RÉSUMÉ
Le secteur financier demeure le moteur
principal de la croissance au Luxembourg.
Grâce à la puissance de ce secteur, le pays a pu
créer durablement un État providence généreux
sans compromettre les finances publiques, tout
en maintenant sa dette publique à un niveau
peu élevé. Selon les prévisions économiques de
l’hiver 2015 de la Commission, l’activité
économique devrait poursuivre sa progression
cette année, la croissance du PIB devant
atteindre 2,6 %, un niveau légèrement inférieur à
celui de 2014. La croissance sera alimentée pour
l'essentiel par la demande intérieure, notamment
l’investissement. Bien qu'il demeure à un niveau
remarquablement bas par rapport à la moyenne de
l'Union européenne, le chômage devrait atteindre
un pic en 2015, avant de diminuer progressivement
en 2016. En ce qui concerne les finances
publiques, en 2014, l’excédent des administrations
publiques devrait avoir diminué de manière
marginale, à 0,5 % du PIB contre 0,6 % en 2013.
Malgré les efforts prévus en matière
d’assainissement budgétaire, les finances
publiques devraient se détériorer en 2015,
principalement sous l'effet de la baisse des recettes
de TVA dont s'est accompagnée la modification,
cette année, de la réglementation des activités liées
au commerce électronique. En dépit de
l’augmentation de 2 points de pourcentage des
taux de TVA, qui est entrée en vigueur le 1er
janvier 2015, l’inflation devrait rester faible, en
liaison avec un écart de production négatif et
l’affaiblissement persistant des prix du pétrole. La
décision annoncée récemment par la Banque
centrale européenne de prendre des mesures
d'assouplissement quantitatif devrait exercer des
pressions à la hausse sur les prix, en particulier
en 2016.
Le présent rapport évalue l'économie
luxembourgeoise dans le contexte de l'examen
annuel de la croissance de la Commission, qui
recommande que la politique économique et
sociale de l'UE s'articule en 2015 autour de trois
axes principaux: investissement, réformes
structurelles, et responsabilité budgétaire. En
cohérence avec le plan d’investissement pour
l’Europe, il examine également les moyens de
maximiser l’impact des ressources publiques et de
relancer l’investissement privé. Les principales
observations et conclusions qui en ressortent sont
les suivantes.
Les finances publiques restent saines,
soutenues par un cadre stratégique solide.
Compte tenu de la détérioration prévue du
solde budgétaire en 2015, le gouvernement a
pris toute une série de mesures correctives, qui
ciblent à la fois les dépenses et les recettes, afin
de respecter l’objectif à moyen terme du pays
tout au long de la période de programmation.
Un plan ambitieux d’assainissement
budgétaire, comprenant des augmentations des
taux de TVA, une rationalisation des dépenses
et d’autres mesures, devrait permettre
d'augmenter le budget de l’État d’environ 2 %
du PIB au cours de la période 2015-18. En
outre, la mise en place récemment d’un cadre
pluriannuel contribuera à atténuer les effets du
cycle économique sur les finances publiques et
à réduire la volatilité des recettes et leur
vulnérabilité aux facteurs exogènes, tels que
l’évolution des marchés financiers. Alors que
des progrès limités ont été accomplis dans le
domaine des retraites, le Luxembourg reste
confronté à des problèmes en ce qui concerne
la soutenabilité à long terme de ses finances
publiques. Même si la réforme récente de la
TVA devrait compenser au moins partiellement
la chute des recettes de la taxe sur la
consommation consécutive à la modification de
la réglementation du commerce électronique, il
est encore possible d’élargir l’assiette fiscale,
étant donné l’utilisation répandue des taux
réduits, et de revoir la faible imposition
actuelle des biens immobiliers. Enfin, d’autres
sources propices à la croissance peuvent
permettre d'étoffer les recettes, notamment la
fiscalité de l’environnement.
L'économie luxembourgeoise est lourdement
tributaire du secteur financier. Le pays a
intérêt à poursuivre les efforts visant à
promouvoir les investissements dans les
secteurs à haute valeur ajoutée brute, pour
trouver d'autres sources de croissance. Le
gouvernement encourage directement les
investissements dans des infrastructures de
qualité susceptibles de contribuer à une
amélioration de la productivité, notamment
dans les industries de réseau et le secteur des
transports. Si le plan d’investissement présenté
par la nouvelle Commission est susceptible de
participer à cet effort, le Luxembourg doit
contrer la détérioration sa compétitivité-coûts.