FICHE © Marie-Noël Gagnon Les produits forestiers ligneux et non ligneux au Canada © Caroline Rochon © Jean-François Perrault 2010 Stade Telus - Université Laval, en construction (Canada) Bleuets © Denis Chabot 2002 Girolle Récolte d’eau d’érable Références pour photos : fr.wikipedia.org/wiki/Fichier :Horyu-ji06s3200.jpg, 663highland en.wikipedia.org/wiki/File :Mummy_in_Vatican_Museums.jpg, Joshua Sherurcij 2006 drapeau.gouv.qc.ca/emblemes/bouleau-jaune/galerie-images.html 1 2 3 En 2011, le Canada est le plus grand exportateur mondial de bois d’œuvre résineux, de papier journal et de pâte de bois, et cette industrie génère 1,9 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. Ces dernières années, l’industrie forestière a connu une grave crise en raison de la concurrence sur les marchés internationaux, de la crise économique mondiale et du déclin d’un produit phare, le papier journal. Près de 200 municipalités au pays ont grandement souffert de ce ralentissement économique, puisque la moitié de leurs revenus provenaient auparavant du secteur forestier. Néanmoins, la recherche, l’innovation et le développement d’une main-d’œuvre hautement qualifiée permettront de relancer ce secteur en misant sur la chimie verte, l’énergie verte, la seconde transformation, mais aussi sur le potentiel économique grandissant des produits forestiers non ligneux. En formant des ingénieures et ingénieurs du bois spécialisés dans les produits à valeur ajoutée, il sera possible de mieux positionner le Canada sur le marché mondial et de répondre efficacement à la demande grandissante en écomatériaux à faible impact environnemental. Le perfectionnement des techniques de soudage du bois permettant d’assembler deux pièces de bois par friction, sans l’usage de produits chimiques, est un exemple prometteur des technologies novatrices dans le domaine. Le produit forestier non ligneux phare du Canada est sans conteste le sirop d’érable, dont plus de 70 % de la production mondiale est canadienne. En 2011, 8,6 millions de gallons de sirop d’érable et de produits de l’érable ont été fabriqués, dont la valeur est estimée à 349,5 millions de dollars. Le Québec est à l’origine de 90 % de la production de sirop d’érable au Canada. Les autres produits forestiers non ligneux sont par contre encore méconnus au Canada ; or ils sont très abondants dans nos forêts. La cueillette et le conditionnement des champignons forestiers comestibles (girolles, morilles) présentent un fort potentiel commercial appelé à se développer dans les prochaines années. Lors de votre prochaine promenade en forêt, portez une attention particulière aux champignons, aux petits fruits et aux différentes plantes que vous croiserez sur votre chemin. Certes, il est important d’être bien informé avant de consommer ces produits. De nombreux guides adaptés à chaque région du pays nous permettent de mieux connaître ces produits aux valeurs nutritives souvent très intéressantes. Les peuples des Premières Nations connaissent très bien les produits forestiers non ligneux, et les savoirs qu’ils possèdent, associés à l’utilisation de ces produits, se transmettent de génération en génération. Par exemple, le pimbina, ou la viorne trilobée (Viburnum trilobum), est un arbuste très commun dans nos forêts, et son fruit est utilisé aujourd’hui pour fabriquer des liqueurs, du sirop ou des gelées, tandis que les Autochtones, eux, en infusaient l’écorce dans l’eau bouillante pour guérir les crampes et traiter l’inflammation des ganglions. 3 Fiche Fiche CONCEPT CONCEPT majeur dans de nombreux pays. Notons l’exemple du Québec où, en 2007, près de 2 millions de personnes se sont rendues en forêt pour pratiquer ces activités qui ont généré des retombées directes de 381 millions de dollars et une valeur ajoutée dans les diverses régions de la province de 108 millions de dollars, permettant ainsi le maintien et la création de 3 400 emplois. Les produits de la forêt La forêt est un milieu d’une grande richesse où se trouvent une multitude de produits, qui peuvent être classés en deux catégories. La présence en grande quantité de lignine, un des composants principaux du bois des arbres, permet ainsi de différencier les « produits forestiers ligneux (PFL) », faits de bois, des « produits forestiers non ligneux (PFNL) », qui ne contiennent pas ou peu de lignines. Le bois de chauffage, le bois d’œuvre, le papier et les produits issus du bois de la deuxième transformation (ex. : meubles, charpentes de