Arbres Problématiques Une Compilation de temoignages sur les impacts négatifs des plantations d'arbres a grande échelle préparée par la Convention Cadre sur des Changement Climatique Résumé exécutif, Octobre 2001 Par les Amis de la Terre Internationale en Coopération avec le Mouvement Mondial pour les Forets Tropicales, FERN et The Future in Our Hands Plantations d’arbres comme puisards de carbone: une option à perte Le changement climatique est l’une Costa Rica: “La société entière a été mal informée et trompée quant à des plus graves menaces pour la différence entre une plantation monocuturelle d’arbres et une forêt... Ces discussions sémantiques n’auraient pas été réellement l’humanité. importantes si ce n’est par leurs conséquences politiques et leurs Des millions de personnes ont déjà actions catégoriques. La classification de la plantation d’arbres perdu leurs maisons, leurs terres comme reboisement a attribué à ce type de projets toutes les positives que l’humanité, à juste titre, attribue aux forêts. agricoles, et dans le pire des cas, associations Pour cela, dansla majorité des pays, dans tous les secteurs, depuis les leurs vies, ceci du à l’augmentation, écoles jusqu’aux plus hauts niveaux de discussion, la plantation causée par le changement d’arbres est associée à une forme de reboisement, bonne et bénéfique l’environnement et la société. Ceci est certainement faux dans la climatique, des incidences de pour majorité des cas... phénomènes extrèmes, comme les ... Par la pression des monocultures, beaucoup de traditions et de ouragans et les sécheresse. Les savoirs se sont perdus. Un exemple est celui du peuple Maleku au nord Costa Rica. Dans cette zone, quelques 40.000 hectares de Communautés locales et les peuples du plantations d’arbres ont été introduites dans les dernières décades, indigènes appauvris sont les avec quelques 41 millions d’arbres de quatre espèces différentes. principales victimes des désastres Environ 90% de ces plantations ont bénéficié d’indemnités du secteur de l’Etat. Cependant pas un centime n’a été dépensé pour dus au changement climatique. Ces forestier aider le peuple Maleku à récupérer le “Mastate” (Poulsenia armata, groupes sont les plus affligés par les famille des Moraceae), un arbre disparu à cause de la pression du inondations, les ouragans, leur déboisement, dans la zone, et qui est la base de l’industrie de tapis et subsistance dépendant de ce que la d’artisanats de ce peuple” terre leur fournit et ils n’ont pas d’autre endroit où aller s’ils perdent leurs terres. Le changement climatique est aussi une grave menace pour les forêts et autres écosystèmes. Des forêts entières disparaîtront si les négociateurs du climat ne parviennent pas à des accords effectifs qui obligent les pays à réduire leur émission de gaz de serre. La 6ème Conférence des Parties du “Convenio Marco sobre a conclu Tanzanie: “L’option de contrat entreCambio Tree FarmsClimático”, et Industrikraftqui Midt-Norge a un prix de réserve de carbone légèrement inférieur à NOK 40 (USD 4.5) par ses délibérations en juillet 2001, a décidé de permettre que les forêts et autres puisards de de CO2. Sur une période de 25 ans. Ceci donnerait à la compagnie un carbone soient une alternative à latonne réduction d’émissions de gaz. Elle a établi des modalités qui bénéfice en Carbone de quelques 27 millions de dollars pour la plantation de aux états compter Uchindile forest, permettent tandis qu’il resterait au industrialisés gouvernement de de Tanzanie USDle Cameroun: “Sur 200.000 Eucalyptus plantés en deux 565.000 de Par conséquent, bénéfices attendus par Tree Farms pour le les reboisement, le déboisement et le ans par ONADEF dans la savane camerounaise, aurente.boisement, le commerce de Carbone sont en flagrant contraste avec les recettes du moins 70% contribuent déjà à l’acidification du sol paren crédit maniement des forêts parmi leurs inventaires les secrétions de ses racines secondaires.”gouvernement pour la rente de la terre.” d’émissions de gaz de serre. Elle inscrit également les projets de reboisement à travers le “Mecanismo de Desarollo Limpio à travers lequel les pays industrialisés peuvent acheter des crédits d’émission dans les pays en voie de développement. Il est généralement admis que cette large acceptation des puisards de carbone a porté préjudice au Protocole de Kyoto1 et au régime climatique en général. Comme l’affirment “El Instituto Internacional para el Análisis Aplicado de Sistemas” et “El Movimiento Mundial por los Bosques Tropicales Húmedos, les incertitudes et les confusions associées à la Equateur: “ En Equateur, les plantations se font de préférence dans les étendues désertiques, qui absorbent plus de carbone qu’une plantation d’arbres, étant donné qu’elles peuvent l’emmagasiner dans leurs sols à travers leurs algues, leurs champignons et autres micro-organismes. Dans le cas de PROFATOR (projet de réalisation conjointe de Compagnies électriques hollandaises en Equateur), on a calculé que, dans le meilleur des cas, une plantation d’arbres pourrait absorber 80 tm/ha, tandis que la destruction de l’étendue désertique libèreraient plus de 1000tm/ha.” comptabilisation du carbone “dépassent de loin toute réduction possible”2. Cela donne le droit, aux pays du nord qui ont recours aux “puisards de carbone” de faire d’énormes réclamations, 1 Le Protocole de Kyoto a été adopté en 1997. Il comprend un objectif fondé légalement sur la réduction moyenne de 5% d’émission de gaz de la part des principaux pollueurs de la planète, les pays industrialisés. 