, ils se trouveront dans l’impossibilité d’accéder à
certaines formations supérieures de haut niveau pour lesquelles la connaissance de l’histoire
et celle de la géographie sont indispensables et vers lesquelles ils se dirigent en nombre
croissant.
Au moment où le président de la République et son gouvernement jugent urgent de lancer un
grand débat sur l’identité nationale qui doit mobiliser le pays, cette mesure va priver une
partie de la jeunesse française des moyens de se faire de la question une opinion raisonnée
grâce à une approche scientifique et critique, ouvrant ainsi la voie aux réactions épidermiques
et aux jugements sommaires.
Il est impératif d’annuler cette décision, inspirée par un utilitarisme à courte vue, qui se trouve
en contradiction avec les objectifs proclamés du système éducatif français sur le plan de la
formation intellectuelle, de l’adaptation au monde contemporain et de la réflexion civique des
futurs citoyens."
Signataires:
Jean-Pierre Azéma (historien), Antony Beevor (historien, université de Londres), JeanJacques Becker (historien), Serge Berstein (historien, Sciences-Po), Pierre Cosme (historien,
université Paris-I), Alain Finkielkraut (philosophe, Ecole polytechnique), Jean-Noël
Jeanneney (historien, Sciences-Po), André Kaspi (historien), Jacques Le Goff (historien),
Hervé Le Bras (démographe, Ined et EHESS), Evelyne Lever (historienne, CNRS), Pierre
Milza (historien), Michelle Perrot (historienne), Antoine Prost (historien), Jean-Pierre Rioux
(historien), Jean-François Sirinelli (historien, Sciences-Po), Benjamin Stora (historien,
universités Paris-VIII et Paris-XIII), Jean Tulard (historien), Annette Wieviorka (historienne,
CNRS), Michel Winock (historien, Sciences-Po).
Ont apporté samedi leur soutien depuis l’appel publié dans la première édition du JDD:
Abd Al Malik (artiste), Eliette Abécassis (écrivain), Laure Adler (journaliste écrivain), Pierre
Arditi (comédien), Martine Aubry (Premier secrétaire du PS), Guillaume Bachelay (Secrétaire
national du PS à l’industrie), Claude Bartolone (député PS), Jean-Christophe Cambadélis
(député PS), Jérôme Clément (PDG d’Arte), Boris Cyrulnik (psychiatre et neurologue),
Philippe Delerm (écrivain), Harlem Désir (député européen), Marc Dugain (écrivain), Cécile
Duflot (secrétaire nationale des Verts), Laurent Fabius (député PS, ancien Premier ministre),
Bruno Julliard (secrétaire national à l’éducation du PS), Hervé Hamon (écrivain), Robert Hue
(sénateur CRC-SPG), Jack Lang (député PS, ancien ministre de l’Education nationale),
Maurice Leroy (député NC), Philippe Meirieu (professeur d’université), Pierre Moscovici
(député PS), Michel Onfray (philosophe), Mona Ozouf (historienne),Vincent Peillon (député
européen PS), Olivier Nora (PDG éditions Grasset et Fayard), Ségolène Royal (présidente du
conseil régional de Poitou-Charentes), François Rebsamen (Sénateur PS), Marielle de Sarnez
(vice-présidente du Modem et députée européenne), Manuel Valls (député PS)
La réforme des lycées, présentée jeudi devant le Conseil supérieur de l’Education,
propose de rendre optionnelle l’histoire-géo en terminale S.
Rééquilibrage des séries, orientation plus progressive, possibilité de changer de filière,
accompagnement personnalisé pour tous les lycéens. Telles sont les lignes de la réforme des
lycées que le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, présentera jeudi devant le Conseil
supérieur de l’Education. Cette réforme commence à fédérer des mécontentements de la part
d’associations de professeurs, déçues des nouvelles grilles horaires.
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Mercredi, l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales (Apses) a défilé
à Paris pour dénoncer la perte d’une heure en classe de seconde. Les SES sont dispensées
actuellement sous forme de deux heures et demie d’option ramenées à une heure et demie
dans le cadre des enseignements dits "d’exploration" de la réforme Chatel. L’Apses rappelle
que l’économie est le seul enseignement général d’une des trois séries à ne pas être
obligatoire, ce qui va à l’encontre de la logique d’orientation réversible défendue par Luc
Chatel.
A cette protestation s’ajoute celle des professeurs d’histoire-géographie. L’APHG
(Association des professeurs d’histoire-géographie) s’insurge contre la disparition de
l’histoire-géographie parmi les matières obligatoires en classe de terminale scientifique.
