chute du prix des matières premières, devient très vite insupportable. “ Dès 1980, que ce soit
en Afrique, en Amérique latine ou en Eurasie, l’application de ces mesures provoqua une série
de soulèvements populaires - grèves et manifestations dégénérant en émeutes, pillages -
entraînant des milliers de morts. La cause immédiate de ces explosions sociales urbaines était
généralement la hausse du prix des denrées alimentaires et des transports, à quoi s’ajoutait la
corruption des régimes en place”
Ces explosions mettent en cause nommément le FMI et,
indirectement, le G7.
A partir de 1984 plusieurs ONG commencent à cibler directement le G7 pour exercer
des pressions et/ou pour s’y s'opposer. Le premier rassemblement, à l’occasion du G7 de
1984, à Londres, a été organisé par “ The Other Economic Summit ” (“ l’autre Sommet
économique ”), plus connu sous le nom de TOES, devenu plus tard la New Economic
Foundation. Progressivement, les coalitions d’ONG de solidarité internationale, de
développement et d’environnement des pays-hôtes qui accueillent désigneront le G7 comme
symbole de la “ mondialisation et du néolibéralisme ”
.
En 1989, bicentenaire de la Révolution française, le sommet a été contesté par toutes
celles et tous ceux qui voulaient se faire l’écho du “ tiers-état ” de la planète. Cette contestation
a fait suite à la mobilisation qui a accueilli l’assemblée annuelle du FMI et de la Banque
mondiale, en 1988 à Berlin. Face à l’instrumentalisation du Bicentenaire, “ ça suffat comme ci ”
appel signé par l’écrivain Gilles Perrault et le chanteur Renaud organise un concert géant à la
Bastille. Le “ premier Sommet des Sept peuples parmi les plus pauvres ” les 15 et 16 juillet
1989, dénonce la philosophie même du G7 et prend son contre-pied. “ C’est à l’occasion du
Bicentaire de la Révolution française que des témoins de sept peuples parmi les plus
appauvris du monde, tout comme les sept pays les plus riches, sont réunis à Paris. Les uns et
les autres tirent leur légitimité de cet événement historique, mais ces légitimités sont
opposées. Car si la Révolution française a élargi le champ du capitalisme moderne, elle a en
même temps proclamé les principes de liberté et d’égalité comme fondement du droit des
pauvres et des opprimés à lutter contre la misère et l’oppression. ”
La mobilisation face au G7 de Lyon, en 1996, retrouve le souffle de celle de 1989. Le
“ Sommet des sept résistances ” est organisé par le Cedetim et Agir ici. La coalition “ Les
autres voix de la planète ” se constitue en 1995, dans la continuité de la campagne “ 50 ans ça
suffit ”, menée à l'occasion des cinquante ans des accords de Bretton Woods. Son homologue
des Etats-Unis jouera un rôle essentiel dans l'organisation de la manifestation contre le FMI et
la Banque mondiale, en avril 2000, à Washington. À partir de 1996, le G7 est pris à partie
systématiquement. Après la chute du mur de Berlin, en 1989, le “ Consensus de Washington ”,
généralise les politiques néo-libérales à l'ensemble des pays et continents. Les mouvements
sociaux des années 1994 et 1995, en Italie, en France, en Allemagne, en Corée du Sud, aux
Etats-Unis, vont converger avec les mobilisations contre le G7.
La réunion du G7 à Birmingham, en 1998, voit la montée en puissance de Jubilee
2000. Cette campagne décide de centrer ses revendications sur le G-7, structure où siègent
les chefs d'État et de gouvernement “ actionnaires majoritaires des institutions financières
internationales ” et, à ce titre, en situation de grande responsabilité vis-à-vis de la situation
d’endettement des pays du tiers-monde. Deux ans plus tard, des coalitions Jubilee 2000
existaient dans 66 pays et font signer une pétition par 24 millions de signatures en provenance
de 166 pays. La mobilisation sur la dette continue à Cologne en 1999 ; Le G7 y annonce alors
l’engagement d’un processus de réduction – conditionnelle – de la dette des pays les plus
pauvres.
D’autres initiatives sont menées par rapport au G7 en 1999. Ainsi une “ caravane ” de paysans
indiens du Karnataka, membre de Via Campesina, vient populariser, en Europe, la lutte des
Serge Cordellier (sous la dir.), Le nouvel État du monde. Bilan de la décennie 1980-1990, La Découverte, 1990.
Mary Kaldor (sous la dir.) Global civil society 2001, Oxford University Press, 2002.
Extrait de la déclaration du Premier Sommet des 7 peuples, parmi les plus pauvres