LA FRANCE DES ANNEES 1930
La Grande Guerre s’achève en 1918 par une victoire des démocraties libérales :
France, Royaume-Uni, Etats Unis …
La prospérité économique est retrouvée et la paix garantie avec la Société Des Nations
semblent consolider l’espoir d’un monde où le spectre de la guerre est banni à jamais. Mais
ces démocraties sont bientôt profondément ébranlées par la crise de 1929. La France n’y
échappe pas.
Comment la France régit-elle à la crise des années 1930 ?
Après s’être installée dans une crise multiforme, le Front Populaire tente d’apporter des
réponses originales à cette crise mais déjà les périls extérieurs se font ressentir en France.
I. Une crise multiforme
La France de la décennie 1930 est confrontée à une crise multiforme au sein de laquelle les
aspects économiques, sociaux, politiques et culturels sont interdépendants.
A. Une crise économique et sociale : la dépression.
L’effondrement de la Bourse de Wall Street et la crise qui s’ensuit ne touche que tardivement
(octobre 1931) mais profondément la France. On parle alors de dépression c'est-à-dire à une
baisse importante et durable de la production et de la consommation.
Dans un pays encore à dominante rurale et agricole et où l’entreprise industrielle reste
essentiellement artisanale et familiale, cette crise économique engendre une crise sociale :
- la baisse de la production industrielle de 30 % entraîne de nombreuses faillites
- la baisse des prix agricoles de 40 % entraîne des effondrements du pouvoir d’achat des
paysans
→ baisse des salaires de 25 % et le nombre de chômeurs atteint un demi-million.
Mais ce qui fragilise le plus le pays et qui nourrit le doute et les mécontentements dans
la population c’est l’impuissance des gouvernements successifs à enrayer la crise.
B. Une crise politique.
1. Un Etat Français impuissant.
L’Etat français qui prône le libéralisme économique et qui pratique la politique du
« laisser-faire » (pas d’intervention de l’Etat dans l’économie) est incapable de freiner la
crise.
Ses recettes libérales déflationnistes basées sur la baisse des dépenses publiques et le blocage
des salaires s’avèrent inefficaces et entraînent le mécontentement des Français.
2. Une instabilité parlementaire.
La IIIème est un système parlementaire où le pouvoir exécutif est faible. Ce système
fonctionne bien avant la 1ère Guerre Mondiale tant que les radicaux (héritiers de la démocratie
et ancré à gauche) sont fortement majoritaires. Mais après le conflit ce parti s’affaiblit : il n’y
a plus de grand parti majoritaire et les coalitions gouvernementales entre partis se multiplient.
3. La critique des institutions.
La crise radicalise les antagonismes politiques et sociaux, nourrit l’antiparlementarisme, la
xénophobie et l’antisémitisme. La France se retrouve alors coincée entre l’attrait exercé par la
modèle soviétique communiste et le modèle fasciste dictatorial qui critiquent tous deux la
démocratie.
a. La modèle fasciste.
Des ligues d’extrême-droite trouvent un certain écho dans la population comme la Solidarité
Française de François Coty (10 000 adhérents) et le francisme de Marcel Bucard (14 000
partisans avant 1934 et 50 000 adhérents en 1936) qui se réclame directement du fascisme
italien.
A cette époque sont aussi cataloguées comme fascistes (doctrine politique qui se caractérise
par l’exaltation de la nation et de l’Etat, le rejet de la démocratie, la violence politique,
l’embrigadement des masses et le culte du chef) certaines organisations issues de la droite
traditionnelle comme les Jeunes Patriotes ou les Croix de Feu …
b. Le modèle communiste.
Cette crise leur apparaît comme la crise du modèle capitaliste et le communisme est la seule
voie permettant à la fois de lutter contre le fascisme et d’apporter une alternative à la
dépression économique en prônant l’intervention de l’Etat dans l’économie.
3. L’émeute du 06 février 1934.
Cette hostilité envers le régime parlementaire et l’opposition entre gauche et extrême-droite
culminent le 06 février 1934 lors de la « Journée sanglante ».
En janvier 1934 les policiers découvrent dans un hôtel le cadavre d’un escroc Alexandre
Stavisky, soupçonne de s’être enrichi avec la complicité de quelques grands hommes
politiques radicaux.
Aurait-il été « suicidé » par la police parce qu’il en savait trop ? Pour les ligues d’extrême-
droite le doute n’est pas permis : elles manifestent le 06 février 1934 place de la Concorde et
tentent de marcher sur la chambre des députés aux cris de « A bas les voleurs ». La police
charge : on relève une quinzaine de morts.
Cette « Journée sanglante » est importante car :
- elle entraîne le rassemblement de la gauche française et la création du Front Populaire
- elle montre bien la montée d’un danger fasciste.
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