REGARDS CROISES 1
1.1 - Comment les pouvoirs publics peuvent-ils contribuer à la justice sociale ?
Il faut tout d’abord distinguer ce qui est juste de ce qui ne l’est pas, or il est difficile d’en avoir une
définition universelle selon les écoles de pensées et le milieu sociale d’appartenance. La justice
sociale qui s’appuie sur l’idée d’égalité que l’état à l’aide de différents mécanismes tente d’instaurer,
reste fragile et difficilement mesurable.
Notions à connaître :
Egalité : situation dans laquelle deux individus ou deux groupes sont dans des positions jugés
socialement identique ou équivalente.
Discrimination : différenciation de traitement des individus en fonction d’un critère particulier (sexe,
couleur de peau etc.
Assurance : activité qui consiste à garantir un paiement en cas en cas de réalisation d’un risque aux
individus qui ont au préalable versé une prime ou une cotisation. Cette activité peut être privée
(compagnies d’assurance) ou publiques (affiliation à la sécurité sociale), à but lucratif ou sans but
lucratif (mutuelle d’assurance).
Assistance : système de protection sociale qui verse aux membres de la collectivité les plus pauvres
des aides sociales financés par les impôts.
Services collectifs : activités d’intérêt général prises en charges par une personne publique
(administration ou entreprise publique) ou une personne privée (entreprise privée), mais sous le
contrôle d’une personne publique.
Fiscalité : sous-ensemble des prélèvements obligatoires qui ne comporte que les impôts.
Prestations sociales : droits versés aux assurés sociaux en cas de survenu d’un risque social.
Cotisations sociales : prélèvements obligatoires sur les revenus qui financent la cotisation sociale.
Redistribution : ensemble des transferts de revenus opérés par la puissance publique (prélèvements
d’impôts et de cotisations sociales afin de verser des revenus de transfert et financer la protection
sociale).
Protection sociale : ensemble des mécanismes collectifs permettant aux individus de faire face aux
conséquences (perte de revenu, hausse de certaines dépenses) d’un certain nombre de risques
sociaux (maladie, chômage, vieillesse sans ressource).
REGARDS CROISES 1
A- Qu’est-ce qu’une inégalité ?
Inégalité : désigne une différence mesurable en termes de niveau de vie ou de qualité de vie
entre individu ou entre groupes sociaux. Lorsqu’une inégalité est mesurée au sein d’une catégorie
homogène (par exemple les salaires) il est plus correct de parler de disparité.
Une inégalité peut parfois s’étendre à tout un groupe social on parlera alors d’une inégalité sociale.
Les fondements de l’égalité sont les bases même de la révolution française de 1789, la déclaration
des droits de l’homme et du citoyen dont la préoccupation majeure était de voire appliquer les mêmes
règles à tous. Tous libres et égaux en droits, question qui revêt différentes formes d’égalité :
Egalité des droits tous les citoyens bénéficient des mêmes droits civils, politique, les hommes
naissent égaux en droit, largement garantie dans les sociétés démocratiques. Pour de Tocqueville
c’est l’égalité sociale qui donne le droit à un individu d’occuper une autre position que celle de ses
parents.
Egalité des chances Tous les individus peuvent accéder à toutes les positions sociales, quelque soit
leurs positions sociales d’origines. Ils peuvent parvenir à compenser les inégalités. Pour A de
Tocqueville une société est juste si dans une société tous les individus disposent des mêmes chances
d’accéder aux différentes positions sociales. Cette vision à un lien direct avec l’idéal méritocratique ou
les positions dominantes doivent être réservées à ceux qui ont du talent et fait suffisamment d’effort
Les privilèges ne doivent en aucun faciliter cette position dominante.
Egalité des situations Cela correspond à l’égalité réelle des individus, même revenu, même
prestation sociale, même capital de départ. La démocratie tente dans ses différentes politiques
d’égaliser les situations en égalisant des conditions.
Il faut différencier sans chercher à opposer la notion d’égalité et d’Equité et se poser la question
suivante l’égalité est elle toujours juste ?
Equité : Principe selon lequel chaque individu doit être traité de façon spécifique et consacrer plus de
temps et d’argent aux moins doués et aux moins favorisé par leurs origines sociales.
Pour John Rawls une société juste est donc une société qui repose sur l’équité. Elle accorde à chaque
individu les mêmes libertés d’accéder aux différentes positions sociales et distribue les autres de
façon à maximiser la situation des plus défavorisés.
Cette conception de la justice sociale refuse le socialisme autoritaire mais refuse de sacrifier les plus
favorisés au nom de la justice sociale. Cette vision de la justice permet également de comprendre les
politiques de discrimination positives qui consiste en un traitement différencié et inégalitaire au profit
de certains groupes sociaux afin de leur donner les mêmes chances d’accéder aux différentes
positions sociales.
