MIRAGE CHAMBRE SYNDICALE DE L'INDUSTRIE TEXTILE NOTE DE CONJONCTURE PERIODE 1 NC1 INFORMATIONS GENERALES "L'année de tous les dangers": tel est le sous-titre du dernier rapport des experts économiques du Bureau International de Prospective présenté à la presse la semaine dernière. Dans l’intérêt de nos membres, nous présentons ci-dessous l’essentiel de ses conclusions telles que nous les avons comprises. Bien qu’elles soient issues du rapport, la rédaction n’engage que nous. La situation générale de notre pays, et plus particulièrement sa situation économique et sociale, demeure préoccupante. Alors que le gouvernement applique une vigoureuse politique d'austérité et de rigueur, afin de briser le cercle vicieux inflationniste et la spéculation contre la monnaie commune, les entreprises sont par ailleurs confrontées aux perspectives peu riantes d'un vif accroissement de la concurrence étrangère. À l'ouverture prochaine des frontières dans le cadre de l’extension de la Zone Economique Commune (ZEC) qui a succédé à la Confédération Continentale, s'ajoutent en effet les négociations commerciales au sein de l’Organisation Mondiale des Echanges (OME), qui a elle-même succédé au M.A.T.T. (Multilateral Agreement on Tariffs and Trade), qui risquent d'ouvrir le marché national aux produits de la concurrence étrangère. A cet égard, les exigences de disparation totale des quotas formulées par le Groupe de Tombara lors de la conférence de Tampun n’ont pas manqué d’affoler les professions à haute teneur en main d’œuvre et productivité douce, et notamment les industries textiles. La croissance de la grande distribution moderne, susceptible d'acheter massivement à des fournisseurs étrangers bénéficiant de coûts de production plus compétitifs que ceux de l'industrie nationale, aggrave encore la situation. Or, la politique économique du gouvernement, par les effets négatifs qu'elle ne manquera pas d'avoir sur la demande en raison de la nécessité de lutter contre l’inflation actuelle, risque de renforcer la sensibilité des consommateurs à la politique de discount pratiquée par certains distributeurs. L'industrie textile se trouve ainsi placée à la croisée des chemins. Pour survivre, dans un environnement de moins en moins favorable, elle doit s'adapter aux nouveaux marchés, suivre l'évolution des consommateurs, rationaliser et moderniser ses outils de production et ses méthodes de gestion. En politique, le désintérêt des citoyens pour la vie publique ne cesse de se manifester par des taux massifs d'abstention aux élections locales et aux élections partielles. La longévité du chef de l'Etat, qui a entamé son troisième décennat par un nouveau lifting qui lui a redonné un regard perçant, ne serait pas, selon certains analystes, étrangère à cette ambiance de lassitude et de désenchantement. Un certain nombre de sociologues et de politologues s'alarment d'un rejet de plus en plus marqué de la société moderne et de la démocratie représentative classique, d'autant plus que ce rejet se caractérise par une attirance croissante pour les idéologies extrémistes, tandis que les cas de violence et de vandalisme inexplicables semblent se multiplier. Le succès de bibliothèque du dernier opuscule du célèbre philosophe arméricain Bernard-Ronan Le Scribe a d’abord étonné et maintenant inquiète les élites intellectuelles. Rappelons que sous le titre « Sur le chemin de Toquebourg dans sa mobilité extérieure » et le sous-titre « De la désintégration dans la désespérance chez les jeunes des peuplades de coureurs de bois au siècle dernier et du risque sociétal révélé dans la transposition aux temps présents », il y étend sa brillante analyse de la désespérance chez les NAIFS à tous les jeunes qui se perçoivent comme privés d’avenir. Son assimilation des seconds aux premiers n’est plus présentée comme choquante, mais annoncée comme prémonitoire. Ces NAIFS, enfants Nés Après l’Interdiction des Fourrures Sauvages, étaient issus de la première génération des trappeurs partis vers les grands espaces portés par l’espoir d’une vie meilleure et exaltante en pleine nature, et étaient devenus des parias urbains dans les réserves créées pour les recueillir suite à l’interdiction de la trappe obtenue de haute lutte après des décennies C.S.I.T. - Note de conjoncture Période 1 Page 2 de combat par la célèbre ancêtre des suffragettes restée dans l’histoire sous le nom de PP. Leur révolte soudaine et brutale est pour les historiens des sociétés le vrai signal du passage de l’ère patriarcale à l’ère moderne. BRLS nous annonce des changements de temps dont les convulsions seraient encore