Note Intention

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Que faire
?
Une écriture collective
Un spectacle mis en scène par Julie Remacle et Sébastien Foucault
?
Un événement organisé par la Compagnie Que faire
En Février 2011 à l'ANCRE (Charleroi) et au Festival de Liège
Note d’intention
A la base de Que faire ?, la volonté de questionner une génération.
Une génération revenue. Revenue des rêves, revenue des solutions, revenue
à la réalité. La nôtre. La première génération en cinquante ans à être plus
pauvre que celle de ses parents au même âge.
La volonté de nous interroger personnellement, nous, les enfants de
soixante-huitards, nés entre le premier choc pétrolier de 1973 et la chute d’un
certain mur en 1989, éveillés brutalement à l’Histoire un matin de septembre
2001 par deux avions percutant des tours ; nous, les enfants des utopies
mortes et de la crise économique, sociale, politique, énergétique,
écologique.
Que nous reste-t-il à opposer à la réalité ?
Les quatre figures que nous avons élaborées sont chacune en marche vers
une action qui, l’espèrent-elles, changera le monde. Trois actions d’ordre
individuel. Elles vont du terrorisme au sacrifice non-violent, en passant par la
manipulation à l’échelle mondiale.
La quatrième action est d’ordre collectif. Elle consiste à réunir sur scène une
foule. Des êtres humains qu’a priori rien, et pourtant tout, rassemble.
Nous ne pensons pas qu’à lui seul le théâtre puisse bouleverser le cours du
monde, ni même embrasser toutes les questions.
Mais parce qu’à nos yeux, le théâtre constitue un précieux lieu d’échange
entre les êtres humains, nous sommes convaincus que le théâtre doit être
capable d’offrir un moment privilégié où, collectivement, on peut réfléchir sur
un objet et exercer son regard critique.
Nous sommes à la recherche d’un théâtre qui s’engage.
Mais un théâtre qui pose des questions plutôt qu’il ne délivre des réponses.
Un théâtre qui fait vibrer les consciences, plutôt qu’un théâtre pamphlétaire.
Nous ne tenons pas un discours sur le monde. Nous nous proposons des
armes, pour peut-être, ensemble, réinventer d’autres façons de vivre…
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Nous ne ferons pas figure de
héros. Quoi qu’il en soit, sous les
pavés, il n’y a plus : LA PLAGE.
Il y a de la banalité, il y a de la
réalité chiffrée à laquelle nous
sommes priés de nous soumettre
et nous nous soumettons.
Réalistes, conscients, résignés,
déterminés, rampants.
Ronan Chéneau
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LA FOULE
Notre volonté de faire participer des non-professionnels au spectacle s’inscrit
dans une réelle préoccupation, celle qui consiste à ne pas voir dans le
théâtre un lieu replié sur lui-même, mais au contraire un lieu d’échange entre
les artistes et les citoyens.
Réancrer le théâtre au cœur de la cité, permettre aux gens d’exprimer leurs
points de vue, de monter sur le plateau, et en même temps rappeler aux
artistes qu’ils sont avant tout des citoyens, sont les idées qui sous-tendent
l’ensemble de notre démarche.
En ce sens, nous cherchons à associer notre projet à différents réseaux tels
que les centres et les associations à vocation sociale et/ou culturelle.
Dans cette démarche, nous avons été amenés à nous associer avec
différents acteurs socioculturels du paysage belge, parmi eux P.A.C., Latitude
Jeunes, le C.E.C. Couleur Quartier, la Maison Pour Associations, …
L’objectif n’est pas de privilégier un réseau plutôt qu’un autre mais de
rassembler une foule composée de gens de tous âges, de toutes cultures et
de tous milieux sociaux.
S’associer à ces réseaux nous permet deux choses :
Relever le défi de réunir, chaque soir, sur scène, une foule d’une cinquantaine
de personnes.
Participer à l’élargissement des publics, amener au théâtre un public
différent, plus populaire, directement concerné, selon qu’il soit présent dans
la foule, qu’il ait pris part à un atelier en amont, ou qu’il soit simplement venu
voir un de ses proches sur scène.
Nous développons, en collaboration avec les théâtres, les écoles, et les
centres culturels, des ateliers que nous articulons autour de la question « Et
vous, qu’aimeriez vous faire dans vos rêves les plus fous pour que le monde
tourne autrement ?».
Ces ateliers sont l’occasion d’approfondir notre travail, d’éviter de le « figer » .