Il existe un lien entre inégalité et discrimination : Les discriminations sont fondés sur des critères
illégitimes (tailles, poids, origines, couleurs de peau…) et débouchent souvent sur des inégalités. Les
obèses ont un taux de chômage plus élevé que les personnes de poids moyens, les individus
d’origines étrangères sont également plus exposés au chômage que les autres etc.
C’est dans la société américaine que l’on retrouve une véritable passion pour l’égalité. Cette passion
serait en lien direct avec l’origine des migrants, qui pour la majorité étaient protestants et ont subis des
discriminations du à leurs foies.
Dans son ouvrage De la Démocratie en Amérique (1835), Tocqueville fait part de différents constats :
-La démocratie serait le système le plus approprié à notre société.
- l’égalité conduit à une uniformisation des perceptions des rapports sociaux
Les sociétés démocratiques sont dans une course sans fin à la recherche de l’égalité.
REGARDS CROISES 1
Synthèse :
Les sociétés démocratiques se caractérisent par la recherche de l’égalité, selon Alexis de
Tocqueville : l’égalité des droits qui correspond à l’égalité des citoyens devant la loi (absence de
privilèges comme dans l’Ancien Régime ; chacun dispose des mêmes droits politiques et sociaux),
l’égalité des chances qui doit permettre à chacun d’accéder à toutes les positions sociales existantes
selon ses capacités (nécessité de politiques correctrices pour compenser les handicaps initiaux) ;
l’égalité des situations qui correspond à une égalisation des conditions matérielles d’existence : on
assiste à un rapprochement des niveaux et des modes de vie entre les individus, même si l’égalité
absolue n’est jamais atteinte. Dans ce cas, on essaye de rapprocher la situation des individus à
l’arrivée ce qui implique des politiques de redistribution.
L’idéal de justice sociale qui résulte de cette « passion pour l’égalité » dépend du système de valeurs
qui organise la société. A la suite d’Aristote, on peut donc distinguer différentes approches. La justice
commutative ou arithmétique : chacun reçoit la même chose ; La justice distributive ou géométrique : il
est juste que chacun reçoive en proportion de ce qu’il apporte, ce qui correspond à l’idéal
méritocratique qui accepte l’idée que les inégalités peuvent être justes. Enfin la justice corrective
cherche à redistribuer les revenus, les patrimoines, les positions sociales, en fonction de critères
moraux, politiques ou sociaux sur ce que l’on estime être juste. Dans ce cas, on s’intéresse aux
besoins des individus et non à leurs mérites.
REGARDS CROISES 1
B- Faut-il lutter contre les inégalités ?
La devise Républicaine « Liberté, égalité, fraternité » place l’égalité en son centre et préconise donc lutte
contre les inégalités. Or certains économistes soutiennent l’idée que les inégalités sont légitimes et quand aucun
cas elles devraient être supprimés.
Les arguments contre :
Pour les libéraux, héritiers des classiques souhaitant par-dessus tout une faible intervention de l’état. Il
ne faut pas lutter contre les inégalités car :
-Le marché sait se réguler seul, il est toujours efficace. Lorsque le marcfonctionne seul il aboutit à
l’intérêt collectif ainsi qu’à l’optimum social. C’est l’idée de la « main invisible » d’Adam Smith. Le
marché va pouvoir guider les individus dans les secteurs dans lesquels on a besoin d’eux, ils les
guident vers la meilleure utilisation de leurs ressources. Pour cela Le marché envoi des signaux
comme la hausse ou la baisse des prix. Si les individus sont trop « assistés » par l’état ils seraient
dissuadés de travailler. En entravant les prix du marcon fausserait les prix donc la valeur des
individus.
-Les inégalités dépendent du mérite individuel c’est pourquoi les libéraux leurs attribues un caractère
juste.
La lutte contre les inégalités entrave les libertés au nom de l’égalité. Dans la mesure tous les
individus ne souscrivent pas à l’égalité cela conduit l’Etat à mettre en place une propagande en faveur
de l’égalité.
Friedrich Hayek (1944), écrit La route de la Servitude ce livre est une réfutation point par point du
Marxisme. Avec un certain co visionnaire il montre comment le communisme conduira à
l’asservissement des hommes et à l’appauvrissement de la population. Pour lui le communisme
conduit forcément au totalitarisme.
La lutte contre les inégalités crée une bureaucratie très importante qui paralyse l’activité économique
et détourne des richesses à son profit. La distribution des prestations sociale serait un moyen pour les
gouvernements de se créer une clientèle électoral, l’Etat est aussi clientéliste.
Tocqueville constate qu’en germe l’égalité contient des risques, comme celui de la médiocratie. C'est-
à-dire pour lui l’égalité s’établit par un nivellement vers le bas, la société serait donc dirigé par les
individus les plus médiocres. Tocqueville crains que lorsque l’état prend trop de places il devient
omniprésent.