plus brutales. On note également l'apparition de mouvements "écologiques", qui s'interrogent sur les divers effets nocifs de notre système économique sur l'environnement, et, plus généralement, sur le productivisme moderne. On voit aussi apparaître dans les médias des références de plus en plus fréquentes à des concepts nouveaux comme le développement durable ou les fonds éthiques qui semblent signaler que le développement n’est plus systématiquement perçu comme un progrès. Les spécialistes pensent que les contestations de plus en plus fréquentes des grands travaux d’équipement par toutes sortes de catégories de citoyens sont également un signe de ce malaise. De leur côté, les dirigeants politiques et économiques du pays dénoncent cette morosité entretenue selon eux par les média et par une opposition "désarmée par le soutien indéfectible de la population à notre chef suprême, le Président Bien-Aimé, dont la finesse d'esprit, la profondeur de vue, la perspicacité sagace et surtout la juvénile ardeur forcent l'admiration", selon le Ministre de l'Intelligence et du Beau, porte parole du Régime et chargé du nouveau département ministériel de la Valorisation du Temps Créatif. C’est lui aussi qui a par ailleurs déclaré que les « déclinologues professionnels » « étaient au peuple ce que le joueur de flûte de Hamelin était aux rats et qu’ils étaient aussi nuisibles à tous que les pilotes de formations chez les lemmings ». De son côté, le Chef du Gouvernement a récemment brossé à l'Assemblée Nationale une des grandes fresques dont il est coutumier, et a proposé aux députés un nouveau défi : la modernisation du pays face à la prochaine extension de l’Union des Etats qui a vocation à regrouper à terme les membres de la Zone Economique Commune, elle-même extension et héritière de MARCOM PLUS, le marché commun des 17 États de la Confédération Continentale. Ce thème est susceptible selon lui de mobiliser la nation en la sortant d'une confortable mais dangereuse torpeur. Face à cette échéance vitale pour le pays, l'assainissement, la modernisation et la rationalisation industrielle et commerciale de l'économie nationale, accompagnées d'une redéfinition des rapports sociaux, sont les grands thèmes du programme gouvernemental. Sur le plan international, on relève une nouvelle hausse des taux d'intérêts océaniens, qui devrait malheureusement être répercutée sur la plupart des places financières. Selon certaines informations non encore confirmées, le déficit budgétaire d' Océania atteindrait cette année plus de 350 trillions de kreutzers, suite aux baisses massives d’impôts décidées par la nouvelle administration dans le cadre de la mise en œuvre des promesses du président lors de sa campagne pour sa réélection, et surtout suite aux financements en urgence répétitifs de ce que les médias ont appelé le conflit de la coalition qui frappe préventivement ce grand pays. Rappelons que bien qu’il dispose du plus grand nombre d’économistes lauréats du prestigieux prix TNT, il y a désaccord profond entre eux sur le risque systémique sur la croissance et l’avenir du pays du sous financement structurel global des risques de vieillesse et de santé. C’est une coalition inhabituelle en Océania de femmes et de libéraux conduite par la sénatrice junior de l’état du Wyoska, Clint McHillary souvent présentée comme le plus grand espoir de son parti, qui conduit la guerilla financière. Le déficit de la balance commerciale océanienne ne cesse par ailleurs de se creuser, en raison notamment des importations de voitures et de matériels électroniques estasiens ainsi que de matières de base et de produits manufacturés du reste du monde. Le Secrétaire océanien au Commerce devrait rencontrer dans les prochaines semaines son homologue estasien. On considère généralement qu' Océania exigera à cette occasion une plus grande ouverture de l’économie estasienne aux importations, et une libéralisation accrue de l’économie de l’archipel. On note aussi le dévelopement rapide des exportations en provenance de Centrasia, et notamment de la Puissance du Milieu qui semble passer d’une ouverture timide sur l’extérieur plus ou moins tolérée par les pouvoirs centraux à une politique d’exportation systématique pour accélérer la transformation de son économie. On en voit des signes certains dans les récentes mesures prises par ce vaste pays qui vient de créer une monnaie convertible pour étrangers à un taux qualifié de décevant et de conquête par le Ministre d’Etat océanien, ainsi que dans l’explosion de ses importations de machines et d’équipements. C.S.I.T. - Note de conjoncture Période 1 