Celle-ci deviendrait une option facultative. "Les élèves de terminale S représentent
aujourd’hui plus de la moitié des effectifs. Trop d’élèves seront privés d’un enseignement
indispensable à leur culture générale, déplore Hubert Tison, président de l’APHG. Cela
dénote une volonté de rupture avec les humanités et avec des valeurs supposées être de
gauche. Dans une vision utilitariste de la société, tout enseignement qui ne débouche pas
sur un métier concret est mal vu."
"Une régression formidable qui pourrait concourir à une amnésie
générale"!
Au cabinet de Luc Chatel, on pense que cette mesure sera bénéfique aux élèves. « En
terminale, les élèves scientifiques vont pouvoir se consacrer à leur spécialité et être mieux
préparés aux études supérieures. Et pour ceux qui choisiront l’option histoire-géographie, ce
sera un vrai choix et non une matière imposée. » Un conseiller du ministre préfère souligner
"la place prépondérante que la matière prendra en première, puisque tous les élèves – L, ES
et S – vont bénéficier pour la première fois d’un même enseignement en histoire-géo, à raison
de quatre heures par semaine."
"Quels citoyens voulons-nous pour demain?", s’interrogent aujourd’hui historiens
intellectuels dans un appel rédigé par Serge Berstein, spécialiste de l’histoire politique
XXe siècle (lire ci-dessus). Pour la plupart des signataires, cette décision
incompréhensible, alors que la lecture de la lettre de Guy Môquet est souhaitée dans
écoles, et qu’un grand débat est engagé sur la question de l’identité nationale.
et
du
est
les
L’historienne Hélène Carrère d’Encausse juge, quant à elle, "catastrophique que des élèves de
terminale ne disposent pas d’enseignement en histoire-géographie, ce qui les priverait de la
culture générale la plus élémentaire qui forme l’entendement des citoyens". Pour Jean-Pierre
Azéma, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, "l’étude de l’histoire et de la géographie
est utile à nos élites scientifiques, elle permet de se situer dans le temps et dans l’espace, de
questionner le passé pour se forger un jugement". Pierre Milza, autre spécialiste du XXe
siècle, n’hésite pas à dénoncer "une régression formidable qui pourrait concourir à une
amnésie générale"!
"L’histoire est indispensable pour appréhender le monde"
Le projet de réforme des lycées prévoit de rendre l’enseignement de l’histoire et de la
géographie optionnel pour les Terminales scientifiques. Le secrétaire national du PS
chargé de l’éducation, Bruno Julliard, dénonce cette idée dans un entretien accordé au
JDD.fr.
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Pourquoi êtes vous opposé à ce projet de réforme pour les Terminales S?
Le Parti socialiste est en désaccord avec cette réforme sur le fond, car nous considérons qu’il
faut d’abord revoir les finalités du lycée, qui est une étape-clef pour la construction des
citoyens de demain. La culture générale est extrêmement importante et l’histoire, la
géographie, mais aussi la philosophie ou les arts permettent de l’enrichir. C’est d’autant plus
important dans une société de communication, où les sources d’information sont très variées.
L’école doit apporter un socle, avec des repères.
Vous parlez aussi d’une contradiction avec le débat sur l’identité nationale?
Notre colère vient aussi du fait que le gouvernement s’est lancé dans un débat qui pour nous
n’est rien de plus qu’une manipulation politique, menée à des fins électorales. Un des
ministres (Eric Besson, ndlr) lance la réflexion sur l’identité nationale, un autre le piétine ! Le
gouvernement dit s’interroger sur notre culture commune, mais il prive la moitié des
bacheliers généraux de tout enseignement et de toute possibilité de réflexion sur ces
questions. L’histoire est indispensable pour appréhender le monde.
Avec cette réforme, le gouvernement dit vouloir revaloriser les filières littéraires.
Rendre l’histoire optionnelle dissuaderait les lycéens qui veulent intégrer Sciences-Po
d’intégrer les classes scientifiques…Le problème est pris dans le mauvais sens et les filières
littéraires ont bon dos ! Il fallait une refonte totale des filières du lycée mais c’est du
saupoudrage qui est proposé. Le gouvernement demande une spécialisation trop importante.
Le lycée formera de bons littéraires, de bons scientifiques, mais une fois à l’université, ces
élèves auront des difficultés à s’adapter aux disciplines nouvelles, comme le droit ou la
psychologie.
"Vision utilitariste"
Quel est alors l’intérêt d’une telle réforme pour le gouvernement ?
Je pense qu’il y a d’abord une raison idéologique, avec une vision utilitariste de l’école. Pour
le gouvernement, elle doit préparer à une profession, mais elle ne sert pas à s’ouvrir sur le
monde. Pour nous, elle doit aussi préparer des citoyens éclairés sur le monde qui les entoure.
L’autre raison est tout simplement budgétaire, avec des heures supprimées en histoiregéographie, qui entraîneront une nouvelle baisse du nombre de places en Capes (Certificat
d’études pour les professeurs, ndlr).