construction) sont classés dans la catégorie des produits forestiers ligneux. Tout ce qui provient d’un écosystème forestier est considéré comme produit forestier non ligneux, tel que les autres parties des arbres (l’écorce, les racines, les fruits, les feuilles, etc.), les plantes forestières récoltées pour leurs vertus alimentaires ou pharmaceutiques, les champignons, les animaux récoltés (ex. : escargots) ou chassés pour leur fourrure, pour la viande, etc. LA FORÊT PRODUITS FORESTIERS SERVICES ENVIRONNEMENTAUX • Bois industriel - Construction • Production de O2 - Qualité de l’air • Bois de chauffe • Cycle hydrique - Qualité de l’eau • Charbon • Stabilisation - Fertilité du sol • Papier • Séquestration du carbone • Carton • Régulation du climat • Meubles, etc. • Changements climatiques Un peu d’histoire… Le bois et les produits forestiers non ligneux jouèrent un rôle d’importance dans l’histoire de l’humanité, et les biens issus de ces ressources sont innombrables. Les premières traces de l’usage du bois datent d’environ 400 000 ans, époque où l’être humain découvre le feu. Les historiennes et historiens considèrent que le bois et la maîtrise du feu seraient à l’origine de l’évolution de l’espèce humaine. En frictionnant du silex ou des morceaux de bois, les hommes préhistoriques furent en mesure de contrôler le feu pour se chauffer, cuisiner et conserver les aliments en les déshydratant. Ils fabriquèrent aussi des outils et des armes pour la chasse. Dans l’Antiquité (de 4 000 ans av. J.-C. à 500 ans apr. J.-C.), plusieurs grandes civilisations se succédèrent et utilisèrent couramment le bois et les produits forestiers non ligneux. La civilisation égyptienne (de 3 150 av. J.-C. à la naissance de J. C.), par exemple, utilisa le bois pour ériger ses impressionnantes pyramides. Grâce à une structure et à des outils en bois, le peuple égyptien fut en mesure de déplacer les énormes blocs de pierre jusqu’au sommet des pyramides. Il utilisait également les produits forestiers non ligneux pour confectionner des pigments nécessaires à l’art PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX • Animaux et produits découlant des animaux • Produits comestibles, ornementaux, médicamentaux découlant des plantes, des arbres et des champignons forestiers. pictural et du maquillage. À l’époque de la Grèce antique (de 2 000 ans av. J.-C. à 100 ans apr. J.-C.), le bois était d’une grande importance pour la construction navale. Au Moyen Âge (de 500 ans à 1 500 ans apr. J.-C.), l’émergence de l’industrie métallurgique dynamisa l’économie des grands royaumes, et c’est grâce à la combustion du bois que cette industrie fut si florissante. En résumé, les produits de la forêt furent capitaux dans l’évolution de l’espèce humaine et, encore aujourd’hui, la place qu’ils occupent dans nos vies est considérable. Actuellement, les communautés qui vivent dans les pays forestiers tropicaux ont une très grande connaissance des produits qu’elles peuvent prélever en forêt. Dans les pays en développement, l’accès à la forêt est souvent plus facile que celui aux terres agricoles, ce qui favorise les activités de récolte dans ce milieu. Ce sont généralement les femmes qui veillent à l’approvisionnement en nourriture, en médicaments et en bois de feu pour la cuisson et le chauffage. Leur influence dans la gestion des produits forestiers est donc très grande et les femmes doivent être au cœur du développement d’économies alternatives reliées à ce type d’exploitation. QUELQUES CHIFFRES 12 54 867 3 967 37 07 254 46 5907 57 ...sur le bois de feu © Anne Bernard 2013 À l’échelle mondiale, la récolte du bois pour le feu est très importante, puisqu’environ 2,5 milliards de personnes dépendent de cette ressource pour cuire leurs aliments et se chauffer. Globalement, le bois de feu représente 47 % de la production totale de bois sur la planète, mais ce sont les pays en développement qui dépendent le plus de cette ressource. En Afrique, le bois de feu compte pour 90 % du bois produit, tandis qu’en Asie, cette industrie totalise 73 % de la production de bois. Source 1 Congolais récoltant du bois de chauffe pour le charbon (République démocratique du Congo) Temple bouddhiste Hōryū-ji (Japon) Les produits forestiers non ligneux Si les arbres représentent les principaux éléments des forêts du monde, la panoplie de produits forestiers non ligneux qui s’y trouvent constitue également une richesse inestimable qui joue un rôle non négligeable dans nos vies de tous les