Série : La Messe (2ème série).
Conférence : 19 - ITE, MISSA EST.
La Messe est finie ...
Le Christ a réaffirmé sa volonté de salut aux dépens de Son Humanité
Immolée.
Sans arrêt, Il remet sous les yeux de l'homme le SEUL Sacrifice Valable.
Aucun autre sacrifice ne sauve l'humanité; tous les autres sacrifices appellent
une participation du moins intentionnelle, à la manière dont Jésus a décidé de
s'offrir.
Sortir de la Messe, c'est repartir à sa journée :
1 porteur en soi de la manière de valoriser ce que l'on vivra autour de soi.
Une journée se compose de tant de ressemblances avec le Vendredi Saint,
- de tant d'évènements et de personnes dont les duretés et les critiques
évoquent la foule hurlante du Calvaire;
- elle impose tant de comportements de croix, que la Messe nous revient en
mémoire, non comme une cérémonie qui supprime le souvenir d'un drame,
mais qui RAVIVE ce souvenir pour nous donner le sens ressuscitant de notre
propre drame.
2 c'est également repartir RESPONSABLES de discerner nos épreuves sans
avoir à les refuser, mais disposés à les ASSOCIER à la Sienne, par
l'offertoire, la consécration, la communion.
L'assistance à la Messe procure, pour la journée, une mentalité opposée à
celle de la nature.
La nature calcule sa journée, de manière à prévenir les difficultés :
- ou par la suppression
l'atténuation...
Ces deux attitudes sont légitimes, puisque raisonnables.
- ou par le refus
la révolte...
Ces deux dernières attitudes sont anti-naturelles et inhumaines, puisqu'elles
abaissent la valeur spirituelle de l'homme.
La facilité et l'intérêt inspirent la grande majorité des comportements
humains, et disposent l'intelligence à ne connaître que l'immédiat pratique et
la volonté à ne servir que son "moi". Or, une société d'intelligences qui ne
dépassent pas les problèmes immédiats aboutit à composer une société
inhumaine refusant d'atteindre le stade des raisonnements supérieurs, lointains
dans leurs conséquences, proches dans leur comportement vertueux; une
société d'hommes qui rabaissent l'existence à débattre ses chances de profit et
ses menaces de perte une société de technologues et de comités
d'administration sans envergure spirituelle vis à vis des droits et des devoirs,
des responsabilités à l'égard des associés de l'entreprise, une société courte,
matérialiste, composée d'hommes juxtaposés, incommunicables...
«ITE» ... allez introduire dans vos intelligences les envergures morales qui
découleront du fait que, dans l'immédiat, vous saisirez le vrai et le faux, le
juste et l'injuste, le moral et l'immoral, qui solliciteront votre accord ou votre
réprobation, dans votre manière de penser l'immédiat, en le devinant
producteur de responsabilités spirituelles en vous et autour de vous, par l'éveil
avisé de votre conscience qui vient de participer aux responsabilités de
conscience du Christ à la Messe entendue le matin même.
La Messe alimente dans l'intelligence, appliquée sur l'immédiat, les courants
forces qui fixent l'attention sur le futur humain et divin, sur l'éternel, sur le
parfait et sur le sanctifié qui ne demandent qu'à germer dans nos gestes
immédiats. Elle maintient l'homme éveillé dans ses envergures et ses
puissances, au profit d'attitudes désintéressées et surnaturelles harmonisées
dans ses comportements immédiats sur les échos déterminant ce que l'infini
de Dieu en pense, en juge et en approuve.
La Messe, comme le Calvaire, affirme la place unique de Dieu dans l'action
humaine et elle l'oriente vers des dispositions de profondeur réfléchie dans les
responsabilités à prendre.
Il n'est heureusement pas rare de rencontrer des hommes auxquels sont
confiés de grosses charges sociales, qui éprouvent le besoin surnaturel d'avoir
avec le Christ une consultation intime, en participant attentivement à La
Messe.
«ITE» ... allez, La Messe est finie, celle de votre volonté commence autant
que celle de votre intelligence.
Le Sacrifice aimé du Christ vous renvoie, avec votre égoïsme, à votre poste
de générosité consentie; décelant dans la fatigue la bénédiction de la sueur,
productrice d'application vertueuse aux activités temporellement communes et
quelconques.
Qui participe à La Messe ne se dérobe pas devant le devoir ou l'obligation
crucifiante. L'activité ignorera l'excuse de l'abstention, de la préférence
instinctive, poussée qu'elle sera aux gestes sans salaire, aux gestes méritoires,
aux gestes qui ressuscitent la qualité de l'âme et l'affirmation désintéressées
de l'amour.
Là où les autres refusent ... allez, affirmez que vous consentez; là où ils
s'abstiennent lâchement... affirmez-vous décision et courage; là où ils se
révoltent... ayez la force de la paix qui réorganisent sans révolte.
Une volonté qui revient de La Messe n'en revient pas seule, avec un
programme de dû et d'avoir. Elle en revient nourrie de La Volonté du Christ,
laquelle allait toujours là où Dieu le Père se faisait précis. Sa Préférence
d'Action ne venait pas de Ses Goûts, mais Elle choisissait toujours selon Le
Goût qu'elle avait en permanence de La Volonté de Dieu, de Sa Gloire et de
Son Service.
- La Messe nourrit la volonté de Ce Goût Surnaturel. Elle l'utilise à l'égard des
répugnances pour les vivre ou les subir, avec la force d'âme d'un délibéré
rempli de l'Adoration de Dieu, comme elle s'en sert vis à vis de l'agréable
pour y ajouter le complément de l'agréable-parfait, attendu de Dieu.