Une pétition a été lancée contre cette réforme par le Front de lutte pour l’éducation
(FLE), qui regroupe des professeurs d’histoire-géo, mais aussi des élèves. Soutenez-vous
leur mouvement ? Cette pétition circule et je la soutiens. Le Parti socialiste veut une réforme
ambitieuse du lycée, qui passera sans doute par une refonte des séries car il faut plus que de
simples ajustements. Nous proposons un tronc commun large pour le lycée, y compris pour
les filières technologiques et professionnelles. Il faudra ensuite définir des choix de
disciplines, et leur volume-horaire. Il faut proposer du droit, de la psychologie, peut-être de la
philosophie dès la première, mais sans surcharger les élèves. C’est tout cela qui leur permettra
de s’affirmer en tant que citoyens, tout en étant prêts pour la suite de leurs études.
Histoire-géo: face à la mobilisation, Chatel défend sa réforme
Vingt universitaires de renom ont publié dimanche une pétition, dans laquelle ils
«s'insurgent» contre la disparition prévue des cours d'histoire-géographie en terminale S. Le
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ministre de l'Education assure que la matière gardera «la place éminente qui a toujours été la
sienne».
Libération.fr
Le ministre de l'Education, Luc Chatel, à Marseille, le 23 octobre (Jean-Paul Pelissier /
«Un bon compromis», c’est ainsi que Luc Chatel, ministre de l'Education nationale, qualifie,
dans un entretien au Figaro lundi, sa réforme du lycée, qui verrait notamment disparaître
l'histoire-géographie dans les programmes de terminale S. Une mesure dénoncé par nombre
d’universitaires, particulièrement des historiens, qui ont lancé un appel pour la défense de
cette matière.
«Nous avons trouvé un bon compromis sans sacrifier aucune discipline», promet Luc Chatel,
rappelant qu'il avait consulté «pendant des mois» et effectué «un tour de France».
Il fait valoir que «le Conseil national de la vie lycéenne a approuvé ce que nous présentions»,
appelant à «ne pas prendre le risque de déséquilibrer ce qui a été fait». Et affiche le soutien
de «certains syndicats» qui font «de responsabilité, de même que les fédérations de parents
d'élèves».
«La voie aux réactions épidermiques»
La réforme est pourtant loin de faire l’unanimité: vingt universitaires de renom, comme JeanPierre Azéma, Alain Finkelkraut ou Michel Winock, ont publié dimanche dans le JDD une
pétition, dans laquelle ils «s'insurgent» contre la disparition prévue des cours d'histoire en
terminale S.
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Une pétition également signée par des personnalités, comme Boris Cyrulnik, Philippe Delerm
ou Michel Onfray, et des responsables politiques, dont Cécile Duflot (Verts), Marielle de
Sarnez (MoDem), Hervé Mariton (UMP) et plusieurs socialistes dont Martine Aubry,
Ségolène Royal, Laurent Fabius et Manuel Valls.
«Au moment où le président de la République et son gouvernement jugent urgent de lancer un
grand débat sur l'identité nationale qui doit mobiliser le pays, cette mesure», selon eux, «va
priver une partie de la jeunesse française des moyens de se faire de la question une opinion
raisonnée (...), ouvrant ainsi la voie aux réactions épidermiques et aux jugements
sommaires».
«Garder sa place éminente»
Pour tenter d’apaiser, Luc Chatel avait déjà assuré à l'AFP que «l'histoire-géo allait garder la
place éminente qui a toujours été la sienne dans le système éducatif français et même voir sa
place confortée».
Réfutant l’idée d’une suppression du cours d’histoire-géo en Terminale S, il argue que le
«programme sera vu en première. En première, les lycéens de la filière S vont voir leur
horaire d'histoire-géo passer de 2h30 à 4 heures», identique à la série littéraire. Et «les
lycéens en filière S, spécialement intéressés par l'histoire, pourront suivre une option de deux
heures d'histoire», a-t-il précisé.
«Rendre une filière optionnelle, c'est la condamner à terme», a campé Benjamin Stora, sur
France Info, rappelant que «le prestige de la France dans le monde» reposait notamment sur
«ses humanités et son école historique».
La réforme du lycée doit être entérinée jeudi par le Conseil supérieur de l'Education et entrer
en vigueur à la rentrée 2010 pour la seconde.
Lundi matin, François Bayrou a, à son tour, dénoncé sur Europe 1, «une des décisions les plus
graves qui aient été prises dans l'Education nationale ces dernières années». Selon le
président du Modem et ancien ministre de l’Education, une telle initiative «va à l'encontre des
principes que nous devrions défendre dans l'Education nationale française». «On a besoin de
faire, non pas des têtes bien pleines, purement scientifiques et techniques, mais de faire des
têtes bien faites, c'est-à-dire des jeunes qui sachent d'où vient notre histoire (...) qui sachent
se repérer dans la grande histoire des hommes», a-t-il ajouté.