jours. Plusieurs millions de familles à travers le monde dépendent de ces produits pour leur subsistance ou comme sources de revenus. Certains produits forestiers non ligneux sont même vendus à l’échelle internationale et font l’objet de transactions commerciales d’importance (miel, sirop d’érable, bambous, noix, résines, extraits végétaux ou animaux à des fins pharmaceutiques ou cosmétiques, etc.). Même si l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) va jusqu’à distinguer seize catégories de produits forestiers non ligneux, ceux-ci peuvent être classés en trois principales catégories : 1) Les produits comestibles qui peuvent être cueillis, ramassés, récoltés ou chassés tels que les noix, les fruits, les épices forestières, les herbes d’assaisonnement, le miel, la sève brute (érable), les gommes ou résines (sève élaborée), les champignons forestiers et les animaux. 2) Les produits ornementaux comme les sapins de Noël, les végétaux qui servent à confectionner des décorations de Noël (houx, lierre, pomme de pin, etc.) ou autres, des objets de vannerie (saule, aulne), les panaches utilisés comme trophées. 3) Les produits qui servent de matière première à la fabrication de médicaments (ex. : le taxol, substance extraite de l’if pour lutter contre certains cancers), de produits cosmétiques (extraits végétaux aux propriétés antioxydantes qui ralentissent le vieillissement de la peau), de soins corporels (huiles essentielles), de colorants, de peinture (résine de pin). La faune est incluse dans la liste des produits forestiers non ligneux, mais elle tient une place à part, car les activités reliées au prélèvement et à l’observation de la faune jouent un rôle économique © Sarah Donikian 2003 Sculpture en bois ??? SAVIEZ-VOUS QUE ... Plusieurs espèces d’arbres produisent de la résine, qui est un exsudat de la sève élaborée. Cette gomme récoltée en faisant une incision dans l’écorce des arbres peut être ensuite transformée en de multiples produits d’usage commun, entre autres dans l’industrie alimentaire, textile, pharmaceutique, photographique. La gomme arabique issue des arbres de la famille des acacias a une longue histoire. Le peuple égyptien utilisait déjà cette gomme à diverses fins, 3 000 ans av. J.-C. Elle entrait dans la fabrication des pigments pour assurer l’adhérence de l’écriture des hiéroglyphes sur les murs et servait pour Momie sceller les bandelettes entourant les momies ou pour se maquiller. Surprenant de voir qu’un produit utilisé depuis plus de 5 000 ans soit encore transformé pour nos usages quotidiens actuels. Aujourd’hui, la gomme arabique entre dans la fabrication de boissons gazeuses, de gommes à mâcher, de certains produits laitiers, de bonbons (loukoums, dragées), de substances adhésives, de produits cosmétiques, etc. SAVIEZ-VOUS QUE ... Des molécules extraites des plantes forestières, ou de l’écorce ou des feuilles des arbres peuvent être très utiles à l’homme pour la production de médicaments, de suppléments alimentaires ou comme produits de beauté. À titre d’exemple, l’écorce de bouleau jaune contient du squalène, une molécule également présente dans l’huile d’olive et dans le foie des requins. Cette molécule possède de nombreuses propriétés médicinales et cosmétiques. Elle s’est avérée efficace dans la prévention et le traitement de certains cancers, et est utilisée comme adjuvant dans certains vaccins et dans la composition de crème hydratante. Ne serait-il pas préférable et plus facile d’extraire le squalène des résidus de la transformation des bouleaux plutôt que de traquer les requins ? ??? Source 3 Pont en bois (Forêt Montmorency, Canada) Le bois ou « xylème » est un tissu végétal formé de l’association de vaisseaux, de cellules de soutien mortes ou vivantes et de divers autres types de cellules. Le bois est constitué de trois principaux composés organiques, soit, par ordre d’abondance : la cellulose, la lignine et l’hémicellulose. La cellulose et l’hémicellulose de la famille des glucides sont les principaux constituants des parois cellulaires du bois des arbres et de tous les autres végétaux. C’est toutefois la lignine qui permet aux arbres de se différencier des autres espèces du règne végétal. Cette substance, qui agit comme une colle, soude les fibres du bois entre elles, donnant ainsi une rigidité, une imperméabilité et une résistance au bois. Le tronc est la partie la plus importante et la plus solide de l’arbre, parce qu’il est constitué principalement de bois qui