PASQUA
2002
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PROGRAMME
PRESIDENTIEL
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LE VERITABLE ENJEU
DE L’ELECTION PRESIDENTIELLE
par Charles PASQUA
NE PAS SE TROMPER DE SUJET
Depuis plusieurs semaines, comme l’ensemble des candidats à la Présidence de la République, je reçois
d’innombrables questionnaires émanant de groupes de pression divers et variés.
On me demande d’avoir un avis sur tout. Rien qu’au cours des derniers jours, j’ai ainsi été invité à donner
mon point de vue sur l’ordination des femmes prêtres, l’interdiction totale du foie gras, le vote par Internet, la
coupe des oreilles des Dobermanns, la définition des zones de pêche à Saint Pierre et Miquelon, l’étiquetage
de la teneur en sel des aliments, le mal de vivre des pères divorcés, l’interdiction des lessives aux
phosphates, la suppression des corridas, les moyens d’améliorer les relations entre l’Arménie et
l’Azerbaïdjan, la fiscalité du diesel, la non-discrimination des fumeurs de cigares, la liberté au Soudan, la
reconnaissance officielle du diplôme d’infirmier de bloc opératoire, le rôle social de l’art contemporain,
l’avenir de l’aéroport d’Orly, la création d’une commission nationale d’inspection des zoos, etc., etc.
Je ne doute pas, bien sûr, que ces questions, ou du moins certaines d’entre elles, aient de l’importance. Mais
les enjeux de l’élection présidentielle me semblent se situer à un autre niveau que celui auquel ce type de
questionnaire prétend les situer.
Quel niveau ? Tout simplement l’avenir de la France et la faculté ou non que nous aurons à maintenir
notre pays comme libre, souverain, démocratique et indépendant.
Certains haussent les épaules et considèrent cette mise en garde comme dénuée de fondement. Comme si
l’indépendance, la liberté et la démocratie étaient en France des acquis éternels que rien ne pourrait remettre
en cause.
C'est à ceux-là que je veux m’adresser en leur demandant de réfléchir à ceci : sous la contrainte du Pacte
de stabilité ” voulu par certains de nos partenaires et notamment par l’Allemagne, la monnaie unique impose
à la France un retour à l’équilibre budgétaire structurel. Dans son avis adopté le 12 février 2002, le Conseil
Ecofin (réunion des ministres de l’économie et des finances de l’Union européenne) a ainsi sommé la France
de parvenir à un équilibre budgétaire en 2004, puis toutes les années au-delà.
Or le budget de la France accuse actuellement un déficit de 210 milliards de francs (je ne l’exprime pas en
euros car personne n’y comprendrait plus rien). Il va donc falloir que l’Etat réalise en deux ans des
économies de l’ordre de 210 milliards de francs ; ou qu’il augmente ses recettes de ce montant. Puis qu’il s’y
tienne pour toujours.
L’objectif ainsi fixé est colossal, le montant énorme. Pour avoir un ordre de grandeur à l’esprit, il équivaut aux
budgets cumulés des ministères suivants :
ministère de l'Intérieur (budget de 56 milliards de francs),
+ ministère de la Justice (budget de 28 milliards de francs)
+ ministère de la Défense (budget de 102 milliards de francs hors rémunérations)
+ ministère de la Culture et de la Communication (budget de 20 milliards de francs).
QUELLES MARGES DE MANŒUVRE ?
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Dans la mesure un candidat déclare qu’il se conformera à la demande de nos partenaires pour
conforter l’euro, ces contraintes budgétaires, à vrai dire démentes, vont entraîner un certain nombre
de conséquences :
a) les promesses de baisses d’impôts massives, telles que les a fait miroiter le candidat Jacques
Chirac, ne pourront pas être mises en œuvre.
b) les promesses de créations d’allocations généreuses, par exemple à l’ensemble des jeunes
comme le propose le candidat Lionel Jospin, sont tout aussi mirobolantes.
c) tout Président de la République acceptant les contraintes du Pacte de stabilité va au contraire
devoir faire des coupes sombres perpétuelles dans tous les services publics. Militaires,
gendarmes, policiers, infirmiers, instituteurs, professeurs, chercheurs, postiers, magistrats,
personnel pénitentiaire, etc., vont vivre des années et des années de vaches maigres, et ce quelle
que soit la couleur politique des futurs gouvernements. D'ailleurs, les promesses faites récemment
par le gouvernement de M. Jospin aux gendarmes ou aux enseignants n’ont toujours pas été
suivies d’effets. Tout simplement parce qu’elles ne peuvent pas l’être compte-tenu des contraintes
budgétaires.