Un appel d'universitaires pour la défense de
l'histoire-géographie
Ces chercheurs, principalement des historiens, dénoncent la décision «à courte vue» de rendre
optionnelle l'histoire-géographie en terminale scientifique, dans le cadre de la réforme du
lycée.
Vingt universitaires et chercheurs, principalement des historiens, partent en croisade contre la
décision «à courte vue» de rendre optionnelle l'histoire-géographie en terminale scientifique,
dans un appel que publie le Journal du dimanche.
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Parmi les signataires figurent les historiens Jacques Le Goff, Jean-Pierre Azéma, Antony
Beevor, Jean-Jacques Becker, André Kaspi, Annette Wieviorka, Benjamin Stora et Jean
Tulard mais aussi le philosophe Alain Finkielkraut.
«La décision envisagée par M. le ministre de l'Education nationale [Luc Chatel], dans le
cadre de la réforme des lycées ne peut que susciter la stupéfaction par son décalage avec les
nécessités évidentes de la formation des jeunes Français au début du XXIe siècle», peut-on
lire dans cet appel.
«A l'heure de la mondialisation», les auteurs du texte soulignent l'importance de l'histoire et
de la géographie pour «se situer dans le monde d'aujourd'hui». Et invoquent aussi
«l'impossibilité d'accéder à certaines formations supérieures de haut niveau» sans la
connaissance de ces disciplines.
«Au moment où le président de la République et son gouvernement jugent urgent de lancer un
grand débat sur l'identité nationale qui doit mobiliser le pays, cette mesure», font-il valoir
enfin, «va priver une partie de la jeunesse française des moyens de se faire de la question une
opinion raisonnée grâce à une approche scientifique et critique, ouvrant ainsi la voie aux
réactions épidermiques et aux jugements sommaires».
En conséquence, les signataires jugent «impératif d'annuler cette décision, inspirée par un
utilitarisme à courte vue, qui se trouve en contradiction avec les objectifs proclamés du
système éducatif français sur le plan de la formation intellectuelle, de l'adaptation au monde
contemporain et de la réflexion civique des futurs citoyens».
(Source AFP)
LE POINT
Publié le 23/11/2009 à 20:12
Le Point.fr
POLÉMIQUE
Réforme du lycée : les profs d'histoire-géo
se rebiffent
Par Marie-Sandrine Sgherri
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Le ministère de l'Éducation promet que la réforme vise à combattre la suprématie de la série scientifique ©
LEPAGE/SIPA
VOS OUTILS
Toute timide qu'elle soit, la réforme du lycée fait des mécontents. En première ligne, les
professeurs d'histoire-géographie, vent debout contre la suppression annoncée de leur
discipline en terminale S.
Le ministère estime pourtant avoir fait assez pour promouvoir cette matière en série
scientifique. L'histoire-géographie devient en effet une matière commune à toutes les
premières générales. Traduction pour les 1res S : 4 heures hebdomadaires au lieu de 2 h 30.
Mais cela n'a pas suffi à calmer les enseignants qui ne supportent pas l'idée que leur matière
devienne optionnelle en terminale S. "Ce n'est pas une question d'heures, affirme Hubert
Tison, secrétaire général de l'Association des professeurs d'histoire géographie. C'est une
question de principe !"
Combattre la suprématie de la série scientifique
Il y a 15 jours, lors d'une rencontre avec les conseillers de Luc Chatel, il avait cru pouvoir
infléchir la position du ministère et arracher deux heures en terminale S, dont une obligatoire.
Las, une semaine plus tard, le ministère se ravisait et ces deux heures ne devenaient plus
qu'optionnelles. Inacceptable, selon Hubert Tison, qui rappelle que 52 % des bacheliers
généraux sont en série S.
Du côté du ministère de l'Éducation, on objecte que la réforme souhaite justement combattre
la suprématie exagérée de la série scientifique, devenue au fil du temps une série d'excellence
"passe-partout". Cela passerait donc par un recentrage des séries autour de leurs
fondamentaux.
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Dissuasion
Pourtant, à y regarder de près, ce recentrage risque de ne pas suffire à rééquilibrer les séries.
La série L, notamment, semble bien peu remplumée, malgré la volonté présidentielle d'en
faire une filière internationale d'excellence : les maths n'y sont plus obligatoires (ni en
première ni en terminale) sans que les professeurs de maths s'en émeuvent le moins du
monde. Surtout, les horaires de lettres diminuent significativement, ainsi que les heures de
langues proprement dites, "compensées" par un enseignement de lettres en langue étrangère.