2 Voir http://www.iiasa.ac.at/Admin/PUB/Documents/IR-00-021.pdf, http://www.iiasa.ac.at/Publications/Catalog/PUB_PROJECT_FOR.html and http://www.wrm.org.uy 2 totalement invérifiables, sur le degré de son exécution par rapport aux objectifs du Protocole de Kyoto. De plus, la réduction d’émission de carbone par les puisards est, par définition. temporaire, alors que le dioxyde de carbone émis en “compensation”, a des effets plus prolongés. Les décisions provisoires prises en juillet 2001 stipulent que les projets de saisie de carbone à travers le “Mecanismo de Desarrollo Limpio” doivent contribuer à la conservation et à l’usage soutenable de la biodiversité. Malheureusement, ces critères ne s’appliquent pas aux activités de saisie de carbone réalisées par les pays industrialisés. On craint que les gouvernements n’établissent des plantations monoculturelles d’arbres à grande échelle afin d’avoir des réserves de carbone, la mise en place de ces plantations étant bien meilleur marché que les changements fondamentaux dans les modèles de consommation, structure industrielle et “L’augmentation rapide de la plantation technologique énergétique nécessaires à la Australie: d’arbres a eu de graves impacts sur les réduction les émissions de CO2. Pour cela, le communautés locales. Aujourd’hui, les Japon, le Canada, l’Australie et d’autres pays du multinationales sont en train d’acheter les bonnes agricoles aux fermiers en situation nord veulent utiliser ces plantations afin d’atteindre terres économique vulnérable. Ceux qui ont réussi à leur minimum d’obligation quantifiée par le survivre sont restés isolés, entourés de plantations protocole de Kyoto pour réduire leurs émissions de d’arbres qui contaminent leurs eaux et leurs cultures. Le développement rapide de ces gaz de serre. plantationsest en train également de dévaster la vie Bangladesh: “Les zones d’exploitation forestière ont causé de graves problèmes pour l’environnement. En beaucoup d’endroits de la forêt “sal”, on a abattu des quantités d’arbres “sal” et autres espèces natives pour la préparation de zones d’exploitation forestière. Cela a détruit la possibilité de reconstitution de forêts naturelles dans beaucoup d’endroits. L’impact de l’habilitation des zones d’exploitation forestière est énorme sur la vie sylvestre et la biodiversité. Une espèce rare de singe “langur” vit dans une zone limitée de la forêt Modhupur. Son habitat est menacé tant par la culture d’hévéas que par la production de bois de chauffage.” dans les villages, en détruisant les commerces et les Ces risques augmenteront maintenant que les services.” négociateurs se sont mis d’accord sur une définition provisoire des “forêts”, en y incluant tout type de plantation d’arbres. La définition ne fait aucune référence à la biodiversité. N’importe quelle monoculture d’eucalyptus, de palmiers Indonésie: “Dans les zones de concession forestière, il y a des conflits continus et croissants car la terre communautaire est ravagée et on y plante des acacias. Il y a 60.000 ha de terres qui sont réclames à APRIL par les communautés locales, qui en réalité seraient plus, mais tous les cas ne sont pas enregistrés avant que ne commence la coupe et la plantation. La compagnie dit que les problèmes ont été résolus sur une zone de 30.000 ha, mais d’après ce que l’on sait, ceci est peu probable... Dans de nombreux cas, les communautés ont perdu confiance dans le procédé formel et ont organisé des manifestations, pour réclamer leurs droits, manifestations réprimées par l’Etat indonésien et par le personnel de APRIL. En juillet 1998, un employé de APRIL a poignardé et tué Mr Rasyid de la communauté Lubuk Jambi durant une manifestation. En octobre 1997, une fermeture de la route par les villageois de Delik a été violemment réprimée par l’unité mobile spéciale de police appelée par APRIL, et le conseiller légal de la communauté, Mr Marganti Manalu, a été arrêté puis condamné à deux ans de prison sous une clause typiquement utilisée pour les activistes politiques.” ou de pommiers sera considérée comme forêt: De ce fait, sous la définition actuelle, un grand manguier est suffisant pour constituer une forêt. Pire encore, la