Dans la mesure où un candidat déclare qu’il se conformera à la demande de nos partenaires pour
conforter l’euro, ces contraintes budgétaires, à vrai dire démentes, vont entraîner un certain nombre
de conséquences :
a) les promesses de baisses d’impôts massives, telles que les a fait miroiter le candidat Jacques
Chirac, ne pourront pas être mises en œuvre.
b) les promesses de créations d’allocations généreuses, par exemple à l’ensemble des jeunes
comme le propose le candidat Lionel Jospin, sont tout aussi mirobolantes.
c) tout Président de la République acceptant les contraintes du Pacte de stabilité va au contraire
devoir faire des coupes sombres perpétuelles dans tous les services publics. Militaires,
gendarmes, policiers, infirmiers, instituteurs, professeurs, chercheurs, postiers, magistrats,
personnel pénitentiaire, etc., vont vivre des années et des années de vaches maigres, et ce quelle
que soit la couleur politique des futurs gouvernements. D'ailleurs, les promesses faites récemment
par le gouvernement de M. Jospin aux gendarmes ou aux enseignants n’ont toujours pas été
suivies d’effets. Tout simplement parce qu’elles ne peuvent pas l’être compte-tenu des contraintes
budgétaires.
d) depuis déjà plusieurs années d'ailleurs, les responsables politiques sont contraints de tailler en
pièces tous les budgets de l’Etat. Dans la plupart des ministères, on ne fait plus qu’assurer le
salaire des fonctionnaires, l’entretien courant et la poursuite des actions déjà engagées. Dès lors,
tout redéploiement de dépenses devient très difficile et toute action nouvelle pratiquement
impossible, sauf à ce que l’Etat prenne des décisions et les fasse payer par d’autres. Ce fut le cas
de la récente prestation autonomie pour les personnes âgées, mesure gouvernementale dont le
coût, imposé aux Conseils généraux, va entraîner une hausse des impôts locaux.
e) les Français ont perdu la liberté de décider des politiques nouvelles dans tous les grands
domaines de leur vie collective, comme la défense, la santé, l’éducation, le logement, la justice ou
la sécurité. Les promesses électorales qui prétendent le contraire sont vouées – les électeurs s’en
sont aperçus ! - à demeurer lettre morte dans la mesure où le Pacte de stabilité n’est pas remis en
cause.
Confrontés à ces réalités, les candidats à l’Elysée qui se déclarent favorables à l’euro et à l’Europe fédérale :
- soit éludent le problème, en répondant qu’un fort taux de croissance permettra de résoudre la difficulté.
Mais il faudrait un taux de croissance continûment exceptionnel pour parvenir à l’objectif exigé ; or la
croissance a beaucoup ralenti dans la zone euro et il n’est pas réaliste de prévoir un taux de croissance
exceptionnel.
- soit répondent qu'il faut simplement “ renégocier ” les critères du Pacte de stabilité, et réorienter celui-ci
vers la croissance et l’emploi. Fort bien. Mais le problème est qu’il n’est pas dans le pouvoir de la
France de modifier seule ces critères. Il faut l’accord des autres Etats-membres. Or ni l’Allemagne
ni les Pays Bas ni le Luxembourg ni l’Autriche, par exemple, ne seraient d'accord pour renégocier ces
critères.
La conclusion s’impose :
- soit la France renégocie le Traité de Maastricht, la monnaie unique et le Pacte de stabilité, et, si
elle n’y parvient pas, rejette seule les contraintes du Pacte de stabilité, quitte à sortir de l’euro,
- soit elle est obligée de respecter ces contraintes. Et dans ce cas, l’élection présidentielle n’est
qu’une élection pour rire car elle ne changera rien au fond des choses. Le peuple français
découvrira alors peu à peu qu’il n’est plus qu’un peuple vassalisé, qui s’est laissé voler la
démocratie et qui a laissé faire de la France un protectorat dirigé par une aristocratie non élue, se
prévalant d’un prétendu sens de l’histoire pour imposer la politique voulue par les marchés
financiers internationaux.
LE RESPECT DES ELECTEURS