Enfin, le ministère n'a finalement pas osé remettre en cause la place de la philosophie, comme
cela avait été envisagé furtivement. Les heures de philo en terminale et son coefficient 7 au
bac L font pourtant de la série L une voie périlleuse pour les élèves. Mais du côté de la rue de
Grenelle, on a préféré éviter le caractère explosif des enseignants de cette discipline. " Il y a
de cela quelques années, ils défilaient avec un paquet de copies de bac dans une main et un
briquet dans l'autre", se souvient Hubert Tison. S'ils veulent coûte que coûte maintenir leur
discipline obligatoire en S, les profs d'histoire-géo savent désormais ce qui leur reste à faire...
L'appel de vingt universitaires pour "sauver
l'histoire"
AFP
Le philosophe Alain Finkielkraut a signé l'appel aux côtés de 18 historiens et du démographe Hervé Le Bras © AFP
PHOTOS.
SUR LE MEME SUJET
"SAUVER L'HISTOIRE" Intellectuels et politiques se joignent à la pétition
RÉACTION Luc Chatel : l'histoire va "garder sa place éminente" au lycée
Vingt universitaires de très grand renom ont signé un appel commun dans Le Journal du
Dimanche , où ils "s'insurgent" contre la disparition des cours d'histoire-géographie en
terminale scientifique prévue par le projet de réforme du lycée.
Le philosophe Alain Finkielkraut et le démographe Hervé Le Bras ont signé l'appel aux
côtés de dix-huit historiens : Jean-Pierre Azéma, le Britannique Antony Beevor, JeanJacques Becker, Serge Berstein, Pierre Cosme, Jean-Noël Jeanneney, André Kaspi,
Jacques Le Goff, Évelyne Lever, Pierre Milza, Michelle Perrot, Antoine Prost, Jean-Pierre
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Rioux, Jean-François Sirinelli, Benjamin Stora, Jean Tulard, Annette Wieviorka et Michel
Winock.
"Universitaires, personnalités artistiques et politiques s'insurgent" contre la proposition
de rendre optionnelle l'histoire-géo en terminale", affirme le texte.
Les signataires jugent "impératif d'annuler cette décision, inspirée par un utilitarisme à
courte vue, qui se trouve en contradiction avec les objectifs proclamés du système
éducatif français sur le plan de la formation intellectuelle, de l'adaptation au monde
contemporain et de la réflexion civique des futurs citoyens".
Ce projet "ne peut que susciter la stupéfaction par son décalage avec les nécessités
évidentes de la formation des jeunes Français au début du XXIe siècle", écrivent les vingt
intellectuels.
"À l'heure de la mondialisation, les futurs bacheliers scientifiques n'auraient donc nul
besoin de se situer dans le monde d'aujourd'hui", s'interrogent-ils.
"En outre, ils se trouveront dans l'impossibilité d'accéder à certaines formations
supérieures de haut niveau pour lesquelles la connaissance de l'histoire et celle de la
géographie sont indispensables et vers lesquelles ils se dirigent en nombre croissant",
poursuivent les signataires.
"Au moment où le président de la République et son gouvernement jugent urgent de
lancer un grand débat sur l'identité nationale, (...) cette mesure va priver une partie de
la jeunesse française des moyens de se faire de la question une opinion raisonnée grâce
à une approche scientifique et critique, ouvrant ainsi la voie aux réactions épidermiques
et aux jugements sommaires", estiment-ils.
LE MONDE
Des scientifiques et des politiques s'opposent à la réforme du lycée
LE MONDE | 07.12.09 |
C'est la pétition du moment. Celle qui réunit tout l'échiquier politique, du député (UMP)
Hervé Mariton au sénateur (CRC-SPG) Robert Hue. Celle qui fait se côtoyer les
signatures des principaux leaders du PS, tous courants confondus (Martine Aubry,
Ségolène Royal, Vincent Peillon ou François Hollande) et celles de Cécile Duflot, (Verts)
ou Marielle de Sarnez (MoDem).
Tous ces politiques ont ajouté leur nom samedi 5 décembre à une pétition lancée par
vingt universitaires dans le Journal du dimanche. Ces intellectuels demandent que
l'histoire-géographie reste un enseignement obligatoire en terminale scientifique.
La réforme du lycée présentée par Luc Chatel le 13 novembre dernier prévoit en effet que,
en classe de terminale S, il n'y ait plus d'enseignement obligatoire - mais une option
facultative - d'histoire-géographie. En compensation, l'horaire de cette discipline en
classe de première S, actuellement de 2 h 30 par semaine, passerait à 4 heures.
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Il s'agissait pour Luc Chatel de rééquilibrer les filières en tentant de faire du bac S un
véritable bac scientifique. "Au moment où le président de la République et son
gouvernement jugent urgent de lancer un grand débat sur l'identité nationale (...), cette
mesure va priver une partie de la jeunesse française des moyens de se faire de la
question une opinion raisonnée", affirment les signataires, réclamant l'annulation de
cette décision.
