La France : histoire et territoire
Conférences de M. Sebban
Comment la France s’est elle constituée ? Quelles sont les différentes phases de la formation de
son territoire et quelles sont les influences politiques, culturelles et religieuses qui ont donné à
France sa physionomie actuelle.
1. Géographie générale de la France (situation, relief, climats et paysages) Le peuplement originel
du territoire, l’acte de naissance de l’Etat français et son évolution jusqu’à la fin de la Guerre de
Cent ans (1453)
2. Evolution du territoire de la Renaissance à nos jours.
3. Paris une simple bourgade devenue une grande capitale qui fascine le monde.
4. La Normandie, une position géographique qui a façonné largement l’histoire de France
5. La Bretagne, un espace très différent des autres régions françaises.
6. L’Ouest de la France un espace ouvert sur le monde, l’ancien et le nouveau
7. Le Midi de la France : une histoire traversée par des crises culturelles, religieuses et sociales à
l’ouest du Rhône et des espaces à l’est, marqués par le cloisonnement jusqu’au XIXe siècle. Ces
régions, aujourd’hui, attirent toute l’Europe.
8. Les montagnes françaises (Alpes, Jura, Vosges et Massif Central) : des paysages incomparables,
une histoire très riche.
9. Le Nord et l’Est de la France, des espaces historiquement convoités aujourd’hui en mutation.
10. Les territoires ultra-marins (Antilles, Guyane, Nouvelle Calédonie…..) : des traces de la
puissance coloniale française.
La France et son territoire.
Introduction
La France d'aujourd'hui avec ses 551 000KM2 en forme d’hexagone (671 000 km2 avec
l’Outre-mer), et ses 65 millions d'habitants est l'aboutissement de tout un processus
complexe fait d'alliances, de guerres et de legs que cet exposé se fixe d'expliciter dans
les contextes historiques précis.
Mais avant, il est indispensable de disposer de quelques repères sur la géographie et sur
le peuplement de l'espace correspondant à l'actuelle France.
L’Homme a trouvé très tôt sur ce territoire de bonnes raisons pour s'y fixer et y
prospérer.
L'homo erectus chassait, il y a 450 000 ans, le mammouth et le renne, présents en
abondance comme l'atteste la présence de l'homme de Tautavel près des Pyrénées.
L'homme de Neandertal puis l’homme de Cro-Magnon, il y a 30 00- 25 000 ans, occupaient
les grottes. Ils y enterraient leurs morts et se consacrait à des activités qui n'étaient pas
uniquement centrées sur la recherche de nourriture et la procréation. Il découvrait l'art
(grottes de Lascaux).
Mais c'est surtout il y a 10 000 ans que ce territoire allait fournir une terre d'accueil pour
les populations. C’est le début du néolithique en Afrique mais pour l’Europe, la dernière
glaciation avait constitué des zones hostiles à toute vie. L'Inlandsis recouvrait toute
l'Europe du Nord jusqu'à la Cornouaille britannique. La disparition des grands
mammifères dans les zones froides entraînait de facto, la concentration des réserves
alimentaires dans les territoires moins froids de l'Europe du Sud. L'effet entonnoir du
continent européen accrut automatiquement la présence humaine sur le futur territoire
«français ».
L’extension de la révolution néolithique dans l’espace français avec le développement de
l’agriculture et de l’élevage n’intervient que vers 3000 ans Av-JC. Le peuplement devint
beaucoup plus important sur tout le territoire laissant des monuments (menhirs,
dolmens) pour vénérer les morts et les dieux ( le site de Carnac en Bretagne).
Le peuplement est accéléré lors de la migration des Celtes (ou Gaulois), vers 600 AV JC,
et ce jusqu'à la Renaissance. Ainsi au XVe siècle la France et de loin le pays le plus
peuplé d'Europe avec 25 millions d'habitants alors que l'Angleterre ne compte que 5
millions d'âmes. La pression démographique est très aigue à la veille de la Révolution de
1789. Elle constitue indéniablement d'une des causes de son éclatement.
La France par sa situation au cœur de l’Europe et au débouché des flux Ouest-Est
(Finistère de l’Eurasie) se présente comme un véritable carrefour des peuples d'Europe et
d'Afrique. Territoire riche en ressources du sol et du sous-sol, il aura attiré durant deux
millénaires des peuples très divers. Quels sont les différentes phases de sa formation.
Nous allons considérer trois phases:
De la genèse de la France (486) à l'affirmation de l'unité territoriale de la France (Xe
siècle)
Le renforcement de la monarchie et l'extension du territoire (Xe-XVIIIe siècle)
La défense du territoire au cœur des évènements contemporains (XVIII-XXe siècle)
I) De la genèse de la France (486) à l'affirmation de l'unité l'Etat français (Xe siècle)
Clovis roi des Francs
Pour les historiens le baptême de Clovis, roi des Francs constitue l'acte de naissance de
la France.
L'empire romain d'occident s'effondre (476) sous les coups des peuples qui attendaient à
la porte de l'empire, que Rome appelait "les barbares".