assure aussi le rôle de conducteur de sève brute (eau et minéraux) des racines vers les feuilles, grâce à ses vaisseaux. Chaque essence d’arbre a des caractéristiques physiques et chimiques qui lui sont propres. Dans le monde, il existe des bois si denses que, même secs, ils ne peuvent flotter sur l’eau ! En plus des trois principaux composés mentionnés précédemment, le bois renferme beaucoup d’autres produits comme des huiles et d’autres substances naturelles (polyphénols) qui lui confèrent des caractéristiques propres telles que sa couleur, son odeur et même son goût. Ainsi, certaines essences forestières sont très recherchées pour la texture et la couleur de leur bois utilisé dans la fabrication d’œuvres d’art, de bijoux ou dont le façonnage rehausse l’apparence des meubles et celle des constructions architecturales. Le bois constitue un matériau de construction de choix étant donné qu’il est résistant et, en règle générale, léger. Il est donc utilisé pour la construction de diverses structures telles que des édifices, ponts, bateaux, quais et chemins de fer. Les connaissances en matière de construction en bois sont en constante évolution et elles permettent aux architectes ainsi qu’aux ingénieures et ingénieurs du bois de relever des défis toujours plus grands pour intégrer cette matière dans des structures de formes et de dimensions variables. Par ailleurs, le bois est un matériau durable et, en respectant certains principes élémentaires de conception, les constructions de bois peuvent atteindre une durée de vie impressionnante comme en témoigne le temple bouddhiste Hōryū-ji au Japon, vieux de plus de 1 400 ans. Bâti en 607, ce magnifique temple est encore aujourd’hui intact et demeure un lieu de culte d’importance pour les Japonaises et les Japonais. Le bois est aussi reconnu pour être un matériau écologique en raison de sa trace environnementale très faible par rapport aux autres matériaux de construction couramment utilisés, car il est naturel, renouvelable, réutilisable, recyclable et biodégradable. Pour la production d’une quantité équivalente d’acier ou de béton, le bois a un impact cinq à six fois moindre en matière d’émission de CO2. Ainsi, un mètre cube de bois utilisé permet d’éviter la production d’une tonne de CO2. De plus, ce matériau constitue un réservoir de carbone pour toute la durée de vie du bâtiment. Le bois est donc un vrai matériau vert, et l’augmentation de son utilisation dans la construction est un moyen de lutter contre les changements climatiques en réduisant l’émission de gaz à effet de serre et en augmentant les quantités de carbone séquestré. Les forêts aménagées de manière durable permettent de maintenir, voire d’augmenter les stocks de carbone forestiers tout en produisant des matériaux qui répondent aux multiples besoins du développement industriel et urbain. Le papier également est omniprésent dans nos vies. Si la consommation de papier journal ne cesse de diminuer parce que l’information est de plus en plus disponible dans Internet, la consommation d’autres papiers ne cesse d’augmenter. Les papiers hygiéniques sont de plus en plus performants, et de plus en plus de gens en consomment, notamment dans les pays en émergence. Les papiers et cartons d’emballage sont de plus en plus utilisés également à cause de leur faible empreinte environnementale par rapport aux plastiques et emballages métallisés. Une entreprise québécoise a mis en marché récemment un nouveau papier « intelligent » offrant une protection antibactérienne. Portez attention à tout ce qui est construit en bois ou issu de celui-ci autour de vous : votre maison, votre école, votre crayon, le papier sur lequel cette brochure est imprimée, la chaise sur laquelle vous êtes assis, vos instruments de musique et autres. Étonnant, n’est-ce pas ? Saviez-vous aussi que des extraits de fibres de bois se trouvent dans les produits cosmétiques, les vêtements, les emballages, les plastiques et la peinture ? En effet, les chercheurs ont réussi à trouver de nouvelles fonctions au bois en extrayant des nanoparticules de la fibre de bois appelées « nanocellulose cristalline ». Ce produit révolutionnaire a des propriétés fort intéressantes pour divers secteurs industriels (aérospatial, médical, automobile, pharmaceutique, cosmétique, etc.). Incroyable de penser que même les avions seront un jour construits à partir de produits dérivés du bois ! Source 2 © Marc Robitaille 2011 Les produits forestiers ligneux Écorce du bouleau jaune