Le ministre a répliqué en rappelant que les scientifiques arrêtent bien l'étude du français
à l'issue de la classe de 1re et que par ailleurs les élèves de terminale S pourront suivre un
enseignement optionnel de 2 heures en histoire-géographie. Or les élèves de cette section
sont les plus gourmands en options. 28 % d'entre eux suivaient en 2008 une ou deux
options facultatives. Ils sont même quatre fois plus nombreux à y étudier le latin qu'en
terminale littéraire, et deux fois plus nombreux à y suivre des cours de grec.
Au lendemain de l'annonce des grilles horaires, seule l'Association des professeurs
d'histoire-géographie avait protesté. Leur voix a été largement amplifiée par l'appel de ce
week-end, lancé par le philosophe Alain Finkielkraut, le démographe Hervé Le Bras et
dix-huit historiens, parmi lesquels Jean-Pierre Azéma, Serge Berstein, André Kaspi,
Jacques Le Goff, Pierre Milza, Antoine Prost, Jean-Pierre Rioux, Benjamin Stora, Jean
Tulard, Annette Wieviorka et Michel Winock. Des signataires rejoints dimanche par une
série d'autres personnalités : le psychiatre Boris Cyrulnik, l'écrivain Philippe Delerm, le
philosophe Michel Onfray, l'historienne Mona Ozouf, et des responsables politiques.
La protestation sur l'histoire-géographie n'est que la pointe avancée d'une fronde plus
large. Dans d'autres matières aussi, des professeurs s'inquiètent. Ceux de sciences
économiques et sociales (SES) jugent leur discipline "maltraitée", notamment du fait
qu'elle serait un enseignement "d'exploration" d'1 h 30 par semaine, placé en
concurrence avec un enseignement d'économie appliquée. Une manifestation des
professeurs de cette discipline, le 2 décembre à Paris, a rassemblé moins de monde que
n'en espérait leur association. Mais un appel, signé du sociologue Christian Baudelot, de
l'économiste Daniel Cohen, du pédagogue Philippe Meirieu et de l'historien Pierre
Rosanvallon a été lancé (Le Monde du 2 décembre 2009) pour demander au ministre de
"revoir son projet".
L'association des professeurs de mathématiques de l'enseignement public et la Société
mathématique de France ne sont pas en reste, qui estiment que les grilles horaires
"laissaient présager" une diminution des enseignements scientifiques.
La réforme Chatel, sans bouleverser l'architecture actuelle du lycée, propose une seconde
plus "exploratoire", un important tronc commun (60 % des enseignements) en 1re de
façon à permettre des réorientations, et une spécialisation plus poussée en terminale,
notamment pour la filière S, dont l'aspect scientifique est renforcé. L'introduction de
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deux heures par semaine d'accompagnement personnalisé des élèves conduit à grignoter
sur les différentes disciplines.
Une intersyndicale regroupant sept syndicats, dont le SNES, le Snalc, la CGT, FO et SudEducation demande à Luc Chatel de "renoncer à son projet", et prévoit une
manifestation jeudi 10 décembre, jour où le projet de réforme doit être examiné au
Conseil supérieur de l'éducation. Le SGEN-CFDT et le SE-UNSA, alliés avec la Fédération
des conseils de parents d'élèves (FCPE), contestent ce "front du refus", considérant que
cette réforme "ouvre des perspectives encourageantes pour les lycéens".
Luc Cédelle
Les lycéens en ordre de marche
Le mouvement "n'attend qu'une médiatisation pour gonfler", écrit, dimanche 6
décembre, le Front de lutte pour l'éducation, qui regroupe 38 organisations proches de
l'extrême gauche. Ce mouvement a commencé le 7 octobre par un blocage du lycée
Léonard-de-Vinci à Levallois (Hauts-de-Seine). Il a rebondi le 22 octobre avec une
manifestation de 500 lycéens à Rouen "contre le projet de réforme des lycées", puis à
partir du 17 novembre à Nantes, où les manifestations n'ont plus cessé. Le 24 novembre,
15 lycées étaient perturbés dans les académies de Nantes et de Rennes et une vingtaine en
Ile-de-France. Des blocages ou tentatives de blocages ont également touché les
académies de Versailles et de Créteil. Ce mouvement fait tache d'huile, mais lentement et
sans prouver jusqu'à présent qu'il est susceptible d'entraîner la masse des lycéens. Ces
derniers, estime l'Union nationale des lycéens qui désapprouve ces tentatives, sont plutôt
intéressés par la réforme proposée.
Filière scientifique : la fin de l'histoire ?
