soif, qui n'était pas seulement une soif physique: en réalité, « celui qui cherchait à boire avait
soif de la foi de cette femme ».(12) En lui disant « Donne-moi à boire » (Jn 4, 7) et en lui
parlant de l'eau vive, le Seigneur suscite chez la Samaritaine une demande, presque une
prière, dont le but véritable dépasse ce qu'elle est en mesure de comprendre à ce moment-là: «
Seigneur... donne-moi de cette eau afin que je n'aie plus soif » (Jn 4, 15). Même si « elle ne
comprend pas encore »,(13) la Samaritaine demande en réalité l'eau vive dont lui parle son
divin interlocuteur. Quand Jésus lui révèle sa messianité (cf. Jn 4, 26), elle se sent poussée à
annoncer à ses concitoyens sa découverte du Messie (cf. Jn 4, 28-30). De même, dans la
rencontre de Jésus avec Zachée (cf. Lc 19, 1-10), le fruit le plus précieux est la conversion du
publicain, qui prend conscience des injustices qu'il a commises et décide de restituer
largement — « le quadruple » — à ceux qu'il avait volés. Il se place en outre dans une
perspective de détachement vis-à-vis des biens matériels et de charité envers ceux qui sont
dans le besoin, au point de donner aux pauvres la moitié de ses richesses.
Il faut accorder une attention particulière aux rencontres avec le Christ ressuscité, telles
qu'elles sont racontées dans le Nouveau Testament. Grâce à sa rencontre avec le Ressuscité,
Marie-Madeleine surmonte le découragement et la tristesse qui l'avaient envahie à la mort du
Maître (cf. Jn 20, 11-18). Dans sa nouvelle dimension pascale, Jésus l'envoie annoncer aux
disciples qu'il est ressuscité: « Va trouver mes frères » (Jn 20, 17). C'est pourquoi Marie-
Madeleine a pu être appelée « l'apôtre des Apôtres ».(14) Pour leur part, après avoir rencontré
et reconnu le Seigneur ressuscité, les disciples d'Emmaüs retournent à Jérusalem pour
raconter aux Apôtres et aux autres disciples ce qui vient de leur arriver (cf. Lc 24, 13-35).
Jésus, « commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, leur interpréta dans toutes
les Écritures ce qui le concernait » (Lc 24, 27). Et eux reconnaîtront plus tard que leur cœur
était tout brûlant quand il leur parlait en chemin et leur expliquait les Écritures (cf. Lc 24, 32).
Il n'y a pas de doute qu'en racontant cet épisode et surtout le moment décisif où les disciples
reconnaissent Jésus, saint Luc fait une allusion explicite aux récits de l'institution de
l'Eucharistie, c'est-à-dire à tout ce que Jésus a fait durant la dernière Cène (cf. Lc 24, 30). Pour
rapporter ce que les disciples d'Emmaüs racontent aux Onze, l'évangéliste utilise une
expression qui, dans l'Église naissante, avait une signification eucharistique précise: « Ils
l'avaient reconnu à la fraction du pain » (Lc 24, 35).
L'une des rencontres avec le Seigneur ressuscité qui ont eu une influence décisive dans
l'histoire du christianisme est sans aucun doute la conversion de Saul, celui qui deviendra
Paul, l'Apôtre des Nations. C'est là, sur le chemin de Damas, qu'un changement radical s'est
opéré dans sa vie: de persécuteur, il est devenu Apôtre (cf. Ac 9, 3-30; 22, 6-11; 26, 12-18).
Paul lui-même parle de cette expérience extraordinaire comme d'une révélation du Fils de
Dieu « pour que je l'annonce parmi les païens » (Ga 1, 16).
Le Seigneur respecte toujours la liberté de ceux qu'il appelle. Il y a des cas où l'homme qui
rencontre Jésus refuse le changement de vie auquel il l'invite. Bien des contemporains de
Jésus l'ont vu et entendu, et cependant ils ne se sont pas ouverts à sa parole. L'Évangile de
saint Jean indique le péché comme ce qui empêche l'être humain de s'ouvrir à la lumière qui
est le Christ: « La lumière est venue dans le monde et les hommes ont mieux aimé les
ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises » (Jn 3, 19). Les textes
évangéliques montrent que l'attachement aux richesses constitue un obstacle à l'accueil de
l'appel à suivre Jésus de manière radicale et généreuse. Le cas du jeune homme riche est
typique à cet égard (cf. Mt 19, 16-22; Mc 10, 17-22; Lc 18, 18-23).
Rencontres personnelles et rencontres communautaires