GESTION URBAINE ET PARTICIPATION DE
L'HABITANT, QUELS ENJEUX, QUELS
RESULTATS.
LE CAS DE YEUMBEUL (SENEGAL).
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INTRODUCTION
Villes en crise...
Dans les villes africaines, le développement croissant de poches de pauvreté le plus
souvent en franges et périphéries urbaines a été suffisamment analysé pour être
considéré comme le résultat d'un processus de désorganisation et paupérisation
généralisées des pays, aussi appelé "Crise urbaine" : faillite des Etats, croissance
urbaine non maîtrisée, accentuée encore par les mesures d'ajustement structurel ou par
la récente dévaluation du FCFA.
De plus en plus de quartiers voire des villes entières se font par les habitants eux
mêmes à côté, voire contre les pouvoirs publics locaux ; ceux ci étant le plus souvent
absents de leur rôle de gestionnaires territoriaux.
Les phénomènes de paupérisation en quartiers périurbains et irréguliers ne sauraient
pour autant, se réduire à la stricte marginalisation de leurs populations.
Le paradoxe de la Crise urbaine est qu'elle altère les solidarités et les modes
d'organisations sociales et économiques, en même temps qu'elle les renforce.
On voit ainsi souvent se déplacer ou émerger, dans les métropoles africaines de
nouveaux comportements collectifs des habitants les plus défavorisés afin de répondre
aux situations d'urgence :
- rattraper au minimum les insuffisances en services ou en équipements dans les
quartiers
- s'auto organiser pour la gestion urbaine de proximité ou enfin s'auto déterminer
pour le droit à la ville ou tout au moins pour de meilleures conditions de vie.
Comme l'illustre le Sommet Mondial des Villes "Habitat II" en 1996, cette
mobilisation des citoyens (brièvement présentée) pour l'accès à la ville interpelle toute
la communauté internationale.
Pour les uns, chercheurs, politologues, sociologues, urbanistes, la "participation" de la
"société civile", comprise comme processus de création ou d'émancipation collective,
serait annonciatrice d'une recomposition des rapports sociaux et politiques locaux ou
d'une autre façon de produire de la ville.
Pour les autres (bailleurs de fonds, praticiens, gouvernements..), elle réinterroge les
modes de développement ou "d'action" sur la ville : comment en effet intégrer et
s'appuyer sur les communautés locales qui s'organisent pour leur cadre de vie, tout en
rendant la gestion des villes plus performante ?
Ainsi, l'aide internationale, qui doit relayer les efforts locaux faits au Sud pour une
démocratisation et une décentralisation institutionnelles, se tourne de plus en plus vers
des systèmes d'appui au développement urbain décentralisés : soutien aux collectivités
territoriales, aux Organisations non Gouvernementales (ONG), aux comités d'usagers
de services urbains, aux associations de quartiers.
L'UNESCO n'est pas en reste sur la question, par le biais de son programme de
recherche-action "Villes, gestion des transformations sociales et de leur
environnement" (1996-2001), elle prend appui sur deux programmes (MOST et MAB)
et soutient plusieurs initiatives menées dans les quartiers.
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Expérimenter, contribuer à la réduction de la pauvreté urbaine
Des actions pilotes autour de l'environnement et du cadre de vie, menées directement
par les citoyens en collaboration avec des ONG locales sont soutenues par le projet
"Villes" à Port au Prince en Haïti, en banlieue de Dakar au Sénégal, et à Rio au Brésil.
Toutes doivent déboucher sur une (re)mobilisation des énergies sociales et
économiques, la création de services, initiatives ou équipements de proximité (santé,
eau, assainissement, lutte contre la pollution, la délinquance..), mais aussi sur des
partenariats locaux entre acteurs "de "base" et pouvoirs locaux pour la gestion,
l'amélioration des quartiers.
L'expérience de Yeumbeul en banlieue de Dakar (Sénégal) présentée ci-après est l'une
de ces actions pilotes. Elle moigne de la contribution (possible) d'une Organisation
Internationale à la mise en place de politiques urbaines et sociales au "plus près" des
habitants. Elle témoigne aussi des espaces de coopération (possibles) au sein même
des services et des programmes de l'Unesco.