LEMONDE.FR | 07.12.09 | 18h53 • Mis à jour le 08.12.09 | 08h29
Alors que l'annonce était passée quasiment inaperçue, l'Association des professeurs
d'histoire-géographie (l'APHG) a lancé un appel, samedi 5 décembre, auprès des historiens
dans le Journal du dimanche, contre la réforme des lycées. Le point litigieux ? La
suppression annoncée de l'histoire-géographie dans les matières obligatoires en
terminale scientifique (S). Jusqu'à présent, 2 h 30 d'histoire-géo étaient prévues dans ces
classes. Selon le projet, en 2010, l'enseignement obligatoire devrait disparaître, contre la
possibilité de suivre deux heures optionnelles. En échange, se défend le ministre de
l'éducation nationale, en 1re scientifique, les élèves passeront de 2 h 30 d'histoire-géo
hebdomadaire à 4 heures. Mais les signataires de la pétition jugent "impératif d'annuler
cette décision, inspirée par un utilitarisme à courte vue".
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Du côté des politiques, le président du Mouvement démocrate (MoDem), François
Bayrou, y voit "une des décisions les plus graves qui aient été prises dans l'éducation
nationale ces dernières années", tandis que Martine Aubry, Ségolène Royal, Laurent
Fabius, Manuel Valls (PS), Cecile Duflot (Verts), Marielle de Sarnez (MoDem) et Hervé
Mariton (UMP) ont signé la pétition.
"RÉÉQUILIBRER LES SÉRIES"
L'UNSA [deuxième fédération syndicale des personnels de l'éducation nationale] a en
revanche adopté une position différente. "On a choisi dès le début de ne pas entrer dans
le débat par l'angle des disciplines, explique Claire Krepper, secrétaire national du SEUNSA. On ne peut pas bâtir une réforme à partir de ce que veut chaque discipline." Pour
le syndicat il faut privilégier les besoins des lycéens, mais surtout casser un système
élitiste dans lequel tous les bons élèves se retrouvent en section scientifique. "Il est faux
d'affirmer que l'on va vers une suppression de l'histoire-géo en filière scientifique. Il y a
une option, et surtout l'horaire de première est renforcé. Les programmes sont, eux,
revus en adéquation avec ce réaménagement."
"Si l'objectif est de rééquilibrer les séries, explique SE-UNSA, la réforme a du sens." C'est
la question de la formation des élites qui se joue et le syndicat considère que "tous ceux
qui sont pour le bien commun devrait approuver ce rééquilibrage". L'APHG, qui a
recueilli plus de 12 000 signatures, demande un volume horaire hebdomadaire
obligatoire de 3 heures (non optionnelles) avec un contrôle au bac en fin de classe de
terminale comme pour les autres séries générales. La réforme, elle, sera examinée, jeudi
10 décembre, par le Conseil supérieur de l'éducation.
Le Monde.fr
L'enseignement de l'histoire-géo, avant-après



EN SECONDE :
- avant la réforme : 3 h 30 hebdomadaires (dont 30 minutes de module)
- après la réforme : 3 heures.
EN PREMIÈRE :
- avant la réforme : 4 heures pour les séries littéraire (L) et économique et sociale
(ES), 2 h 30 pour la série scientifique (S).
- après la réforme : 4 heures pour tous.
EN TERMINALE :
- avant la réforme : 4 heures pour les séries littéraire (L) et économique et sociale
(ES), 2 h 30 (dont 30 minutes en classe dédoublée) pour la série scientifique (S).
- après la réforme : 4 heures pour les séries littéraire (L) et économique et sociale
(ES), 2 heures optionnelles pour la série scientifique (S).
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LIBERATION
8/12/2009 (une partie des article en version payante)
Réforme du lycée : vers la fin de l’histoire ?
Des enseignants et une cinquantaine de personnalités dénoncent la disparition de l’histoiregéo de la liste des disciplines obligatoires en terminale scientifique.
Par VÉRONIQUE SOULÉ
Des élèves de terminale passent le baccalauréat, le 18 juin au lycée Chaptal à Paris (AFP/
STEPHANE DE SAKUTIN)
Pas touche à l’histoire ! La suppression de la discipline en terminale scientifique dans le cadre
de la réforme du lycée a provoqué une levée de boucliers. Les enseignants d’histoire-géo ont
lancé une pétition. Et une cinquantaine de personnalités - historiens, artistes, politiques - ont
diffusé un appel, exigeant d’«annuler cette décision». Mais le ministre de l’Education
nationale, Luc Chatel, qui entend faire passer sa réforme pour Noël, reste de marbre.
