
parures. Son contrôle est ton contrôle. Sa région cachée, ta région cachée. Ses biens, tes biens.
Sa sagesse est ta sagesse. Son pouvoir de discernement est ton pouvoir de discernement.
Celui qui le protège te protège, et inversement. Il ne mourra pas, de même que tu ne mourras
pas. Il n’aura pas à triompher de ses ennemis, tu n’auras pas à triompher de tes ennemis.
Aucune chose mauvaise ne peut survenir contre lui, aucune chose mauvaise ne peut survenir
contre toi – pour le temps infini et le temps éternel.
Salut à toi, ô Osiris, fils de Nout, possesseur des deux cornes, à l’atef élevée, à qui furent
donnés la grande couronne blanche et le sceptre en présence de l’Ennéade, dont Atoum a créé
le prestige dans le cœur des hommes, des dieux, des bienheureux et des morts, à qui fut
également remis le sceptre en Heliopolis, le dieu aux formes grandioses dans Busiris, seigneur
de la crainte dans les deux régions, celui dont la frayeur qu’il inspire est grande dans Ro-
Setaou, dieu dont la mémoire est heureuse dans le palais, dont les apparitions radieuses sont
éminentes à Abydos, à qui a été accordé le triomphe en présence de l’Ennéade, l’être à cause
de qui les grandes puissances sont saisies de terreur tant sa crainte est répandue à travers la
terre, pour qui se lèvent les grands sur leurs nattes, souverain des divinités du monde
souterrain, grande puissance du ciel, régent des vivants, roi des morts, que des milliers
glorifient à Kher-âha, pour qui l’humanité est en liesse, le possesseur de viandes choisies dans
les demeures d’en haut, pour qui sont préparés des jarrets de bœuf dans Memphis, pour qui est
fait le repas du soir à Letopolis, grande image, à l’éminente puissance.
Ton fils Horus est ton protecteur. Il repousse tous les maux qui te concernent. Ainsi tu as lié
tes chairs, tu as façonné tes membres, tu as rassemblé tes os, tu as apporté… Dresse-toi donc,
ô Osiris ! Je te rends ton bras et je fais que tu te relèves, vivant, pour le temps infini. Geb
essuie ta bouche, les dieux de la Grande Ennéade te saluent… tandis qu’ils s’avancent avec
toi vers l’entrée du monde souterrain. Ta mère Nout place ses bras derrière toi ; elle te protège
et renouvelle sans cesse sa protection envers toi, afin que tes renaissances soient grandioses.
Tes deux sœurs, Isis et Nephtys, viennent et se joignent à toi, dans la vie, la prospérité, la
santé ; auprès d’elles, ton cœur est joyeux ; elles-mêmes sont en liesse à cause de l’amour que
tu leur inspires ; pour toi, elles enserrent toutes les choses dans tes bras, réunissant pour toi
tous les dieux et les ka ; elles t’adorent pour le temps infini.
Comme tu es beau, ô Osiris ! Tu te lèves radieux, puissant et lumineux. Tu as fixé
durablement tes formes. Ton visage est celui d’Anubis. Rê, à cause de toi, est en liesse et
s’unit à ta perfection ; tu as pris place sur son trône pur que Geb a créé pour toi, Geb qui ne
cesse de t’aimer. Tu reçois Rê sur tes bras, dans l’Occident, lorsqu’il navigue dans le ciel,
chaque jour ; avec lui, tu procèdes vers sa mère Nout, quand il se couche au Ponant, dans sa
barque sacrée, chaque jour, en compagnie d’Horus qui, sans cesse, t’aime. La protection de
Rê est ta sauvegarde magique, les incantations de Thoth te suivent, et Isis rend prospère ton
corps.
Textes sacrés et textes profanes de l’ancienne Egypte II, traductions et commentaires par
Claire Lalouette, Connaissance de l’Orient, Gallimard)