Les gammes de lecture (listes,…) et mini projets d`écriture

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Conférence du 18/03/2003 sur l’Observation Réfléchie de la Langue (O.R.L.)
par Renée LEON
Renée Léon souligne l’importance de la démarche
Nouvelle logique des IO selon R.Léon
Cycle 2 : La grammaire disparaît en tant que telle, elle est diluée dans l’ensemble du texte, elle est
implicite. Le recul réflexif doit servir à l’écriture et la lecture.
Cycle 3 : Il y a radicalisation de ce qui est implicite au cycle 2
 donner du sens : pas de leçons de grammaire qui « tournent à vide », qui sont décrochées
du sens
 donner des outils pour lire et écrire : réinvestissement, central dans les IO, pas de
grammaire pour la grammaire mais pour la lecture et l’écriture
 assurer l’interdisciplinarité :
-même est déconnectée des activités grammaticales
 intégrer l’oral (en particulier au moment des amorces, pour introduire une notion)
exemple : l’impératif
On fait réfléchir les élèves, par deux, sur ce que leurs parents leur disent le matin avant de
partir à l’école (« dépêche-toi, vas te laver les dents,… »). L’enseignant note au tableau.
Tous les élèves sont concernés et peuvent dire quelque chose car c’est lié à leur vie et
l’impératif prend tout son sens.
On pourra ensuite :
->travailler sur des textes de Friot en jouant sur les intonations
->faire comprendre que les phrases impératives ne sont pas uniquement des ordres. On
donnera les différentes formes avec leurs noms officiels (ce qui permettra une réflexion sur
la terminologie grammaticale : vient « d’empereur », qui donne des ordres,…)
1-LE POINT DE DEPART DE L’O.R.L. NE PEUT PAS ETRE UN TEXTE LITTERAIRE:
-le texte littéraire est le dernier support intéressant. L’impulsion grammaticale est pour donner des
repères de la langue « basique ». Le texte littéraire (qui joue avec la langue !) est souvent
transgressif par rapport à la langue standard.
-si on se met à faire de la grammaire sur la littérature on va dégrader l’image de la littérature, on ne
va pas aider à lire, on ne va pas donner envie de lire.
Dans les IO il n’y a aucune ouverture sur littérature et grammaire, sauf peut-être dans les ateliers
d’écriture (mais le texte n’est pas clair)
On peut lire des contes pour écrire des contes mais plutôt lire pour dire. Il faut garder l’idée de lire
des textes littéraires pour eux-mêmes , pour donner une culture littéraire et non pour en faire quelque
chose. Il faut discuter, échanger, débattre, prendre la littérature comme objet de discussion en
classe, comme support d’activités orales, donc moins scolaires.
Une enquête auprès des 12-18 ans montre que le livre est lié au travail et non aux loisirs (c’est sans
doute une dérive du secondaire ? ? ?)
La liaison entre projet interdisciplinaire et grammaire est très forte dans les IO. Les projets
peuvent être des mini-projets d’écriture sur une semaine à quinze jours. La grammaire doit apporter
de l’aide à l’écriture dans toutes les disciplines et doit s’accrocher à des supports d’observation dans
toutes les disciplines. On peut partir des productions d’élèves ou de jeux de rôle ou de textes
explicatifs, informatifs,…mais non littéraires . il faut éviter de décortiquer un conte, un poème, un
récit mais travailler sur une recette, une phrase d’histoire, une page de dictionnaire. Le texte littéraire
est l’aboutissement de tout un cheminement qu’on aura pu faire.
Exemple : la phrase interrogative
On ne prendra ni texte théâtral, ni roman ; mais tout ce que les élèves auront acquis, ils le
réinvestiront dans la lecture fine d’un texte de théâtre.
On commence par un interview : de l’utilisation basique pour aller vers la subtilité d’un texte
théâtral où souvent ce sont de fausses questions que l’on y trouve. Ça se passe au niveau du sens
1
et non de la forme. Dans le théâtre, il y a des tas d’intonations, de sentiments. On peut en faire une
mise en voix (poser des questions à intonations variées au service du sens)
2- DONNER DU SENS
 A travers les projets d’écriture interdisciplinaires pour les cycles 2 et 3 voire même le cycle
1
 Un lien plus explicite avec la lecture : Pour chaque outil, quelles sont ses implications en
lecture ? Dans quelles situations d’écriture je vais pouvoir faire apparaître le sens de l’outil
que je suis en train d’étudier. A quoi sert-il dans la langue ?