définition provisoire inscrit “des zones temporairement démunies”, un euphémisme pour des terres complètement déboisées par le ravage ou autre pratique forestière destructive. Le fait que seulement les projets de reboisement et boisement aient été inscrits dans le “Mecanismo de Desarrollo Limpio” crée un nouveau risque appelé “filtration”. Les pays en voie de développement où ces projets sont réalisés n’ont pas d’objectif quantifié quant à l’émission de gaz et donc ne produisent pas d’inventaires qui rendent compte du déboisement sur leurs territoires nationaux. Par conséquent, il se peut que le déboisement élimine les forêts 3 Paraguay: “Dans ses brochures, la Shell se flatte d’avoir créé 150 emplois, ni plus ni moins, avec ses activités forestières. Mais avec 20.000 ha de plantations et USD 20.000.000 investis, on peut facilement calculer qu’il a été investi USD 133.333 pour chaque emploi , alors qu’un poste dans d’autres secteurs agricoles au Paraguay demande un investissement moyen de seulement USD 7.000. On peut également calculer que pour chaque emploi créé, 133 ha de terre ont été occupés. Par conséquent, la Shell n’a pas à se vanter de cette entreprise, dans un pays où 90% de la population rurale occupe moins de 9% de la terre disponible et avec un taux de chomage de plus de 20%.” naturelles rémanentes dans un pays en développement, tandis que le gouvernement reçoit le financement sous le protocole de Kyoto pour des projets de “reboisement” qui en réalité sont des plantations monoculturelles à grande échelle. Les plantations monoculturelles d’arbres ont Chili: Beaucoup de fermiers se voient dans produit une vaste gamme de répercussions l’impossibilité d’étendre leurs terres cultivées parce négatives tant dans le social que dans qu’elles sont entourées de plantations d’arbres. La pauvreté urbaine et rurale, des dégats dans l’environnement. Il y a un grand risque que, si l’infrastructure des routes secondaires, de bas elles sont inscrites dans le traité sur le climat niveaux d’éducation, l’analphabétisme, le chomage, comme “puisards de carbone”, ces impacts seront l’alcoolisme, la perte d’identité culturelle et le manque de ressources municipales (les grandes exacerbés. Il est facile de savoir qui seront les entreprises forestières ne contribuent pas au budget victimes de cette situation perdante: Le climat de municipal) sont d’autres impacts des plantations. la planète et les gens qui en dépendent; les peuples des forêts et leurs forêts; les communautés locales et la biodiversité en général. “Arboles problematicos” souligne les République Tchèque: “Comme on élimine le bois, les forêts n’ont impacts des plantations plus la période de décomposition nécessaire qui est une source irremplaçable de biodiversité. La coupe change complètement le monoculturelles d’arbres à travers des caractère de la végétation vu que les clairières (paseka) sont études de cas et d’autres témoignages rapidement recouvertes par des espèces photophiles comme le au Costa Rica, en Equateur,en Sambucus racemosa, Chamerion angustifolium et la Senecio ovatus. Dans la dernière décade, une graminée prolifique (Calamagrostis Australie, au Paraguay, en Indonésie, epigejos) s’est répandue dangereusement entre les monocultures de au Chili, au Cameroun, en sapins (dans les zones montagneuses s’ajoute le Calamagrostis villosa République Tchèque, au Bangladesh, et refoule la majeure partie des espèces forestières natives. L’expansion des zones de monocultures de sapins a causé une en Ouganda et en Tanzanie. Comme il diminution radicale de la majeure partie des herbes des forêts, qui est dit dans les études de cas de sous des circonstances naturelles forment le revêtement du sol, dans “Arbres problematiques”, les les forêts de feuillages et mixtes.” “plantations de carbone” causeraient d’importants dégats et la perte de terres, de milieux de vie, de ressources économiques et de connaissance pour des millions de populations rurales, ainsi que la perte de gains, de souveraineté et de possibilité d’adaptation pour leur gouvernement. Colombie:Les communautés indigènes et paysannes de l’ouest du pays ont été les plus sérieusement touchées par la perte ou l’usurpation des milieux de vie, des cultures, des méthodes productives et des relations sociales, comprenant la perte dse systèmes traditionnels de solidarité sociale et de qualité de vie. Le développement des plantations comme puisards de carbone, tel qu’il est proposé actuellement, augmentera en grande partie la détérioration du milieu ambiant, social et économique dans des pays comme le notre. Pour avoir le document complet “Tree Trouble" (en anglais ou espanol) ou pour toute autre information sur cette campagne en général, visitez le site http://www.foei.org. Pour plus d’informations sur les conséquences des plantations monoculturelles, visitez le site http://www.wrm.org.uy 4