Libellules Etangs Mares des et Reconnaître les principales espèces de nos eaux stagnantes Dour ha Stêroù Breizh Centre Régional d’Initiation à la Rivière - 22810 Belle-Isle-en-Terre - Tél : 02 96 43 08 39 http://educatif.eau-et-rivieres.asso.fr. 2 Avertissement Ce livret complète celui consacré aux espèces des eaux courantes. Dans ce dernier étaient rappelées quelques informations sur la classification des libellules, sur leur morphologie ainsi que sur leur cycle de vie. L’ensemble de ces éléments ne seront pas repris ici, il conviendra donc si nécessaire de relire le précédent livret pour ce qui concerne la systématique et le cycle de vie. Le choix des eaux stagnantes 80 % de nos odonates utilisent ces eaux calmes pour réaliser leur cycle. Cependant, ces milieux stagnants ne présentent pas tous les mêmes caractéristiques. La profondeur, l’acidité, la salinité, la qualité de l’eau, le type de végétation, la présence de poissons, le climat régional… sont quelques critères parmi d’autres qui vont dicter la présence ou non d’une espèce. Ainsi, par exemple, si certaines recherchent uniquement les eaux acides des tourbières, d’autres apprécient des eaux riches en végétation et d’autres encore des mares temporaires. Un ensemble d’espèces qui se retrouve de manière constante dans un même type de milieu est appelé cortège. On distingue par exemple le cortège des tourbières, des eaux saumâtres, des mares… Une carrière abandonnée peut s’avérer très attirante pour de nombreuses libellules. Certaines espèces sont très liées aux plantes flottantes. Elles les utilisent pour la ponte et elles en font un poste de défense du territoire. Les mosaïques de marais et roselières abritent des dizaines d’espèces d’odonates. Les eaux saumâtres des mares littorales conviennent à certaines espèces. 3 Quelques rappels sur la morphologie Ptérostigma (cellule de l’aile colorée) Thorax Apex de l’aile 8 10 9 7 Appendices anaux (cerques et cercoïdes) 6 4 5 3 2 1 Abdomen constitué de 10 segments Quelques notes à retenir ! • Sur la quarantaine d’espèces fréquentant les eaux stagnantes bretonnes, certaines sont rares ou très localisées. Seules les plus régulièrement observées sont présentées dans les pages suivantes. •Identifier les libellules n’est pas toujours aisé : la capture au filet et même la loupe sont parfois nécessaires. •Pour une même espèce, les couleurs peuvent fortement varier selon que l’individu soit immature, mâle, femelle, adulte, âgé… Les différences peuvent être déroutantes pour le profane ! Les jeunes individus sont souvent peu colorés ; chez la plupart des espèces, la femelle présente une livrée totalement différente de celle du mâle ; les individus âgés sont souvent plus ternes ou prennent des couleurs surprenantes… La maîtrise de tous ces paramètres s’acquièrent avec l’expérience ! Une femelle immature d’Orthetrum réticulé. Remarquez les ailes brillantes. La même en fin de vie ! Ailes abîmées et abdomen brun recouvert d’une pruinosité bleue. Les mâles, moins discrets, sont donc prioritairement présentés dans ce livret. 4 Le leste fiancé (Lestes sponsa) Très élégante, cette espèce fréquente toutes sortes d’eaux stagnantes, y compris saumâtres et temporaires. Elle apprécie les rives marécageuses. Plutôt commune dans la région. On l’observe de mai à octobre, mais surtout l’été. L : 25-30 mm Pterostigma sombre Yeux bleus Abdomen « métallique » avec segments 1, 2, 9 et 10 de couleur bleue. Elle peut-être confondue avec le leste des bois (Lestes dryas), plus rare. Pour différencier les deux espèces, on observe la forme des appendices anaux (ci-contre). Le leste sauvage (Lestes barbarus) En général peu commune dans la région, cette espèce semble observée plus souvent près du littoral sud et à l’est de la région. Elle apprécie les eaux saumâtres et les mares temporaires. Vole de juin à octobre. L : 26-35 mm Pterostigma bicolore Bout de l’abdomen clair mais pas bleu. Elle peut être confondue avec une autres espèce, le leste verdoyant (Lestes virens) (ci-dessus). La distinction se fait notamment en observant la couleur des pterostigmas, bruns bordés de clair chez cette dernière. 