Fiche CONCEPT
FICHE
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Les produits de la forêt
La forêt est un milieu d’une grande richesse où se trouvent une multitude de produits,
qui peuvent être classés en deux catégories. La présence en grande quantité de
lignine, un des composants principaux du bois des arbres, permet ainsi de différencier
les « produits forestiers ligneux (PFL) », faits de bois, des « produits forestiers non
ligneux (PFNL) », qui ne contiennent pas ou peu de lignines. Le bois de chauffage,
le bois d’œuvre, le papier et les produits issus du bois de la deuxième transfor-
mation (ex. : meubles, charpentes de construction) sont classés dans la catégorie
des produits forestiers ligneux. Tout ce qui provient d’un écosystème forestier est
considéré comme produit forestier non ligneux, tel que les autres parties des arbres
(l’écorce, les racines, les fruits, les feuilles, etc.), les plantes forestières récoltées
pour leurs vertus alimentaires ou pharmaceutiques, les champignons, les animaux
récoltés (ex. : escargots) ou chassés pour leur fourrure, pour la viande, etc.
majeur dans de nombreux pays. Notons l’exemple du Québec
où, en 2007, près de 2 millions de personnes se sont rendues en
forêt pour pratiquer ces activités qui ont généré des retombées
directes de 381 millions de dollars et une valeur ajoutée dans
les diverses régions de la province de 108 millions de dollars,
permettant ainsi le maintien et la création de 3 400 emplois.
Les produits forestiers ligneux
et non ligneux au Canada
En 2011, le Canada est le plus grand exportateur mondial de
bois d’œuvre résineux, de papier journal et de pâte de bois,
et cette industrie génère 1,9 % du produit intérieur brut (PIB)
du pays. Ces dernières années, l’industrie forestière a connu
une grave crise en raison de la concurrence sur les marchés
internationaux, de la crise économique mondiale et du déclin
d’un produit phare, le papier journal. Près de 200 municipa-
lités au pays ont grandement souffert de ce ralentissement
économique, puisque la moitié de leurs revenus provenaient
auparavant du secteur forestier. Néanmoins, la recherche, l’in-
novation et le développement d’une main-d’œuvre hautement
qualiée permettront de relancer ce secteur en misant sur la
chimie verte, l’énergie verte, la seconde transformation, mais
aussi sur le potentiel économique grandissant des produits
forestiers non ligneux. En formant des ingénieures et ingénieurs
du bois spécialisés dans les produits à valeur ajoutée, il sera
possible de mieux positionner le Canada sur le marché mon-
dial et de répondre efcacement à la demande grandissante
en écomatériaux à faible impact environnemental. Le perfec-
tionnement des techniques de soudage du bois permettant
d’assembler deux pièces de bois par friction, sans l’usage de
produits chimiques, est un exemple prometteur des techno-
logies novatrices dans le domaine.
Le produit forestier non ligneux phare du Canada est sans
conteste le sirop d’érable, dont plus de 70 % de la production
mondiale est canadienne. En 2011, 8,6 millions de gallons de
sirop d’érable et de produits de l’érable ont été fabriqués, dont
la valeur est estimée à 349,5 millions de dollars. Le Québec
est à l’origine de 90 % de la production de sirop d’érable au
Canada. Les autres produits forestiers non ligneux sont par
contre encore méconnus au Canada ; or ils sont très abondants
dans nos forêts. La cueillette et le conditionnement des cham-
pignons forestiers comestibles (girolles, morilles) présentent un
fort potentiel commercial appelé à se développer dans les
prochaines années.
Lors de votre prochaine promenade en forêt, portez une atten-
tion particulière aux champignons, aux petits fruits et aux
différentes plantes que vous croiserez sur votre chemin. Certes,
il est important d’être bien informé avant de consommer ces
produits. De nombreux guides adaptés à chaque région du
pays nous permettent de mieux connaître ces produits aux
valeurs nutritives souvent très intéressantes. Les peuples des
Premières Nations connaissent très bien les produits forestiers
non ligneux, et les savoirs qu’ils possèdent, associés à l’utilisa-
tion de ces produits, se transmettent de génération en géné-
ration. Par exemple, le pimbina, ou la viorne trilobée (Viburnum
trilobum), est un arbuste très commun dans nos forêts, et son
fruit est utilisé aujourd’hui pour fabriquer des liqueurs, du sirop
ou des gelées, tandis que les Autochtones, eux, en infusaient
l’écorce dans l’eau bouillante pour guérir les crampes et traiter
l’inammation des ganglions.