Exemple : les qualificatifs
Il est préférable de travailler des textes courts mais fréquemment : portraits, autoportraits,
devinettes à contraintes grammaticales (calme ou agitée, verte ou bleue, qui suis-je ?), mini
critiques de livres (long, ennuyeux,…), confrontations de synthèses d’élèves sur une notion
avant la terminologie officielle,…
Faire réfléchir sur des critiques de livres de littérature de jeunesse : à quoi sert l’adjectif
qualificatif ?
 L’ancrage dans la réalité
 Une plus grande place au vocabulaire : il y a une part très, trop modeste dans les IO (sauf
au cycle 2)
Au CE2, il faut absolument reconnaître un nom, un adjectif, un verbe. Avec cette démarche, la
frontière vocabulaire-grammaire tombe. Le rôle sémantique de l’adjectif qualificatif concerne le
vocabulaire. Il faut enrichir le texte et faire les accords.
Les problèmes sociaux actuels sont des problèmes de vocabulaire. Comment entre-t-on dans
le vocabulaire ? les leçons décrochées ne servent à rien. Il faut plutôt un ancrage thématique
ou par intérêt.
 La mise en relief de régularités
Utiliser la conjugaison par les personnes plutôt que par les groupes, modes, temps.
Horizontalement, étudier toutes les formes avec « je », toutes les formes avec « tu »,…Avec
« tu », quels que soient mode, groupe et temps, plus de 90% des verbes terminent avec « s ».
on peut le montrer très vite au cycle 2.
Massifier le premier trimestre sur la mise en place des régularités des personnes en fonction
des temps dans des tableaux récapitulatifs (outils de référence). Ensuite on travaille sur ce qui
est possible et impossible.
En situation d’écriture, il n’est pas réaliste pour un élève de tout gérer: l’enfant ne peut pas se
poser les questions sur groupe, sur le temps, sur le mode à chaque fois qu’il écrit un verbe.
Il s’agit de mettre de l’ordre dans la complexité : donner aux élèves des îlots de sécurité, de
certitudes, ce qui est plus rassurant pour eux ; puis instaurer les verbes en « er » et les autres.
 Les situations sociales, le jeu, l’humour, une incitation à la curiosité. Une progression n’est
pas nécessaire, il n’y a pas vraiment d’obstacles ! L’approche et la situation concrète en
situation de classe sont les plus importantes. Il faut éviter l’oral collectif et l’écrit individuel,
être ludique et rigoureux pour les intéresser à la langue, proposer des actions à 2, à 3, seul
face au groupe.
Il va falloir décliner les contenus, la programmation, la démarche, les supports, les situations de
classe et les modalités de travail.
3-LES CONTENUS
A quoi sert ce qu’on va étudier? si ça ne sert à rien, on diffère (comme le COD par exemple, qui ne
sert à rien ! Il ne pose aucun problème de sens en lecture, ni au niveau orthographique –c’est hors
champ du primaire-)
Les compléments circonstanciels sont prioritaires, pour le sens et pour la forme (pour jouer sur
l’équilibre de la phrase : on change sa place pour que la phrase soit plus musicale)
2
Pour la programmation, hiérarchiser :
1-les notions urgentes : dès le premier trimestre du CE1 au CM2 repérer
-Les régularités de personnes sur le présent, y compris sur les verbes irréguliers des
différents groupes et les plus courants dans le langage commun du troisième groupe.
-La ponctuation
2-les notions difficiles : à traiter en longueur tout au long de l’année
-Les homonymes grammaticaux (il ne sert à rien de faire « x » leçons sur le sujet !)
Le problème est posé d’entrée, la difficulté nommée, les utilisations de rencontre et
d’utilisation exploitées tout au long de l ‘année.
On peut faire le choix d’une fiche toute faite donnée ou construite en classe à amorcer dès le
premier trimestre et faire des points tout au long de l’année face à cet outil de référence. Cela peut
être un bon outil pour l’écriture avec la banque de mots.
Quant au COD, ce n’est pas une notion opératoire ! on peut l’aborder par la sémantique du
verbe en juin, au CM2. (exemple : nous tiendrons ! Je tiens ce micro dans la main gauche. Je tiens
ce meuble de ma grand-mère. Je tiens à cet objet)
3-les notions utiles aux projets d’écriture :
-Les banques de mots
-Les champs lexicaux
Se souvenir que la grammaire n’est pas là pour compliquer les choses mais pour les éclaircir !
Quelques pistes sur le vocabulaire (simulations de programmation. Pas de pré-requis, pas de
progression !) -> le sens doit toujours être premier !