5 L’agrion délicat (Ceriagrion tenellum) Assez commune à l’est de la région, cette espèce semble plus localisée ailleurs. C’est la seule demoiselle de couleur rouge avec la petite nymphe au corps de feu (voir livret précédent). L’agrion délicat s’en distingue notamment par sa taille plus menue et par ses pattes rougeâtres. Sensible à la qualité de l’eau, elle apprécie particulièrement les mares pourvues d’une abondante végétation herbacée. Vole de juin à septembre. L : 22-29 mm Yeux, pattes et pterostigmas rougeâtres, abdomen rouge Accouplement La (Erythromma naïade viridulum) au corps vert Proche de la naïade aux yeux rouges (livret précédent), l’agrion au corps vert est aussi un adepte des plantes flottantes et affleurantes des canaux, mares et étangs ensoleillés. Il y est souvent posé. Cette espèce semble en expansion et est assez commune. Observée surtout en juillet-août. L : 22-29 mm Notez les yeux verts de la femelle. Abdomen noir brillant Yeux rouges Le dessin noir en forme de x sur le 10 ème segment et les cercoïdes courbés permettent de différencier le mâle de celui de la naïade aux yeux rouges 6 L’agrion élégant (Ischnura elegans) C’est probablement le plus commun de nos odonates. On le rencontre près de toutes les eaux stagnantes, et même légèrement courantes. Chez le mâle, seul le 8 ème segment est bleu, les autres sont noirs. On peut seulement le confondre avec l’agrion nain, bien plus rare et plus petit (voir dessin). De fin avril à septembre. L : 22-29 mm Pterostigma bicolore (noir et blanc) Seul le segment 8 est bleu. Chez l’agrion nain (Ischnura pumilio) : le segment 9 et une partie de 8 bleus L’agrion porte-coupe (Enallagma cyathigerum) Commune, cette espèce s’accommode d’un très large panel d’eaux stagnantes. Parmi les espèces bleues et noires, elle se remarque par son vol rapide pour une demoiselle. Le mâle se reconnaît au dessin en forme de coupe sur le deuxième segment de l’abdomen (voir dessin). Elle vole de mai à septembre. L : 22 -30 mm Dessin du segment 2 en forme de coupe ou de champignon. 7 L’agrion jouvencelle (Coenagrion puella) Très commune, cette espèce fréquente tous types d’eaux stagnantes et faiblement courantes. Mai à septembre. L : 22-32 mm Dessin du segment 2 en forme de U L’agrion joli (Coenagrion pulchellum) Proche de la précédente, cette espèce est beaucoup moins commune et très localisée. Elle apprécie les eaux stagnantes où la végétation est bien développée. Mai à août. L : 24-32 mm Dessin du segment 2 de cette forme L’agrion mignon (Coenagrion scitulum) Encore une espèce bleue annelée de noire ! Peu commune et jamais en grand nombre, cette frêle demoiselle recherche les eaux stagnantes ensoleillées non saumâtres et riches en végétaux aquatiques. Mai à août. L : 20-27 mm Dessin du segment 2 de cette forme : Segments 6 et 7 entièrement noirs 8 L’anax empereur (Anax imperator) Cet odonate est l’un des plus grands d’Europe. Commun, le mâle de cette espèce ne passe pas inaperçu lorsqu’il défend son territoire en effectuant des allers-retours incessants au-dessus des eaux stagnantes. Il lui arrive même de foncer sur des oiseaux ! Tout lui convient y compris les eaux faiblement courantes, saumâtres et polluées ! Observée de mi-mai à octobre. L : 50-65 mm Thorax vert Abdomen bleu parcouru par une bande noire sur le dessus L’aeschne printanière (Brachytron pratense) Comme son nom l’indique, cette magnifique libellule vole tôt en saison. On peut l’observer voler au ras de l’eau, slalomant parmi les tiges de roseaux. Elle recherche d’ailleurs les mares et étangs bordés de ces végétaux. On connaît encore peu son statut dans notre région. Observée surtout en mai-juin. L : 40-46 mm Remarquez le dessin du thorax et le corps poilu Petite tache sur le segment 1 Abdomen droit et non étranglé comme chez les autres aeschnes. 