Série : Les Anges.
Conférence : 5 - Les Anges et la destinée du monde.
Le monde dans lequel nous sommes n'est pas complet.
L'état terrestre est dominé dans son évolution historique par des conclusions
qui vont souvent à l'encontre des prévisions les mieux préparées.
Ce que je vais vous dire au sujet du monde peut s'appliquer à nos vies
personnelles.
Voyez le premier évènement de l'humanité, le premier couple humain,
confondant son bonheur avec la plus fabuleuse perversion : l'état de péché;
"Vous serez comme des dieux"...
Conclusion sans appel : ils sont éjectés même du bonheur humain, du bonheur
du lieu de leur naissance surnaturelle, au point d'avoir l'interdiction d'y
rentrer.
Des esprits fidèles au vrai bonheur, les anges, se postent à l'entrée du jardin
profané. Ils attendent que se réalise la merveilleuse promesse d'un Nouvel
Adam, qui prendra en main la clé en forme de Croix pour ouvrir les tombeaux
creusés par le premier Adam. La mort, étonnée, va se sentir éjectée; elle qui
régnait sur la destinée de l'homme, cède la place au Maître de la Vie.
Dès le premier matin du monde profané, l'histoire humaine, poussée par
l'Amour vers sa remontée lointaine, va se trouver entraînée dans une épopée
qui dure toujours et dont tous nous faisons partie.
Le monde des esprits est le conducteur du monde profané, il y a conjonction
des droits de Dieu, servi par les esprits angéliques, et des droits présumés de
l'homme qui cherche sans arrêt à retrouver ses privilèges d'amour là où
précisément l'amour ne peut pas habiter : dans le mal.
La Bible nous démontre combien tous nous avons peur de cette conjonction
des deux mondes :
- en nous, dans l'affrontement de l'amour spirituel avec l'amour charnel;
- autour de nous, dans l'affrontement entre la Foi et la science, entre le
gouvernement spirituel et le civil, l'affrontement des idées de droite ou de
gauche, l'affrontement des enseignements chrétiens et païens, l'affrontement
de l'art moral et immoral, entre le vrai culte et les sectes ... Et nous n'en
sortons pas.
Et nous ne pourrons pas en sortir, tant que nous en resterons à la conclusion
actuelle que, seul, notre monde actuel nous convient.
Le monde actuel cherche la clé du bonheur perdu. Peine perdue : il y faut la
clé en forme de Croix, forgée par l'Esprit Saint. Mais l'homme n'en a cure.
La première histoire du monde est celle de la conjonction de deux mondes :
du monde des anges venu au service de la remontée du monde charnel aussi
charnel que possible, mais aussi préféré qu'il est possible par Dieu.
Voici le peuple juif, un peuple choisi, un peuple qui va à l'encontre de ses
dispositions naturelles, par ordre de Dieu.
Il est marqué d'un impératif de l'amour sur sa propension au culte des idoles,
des biens temporels; sur son culte de la loi matérialisée jusqu'au légalisme
absurde, exprimant un culte de l'autorité religieuse détournée au service des
hommes jusqu'à devenir odieuse à Dieu.
Ce choix formel pourtant, se continue : «Israël, Je suis Ton Dieu; tu n'auras
pas d'autre Dieu que Moi».
Voici la parole qui accompagne pendant des siècles cette procession
splendide et lamentable de patriarches, de prophètes vrais mélangés aux faux
de Rois dignes de leur titre et d'autres prévaricateurs de leur rôle, de Reines
relevant les courages avec des audaces héroïques, et tout cela trébuchant dans
les fossés de l'histoire, psalmodiant au Dieu unique en plein désert, toujours à
la merci de la lassitude de la fidélité, fustigés par des prophètes soutenus par
la lumière intérieure de l'Esprit du Dieu unique ... Procession inénarrable,
encadrée par un service d'ordre échelonné depuis Adam jusqu'à Noël, le
service d'ordre des Anges qui se présentent, avertissent, encouragent,
agissent, redressent ce formidable cortège qu'ils remontent, de la chute
d'Adam à Bethléem.
Et ce service d'ordre ne badinait pas : il s'agissait de la rédemption de tous.
Tant pis pour Sodome et Gomorre, tant pis pour les années de captivité, tant
pis pour les révoltes au désert, tant pis pour ceux qui ne veulent pas.
Ce n'est pas un service d'ordre démocratique au service des amusements du
peuple, mais au service de la destinée terrestre et spirituelle de chacun d'entre
nous.
Pas de phrases inutiles, mais des ordres de bonté ferme, des gestes impératifs
de justice pour le bien commun, des avertissements vrais, patients mais
inexorables contre la désobéissance à Dieu, à son service, à ses droits
excellents (qui aujourd'hui oserait être inexorable contre la désobéissance à
Dieu ?...).
Et tout ce monde se met en marche, Abraham quittant son pays vers le désert,
vers la Terre Promise, vers l'Egypte, et de l'Egypte au Sinaï; du Sinaï à la terre
promise, stimulé par les anges.
Josué continue l'oeuvre impérative de Moïse, et tout cela surmonte les
montagnes, les siècles, les révoltes, les lassitudes et les ennemis, jusqu'à Noël.
Le Gloria in excelcis de Noël, c'est le chant des anges chantant leur victoire
d'avoir conduit le peuple préféré à sa destinée de bonheur, malgré sa nature
ultra-positive, matérialiste, quoi que croyant au seul Vrai Dieu.