Les Arguments favorable à la lutte contre les inégalités :
John Maynard Keynes, bien que libéral, pense qu’il est nécessaire de lutter contre les inégalités. Pour
lui le marché admet des défauts, il ne se régule pas seul contrairement à ce qui est affirmé par ses
confrères. Keynes pense que les inégalités ne sont pas efficaces car les riches ne consomment pas
entièrement leurs revenus ils ont une forte propension à épargner. Pour lui il faut euthanasier les
rentiers puisque leur épargne est stérile. Il veut redistribuer les revenus et mettre en place l’impôt sur
les successions pour pouvoir redistribuer les richesses des rentiers
REGARDS CROISES 1
Joseph Stieglitz dans les Prix des inégalités, un livre dans lequel il exprime une violente charge contre
les inégalités, parle de l’aspect inefficace des inégalités. Les plus riches ont pour lui une faible
propension à consommer. Il dénonce également l’économie financière qui pour lui est une pure
spéculation. Pour lui les plus diplômés vont apprendre à produire des choses qui ne rapportent rien à
la majorité de la population. C’est également inefficace au niveau du capital humain étant donné que
les jeunes venant de milieu défavorisé ne peuvent pas développer leurs potentiels. Pour lui la hausse
des inégalités aux Etats Unis n’est pas forcément le libre jeu du marché mais les 1% les plus riches
ont réussi à s’accaparer à leurs profits le système politique. Ils ont donc produit des lois allant dans le
sens de leurs intérêts. Warren Buffet, l’homme le plus riche du monde en 2008 a déclaré : « La lutte
des classes existent et ce sont les riches qui sont en train de la gagner. »
Pour Stieglitz il faut réduire les inégalités. La réduction des inégalités baissent les couts sociaux.
Pareto est un des 3 grands économistes néo-classiques il a définit ce qui, pour lui est une situation
optimale en économie : il désigne le moment durant lequel un individu ne peut pas améliorer son
propre bien être sans détérioré celui d’un autre : il s’agit de l’Optimum de Pareto.
Amartya Sen (prix Nobel d’économie ne 1998) les inégalités sont inefficaces car elles nuisent à la
cohésion sociale et risque d’aboutir à la désintégration de la société, et à la remise en cause du
contrat social. Pour lui il n’existe pas d’idéal de justice, on ne parviendra donc jamais à une égalité
réelle mais il soutient l’idée qu’il est important de définir un socle minimum d’inégalité qui mettrait tous
le monde d’accord. Il soutient également l’idée que chaque individu dispose de capabilité différente
tout le monde n’atteindra donc pas le même but.
Capabilités : ensemble des moyens dont dispose un individu pour améliorer son sort
Sen préconise des actions ciblées pour améliorer des situations concrètes dans lesquels l’Etat perd le
monopole de l’action sociale. Il faut qu’il y est une action conjointe de différence secteurs : le privée,
l’Etat, les ONG, association, médias… Il pense donc que le plus important est de laisser à chaque
individu la chance d’accomplir ce qui leurs permettra d’atteindre le bonheur.
Exemple : microcrédit créé par Mohamed Yunus
Le microcrédit permet de financer des petits projets locaux en espérant que les recettes gagner grâce
à leurs projets vont permettre de pouvoir rembourser le crédit. Sur le terrain des employés de la
banque vont aider les emprunteurs pour que leurs projets réussissent.
https://www.youtube.com/watch?v=_EOy9gWNnss
John Rawls, théorie de la justice (1987) ouvrage majeure sur la réflexion de la justice sociale.
L’égalité est liberticide mais lorsqu’on laisse les gens totalement libre il ne peut y avoir d’égalité.
Ce sont 2 principes difficiles à concilier Rawls pense qu’en respectant simultanément la liberté et
l’égalité on peut aboutir à la justice. la société doit offrir à tous le monde les mêmes moyens de
réussir, la société doit limiter les différences et donner des meilleures conditions à tous le monde..
John Rawls pense que les inégalités sont acceptables si elles sont profitables aux plus défavorisés.
Rawls est un libéral, il justifie l’intervention de l’Etat qui doit corriger les inégalités à l’aide de
mécanismes. Rawls va aboutir à une parfaite théorie de la justice mais qui s’avère très difficile à
mettre en place, les problèmes se détachent très largement de l’Etat.
.
Les marxistes veulent supprimer les conflits de classe pour cela ils souhaitent supprimer la propriété
des moyens de production, les moyens de production vont donc être sociabiliser.
Pour les marxistes l’égalité des droits est une fiction, on accorde des droits théoriques sans aucun
mécanisme concret pour qu’ils puissent se réaliser. Tous les mécanismes de redistribution sont pour
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