Les plus nombreux sont les Germains. Ils viennent des régions du Nord-est de l'Europe.
Ils parlent et écrivent le germain, l'allemand ancien et sont polythéistes.
Les Francs sont l'un de ces peuples. Ils sont répartis dans deux tribus les Ripuaires et les
Saliens. Ce sont ces derniers qui vont se ruer sur le nord de la "France", piller la ville de
Soisson et installer un royaume franc.
Un roi germain envahisseur, à la tête d’une armée de 85 000 hommes, doit se faire
accepter par une population de 8 millions d'âmes. Clovis comprend très vite qu'il lui faut
un allié dans la place. C'est l'église. Il passe un accord avec l'évêque de Soisson, se
marie avec Clotilde, une princesse Burgonde christianisée, puis se convertit au
christianisme. Au passage il reprend à son compte le mythe de Geneviève, cette jeune
moniale qui aurait sauvé Paris des hordes d'Attila, chef des Huns, et demande à être
enterrée dans la basilique qui lui a été consacrée, sur la Montagne Sainte-Geneviève.
B) Les Mérovingiens et les Carolingiens
Les successeurs de Clovis, les Mérovingiens, auront les plus grandes difficultés à
assurer la maîtrise du territoire. Leurs détracteurs à l'instar de Grégoire de Tours les
qualifient de " rois fainéants". On se sait pas grand chose ces difficultés mais il a suffit
d'une simple chevauchée de quelques milliers d'arabes islamisés en 732 pour provoquer
l'effondrement de la dynastie. Le Maire du palais, Charles Martel, prit l'initiative de
stopper cette chevauchée à Poitiers et ouvrait une nouvelle dynastie, celle des
Carolingiens.
Pépin le Bref, en 751, se lance dans l'extension du territoire qui dépasse largement les
limites actuelles. Son fils Charlemagne obtient du Pape le titre d'empereur (en 800) et
structure une ébauche d'état à l'échelle de l'Europe occidentale. Ce dernier meurt sans
avoir modifié le droit successoral hérité des Francs.
Le royaume étant considéré comme la propriété personnelle du roi, il est partagé entre
ses fils ou leurs descendants mâles, à sa mort. Les fils se déchirent en organisant le
dépeçage de l'empire
Les conflits entre les descendants de Charlemagne vont se conclure par le traité de
Verdun de 843.
L'absence d'état centralisé incite les barons et les comtes, nouveaux roitelets, à des
guerres privées. Ils favorisent donc à l'émiettement du pouvoir. Les Normands (Vikings)
sont prêts à s'emparer de Paris après s'être installés dans la région qui portera leur nom.
C) L'unité du royaume
La menace normande fait réagir les comtes, dont celui de Paris, Hugues Capet. Ce
dernier se faire élire roi en 987, et proclame une nouvelle dynastie, les Capétiens.
Il règle au passage les avatars du droit successoral. Désormais la monarchie est de droit
divin et seul le fils aîné peut prétendre à la succession. Un pas considérable est franchi
dans le sens de la pérennité et de l'unidu royaume. L'hommage lige définit la relation
de subordination entre le roi et les pairs du royaume (les grandes familles). La question
normande sera régler par un compromis....
II) Consolidation du pouvoir et extension du territoire sous l’Ancien Régime
Les Capétiens et le renforcement du pouvoir royal
Pour faire face à la menace des Normands (hommes venus du nord )au IXe siècle, les
nobles français avaient besoin d’une monarchie forte et durable et pour réformer le
système monarchique, la haute aristocratie élisait en 987 le comte de Paris, Hugues
Capet, roi de France.
Ainsi fut instituée une nouvelle dynastie, les Capétiens.
Hugues Capet introduisait trois changements décisifs :
Le sacre du roi avec un rituel magique consacrait la monarchie de droit divin. Il s'agissait
de la fiole d’huile de St Rémy remplie comme par magie et avec laquelle les rois de
France étaient oints et qui leur conférait des pouvoirs de guérison.
Un système de succession nouveau était introduit, la primo géniture mâle. Seul le fils
aîné pouvait succéder, ou son frère le plus âgé en cas de disparition. Cette mesure
garantissait l'unité du royaume.
Enfin, l'obligation était faite à la grande noblesse (les pairs du royaume) de se soumettre
(hommage lige) au nouveau roi, le jour du sacre.
Parmi les premiers capétiens, Philipe Auguste (1165-1223) était le plus déterminé. Il
installait le pouvoir royal définitivement à Paris qu’il fit agrandir (forteresse du Louvre).
Il unifiait le royaume en soumettant les princes de l’Artois et du Valmondois à l’hommage
lige et en éliminant le danger normand.
Il fit reculer les possessions des Plantagenêt (conquête de la Normandie et du Maine) et
provoqua un soulèvement de la Bretagne contre l’Angleterre.
Il prit le contrôle du Languedoc et livrait un combat sans merci aux Cathares (région des
Corbières). Il ordonna la « la croisade des Albigeois », pour mettre fin à la première
grande crise religieuse du royaume.