«Opinion».«A l’heure de la mondialisation, les futurs bacheliers scientifiques n’auraient
donc nul besoin de se situer dans le monde d’aujourd’hui par l’étude [de l’histoire] des
dernières décennies [le programme de terminale, ndlr]», écrivent les vingt signataires à
l’origine de l’appel publié dans le Journal du dimanche, des historiens comme Jacques
Le Goff ou Benjamin Stora, mais aussi le philosophe Alain Finkielkraut et le démographe
Hervé Le Bras. Parmi les personnalités qui soutiennent l’appel, Martine Aubry côtoie
Ségolène Royal, Abd al-Malik, Pierre Arditi, etc. «Au moment où le président de la
République et son gouvernement jugent urgent de lancer un grand débat sur l’identité
nationale qui doit mobiliser le pays, poursuit le texte, cette mesure va priver une partie de la
jeunesse française des moyens de se faire une opinion raisonnée de la question, ouvrant ainsi
la voie aux réactions épidermiques et aux jugements sommaires.»
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Filières post-bac. A l’origine de cette colère, la disparition annoncée de l’histoire-géo parmi
les matières obligatoires de terminale S. Actuellement, les scientifiques en ont deux heures et
demie par semaine en première et autant en terminale. Ils passeraient à quatre heures en
première, à l’issue de laquelle ils auraient l’histoire-géo en épreuve anticipée du bac. Du coup,
en terminale, la discipline ne serait plus qu’une option, de deux heures par semaine.
Pour le ministre, il s’agit ainsi de mieux préparer les lycéens aux études supérieures et pour
cela, d’avoir des terminales plus spécialisées préparant mieux aux filières post-bac. En S, le
poids des matières scientifiques devient donc plus important au détriment notamment de
l’histoire-géo. Mais le ministre touche ici à une discipline particulièrement chère au cœur des
Français. Et alors que Nicolas Sarkozy multiplie les commémorations historiques, avec
lecture de la lettre de la lettre de Guy Môquet dans les écoles, il envoie un message
apparemment contradictoire.
OUEST-FRANCE
Sa discipline en option ? Un historien s'indigne (Pierre Milza)
mardi 08 décembre 2009
Pierre Milza, ici dans sa bibliothèque, à Miniac-Morvan, en llle-et-Vilaine. Spécialiste de
l'histoire contemporaine et du fascisme, il a notamment publié « La Commune » (2009, éd.
Perrin, 514 pages, 24 €) et « Mussolini » (1999, Fayard, 985 pages, 30 €).
Photo : Archives David Adémas
« Priver des lycéens d'Histoire serait une grave erreur », estime Pierre Milza, l'un des
initiateurs de la pétition contre le projet de Luc Chatel. Le ministre veut rendre la matière
optionnelle en terminale scientifique.
Entretien
Pourquoi avez-vous lancé cet appel, signé par de nombreux universitaires et des
politiques ? Mais parce que j'étais indigné. Oh, n'y voyez pas une réaction corporatiste, mais
l'expression de la colère et de la stupéfaction d'un simple citoyen.
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La décision de proposer l'histoire-géo en simple option aux terminales scientifiques, cela
vous a étonné ?
Évidemment, venant de ce gouvernement. C'est en distorsion par rapport aux discours de
Nicolas Sarkozy, qui n'hésite pas à citer Jaurès ou De Gaulle. C'est en complète contradiction
avec ce qu'il annonce et semble souhaiter. Le gouvernement vient de lancer un débat sur
l'identité nationale. Une identité forcément culturelle. Et voilà qu'il enlève à des lycéens un
instrument essentiel de compréhension. Enfin, ce n'est pas en cours de chimie qu'ils vont se
familiariser avec nos valeurs républicaines.
Quelles portes ouvre l'Histoire ?
Apprendre l'histoire du monde est fondamental, cela empêche l'amnésie collective. Car perdre
la mémoire, c'est être mutilé. Cette discipline étudie les rouages politiques, culturels, sociaux
et économiques dans lesquels le citoyen va évoluer toute sa vie. L'histoire et la philosophie
sont les éléments fondateurs de la compréhension du monde et de la démocratie.
Le ministère se défend en expliquant que le programme d'histoire sera regroupé en 1 re
S.
C'est de la folie. Primo, avec ce futur planning, des élèves perdront, de toutes façons, une
heure d'enseignement. Secundo, c'est en terminale -et nulle part ailleurs- que l'on peut réaliser
une synthèse des savoirs, devant des élèves qui ont atteint une certaine maturité et peuvent
maîtriser les données multiples et complexes de l'époque actuelle. C'est en terminale qu'on lie
utilement histoire et philo, pour procéder à une sociologie du temps présent.
Tertio : vous connaissez les programmes d'histoire-géo de 1re et de terminale ? Ils sont déjà
trop copieux. Alors, les comprimer en une seule année, impensable. Sauf à « gaver » les
élèves. Et puis, quelle idée ridicule de cantonner les terminales S aux seules questions
scientifiques. Bien des lycéens ne feront pas, ensuite, carrière dans ce domaine. Les priver
d'Histoire serait une grande erreur.
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