Un premier atelier a pris cours la saison dernière, au Théâtre de l’Ancre à
Charleroi, en partenariat avec le C.E.C. Couleur Quartier.
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L’équipe
Sébastien Foucault
Mise en scène
Auteur
Julie Remacle
Mise en scène
Auteure
Actrice/La fille au mégaphone
Jean-Baptiste Szezot
Damien Trapletti
Michel Villée
Auteur
Acteur/L’homme le plus
intelligent du monde
Auteur
Acteur/L’homme qui a choisi
l’action violente
Auteur
Acteur/L’homme qui a choisi de
se sacrifier
Manon Faure
Chargée de production
Une Foule
Actrice
Contact : Manon Faure
[email protected]
+32 498 46 66 39
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Pistes dramaturgiques
Il est interdit de faire du théâtre.
Il est interdit d’applaudir.
Il est interdit d’être spectateur.
…
Si « Que faire ? » s’ouvre par ces mots, c’est d’abord parce qu’ils sont
adressés à des gens qui ne sont pas encore au théâtre, mais dans son
antichambre : le bar, salle d’attente et de détente, lieu particulier où l’on
s’apprête à être spectateur, sans l’être encore tout à fait.
La frontière entre lieu de vie et lieu de représentation est ainsi une première
fois brouillée. Cet effet de distanciation pousse le spectateur à s’interroger sur
la réalité de ce qu’il voit, mais aussi sur la réalité de ce qu’il est.
Un spectateur ? Un citoyen ? Un homme ?
Devancer le public nous permet de le confronter de manière concrète à une
urgence : L’urgence vitale, naturelle et humaine, d’agir.
Ce sentiment d’urgence est le point de départ de notre fable parce que sans
lui, il est impossible de passer à la seconde question et de se demander
enfin : Que faire ?
« Le problème n'est pas de montrer des choses vraies mais de tendre à
montrer comment sont vraiment les choses » 1
Nous avons proposé à trois comédiens, tous issus de la génération post 73-89,
de s’approprier trois actions radicales visant à changer le cours du monde,
actions que nous avons élaborées ensemble, à partir de leurs propres désirs :
Le premier s’engage dans une grève de la faim à Central Park, face au siège
des Nations-Unies. Il demande que l’ONU respecte et fasse respecter
l’entièreté des textes, chartes et résolutions auxquels elle s’est associée.
1
Bertolt Brecht, Petit organon pour le théâtre
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Le deuxième décide de prendre en otages les clients d’un supermarché et
de se suicider avec eux devant les caméras. Il revendique l’abolition de la
valeur-argent.
Le troisième navigue dans les hautes sphères du pouvoir. Il décide de réaliser
le plus gros canular de l’Histoire, en se faisant passer pour Dieu, et espère ainsi
forcer les Hommes à se rassembler.
Ces trois « sauveurs du monde » espèrent entraîner une réaction en chaîne.
Leurs plans vont du plus plausible au plus absurde, du plus inoffensif au plus
dévastateur, du suicide au massacre de masses.
A travers ce projet, nous ne posons pas la question : « Un autre monde est
possible, lequel ? », mais bien « Un autre monde est possible, comment ? »
De la même façon, il ne s’agit pas de proposer des exemples à suivre, mais
de susciter le débat autour des moyens employés.
Parallèlement à l’axe des trois « héros », nous avons réuni, sur scène, une foule
anonyme de soixante non-comédiens. C’est autour de cette confrontation,
entre héros et foule, que nous articulons notre travail.
Car si les héros ont un plan, la foule, elle, n’en a aucun. Ou plutôt, elle se
propose comme solution en soit. Comme début de solution.
A l’ambition folle des héros, la foule oppose son humilité, son humanité. Elle
travaille selon ses possibles, même s’ils sont minces, contrairement aux héros
dont les actions sont toutes en soi démesurées, toutes « trop grandes pour
eux ».
C’est la foule, son unité joyeuse, qui révèle concrètement la faille des héros,
en mettant en perspective la solitude désespérée des uns face à la force
naturelle des autres - réunis.
La foule est en dehors de la fiction, elle vient s’opposer à la fable puis la
renforce, en matérialisant sur scène la vision des héros, avant de les engloutir
définitivement, et se révéler seule véritable actrice de la fable.
Le public, d’abord amené à s’identifier aux héros, dont les actions font écho
à un enthousiasme authentique, typique de l’adolescence, de ces moments
où l’on se sent prêt à tout quitter pour changer de vie, est ainsi ramené
violemment à lui-même et à sa propre réalité.