Yeumbeul , une action de coopération , interne et externe
Yembeul et ses quartiers d'extrême pauvreté, choisis pour faire partie du programme
"Villes" apparaît comme symbolique, à la fois des phénomènes de prolétarisation et
paupérisation d'une grande métropole, et en retour des formes d'organisation et de
réaction possibles des communautés de base, dans un contexte institutionnel de
décentralisation et démocratisation.
Au terme de la première phase du programme (1995-1997), l'expérience apporte des
enseignements, sur les mécanismes de participation des acteurs "du bas" ou sur les
conditions de mise en oeuvre d'une expérience de gestion urbaine populaire.
Dans le champ des sciences sociales (notamment francophones), les travaux sur la
participation urbaine, la formation de l'acteur collectif dans la production de la ville
(stratégies, dynamiques sociale...).sont encore peu nombreux.
Peu fréquentes sont les tentatives qui procèdent d'un itéraction entre recherche et
expérimentation appelées aussi Recherche-Action.
L'expérience de Yeumbeul parce qu'elle est menée en temps réel et s'appuie sur des
partenaires de terrain (une ONG et des associations de développement) permet de
délimiter un champ d'intervention et d'expérimentation nouveau pour une Organisation
Internationale telle que l'Unesco, situé entre la connaissance empirique et l'action.
Participer à la construction de politiques urbaines et sociales, aux cotés de partenaires
locaux et en même temps faire l'expérience concrète des dynamiques et des pratiques
d'acteurs, de leur inscription dans le champ social sinon ethnique et culturel intéressent
au plus haut point les sciences sociales.
Action de coopération interne au sein de l'Unesco, car l'expérience conduite à
Yeumbeul appelle différents métiers, domaines de réflexions (environnement , santé,
hydrologie, appui au développement urbain) et donc un rapprochement disciplinaire
entre sciences sociales et sciences naturelles. La première phase du programme a ainsi
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permis une collaboration entre différentes unités de l'UNESCO pour la connaissance
du milieu (étude sur l'aménagement de la zone côtière, études sur la nappe phréatique).
Des études de terrain ont ainsi réalisées par le CSI.
1
.
Cette expérimentation collective devrait être propice à l'élaboration d'outils ou de
méthodologies pour la coopération locale, de politiques intégrées pour l'amélioration
des quartiers mais aussi pour l'ouverture de champs d'investigation dans les sciences
sociales (méthodologie et outils d'évaluation, dynamiques culturelles liées à la
pluri-ethnicité.. ).
Dans une large mesure, la première phase de l'expérience menée à Yeumbeul, bien que
récente autorise un temps de distanciation, mais aussi de communication préalable au
démarrage de la seconde phase (1998-1999).
Elle permet d'ouvrir des questions centrales qui ne seront ici qu'effleurées :
- quels sont les comportements collectifs, les mécanismes de participation des
habitants à la gestion urbaine de proximité ?
- quel est l'impact possible, mais aussi quelles sont les conditions de mise en
oeuvre d'une politique d'appui aux quartiers défavorisés ?
Illustrer, démontrer
Sans avoir valeur d'exemplarité, compte tenu de la diversité des situations et des
contextes, d'un quartier à un autre, d'une ville à une autre, d'un habitant à un autre,
l'expérience de Yeumbeul et ses enseignements, a valeur de témoignage. Elle
démontre qu'il est possible de mettre en place des dispositifs à une micro échelle,
intéressant aussi bien l'habitant, que ses représentants, ou les partenaires
internationaux..
1
"Qualité de l'eau , la nappe phréatique à Yeumbeul, étude de terrain", CSI, juillet 97.
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LE PROGRAMME D'APPUI
AUX INITIATIVES DE
QUARTIER A YEUMBEUL
(1995-1997)
CONTEXTE
DEMARCHE
RESULTATS
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