Les Cathares voulaient rompre avec Rome et pratiquer leur religion. Ils avaient obtenu le
soutien d’une partie de l’aristocratie du Roussillon (Région entre Narbonne et les
Corbières).
L’évêque d’Albi soutenu par les troupes royales lançait une guerre contre l’hérésie
cathare qui dura plus d’un siècle sera achevée sous l’autorité de Louis IX et de
l’inquisition.
En soumettant les nobles, le roi capétien assurait son pouvoir sur l’ensemble du
royaume.
Quelques années plus tard, sous le règne de Philippe le Bel (1268-1314), le pouvoir
capétien devenait véritablement le maître dans son royaume.
Philippe le Bel épousa Jeanne de Navarre et prit le titre de roi de France et de Navarre qui
fut celui de tous les rois de France qui lui succéderont. Il se lançait dans un conflit avec
Rome en niant son pouvoir temporel.
Il soumit le clergé à un impôt royal ce qui provoqua la colère du Pape. Pour légitimer sa
décision il convoquait les premiers Etats généraux, assemblées des ordres du royaume
il proclamait la supériorité temporelle du roi sur celle du Pape (thèses du
gallicanisme). Pour que la discussion entre les différents ordres (noblesse, clergé et tiers
état) puisse s’engager il distinguait les Etats de langues d’oïl, pour les provinces au Nord
de la Loire) des Etats de langues d’oc pour les provinces du Sud.
Les Templiers, ordre le plus puissant de la chrétienté donc le plus dangereux, fut détruit
et ses richesses confisquées par le roi (1307). Philippe le Bel en avait besoin pour
réorganiser les institutions du pourvoir et créer une chambre des comptes.
Pour administrer le royaume introduisait la petite noblesse dans son entourage La
grande noblesse, noblesse de cour, était éloignée au profit d’une noblesse « de robe ».
C’est le premier Capétien qui rompait avec le mode de relations féodales, soumission à la
personne (hommage lige), et lui substitua la soumission à l’institution politique,
introduisant ainsi la légitimité politique.
C’est dans ce contexte que la société française abordait le X IVe siècle et son évènement
majeur pour la France : La guerre de Cent ans
Commencée en 1337, elle se termina en 1453. A l’origine, il s’agissait d’un problème
dynastique.
En 1337, le roi d’Angleterre, Edouard III revendiquait la couronne de France. Il déclarait
être l’unique descendant en ligne directe des capétiens, contrairement à Philippe VI qui
n’était qu’un descendant de la branche cadette des Capétiens, les Valois. En effet,
Edouard III était le petit fils issu du mariage d’Isabelle, la fille de Philippe le Bel, et
d’Edouard IlI.
Philippe VI, neveu de Philippe le Bel avait bénéficié de la situation créée par la mort
prématurée des fils de ce dernier (« les rois maudits »par la prédiction des Templiers) qui,
de fait avait tari la descendance en ligne directe.
Mais pour les Valois et la noblesse française, il n’était pas question de donner le royaume
aux Anglais. Les juristes firent valoir la fameuse loi salique (celle des Francs saliens)
pour justifier ce choix. Une femme ne pouvait ni régner, ni transmettre la couronne, donc
Edouard était illégitime.
La guerre, qui dura 116 années, devait régler la question.
Après une série de défait, le roi Jean le Bon, était fait prisonnier à l’issue de la bataille de
Poitiers (1356) et céder de nombreux territoires à l’Anglais, provoquant dans le même
temps une révolution parisienne menée par le prévôt des marchand Etienne Marcel (1356-
58).
Le dauphin (fils aîné du roi) Charles écrasait la révolte, paya la rançon pour libérer son
père et fut, proclamé roi à son tour sous le nom de Charles V. Il parvint à récupérer les
territoires perdus par son père. Mais à sa mort, son fils Charles VI qui lui succédait, se
mit sous la tutelle des Anglais après la défait d’Azincourt (1415).
La noblesse française se déchirait en deux factions : «les Bourguignon » (duc de
Bourgogne et Charles VI alliés aux Anglais) et « les Armagnac » (Duc d’Armagnac et
d’autres alliés au fils de Charles qui voulait régner à la suite de son père). La guerre de
Cent ans prenait la forme d’une guerre entre les grandes familles aristocratiques.
C’est dans ce contexte de division extrême qu’intervint l’épisode de Jeanne d’Arc, une
jeune paysanne dit la tradition. Elle a déclaré lors de son procès avoir « entendu voix lui
donnant la mission "de libérer la France » et de "bouter l'Anglais hors de France".
L’histoire a donné une place fortement symbolique à cette jeune Lorraine qui poussa le
dauphin Charles à se proclamer roi de France en 1429, alors que tout semblait perdu.
Après avoir convaincu Charles VII, de se faire sacrer à Reims dans la grande tradition des
Capétiens, elle se lança avec quelques chevaliers dans des chevauchés victorieuses à
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