Les héros morts, seule subsiste la foule. L’homme ordinaire. L’évidence d’être
ensemble. A la fois sur scène et dans le public.
Le spectacle se termine sur une volonté claire de notre part, celle d’insuffler
aux spectateurs le désir d’agir, de débattre ensemble, de réfléchir
individuellement et collectivement à ces grandes questions qui nous animent
tous, et dont la principale se résume en deux mots : Que faire ?
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Intentions de mise en scène
Nous avons orienté notre travail autour de deux questions fondamentales :
Comment raconter le processus qui conduit du phantasme de l’action à sa
réalisation, qu’implique ce passage à l’acte ?
Comment troubler suffisamment le public pour faire en sorte qu’il n’assiste pas
simplement à un spectacle, mais puisse en permanence se poser des
questions et exercer son regard critique autour de notre problématique ? (Des
héros déterminés mais seuls face à des gens réunis, mais sans réel plan
d’action.)
Chaque personnage évolue au cours de la fable et s’approche peu à peu
de la réalité de l’action qu’il se propose.
Les certitudes des héros font place au doute, à l’angoisse, à la peur, et même
au remords. Comme si le passage à l’acte modifiait la structure profonde des
êtres.
Le rapport au jeu des acteurs évolue également en ce sens.
Au début, les acteurs sont simplement des musiciens. Ils deviennent ensuite
conteurs, narrateurs, personnages …
L’espace, les objets et les êtres qui les environnent, sont imaginaires.
Lorsque la foule débarque sur le plateau, pour la première fois, les acteurs
sont réellement confrontés à la réalité de leurs phantasmes.
Alors que les héros évoluaient jusque là seuls, les voici face aux gens
ordinaires, ceux-là même au nom de qui ils estiment agir.
Les héros sont plus que jamais perdus face à eux même, comme si, au
contact des Hommes, ils avaient réellement pris conscience du poids de leurs
actes.
La fonction de la foule se transforme elle aussi, jusqu’à changer de nature
même. Entrant petit à petit tels des êtres perdus dans le théâtre, les gens la
composant se matérialisent ensuite en promeneurs dans Central Park dans la
vision de L’homme qui a choisi de se sacrifier, puis en otages de L’homme qui
a choisi l’action violente et ensuite en chœur des morts, victimes de L’homme
le plus intelligent du monde.
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Figurants au service des héros, les gens de la foule finissent par se révéler les
derniers et véritables acteurs de la fable. Réunis autour d’un chant, ils
avancent vers le public, absorbant les personnages sur leur passage, brisant
définitivement le quatrième mur qui les séparait du public, comme s’ils
voulaient se réincorporer à la foule des spectateurs.
Cette transformation constante des personnages, des comédiens et de la
foule place le spectateur dans une position étrange, qui l’oblige à se
demander en permanence à quoi il est réellement en train d’assister.
Lorsqu’il est rejoint par la foule, le public est invité lui aussi à se rassembler, à
chanter, battre des mains. Un choix lui est imparti : être spectateur ou acteur.
Non pas acteur sur scène (Warhol et son quart d’heure de célébrité ne nous
intéressent pas), mais celui du monde qui nous entoure.
« Que faire ? » se situe pour nous davantage du côté de l’expérience que du
spectacle. Une expérience différente bien sûr, selon que l’on soit acteur ou
spectateur. Cependant, qu’il soit question du public, de la foule, des héros,
des hommes qui interprètent ces héros, ou de nous-mêmes, il s’agit avant tout
de ne pas en sortir indemne.
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Le théâtre
peut beaucoup
là où du moins
il y a suffisamment
de vie.
Berltolt Brecht
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? sera présenté au cours de la saison 2010-2011
Que faire
- Au Festival de Liège (Liège) les 8 et 9 Février 2011
- À L'ANCRE (Charleroi) les 16, 17 et 18 Février 2011
- Au Théâtre de L'Envol (Viry-Châtillon, France) les 10, 11
et 12 Mars 2011 (dans le cadre du Festival Kicks!)
?
Que faire
est une création de la Cie Que faire
?
En coproduction avec L'ANCRE (Charleroi)
Avec l'aide du Ministère de la Communauté Française – Service
du Théâtre
Avec le soutien de Théâtre et Publics, du Festival de Liège, du
Groupov, de Zoo Théâtre, du B.P.S.22, de P.A.C., de Couleur
Quartier, de la MPA Charleroi, de Latitude Jeunes et de la Ville de
Charleroi.
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