Récolte d’eau d’érable
© Denis Chabot 2002
Un peu d’histoire…
Le bois et les produits forestiers non ligneux jouèrent un
rôle d’importance dans l’histoire de l’humanité, et les biens
issus de ces ressources sont innombrables. Les premières
traces de l’usage du bois datent d’environ 400 000 ans,
époque où l’être humain découvre le feu. Les historiennes
et historiens considèrent que le bois et la maîtrise du feu
seraient à l’origine de l’évolution de l’espèce humaine. En
frictionnant du silex ou des morceaux de bois, les hommes
préhistoriques furent en mesure de contrôler le feu pour
se chauffer, cuisiner et conserver les aliments en les déshy-
dratant. Ils fabriquèrent aussi des outils et des armes pour
la chasse. Dans l’Antiquité (de 4 000 ans av. J.-C. à 500 ans
apr. J.-C.), plusieurs grandes civilisations se succédèrent et
utilisèrent couramment le bois et les produits forestiers
non ligneux. La civilisation égyptienne (de 3 150 av. J.-C. à
la naissance de J. C.), par exemple, utilisa le bois pour éri-
ger ses impressionnantes pyramides. Grâce à une structure
et à des outils en bois, le peuple égyptien fut en mesure de
déplacer les énormes blocs de pierre jusqu’au sommet des
pyramides. Il utilisait également les produits forestiers non
ligneux pour confectionner des pigments nécessaires à l’art
pictural et du maquillage. À l’époque de la Grèce antique
(de 2 000 ans av. J.-C. à 100 ans apr. J.-C.), le bois était d’une
grande importance pour la construction navale. Au Moyen
Âge (de 500 ans à 1 500 ans apr. J.-C.), l’émergence de
l’industrie métallurgique dynamisa l’économie des grands
royaumes, et c’est grâce à la combustion du bois que cette
industrie fut si orissante. En résumé, les produits de la
forêt furent capitaux dans l’évolution de l’espèce humaine
et, encore aujourd’hui, la place qu’ils occupent dans nos
vies est considérable.
Actuellement, les communautés qui vivent dans les pays
forestiers tropicaux ont une très grande connaissance des
produits qu’elles peuvent prélever en forêt. Dans les pays
en développement, l’accès à la forêt est souvent plus facile
que celui aux terres agricoles, ce qui favorise les activi-
tés de récolte dans ce milieu. Ce sont généralement les
femmes qui veillent à l’approvisionnement en nourriture,
en médicaments et en bois de feu pour la cuisson et le
chauffage. Leur inuence dans la gestion des produits
forestiers est donc très grande et les femmes doivent être
au cœur du développement d’économies alternatives
reliées à ce type d’exploitation.
Références pour photos :
1 fr.wikipedia.org/wiki/Fichier :Horyu-ji06s3200.jpg, 663highland
2 en.wikipedia.org/wiki/File :Mummy_in_Vatican_Museums.jpg, Joshua Sherurcij 2006
3 drapeau.gouv.qc.ca/emblemes/bouleau-jaune/galerie-images.html
LA FORÊT
PRODUITS FORESTIERS PRODUITS FORESTIERS
NON LIGNEUX
SERVICES
ENVIRONNEMENTAUX
Bois industriel - Construction
Bois de chauffe
Charbon
Papier
Carton
Meubles, etc.
• Production de O2 - Qualité de l’air
• Cycle hydrique - Qualité de l’eau
• Stabilisation - Fertilité du sol
Séquestration du carbone
Régulation du climat
Changements climatiques
Animaux et produits
découlant des animaux
Produits comestibles,
ornementaux, médicamentaux
découlant des plantes, des arbres et
des champignons forestiers.
© Marie-Noël Gagnon
Stade Telus - Université Laval, en construction (Canada)
Fiche CONCEPT
FICHE
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© Caroline Rochon
Girolle
© Jean-François Perrault 2010
Bleuets
pli
Les produits forestiers ligneux
Le bois ou « xylème » est un tissu végétal formé de l’association de
vaisseaux, de cellules de soutien mortes ou vivantes et de divers
autres types de cellules. Le bois est constitué de trois principaux
composés organiques, soit, par ordre d’abondance : la cellulose, la
lignine et l’hémicellulose. La cellulose et l’hémicellulose de la fa-
mille des glucides sont les principaux constituants des parois cellu-
laires du bois des arbres et de tous les autres végétaux. C’est toute-
fois la lignine qui permet aux arbres de se différencier des autres
espèces du règne végétal. Cette substance, qui agit comme une
colle, soude les bres du bois entre elles, donnant ainsi une rigidité,
une imperméabilité et une résistance au bois. Le tronc est la partie
la plus importante et la plus solide de l’arbre, parce qu’il est consti-
tué principalement de bois qui assure aussi le rôle de conducteur
de sève brute (eau et minéraux) des racines vers les feuilles, grâce
à ses vaisseaux.
