Economie / Crise financière / Fiche Fiche : Les mots de la crise financière (MFI / 16.08.11) La tempête qui emporte les marchés boursiers depuis le 22 juillet laissera des traces dans l'économie réelle. La planète des finances est de nouveau dans la tourmente, trois ans seulement après la crise boursière de l’automne 2008. Voici les rumeurs et les mots qui font peur aux marchés. Et trembler les piliers de l'économie... Dette publique (MFI) L’emprunt d’argent par les autorités publiques existe depuis l’Antiquité grecque. Il s’est accéléré au Moyen Âge avec les Italiens qui, pour payer leurs mercenaires et leurs guerres, ont emprunté des fonds à des banquiers ou des marchands. Les dettes transmissibles ont été créées par les marchands qui les diffuseront à l’étranger. Après la Seconde-Guerre mondiale, les emprunts publics serviront à financer les guerres mais aussi les plans de relance des Etats. Les dettes se renforcent avec l’apparition des entreprises. Après avoir touché les pays occidentaux les plus vulnérables - Grèce, Irlande ou Portugal -, la crise a gagné les États-Unis, première puissance mondiale. Elle menace également l’Italie et l’Espagne. La France est pour le moment épargnée. Pour stopper la contagion, les dirigeants européens et américains tentent de convaincre les marchés financiers et les investisseurs que leur priorité est bien de juguler la dette publique. Obligations / Bons du Trésor (MFI) Etats ou entreprises doivent lever des fonds sur le marché des capitaux en émettant des obligations, des titres de créances qui sont aussi connus sous le nom de « bons du Trésor ». Grâce aux obligations et aux « bons du Trésor », l’Etat s’engage à rembourser sa dette à une date précise, tout en versant chaque année des intérêts à ses créanciers qui sont des banques, des assurances et d’autres fonds... Agence de notation (MFI) Au 19è siècle, les analystes commencent à évaluer les risques pris par les créanciers, ainsi que la probabilité que le créancier ne rembourse pas ses dettes. Plus le risque est élevé, plus le créancier prête à un taux élevé. C’est à un krach que nous devons la création de l’agence de notation Moody en 1909. Son créateur, l’Américain John Moody, instaure la notation de la dette. Suivront Standard & Poor's, une autre agence américaine, en 1916, et l’agence franco-américaine Fitch, en 1924. Aujourd’hui, S&P, la plus influente, note 126 Etats. L'agence chinoise Dagong, fondée en 1994, est la seule agence de notation non-américaine. AAA (MFI) John Moody, dès 1909 adopte une grille de notation par lettre, allant de AAA à D pour la pire. Tout le monde convoite le triple A, la note du premier de la classe, le 20 sur 20, et l’assurance que l’emprunteur remboursera sa dette. L’emprunteur AAA pourra utiliser des fonds sans verser d’intérêts élevés. A l'heure actuelle chez S&P, le AAA représente la sécurité maximum. La notation compte 22 crans qui se dégradent en AA+, AA, AA-; la note BBB- équivalant à la moyenne de 10 sur 20. Endeçà de BBB-, l’investissement devient « spéculatif ». Aujourd’hui, après la dégradation de la note de la dette américaine de AAA à AA+, dix-huit autres émetteurs de dette souveraine conservent le sésame AAA de S&P, dont l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, le Canada, le Danemark, la Finlande, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Suède. Défaut (MFI) Ce terme correspond à la faillite ou l’insolvabilité. Dans le jargon des financiers on parle également d'« un événement de crédit ». C’est le mot utilisé quand un pays ne peut plus servir les intérêts ou rembourser ses emprunts. Il faut se rappeler qu’après un « défaut », les investisseurs prêteront difficilement à nouveau,ou à des taux très élevés. CDS (MFI) Le crédit default swap (CDS) ou permutation de l’impayé, inventé en 1994 par deux jeunes employés de la banque JPMorgan. Ce produit financier permet au détenteur d’un emprunt de se protéger contre un éventuel défaut de son débiteur. Un CDS se contracte auprès d’un autre investisseur et c’est une sorte d’assurance qui lui permet de récupérer l’intégralité de la somme prêtée en cas de défaut total ou partiel du remboursement de la dette. Il est possible aussi de l’acheter sans avoir d’emprunt à protéger. Géré par des acteurs du secteur bancaire et non pas par des assureurs, le CDS devient un élément de la spéculation. En voyant l’évolution du CDS, un détenteur d’obligations peut croire que les autres ont des informations qu’il n’a pas et accélérer ainsi la défiance des marchés à l’égard de l’emprunteur. Double Dip (MFI) « Double Dip », double creux, ou encore « reprise en W » désigne une première chute du produit intérieur brut (PIB), suivie d’une reprise de croissance qui replonge avant de redémarer. Le dernier exemple a été constaté en 1980, par le Bureau national de recherche économique (NBER), aux Etats-Unis, suite à une récession de l’économie américaine en janvier de cette année-là, avec une reprise rapide en début de l'année 1981. Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) a profité de cette reprise pour augmenter les taux, ce qui causera la récession de l’économie américaine de juillet 1981 à novembre 1982, pour se rétablir durablement jusqu’à la fin de la décennie. La crainte d’un « double dip » est revenue au premier rang depuis le mois de juin dernier. Quantitative easing (MFI) « Quantitative easing » est une autre mesure « non conventionnelle » contre la récession. C’est la suite du « double dip », qui consiste à faire sortir une banque centrale de son rôle monétaire traditionnel pour contrer la récession. En principe, la banque centrale ne joue que sur le taux, en les augmentant avec la progression de l’inflation et en les baissant dans le cas contraire. Parfois, cela devient inopérant car en baissant les taux, il n’est plus possible de stimuler les demandes et en conséquence les investissements. Cette mesure consiste à acheter à des institutions privées ou au Trésor des actifs à long terme afin d’injecter des liquidités, en espérant qu’elles serviront à faire des crédits aux ménages et aux entreprises. Krach (MFI) Quand on entend le mot Krach, toutes les alarmes se mettent à siffler ! Ce mot, d’origine allemande fait référence à une baisse soudaine et précipitée de cours de la Bourse ou des valeurs financières. Dans la pratique, cela s'applique à une baisse des cours de plus de 20 % en quelques jours. Le mot a été utilisé la première fois en 1907 lors de la crise bancaire aux Etats-Unis, pour exprimer la chute généralisée des actions. Et, à partir du 24 octobre 1929, quand l’indice Dow Jones de la Bourse de New York s’est effondré de 22 %. Fiche réalisée par Roya Mohsen-Khah