paradigme précis : assimilation de notions philosophiques, de systèmes de pensées, étude des textes fondamentaux
et exercices pratiques sous forme de dissertation ou de commentaire de texte ; le “dialogue ” avec les textes
permettant de s’imprégner de la pensée philosophique de l’auteur, de comprendre l’organisation logique de cette
pensée, les processus de conceptualisation et d’argumentation de celle-ci. La visée pédagogique est explicite : il
s’agit d’enseigner deux compétences : lire un texte et écrire un texte à caractère philosophique. L’acquisition de ces
deux compétences représente une base nécessaire à la pratique de la discipline. De cette constatation découle un
paradoxe quant à la nature de la philosophie. L’émancipation de la pensée, la capacité à penser par soi-même est une
des conditions majeures de la philosophie. Or il apparaît que cette exigence fondamentale est négligée de par la
fonction considérable assignée aux modèles
: ces derniers font l’objet d’une étude nécessaire dans la mesure où ils
sont considérés comme incontournables et indispensables pour qui veut travailler à penser. Ainsi, on “n’apprend pas
la philosophie ”, on se contente de l’imiter, et ce mimétisme pédagogique semble dire : “ lisez Platon et vous
penserez comme Platon ”. En somme, la philosophie aurait besoin de tuteurs.
La critique de l’enseignement de la philosophie à l’université en mai 68 met en évidence la volonté de lui
accorder une place plus importante dans l’actualité : contestations au niveau de l’enseignement, au niveau “
politique ” et pédagogique ; contestations liées aux revendications suivantes :
- Avancement de l’enseignement de la philosophie en classe de 6° : importance de s’initier à la
philosophie le plus tôt possible et reconnaissance des capacités intellectuelles des enfants
pour cette pratique.
- Volonté d’ouvrir le champ philosophique à l’actualité par investigation du débat public.
- Etude d’autres modèles de pensée que ceux qui sont le plus souvent abordés
- Et enfin, la remise en question des exercices traditionnels, dissertation et exposé magistral.
L’exigence fondamentale est de ne pas laisser la philosophie hors du social, de l’actuel. Le café
philo semble être l’expression de cette exigence de la philosophie “ au ” monde.
Les enjeux :
L’enjeu de cette recherche est d’abord philosophique.
L’investissement intempestif et inattendu car insolite de la philosophie dans les cafés
interroge et met à l’épreuve la pensée et la philosophie. Le café philo met en jeu la définition de la
philosophie. La philosophie aurait-elle des exigences de lieux, de pratiques ? Répond-elle à des
critères de validité permettant d’affirmer : “ceci est de la philosophie ” ou “ ceci n’est pas de la
philosophie ”. Certes, la désignation “ philosophie ” implique : dépassement des préjugés,
M. Sautet in Un café pour Socrate, Robert Laffont, Paris, 1995.
Platon, Descartes et Kant sont les modèles incontournables de l’enseignement philosophique.