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Théâtre
Journal de tournée CCAS du 5 au 19 juillet 2003
5 juillet 2001 - Courvières Sept Fontaines (près de Pontarlier)
Le décor occupe une bonne moitié de la salle à manger de cette grosse maison du haut Doubs qui abrite le centre.
Arrivés la veille, nous répétons le matin du 5 alors que la directrice, Hortense, a dépêché les ados qui de porte à
porte vont inviter les habitants à la représentation du soir.
Le public, ados et mamies francomtoises mélangés, est très attentif et reçoit le spectacle dans un silence presque
lourd. « C’est très noir », nous dit-on à la fin. Après le démontage, on casse la croûte avec Hortense et l’équipe
d’animation : Sylvain, 24 ans, qui a grandi dans une cité du Havre, se retrouve complètement dans ce « Chouf ».
Il fait remarquer qu’après avoir raconté tout ça, le personnage a toutes les chances de subir le sort peu enviable
des « lanceba ». Je n’avais jamais considéré le gamin du roman comme une balance. D’après l’équipe, le
spectacle sera un bon appui pour parler dans les jours qui viennent, avec les ados sur les problèmes qui les
intéressent : la drogue, l’argent, la violence.
6 juillet 2001 - Cuzieu (près de Saint-Étienne)
Dans une dépendance du château, une salle haute de plafond, le décor respire. Très bonne représentation, avec un
public ado (toujours des 14-15 ans) très captivé. Au cours du spectacle, les plages musicales qui rythment le récit
fonctionnent bien : ils en profitent pour remuer un peu, échanger quelques mots et ils replongent dans le récit dès
qu’il reprend.
J’attaque le personnage plus vif, plus en défi, moins sous le poids de son histoire. Se repose du coup la question
des regards du chouf au « juge » : regards fuyants, inquiets, en provocation, à travers lesquels est donnée à lire la
prise de conscience du personnage.
8 juillet 2001 - Banyuls
Ambiance détendue dans ce camp d’ados 16-17 ans. On s’installe en plein air, entre les pousses d’olivier. Les
deux écrans du décor trouvent étonnement bien leur place. Le temps menace et vers 20h30, grosse averse. Manu
protège les enceintes, pousse les projos à fond pour que l’eau s’évapore. Vers 21h, la pluie cesse, on essuie
chaises et bancs pour une représentation superbe. Comme dans les autres centres, pas de débat organisé avec les
ados mais quelques impressions échangées autour d’un verre ou lors du démontage. « M’sieur, vous êtes de
Paris ? »
9 juillet 2001 - Sainte-Marie-la-Mer
Un grand camp de toile : c’est jour d’arrivée des vacances et je profite de la réunion d’accueil pour dire, à
l’invitation de Maurice, le directeur, quelques mots sur le spectacle. Beaucoup de monde le soir sous la grande
tente, beaucoup d’enfants. Nous redoutons une représentation difficile. Je suis obligé de forcer mais le spectacle
est bien reçu.
10 juillet 2001 - Sérignan
À l’heure de l’apéro, je fais le tour des tentes pour présenter le spectacle avec les animateurs. Le sous-directeur
aurait souhaité que nous jouions dehors : un environnement difficile (vent dans les arbres, éclairage public
important) nous en dissuade. Pour passer, le spectacle a besoin d’un rapport intime, préservé avec le public.
Cette fois, la tente où nous sommes installés est toute en longueur les enfants prennent place aux premiers
rangs, ils bougent un peu mais derrière le public suit bien, riant au début et plus du tout à la fin. « On a bien senti
la progression », m’explique-t-on autour du bar. Après le démontage, nous reparlons de cette question des
enfants : même si c’est délicat – ils se font une joie de venir au spectacle – il vaut mieux les en dissuader. La
violence de certains passages, la forme même du théâtre récit, la langage des rues qu’ils ne comprennent pas,
seront autant d’arguments. Par la suite, nous suggérerons aux animateurs et à la direction des camps « famille »
de proposer aux enfants une cassette vidéo pendant la durée du spectacle. Par contre, nous chercherons à
rencontrer les ados, naturellement peu enclins à venir au théâtre, pour les convaincre de l’intérêt du spectacle
pour leur tranche d’âge.
11 juillet 2001 - Sète
Bonne affluence dans ce camp de 110 personnes environ. On cause à la fraîche. Des spectateurs qui vivent à la
campagne ont été impressionnés par ce « document » sur la violence urbaine.
12 juillet - Aimargues (près de Lunel)
Une fois le décor monté, je profite du déjeuner pour présenter le spectacle à la trentaine d’ados et lire deux pages
du roman. Ils sont très séduits et le soir ils sont quasiment tous là alors que la venue au spectacle n’était pas
imposée. Après ils se montrent très chaleureux, l’un raconte comment il s’est fait racketter, un autre qui fait du
théâtre, apprécie la performance. Un petit gars du 93, crâne rasé, confirme : « c’est ça com’ dans les cités. »