-les mots d’aujourd’hui : comment on forme les mots nouveaux d‘aujourd’hui -> les mots de
l’informatique (portail, puce, toile,…) -> notions d’histoire des mots et de leur formation
-l’histoire des mots
exemple :glace (12° siècle) -> miroir (14°) -> dessert rafraîchi (18°) …par analogie, glissement
de sens et polysémie des mots fréquents.
Autre exemple : en 1995 , naissance du mot « covoiturage » pendant les grèves SNCF qui
correspond à une nouvelle habitude sociale : comment il est construit -> « co » renvoie à
coéquipier, « age » à bricolage (permet d’identifier ce que sont préfixe, radical et suffixe)
D’où viennent les mots, la langue ? correspond à des moments de l’histoire du peuple qui la parle. La
langue est un « melting pot » -> prendre 12 mots très fréquents et en faire rechercher l’origine, à
quelle date ce mot est arrivé, d’où il vient (un mot, dont on fera la carte d’identité, par deux) –pyjama
(grec), pipe (arabe), pantalon (italien), balcon (espagnol), anorak (indien), mocassin (inuit), sandwich
(anglais), ruche (gaulois),…
-les mots des disciplines, les verbes des consignes en particulier qui demandent à être expliqué du
point de vus du sens.
-les banques de mots : dès le premier trimestre de chaque niveau (dès le CP à l’oral). Elle est
prioritaire pour pouvoir servir et s’enrichir toute l’année.
-les mots pour parler des textes littéraires, pour donner un avis sur un texte : sur des émotions
intuitives
Mots pour les dire -> adjectifs qualificatifs
Tout ce qu’on peut dire d’une personne : rusée, méchante,… d’un texte : invraisemblable,
humoristique,… de façon à pouvoir dire « j’ai aimé ou pas parce que… », avec au moins un
argument.
Cette banque de mots entrera dans l’évaluation. C’est un point de jonction entre le texte littéraire et
l’ORL
-le vocabulaire des sentiments : autre point de jonction -> on lie le vocabulaire à une
argumentation, à une explicitation d’un texte littéraire
Dire ce que l’on ressent : il est facile de l’introduire par le biais des personnages des histoires (on
peut faire un interview d’un personnage d’une histoire ; exemple : interroger l’empereur des « Habits
3
neufs de l’empereur », puis les escrocs de cette même histoire pour faire apparaître le concept de
naïveté, de ruse)
Il doit y avoir ancrage dans la vie de tous les jours.
4-LES DEMARCHES
-De l’utilisation « basique » (utilitaire) à l’utilisation littéraire
L’utilisation littéraire doit avoir lieu uniquement quand ça fait sens !
Par exemple, pour la désignation des personnages dans un début de roman, de façon ponctuelle
(sans le faire de façon systématique, seulement quand c’est nécessaire. Cela ne doit pas devenir un
procédé !)
exemples : dans « cœur de pierre » (souris noire, éditions Syros) pour comprendre que le
narrateur est l’arme du crime
« la peau bleue », livre sur la différence, l’intégration, où les personnages sont
uniquement désignés par des pronoms personnels (je, tu, il, elle) de façon
répétitive – tout le contraire de ce qu’on demande aux élèves ! –
-Du concret à l’abstrait
Partir de situations problèmes ou de textes qui ne fonctionnent pas ou de document de type
social ,…
-Approches croisées , activités plurielles
les procédures des élèves ne sont pas toutes les mêmes. Il est important de varier les approches par
le sens, la forme, l’orthographe.
5-LES MODALITES DE TRAVAIL
Les situations socialisées
Elles peuvent prendre la forme d’ateliers quotidiens (type calcul mental, ritualisé) : situations où il y a
une recherche individuelle, puis un confrontation collective, puis une validation rapide. Cette situation
doit être codifiée mais très ouverte.
-identification nom, adjectif, verbe :
 mimer un nom, un adjectif, un verbe
 devinette à contrainte grammaticale
 relai (en orthographe surtout :mot -> suite de sons du mot suivant + orthographe, idem sur
les dernières lettres : éléphant-téléphone…)
 concours : celui qui trouve le maximum de verbes qui commencent par une lettre tirée au
hasard
 quiz : on lance une affirmation, dire si c’est vrai ou faux (« tous les mots qui commencent
par « e » sont au féminin »,…)
Les gammes de lecture (listes,…) et mini projets d’écriture
Ils ne doivent pas être corrigés.
L’écrit est souvent considéré comme un point d’aboutissement, avec conformité et correction.
Dans le cas présent, l’écrit n’a pas de statut d’objet fini.
Les simulations, mises en scène, jeux de rôle
On va essayer de rapprocher exercices et activités d’un projet plus global. D’où une organisation plus
souple de l’emploi du temps
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