Chaque essence d’arbre a des caractéristiques physiques et
chimiques qui lui sont propres. Dans le monde, il existe des bois
si denses que, même secs, ils ne peuvent otter sur l’eau ! En plus
des trois principaux composés mentionnés précédemment, le bois
renferme beaucoup d’autres produits comme des huiles et d’autres
substances naturelles (polyphénols) qui lui confèrent des caractéris-
tiques propres telles que sa couleur, son odeur et même son goût.
Ainsi, certaines essences forestières sont très recherchées pour la
texture et la couleur de leur bois utilisé dans la fabrication d’œuvres
d’art, de bijoux ou dont le façonnage rehausse l’apparence des
meubles et celle des constructions architecturales.
Le bois constitue un matériau de construction de choix étant donné
qu’il est résistant et, en règle générale, léger. Il est donc utilisé pour
la construction de diverses structures telles que des édices, ponts,
bateaux, quais et chemins de fer. Les connaissances en matière de
construction en bois sont en constante évolution et elles permettent
aux architectes ainsi qu’aux ingénieures et ingénieurs du bois de
relever des dés toujours plus grands pour intégrer cette matière
dans des structures de formes et de dimensions variables. Par ail-
leurs, le bois est un matériau durable et, en respectant certains
principes élémentaires de conception, les constructions de bois
peuvent atteindre une durée de vie impressionnante comme en
témoigne le temple bouddhiste Hōryū-ji au Japon, vieux de plus de
1 400 ans. Bâti en 607, ce magnique temple est encore aujourd’hui
intact et demeure un lieu de culte d’importance pour les Japonaises
et les Japonais.
Le bois est aussi reconnu pour être un matériau écologique en
raison de sa trace environnementale très faible par rapport aux
autres matériaux de construction couramment utilisés, car il est
naturel, renouvelable, réutilisable, recyclable et biodégradable.
Pour la production d’une quantité équivalente d’acier ou de béton,
le bois a un impact cinq à six fois moindre en matière d’émission de
CO2. Ainsi, un mètre cube de bois utilisé permet d’éviter la produc-
tion d’une tonne de CO2. De plus, ce matériau constitue un réser-
voir de carbone pour toute la durée de vie du bâtiment. Le bois
est donc un vrai matériau vert, et l’augmentation de son utilisation
dans la construction est un moyen de lutter contre les change-
ments climatiques en réduisant l’émission de gaz à effet de serre
et en augmentant les quantités de carbone séquestré. Les forêts
aménagées de manière durable permettent de maintenir, voire
d’augmenter les stocks de carbone forestiers tout en produisant
des matériaux qui répondent aux multiples besoins du dévelop-
pement industriel et urbain.
Le papier également est omniprésent dans nos vies. Si la consom-
mation de papier journal ne cesse de diminuer parce que l’infor-
mation est de plus en plus disponible dans Internet, la consomma-
tion d’autres papiers ne cesse d’augmenter. Les papiers hygiéniques
sont de plus en plus performants, et de plus en plus de gens en
consomment, notamment dans les pays en émergence. Les papiers
et cartons d’emballage sont de plus en plus utilisés également à
cause de leur faible empreinte environnementale par rapport aux
plastiques et emballages métallisés. Une entreprise québécoise a
mis en marché récemment un nouveau papier « intelligent » offrant
une protection antibactérienne.
Portez attention à tout ce qui est construit en bois ou issu de celui-ci
autour de vous : votre maison, votre école, votre crayon, le papier
sur lequel cette brochure est imprimée, la chaise sur laquelle vous
êtes assis, vos instruments de musique et autres. Étonnant, n’est-ce
pas ? Saviez-vous aussi que des extraits de bres de bois se trouvent
dans les produits cosmétiques, les vêtements, les emballages, les
plastiques et la peinture ? En effet, les chercheurs ont réussi à
trouver de nouvelles fonctions au bois en extrayant des nanopar-
ticules de la bre de bois appelées « nanocellulose cristalline ».
Ce produit révolutionnaire a des propriétés fort intéressantes pour
divers secteurs industriels (aérospatial, médical, automobile, phar-
maceutique, cosmétique, etc.). Incroyable de penser que même les
avions seront un jour construits à partir de produits dérivés du bois !