Ainsi pourvues d'envergure et de force d'âme les dilatant à la mesure Des
Comportements du Christ, intelligence et volonté sont prêtes pour aimer et
pour servir le prochain. Car le prochain ne s'apprécie que dans la lumière où
Dieu Lui-même le voit et le désire. Le prochain, éclairé par le regard que
donne La Messe sort de la prison où les jugements humains l'enferment à
double tour avec interdiction de se présenter autrement qu'avec les raisons
pour lesquelles nos souffrances, nos rancoeurs, nos limites lui ont passé les
menottes de la réprobation.
Le regard que procure La Messe dispose à voir le prochain pour ne le regarder
qu'avec des bras ouverts le faisant sortir de la prison de nos jugements, pour
l'emprisonner dans la chaleur et la tendresse des bras se refermant sur lui, sur
ses torts, pour les monnayer en raisons de plus de l'apprécier et de lui sourire.
- La Messe fait voir ce que la nature s'appliquait à ne pas voir, et elle fait
ignorer ce dont la nature s'applique à se souvenir. Le regard sur le prochain
devient un regard dans le coeur du prochain attendant l'aumône de l'oubli, du
sourire et de la bonté.
- La Messe situe tout le monde dans une région de santé possible ou attendue
que confirme notre propre santé spirituelle. Le Christ ne voit en nous que les
raisons d'oublier nos torts, de nous aider à les supprimer, afin, en somme, de
nous ressusciter pour Lui tenir compagnie, à Lui, Le Grand Ressuscité.
Chacun repart de La Messe pour porter au prochain sa manière d'aimer selon
l'Hostie et selon l'ardente bonté qui l'anime. L'Hostie trouve dans Son
Immolation Généreuse, les inépuisables raisons de nous comprendre jusqu'au
pardon. Aimer ne consiste pas, pour Jésus, à PENSER le pardon, mais à
irrésistiblement le PROUVER ... Le Bon Pasteur donne Sa Vie aux autres et
pour les autres : la vie des dispositions qui font revivre les autres : celle de la
bonté, du pardon, de l'échange libre, du service gratuit, du dévouement, du
don de soi.
Il y a, dans l'amour, une intelligence libératrice des nuages les plus épais et
une volonté libératrice des obstacles les plus insurmontables. La Vie de Dieu
circule dans le jugement et dans le désir; et notre propre vie grandit son
expression sociale à la mesure de ce degré de circulation de la vie en nous.
Car La Messe est la plus précieuse réserve de vie sociale : «Cibavit eos ex
adipe frumenti» - Il a nourri la collectivité humaine d'un froment consistant,
jusqu'à souder entre elles les intelligences et les volontés avec des éléments si
vivants que les arrières pensées y meurent d'incapacité à supporter cette
fraîcheur d'expression qui fait chanter les rapports sociaux. La Messe nourrit
notre jugement de cette humilité supérieure du sens de l'homme révélant La
Présence de Dieu : «Quand deux ou trois se réuniront en Mon Nom, Je serai
au milieu d'eux...»
«ITE» ... allez ... partout, au hasard de vos déplacements ou selon l'habitude
de vos activités; rendez-Moi présent partout, en regardant tout le monde en
Mon Nom, avec ce regard profond, délesté de tout jugement, permettant à Ma
Présence qui est en vous d'avoir la joie de reconnaître Ma Présence qui est en
lui.
Alors, votre joie apaisée sera grande, votre paix rayonnante, et votre sourire
vivra de Mon Propre sourire accueillant les pécheurs comme les petits
enfants.
«Cibavit eos ex adipe frumenti...» - Il les a nourris d'un froment plus fort que
les ébranlements douloureux de notre sensibilité.
Intelligence volonté vie sociale les trois régions principales de l'homme,
reviennent de La Messe, baignées Des Douces Energies de Dieu Lui-même.
Dès lors, chacun retourne à sa journée dans un état de sécurité tranquille.
C'est qu'après une Messe, la sécurité n'est pas affaire matérielle, calcul,
prévisions, et le reste ... Dans ce genre de sécurité, nous connaissons bien le
danger de la voir s'évanouir sous les coups de l'imprévu. La vie, même
temporelle, est trop mystère pour que les imprévus et les inattendus n'aient
pas le dessus sur nos raffinements de prévoyance. Il y a la maladie, l'accident,
la "tuile", la tentation et le tentateur; il y a tout cet arsenal d'évènements
surgissant de l'imprévu, ironiques et durs, assurés de leur victoire sur notre
patience, notre confiance, notre élan; il y a les ailes brisées et les oiseaux de
haut bord plaqués au sol par le vent du désespoir... Certes, nous inventons
bien les sécurités sociales; mais leur rôle est bien davantage de prévoir
comment atténuer les effets de l'imprévu, sans en supprimer les causes.
La Messe fortifie et stabilise le jugement du croyant. Il ne se barde pas de
précautions inutiles contre les imprévus; il a compris que le SEUL imprévu
catastrophique est de se passer Des Regards de Dieu sur l'imprévu. Car, pour
Ce Regard Divin, tout est prévu, non pour être supprimé, mais pour être
calmement vécu, au point d'être vaincu dans ses effets démoralisants.
- Sécurité de la Foi vivante, animant les solitudes apparemment définitives, et
les peuplant de Dieu justement parce que tout le monde s'est enfui. «Deus in
adjutorium meum intende...» - «O Dieu, venez à mon aide».
- Sécurité de l'espérance circulant au milieu des ruines morales et matérielles
pour y deviner les raisons de persévérer et de continuer dans la confiance.
- Sécurité de l'amour imposant ses attitudes de vie patiente et forte aux causes
désespérées.
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