Dans son livre de la hiérarchie Céleste au chapitre IX, Saint Denys
l'aréopagite signale que Saint Michel est le prince protecteur de la synagogue.
Le diacre Pantaléon, de l'Eglise de Constantinople, dit que ce fut la fonction
de Saint Michel d'instruire et d'encourager Adam aussitôt après son péché.
Ce fut lui qui apparut à Abraham pour stopper la main du père qui s'apprêtait
à immoler son fils Isaac,
lui, qui délivra les israélites de la captivité d'Egypte et qui les dirigea à pieds
secs au milieu de la Mer Rouge;
après le passage du Jourdain, ce fut lui qui apparut à Josué pour le rendre
maître de Jéricho, par la ruine subite et miraculeuse de ses tours et de ses
murs.
A lui est attribué le transport d'Enoch dans le lieu où il attendra la fin du
monde.
Il est désigné comme l'ange de la célèbre lutte contre Jacob, qu'il bénit ensuite
pour le préserver des embûches de son frère Esaü.
C'est lui qui donna la loi à Moïse sur le Mont Sinaï.
C'est lui qui extermina Coré, Dathan et Abiron soulevés contre Moïse
responsable de la traversée du désert.
C'est lui encore qui empêcha le faux prophète Balaam de maudire le peuple de
Dieu,
qui encouragea Gédéon contre les Madianites,
qui prédit la naissance de Samson et prévint ses parents de la force
exceptionnelle de leur fils.
C'est lui qui rendit David victorieux de Goliath,
qui parut au milieu de la fournaise de Babylone où chantaient sans se
consumer les trois enfants.
C'est lui qui souleva par les cheveux Habaruc, lui ordonnant de porter à
Daniel, dans la fosse aux lions, le repas qu'il avait préparé pour les
moissonneurs.
C'est lui qui ordonna à Saint Gabriel d'expliquer à Daniel le mystère du
sacrifice perpétuel.
C'est lui qui conservera la pureté de Judith dans le camp d'Holopherne.
C'est dire si l'aventure historique de ce peuple est accompagnée dès le premier
jour d'un service d'ordre serré, et prouvé par des forces supérieures en quali
et en quantité, pour lui faire surmonter les missions historiques qui inscrivent
le nom du Dieu trois fois Saint, Eternel, Unique, Tout-Puissant, afin
d'apprendre au monde qu'un peuple choisi, si charnel soit-il, est le seul à
écrire la liste des patriarches, des prophètes, des rois, des conducteurs de
peuple; le seul à être surveillé par un service d'ordre d'esprits dans sa marche
jusqu'à la grande lumière de la nuit de Noël où retentit l'annonce angélique de
l'Enfant attendu depuis quatre millénaires, et qui repose maintenant dans la
crèche, entre les bras d'une Vierge.
Les anges qui, jusque là, étaient au service de la synagogue, commencent
alors à construire l'Eglise.
C'est un Ange qui vient annonce à Marie qu'elle en est le point de départ : «Je
vous salue, Marie, pleine de grâce».
Le «Gloria» des anges annoncent la victoire du Grand Vainqueur de la mort,
du mal, du faux. Leurs impératifs sont plus forts que les puissances de
l'époque : l'ange rassure Saint Joseph et lui ordonne : «Lève-toi, prends
l'Enfant et sa Mère et fuis».
Car déjà la lutte commence, l'Enfant est menacé; si petit, Il est déjà détes.
Quel esprit humain pouvait prévoir cela ?
Seul un esprit angélique, qui voit plus loin que l'esprit de l'homme, pouvait
surveiller le berceau de l'Eglise : sans l'intervention de l'ange venu délivrer
Pierre, condamné à une mort certaine, c'en était fini de l'Eglise.
Si nos vies personnelles n'aboutissent pas, c'est que nous restons
volontairement sourds aux avertissements, aux encouragements, aux
injonctions du service d'ordre angélique.
L'Humanité de Jésus elle-même je dis bien l'Humanité aurait été
pulvérisée d'effroi au jardin de l'agonie, sans le réconfort d'un ange.
Il fallait qu'un ange roulât la pierre du tombeau.
Il fallait les deux anges témoins assis au pied du sépulcre, pour, les premiers,
annoncer l'Eglise, et que les apôtres retrouveraient Jésus en Galilée.
Au jour de l'Ascension, ce sont les anges qui descendent du ciel sous forme
humaine, vêtus de blanc, prévenant les apôtres que Jésus reviendra «de la
même manière» qu'ils l'ont vu monter.
L'Eglise était lancée dans l'aventure sous le signe des anges, qui continueront
de l'aider comme ils aidèrent la synagogue.
Toujours en tête de ligne dans le combat, Saint Michel apparaît à Constantin
le Grand aux premières années de son règne, d'où l'Eglise de Constantinople.
L'empereur Justinien, au IVème siècle, fait dédier une église au prince du ciel.
En l'année 590, Saint Grégoire le Grand, alors que la peste désolait Rome, vit
au-dessus d'un fort nommé "môle d'Adrien" un ange remettre son épée dans
son fourreau, pour marquer que la colère de Dieu était apaisée par les prières
du peuple. C'est en souvenir de ce miracle que, vingt ans après, le Papa Benoît
fit construire au même lieu une église qu'il appela le château du Saint Ange.
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