Les produits forestiers non ligneux
Si les arbres représentent les principaux éléments des forêts du
monde, la panoplie de produits forestiers non ligneux qui s’y
trouvent constitue également une richesse inestimable qui joue un
rôle non négligeable dans nos vies de tous les jours. Plusieurs millions
de familles à travers le monde dépendent de ces produits pour leur
subsistance ou comme sources de revenus. Certains produits
forestiers non ligneux sont même vendus à l’échelle internationale
et font l’objet de transactions commerciales d’importance (miel,
sirop d’érable, bambous, noix, résines, extraits végétaux ou animaux
à des ns pharmaceutiques ou cosmétiques, etc.).
Même si l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture (FAO) va jusqu’à distinguer seize catégories de produits
forestiers non ligneux, ceux-ci peuvent être classés en trois
principales catégories :
1) Les produits comestibles qui peuvent être cueillis, ramassés,
récoltés ou chassés tels que les noix, les fruits, les épices fores-
tières, les herbes d’assaisonnement, le miel, la sève brute (érable),
les gommes ou résines (sève élaborée), les champignons forestiers
et les animaux.
2) Les produits ornementaux comme les sapins de Noël, les
végétaux qui servent à confectionner des décorations de Noël
(houx, lierre, pomme de pin, etc.) ou autres, des objets de vannerie
(saule, aulne), les panaches utilisés comme trophées.
3) Les produits qui servent de matière première à la fabrication
de médicaments (ex. : le taxol, substance extraite de l’if pour lutter
contre certains cancers), de produits cosmétiques (extraits végétaux
aux propriétés antioxydantes qui ralentissent le vieillissement de
la peau), de soins corporels (huiles essentielles), de colorants, de
peinture (résine de pin).
La faune est incluse dans la liste des produits forestiers non ligneux,
mais elle tient une place à part, car les activités reliées au prélè-
vement et à l’observation de la faune jouent un rôle économique
Pont en bois (Forêt Montmorency, Canada)
© Marc Robitaille 2011
Temple bouddhiste Hōryū-ji (Japon)
Source 1
Sculpture en bois
© Sarah Donikian 2003
Des molécules extraites des
plantes forestières, ou de
l’écorce ou des feuilles des
arbres peuvent être très utiles
à l’homme pour la production de
médicaments, de suppléments
alimentaires ou comme produits
de beauté. À titre d’exemple,
l’écorce de bouleau jaune
contient du squalène, une molé-
cule également présente dans
l’huile d’olive et dans le foie des
requins. Cette molécule possède
de nombreuses propriétés médi-
cinales et cosmétiques. Elle s’est
avérée efcace dans la préven-
tion et le traitement de certains
cancers, et est utilisée comme
adjuvant dans certains vaccins
et dans la composition de crème
hydratante. Ne serait-il pas pré-
férable et plus facile d’extraire le
squalène des résidus de la trans-
formation des bouleaux plutôt
que de traquer les requins ? Écorce du bouleau jaune
Source 3
SAVIEZ-VOUS QUE ...
?
?
?
Plusieurs espèces d’arbres pro-
duisent de la résine, qui est un
exsudat de la sève élaborée. Cette
gomme récoltée en faisant une
incision dans l’écorce des arbres
peut être ensuite transformée en
de multiples produits d’usage com-
mun, entre autres dans l’industrie
alimentaire, textile, pharmaceutique,
photographique. La gomme arabique
issue des arbres de la famille des
acacias a une longue histoire. Le
peuple égyptien utilisait déjà cette
gomme à diverses ns, 3 000 ans
av. J.-C. Elle entrait dans la fabri-
cation des pigments pour assurer
l’adhérence de l’écriture des hiéro-
glyphes sur les murs et servait pour
sceller les bandelettes entourant les
momies ou pour se maquiller. Surprenant de voir qu’un produit utilisé
depuis plus de 5 000 ans soit encore transformé pour nos usages
quotidiens actuels. Aujourd’hui, la gomme arabique entre dans la
fabrication de boissons gazeuses, de gommes à mâcher, de certains
produits laitiers, de bonbons (loukoums, dragées), de substances
adhésives, de produits cosmétiques, etc.
Momie
Source 2
SAVIEZ-VOUS QUE ...
?
?
?
...sur le bois de feu
À l’échelle mondiale, la récolte du bois pour le feu est très
importante, puisqu’environ 2,5 milliards de personnes
dépendent de cette ressource pour cuire leurs aliments
et se chauffer. Globalement, le bois de feu représente
47 % de la production totale de bois sur la planète, mais
ce sont les pays en développement qui dépendent le plus
de cette ressource. En Afrique, le bois de feu compte
pour 90 % du bois produit, tandis qu’en Asie, cette indus-
trie totalise 73 % de la production de bois.
QUELQUES CHIFFRES
12 54 867
3 967 37
07 254 46
5907 57
© Anne Bernard 2013
Congolais récoltant du bois
de chauffe pour le charbon
(République démocratique du Congo)
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