Page 3 Le monde craint donc un dumping massif d’un grand concurrent en train de naître, d’autant plus que son grand voisin du sous-continent d’au-delà des Montagnes de l’Esprit est aussi en train de faire exploser une économie de conquête aux marges de son économie ancestrale de survie, après avoir réussi à se mettre en paix avec ses voisins. Le savant Claudius Allegro, bien connu comme humaniste et homme politique, mais surtout, et bien qu’il soit davantage connu du grand public comme archéo-vétérinologue amateur, spécialiste des états flous en physique globulaire, vient de publier un papier dans le quotidien de référence « Les Temps Actuels », dans lequel il présente un concept d’ « entropie sociétale globulaire » qui ne manque pas d’inquiéter ses confrères. Ses projections et simulations dont la variable explicative est le risque systémique de paix dans la partie la plus peuplée, la plus travailleuse et la plus ambitieuse du monde, montrent la génération résultante d’un phénomène méga-énergétique qualifié par ailleurs de « tsunami social exogène » dont la propagation dans tous les sens de la boussole à partir de ses épicentres, est, selon ses analyses des résistances longitudinales intermédiaires, et en l’état des connaissances relatives à ces résistances, génératrices de franges d’interférences ondulatoires à caractère cataclysmique dont l’intensité maximale se situerait mathématiquement sur les zones géographiques d’Océania et de l’Union des Etats. Son autorité morale est telle qu’à la suite de la publication de ce papier, les services consulaires du sous-groupe du Groupe de Tombara dit « Alliance des Pays des Confins », ont publié un communiqué rappelant qu’ « ils ne sauraient accueillir que des immigrants qualifiés, parlant leur langue et choisis sur les critères d’intérêt pour le développement des pays d’accueil, c'est-à-dire en bonne santé, jeunes et bien éduqués, ou possédant des talents certains et prouvés, ou susceptibles d’investir plus d’un million de kreutzers par tête dans les douze mois de leur arrivée ». Interrogé aux 3 Vérités du Journal du Matin, le savant a dit craindre que les gens ne pensent que, s’ils n’étaient pas nés, ils ne se seraient pas fait naître, ce qui, selon lui est un élément de l’ensemble des risques systémiques résultants. L’intervieweuse, spécialiste des tendances de fond de la société, ayant rebondi sur le risque démographique, le producteur de l’émission a promis de faire interroger l’Observatoire des Libidos de l’Hôpital Santa Anna, dont on sait qu’il détient un des indicateurs avancés les plus fiables de la déclinologie, et de tenir la population informée s’il s’avérait que des mesures compensatrices devaient être prises. Avec ce risque de paix générateur de grand chambardement, on rejoint ici une des conclusions du célèbre Roger-Alain Père-Fils. Ecrivain, homme politique et d’état, académicien, grand voyageur et découvreur de civilisations anciennes et prometteuses, brillamment polyvalent et éclectique, l’ancien ministre des Jeunes et de leur Education était vraiment devenu célèbre par son ouverture d’esprit lors de la dernière grande crise structurelle où la jeunesse travailleuse intellectuelle avait rejoint sur le carreau des usines ses camarades travailleurs manuels de tous âges pour réclamer « de l’amour, des jeux et du pain » selon les mots de leur célèbre égérie Fanny la Rouge. C’est la portée universelle de ces mots qui, selon lui, a conduit à un des évènements majeurs du siècle dernier sur lequel a fait autorité son analyse de l’insertion répulsive rituelle du passage de récepteur orienté à celui d’émetteur à polarité inversée. A la base il y a une transaction individuelle de type banal massif, répétée bien sûr par millions à l’année. Leurs conjonctions browniennes résultent en un équilibre statistique dont la stabilité structurelle ne serait assurée que sous contraintes. Sa recommandation était donc de veiller aux contraintes, ce qui fut fait par la suite et rassura la nation. La base théorique fut depuis validée par les importants travaux sur la théorie du chaos, qui montrent les effets dévastateurs à distance des battements d’aile de papillons dans la zone de la Puissance du Milieu. Mais à l’époque ses conclusions reposaient sur les travaux de son contemporain, le grand philosophe des sciences Wokinski, qui avait de son côté exposé que la réaction en chaîne issue de la projection ciblée et énergétique des composants de type « FTG » sur ceux de type « CT » n’était que due à un phénomène de catalyse assez obscur sans doute résultant d’une erreur de manipulation, et que donc