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climatiques (El-Hinnawi, 1985 ; Jacobsen, 1988 ; Myers, 1993 ; Lonergan, 1998 ; Bates,
2002).
Cependant, cette relation si évidente fait l’objet de nuances. Perch-Nielsen et al. (2008)
indiquent par exemple que la relation dépend de la vulnérabilité effective des populations
mais aussi des régions qui sont affectées. Y compris pour des zones où la migration paraît
inéluctable comme certaines îles du Pacific, notamment les îles Tuvalu (Farbotko, 2005 ;
Chambers et Chambers, 2007, Mimura et al. 2007), Mortreux et Barnett (2009) ont montré
que les populations n’envisageaient pas de migrer pour des raisons culturelles et identitaires.
Plus généralement, il convient de tenir compte de la perception par les populations des
modifications environnementales (Dessai et al., 2004 ; Mc Leman et Smit, 2006), des
stratégies d’adaptation qu’elles mettent œuvre (Black, 2001) et de la perception qu’elles ont
de l’efficacité des stratégies d’adaptation (Barnett et Adger, 2003).
Dans cet article, nous analysons, à partir d’une enquête de terrain, pourquoi les populations ne
migrent pas alors qu’elles ont toutes les raisons de le faire. Autrement dit, nous voulons
souligner que les populations enquêtées ont toutes les raisons de migrer, e.g. elles se trouvent
en situation de survie et subissent des aléas climatiques dévastateurs, en particulier des
cyclones, de manière régulière, mais n’optent pas pour la stratégie de migration. Cette étude
met alors en évidence que les stratégies d’adaptation aux aléas environnementaux permettent
de relativiser l’impact des facteurs environnementaux sur la migration. De plus, cette étude
souligne que ces stratégies d’adaptation doivent être analysées sous l’angle de l’influence des
institutions sociales qui affectent l’accès aux ressources (Berry, 1989).
Dans la première section, nous présentons la zone d’étude et la méthodologie d’enquête. La
seconde section s’attache à analyser la situation des ménages dans la zone d’étude, en
particulier leur degré d’insécurité alimentaire et les stratégies alimentaires qu’ils mettent en
œuvre durant la période de soudure. Dans la troisième section nous analysons les effets des
cyclones sur l’insécurité alimentaire. Dans la quatrième section nous nous demandons alors
pourquoi, dans un contexte où les populations ont toutes les bonnes raisons de migrer, elles ne
migrent pas. Notre étude sur deux communautés rurales de l’Est de Madagascar, révèle que la
migration, bien qu’elle puisse être une solution aux problèmes rencontrés par les ménages,
n’est pas une solution envisagée. Les stratégies migratoires se heurtent aux obligations
communautaires et détruiraient les mécanismes de réciprocité et de solidarité qui permettent
aux villages de se maintenir.
Les femmes rurales et la création d’entreprise dans le cadre du dispositif d’aide CNAC
Melle EL GHAZI Halima
(Sociologue / Doctorante
Accompagnatrice en création d’entreprise)
L’Etat Algérien a mis en œuvre un dispositif d’aide à la création d’entreprise pour les
personnes âgées de 30 à 50 ans.
Beaucoup de femmes rurales, analphabètes se présentent afin d’avoir accès au financement en
bénéficiant de prêts en vue de créer leurs propres activités.
Dans un environnement culturel comme le nôtre en Algérie, ces femmes sont tantôt qualifiées
de courageuses, tantôt de soumises et inconscientes. Et même si elles sont conscientes, la
suprématie de l’homme (le mâle) les oblige à se plier à ses exigences. Même si le plus
souvent ces entreprises ne sont que des prête-noms pour leurs conjoints, frères ou pères qui
eux, pour une quelconque raison, ne sont pas éligibles au dispositif; dans la plupart des cas, on
retrouve la femme rurale qu’incarnaient jadis nos mères et grands-mères. En effet, ces
femmes décidées, sans aucune instruction, descendent en ville, accompagnées de leur
compagnon, pour passer des tests qui justifieraient de leur qualification en rapport avec