le reconnaître encore. C'est ainsi que, si la théosophie mystique d'Ibn 'Arabi (cf. 2` partie) fut
adoptée d'emblée par les théosophes shi'ites qui y retrouvaient leur propre bien, il y a un point
capital qui lui attira des polémiques, parce qu'il était impossible à ses disciples shi'ites (Hay-
7`
~Jf
108 Histoire de la philosophie islamique Des origines jusqu'à la mort d'Averroës 109
nâm de la. Résurrection. L'hagiographie du [° Imâm abonde en traits symboliques, archétypis,
concernant sa naissance et son occultation (ghay!). Disons tout de suite que la critique
historique n'y couvera pas son chemin; c'est d'autre chose qu'il git, de ce que nous avons
caractérisé comme hiérotoire. II faut ici surtout procéder en phénoménolo:: découvrir les
intentions de la conscience shî'ite ir voir, avec elle, ce qu'elle s'est montré à elle-même mis ses
origines.
!, Devant nous limiter ici à l'essentiel, nous rappes que le XI' Imâm, Hasan 'Askarl, retenu
plus ou ins prisonnier par la police abbasside dans le camp Samarra (à quelque 100 kilomètres
au nord de ghdâd), y mourut à l'âge de 28 ans, en 260/873. Ce r-là même disparaissait son
jeune fils, alors âgé de q ans ou un peu plus, et commença ce que l'on ,elle l'Occultation
mineure (gbaybat soghrâ). Cette wltanéité est riche de sens pour le sentiment mysti-
L'Imâm Hasan 'Askarl se propose aux siens • nme le symbole de leur tâche spirituelle.
L'enfant de ç âme devient invisible dès qu'il quitte ce monde, et it de cet enfant que l'âme de
ses adeptes doit enfanla parousie, c'est-à-dire le « retour au présent ».
,'occultation du XII` Imam s'accomplit en deux fois. ecultation mineure dura soixante-dix ans,
pendant quels l'Imam caché eut successivement quatre nâib représentants, par qui ses shî'ites
pouvaient commuuer avec lui. Au dernier d'entre eux, 'Ali Samarrî, il tonna, dans une dernière
lettre, de ne point se choide successeur, car maintenant était venu le temps de
Grande Occultation (ghaybat kobrâ). Les dernières
cales de son dernier nâ'ib (330/942) furent: « Désoris l'affaire n'appartient plus qu'à Djeu, »
Dès lors nmence !':histoire secrète du XII' Imam. Sans doute relève-t-elle pas de ce que nous
appelons l'historicité t-. faits matériels. Cependant elle domine la cons-
sont recueillies dans le vol. XIII de l'Encyclopédie de Majlisi. De nos jours encore paraissent
fréquemment en Iran des livres sur ce sujet : Elzâm. al-Nâsib, de Shaykh 'AU Yazdi; al-Kitâb
al-'abga4, de 'Allâmeh Nehâvandi, etc. De tout cela, seules, quelques pages ont ét8.traduites
en français.) -
Méditéepar les représentants de la théosophie shî'ite ('irfân-e shil), la pensée fondamentale est
celle qui a été énoncée précédemment : de même que le cycle de la prophétie atteint son::
achèvement avec le Sceau des prophètes, de même la walâyat dont la lignée court, de période
en période, parallèlement à celle de la prophétie, a son double sceau dans l'Imamat
mohammadien :
le Sceau de la walâyat générale en, la personne du
I', Imam, et le Sceau de la walâyat mohammadienne, l'ésotérique des ésotérismes antérieurs,
en la personne du XII` Imâm. Comme le dit un maître du soufisme shî'ite iranien, 'Aziz Nasafl
(vn'/xm' s.), disciple de Sa'doddin Hamûyeh : « Des milliers de prophètes, antérieurement
venus, ont successivement contribué à l'instauration de la forme théophanique qui est la pro-
phétie, et Mohammad l'a achevée. Maintenant c'est au tour de la walâyat (l'Initiation
spirituelle) d'être manifestée et de manifester les réalités ésotériques. Or, l'homme de Dieu en
la personne de qui se manifeste la walâyat c'est le Sahib al-zamên, l'Imâm de ce temps.»
Le terme de Sâhib al feamân (celui qui domine ce temps) est la désignation caractéristique de
l'Imâm caché, « invisible aux sens, mais présent au catir de ses fidèles », — celui qui polarise