9 L’aeschne mixte (Aeschna mixta) Proche de l’aeschne affine (Aeschna affinis) (photo couverture), elle s’en distingue surtout par les dessins du thorax vu de profil (voir dessin). L’aeschne mixte s’observe surtout en fin d’été, et il n’est pas rare de le voir chasser en nombre loin de l’eau, notamment le long des lisières boisées. On l’observe surtout de août à octobre. L : 43-55 mm Thorax de profil 2 petites taches jaunes sur le dessus du thorax Dessin en forme de « clou jaune » à la base de l’abdomen L’aecshne bleue (Aeschna cyanea) Il faut se méfier des noms ! L’aeschne bleue n’est pas plus bleue que les autres aeschnes… Elle est par contre plus grande et plus commune également. Peu exigeante et opportuniste, elle peut occuper les étangs forestiers, les eaux faiblement courantes et même polluées. Vole de fin juin à novembre. L : 50-60 mm Remarquez le dessin du thorax et la petite encoche à l’arrière de l’œil Larges taches sur le dessus du thorax Taches bleues seulement sur les segments 8, 9 et 10 10 La libellule déprimée (Libellula depressa) Son nom est simplement dû à la forme très comprimée de son abdomen. Commune, on peut l’observer se poser fréquemment sur les tiges sèches des berges. Les mâles peuvent être agressifs envers les autres libellules, surtout de couleur bleue ! C’est souvent l’une des premières libellules à coloniser les points d’eau récents. Toutes les eaux stagnantes lui conviennent. Vole de mai à août. L : 21-30 mm En vol, la femelle peut ressembler à un gros frelon. Larges taches noires à la base des ailes Bandes claires sur le dessus du thorax Abdomen très large, bleu avec taches jaunes sur le côté La libellule fauve (Libellula fulva) Proche de la précédente, celle-ci est moins trapue. Elle est également moins commune, surtout à l’ouest de la région. Elle apprécie les eaux stagnantes bordées de friches herbeuses et de boisements. De fin mai à août. L : 26-29 mm Face noire Trait noir à la base de l’aile antérieure Femelle (Notez l’apex des ailes sombre) Derniers segments sombres Ce mâle n’est pas encore adulte, ses yeux deviendront gris bleu et les nervures jaunes vont disparaître. 11 La libellule à quatre taches (Libellula quadrimaculata) La troisième « libellula » se reconnaît bien aux taches noires sur ses ailes. Commune, elle occupe toutes les eaux stagnantes. Mai à mi-septembre. L : 2732 mm Cette tache au nœud des 4 ailes Abdomen brun bordé de jaune et aux derniers segments sombres Le crocothémis écarlate (Crocothemis erythraea) Impossible de confondre cette espèce entièrement rouge écarlate avec une autre ! Plutôt commune, cette africaine semble en expansion. Mi-juin à septembre. L : 19-31 mm Abdomen assez large L’Orthétrum réticulé (Orthetrum cancellatum) Commun au bord des étangs, près desquels il se pose très souvent au sol. Peut être confondu avec le mâle de la libellule fauve et les autres orthétrums (livret précédent). Fin mai à septembre. L : 29-35 mm Pterostigma noir Pas de taches sombres à la base des ailes Extrémité de l’abdomen sombre Le sympétrum rouge sang Face rouge (Sympetrum sanguineum) Cette petite libellule est commune et apprécie toutes les eaux riches en végétation. Comme tous les sympétrums, il se pose souvent ! Vole de juin à octobre. L : 20-26 mm Abdomen rouge vif et thorax brun peu marqué Pattes noires Le sympétrum fascié (Sympetrum striolatum) Le plus commun des sympétrums. Toutes les eaux lui conviennent. Le sympétrum méridional (couverture), ne possède pas de dessins sur le côté du thorax et possède des pattes jaunes rayées de noir. Juillet à octobre. L : 20-30 mm Abdomen rouge terne et thorax marqué de bandes jaunes Pattes noires rayées de jaune La cordulie bronzée (Cordulia aenea) Comme toutes les cordulies, elle est difficile à observer car elle se pose peu. On peut la voir faire des allers-retours incessants à faible hauteur le long des rives des étangs. Remarquez alors ces yeux verts brillants ! Elle peut être confondue avec la cordulie métallique (livret précédent) qui possède un dessin jaune sur le front. Vole de mai à août. L : 30-39 mm Taches jaunes à la base des ailes Abdomen sombre, bronze métallique et en forme de massue Photos : Michel RIOU avec le soutien de : Établissement public du ministère chargé du développement durable