l’explosion, pour massive qu’elle ait été, ne devait pas être analysée comme une de ces transmutations dont rêvent les savants dans l’étude mémorielle de l’eau ou la température de fusion des corps physiques. Dans son récent ouvrage sur notre avenir, l’homme de lettres et d’état est revenu sur la nécessité de bien distinguer l’épiphénomène, fût-t-il cataclysmique, de la véritable mutation. Sa phrase marquante « Quand la Puissance du Milieu ne dormira plus, le monde switchera de tropisme » reste inquiétante et d’actualité, bien que, on s’en souvient, cette expression ait fait grand bruit à l’époque et ait été critiquée sur Télé 819 par le grand C.S.I.T. - Note de conjoncture Période 1 Page 4 chef de l’Etat d’alors, ce qui avait conduit à une réécriture dans les éditions postérieures dans lesquelles « switchera de tropisme » est remplacé par « changera de paradigme ». Au Milevant, on signale, en Assumérie, le renversement de la monarchie et la prise du pouvoir par le Commandant AL MAHDI, qui a l'intention de promouvoir un "religionisme révolutionnaire". Le nouveau gouvernement a aussitôt décrété une hausse de 25 % des taxes acquittées par la compagnie pétrolière angliaiano-océanienne Occidental Oleum, sous peine de "mesures unilatérales". Il semble que cette compagnie, qui ne dispose pas de réserves dans d'autres pays, ait décidé de s'incliner. On attend d'autre part avec impatience les résultats de la conférence des ministres de Ouagaoundé, dans le cadre des négociations de l’OME démarrées au cours de la dernière reprise du MATT. On se souvient que lors de la dernière réunion, les représentants des pays du Monde Tiers avaient réclamé un réaménagement du système économique et commercial international. En effet, la hausse des taux d'intérêts sur les marchés financiers alourdit la poids d'une dette extérieure déjà colossale. En outre, le prix des principales matières premières exportées par le Monde Tiers demeure soumis à des fluctuations spéculatives. A ce sujet, les accusations du président de la Fédération des Etats du Soleil sur les subventions agricoles d’Océania et de la ZEC qui tirent à la baisse les cours mondiaux et provoquent de fait, selon lui, un pillage des pays pauvres, ont été paradoxalement reprises par le Groupe de Tombara qui regroupe les pays riches exportateurs de matières premières d’origine végétale et animale produits à fort renforts mécaniques dans de grands espaces naturels plats et peu peuplés. Au plan politique, les représentants des pays en développement réclament à Ouagaoundé un accès préférentiel des produits manufacturés exportés par le Monde Tiers vers les pays développés et dénoncent l’arme de destruction massive que représente selon eux l’utilisation des termes de l’échange par les pays les plus développés. Cette revendication a jusqu'à présent été rejetée au nom des principes du libre-échange et de la libre concurrence. Les représentants des pays développés ont d'ailleurs fait observer que les marchés des matières premières connaissent depuis près d'un an une évolution atypique, favorable aux pays producteurs. Il semble donc que la conférence de Ouagaoundé s'oriente vers une nouvelle impasse, d’autant plus que la réélection massive du président océanien semble laisser présager un renforcement de la régulation de l’économie mondiale par les forces du marché plutôt que par des engagements politiques multilatéraux. Ainsi, on le voit, l’année qui vient est bien celle de tous les dangers, et nous partageons l’analyse des experts du Bureau International de Prospective. Nous sommes conscients qu’il y a bien du travail à faire pour sauver notre industrie, mais nous sommes solidaires des membres de notre chambre syndicale pluri-centenaire et nous avons espoir et confiance en eux. Pour notre part et pour ce qui nous concerne, nous nous efforcerons de leur livrer le plus rapidement possible toutes les informations pertinentes et vérifiées qui s’imposent pour les aider à prendre leurs décisions, tout en sachant rester scrupuleusement neutres, tous nos clients étant directement concurrents entre eux. INFORMATIONS TECHNIQUES DE LA PÉRIODE Sur le marché de l'occasion, le cours des machines M1 usagées s'établit à 56 kE. Néanmoins une importante incertitude demeure sur les éventuelles conséquences de la contestation d’un très important contrat d’achat de machines d’occasion signé il y a deux ans. Ce cours n’est peut-être donc pas définitif pour la période. La Banque Centrale n'ayant pas encore fait connaître le taux de ses prises de pensions, nous ne sommes pas en mesure de publier les taux d'intérêts pour la période 1.