Une même fille peut cheminer dans des directions différentes ?
Avoir le droit au conflit de génération sans trahir ? culturalisation des pratiques,
désacralisation des symboles
"Grâce à dieu je me libère de tes traditions, sans être en rupture avec toi"
Le débat etait mal posé
Raisonner à partir des valeurs et des discours, et non des signes
fin des ateliers de fabrication de foulard à la française
Le foulard ne fait pas la fille, c'est la fille qui définit le sens de son foulard
interview "le Figaro"
Le Figaro, 10.03.06 : « Les jeunes consomment de l’islam comme de la
Radicalisme L'ancienne éducatrice du ministère de la Justice analyse
l'islam radical chez les jeunes.
LE FIGARO. – Ce radicalisme est-il un phénomène nouveau ?
Dounia BOUZAR. – Face à ces jeunes, chaque jour plus nombreux,
emportés par le radicalisme, travailleurs sociaux et professeurs ne
savaient pas comment réagir. Beaucoup se sentaient impuissants, car ils
considèrent que la pratique de l'islam mène au radicalisme. Et qu'il faut
cesser d'être musulman pour en sortir ! Certains ont tenté de contrer ces
dérives par des arguments religieux, en opposant un «islam modéré».
Sans succès, puisque dans le fond la religion n'est qu'un prétexte pour
ces jeunes en très grande difficulté, un écran de fumée pour s'arroger du
pouvoir, pour refuser de se soumettre à la loi.
Leur démarche n'est-elle pas religieuse ?
Normalement, les pratiquants se soumettent à l'autorité des religions et
des religieux. Ces jeunes radicalisés s'approprient l'autorité de la religion
pour se mettre à la place de Dieu, au-dessus de tous les hommes. Ils
récusent imams ou aumôniers qui les contrarient. Former des imams
républicains, comme le souhaite le gouvernement, n'endiguera pas le
radicalisme. Car le phénomène est d'une autre nature.
S'agit-il d'un mouvement de contestation ?
Pendant des années, les sociologues ont expliqué le radicalisme par la
perte d'espoir social. Or les terroristes de Londres étaient parfois
ingénieurs et bien insérés. En réalité, les jeunes radicalisés n'ont pas de
projet, mais ils cherchent la toute puissance, la supériorité et l'extase. Ils
se servent de la surenchère religieuse pour souder leur groupe, pour
s'imposer aux autres. Leur idée de la religion est tellement absolue,
inaccessible que la seule façon de l'atteindre est de ressembler au
gourou. Ils fonctionnent exactement comme une secte.
Quels sont les facteurs qui conduisent au radicalisme ?
Tous ces jeunes ont en point commun de se sentir de nulle part. Ni
marseillais, ni arabe, ni kabyle, ni parisien, ni roubaisien. Ce qu'ils vivaient
comme une errance est soudain valorisé par le discours d'un Ben Laden.
Ils ne sont plus des êtres sans racines, mais des soldats de la révolution
mondiale, supérieurs aux autres. Ils trouvent une place et une fonction.
Tous les intervenants l'ont dit : ils consomment de l'islam comme de la
drogue, comme leurs aînés étaient toxicomanes.
Comment contrer le radicalisme ?
Ce livre est déjà un tournant, puisque des travailleurs sociaux, mais aussi
des religieux disent publiquement que ce radicalisme n'est pas de l'islam.
Nous allons pouvoir contourner l'écran religieux et revenir au droit
commun. Il faut s'étonner du comportement de ces jeunes, et comprendre