d) depuis déjà plusieurs années d'ailleurs, les responsables politiques sont contraints de tailler en
pièces tous les budgets de l’Etat. Dans la plupart des ministères, on ne fait plus qu’assurer le
salaire des fonctionnaires, l’entretien courant et la poursuite des actions déjà engagées. Dès lors,
tout redéploiement de dépenses devient très difficile et toute action nouvelle pratiquement
impossible, sauf à ce que l’Etat prenne des décisions et les fasse payer par d’autres. Ce fut le cas
de la récente prestation autonomie pour les personnes âgées, mesure gouvernementale dont le
coût, imposé aux Conseils généraux, va entraîner une hausse des impôts locaux.
e) les Français ont perdu la liberté de décider des politiques nouvelles dans tous les grands
domaines de leur vie collective, comme la défense, la santé, l’éducation, le logement, la justice ou
la sécurité. Les promesses électorales qui prétendent le contraire sont vouées les électeurs s’en
sont aperçus ! - à demeurer lettre morte dans la mesure où le Pacte de stabilité n’est pas remis en
cause.
Confrontés à ces réalités, les candidats à l’Elysée qui se déclarent favorables à l’euro et à l’Europe fédérale :
- soit éludent le problème, en répondant qu’un fort taux de croissance permettra de résoudre la difficulté.
Mais il faudrait un taux de croissance continûment exceptionnel pour parvenir à l’objectif exigé ; or la
croissance a beaucoup ralenti dans la zone euro et il n’est pas réaliste de prévoir un taux de croissance
exceptionnel.
- soit répondent qu'il faut simplement renégocier les critères du Pacte de stabilité, et réorienter celui-ci
vers la croissance et l’emploi. Fort bien. Mais le problème est qu’il n’est pas dans le pouvoir de la
France de modifier seule ces critères. Il faut l’accord des autres Etats-membres. Or ni l’Allemagne
ni les Pays Bas ni le Luxembourg ni l’Autriche, par exemple, ne seraient d'accord pour renégocier ces
critères.
La conclusion s’impose :
- soit la France renégocie le Traité de Maastricht, la monnaie unique et le Pacte de stabilité, et, si
elle n’y parvient pas, rejette seule les contraintes du Pacte de stabilité, quitte à sortir de l’euro,
- soit elle est obligée de respecter ces contraintes. Et dans ce cas, l’élection présidentielle n’est
qu’une élection pour rire car elle ne changera rien au fond des choses. Le peuple français
découvrira alors peu à peu qu’il n’est plus qu’un peuple vassalisé, qui s’est laissé voler la
démocratie et qui a laissé faire de la France un protectorat dirigé par une aristocratie non élue, se
prévalant d’un prétendu sens de l’histoire pour imposer la politique voulue par les marchés
financiers internationaux.
LE RESPECT DES ELECTEURS
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L’élection présidentielle est la clé de voûte de nos institutions. Elle est le point cardinal de notre vie politique,
et quasiment l’emblème de notre démocratie. Pour cela, elle requiert de se dérouler dans la dignité et avec le
souci constant du respect des électeurs, pour reprendre une expression qui tend, fort heureusement, à
redevenir à la mode. Allant dans ce sens, je propose que tous les candidats à la Présidence de la
République adoptent une ligne de conduite pour assurer ce respect, qui se décline en trois gages
de respect :
a) premier gage de respect : annoncer officiellement si l’on dira OUI ou
NON aux contraintes du Pacte de Stabilité fixées pour 2004.
Le respect des électeurs commence : dans la mise en pleine lumière, au vu et au su de tous les
Français, des contraintes précises que la construction d'un Super-Etat européen fait peser sur notre pays et
qui ruinent toute marge de manœuvre.
Il me semble que c'est le rôle des médias que de l’expliquer aux électeurs et que de demander à chaque
candidat à la Présidence de la République sa position claire et nette, exprimée publiquement : OUI ou NON,
se soumettra-t-il aux contraintes du Pacte de stabilité et à l’équilibre budgétaire en 2004, même si
nos partenaires européens refusent de renégocier les termes de ce Pacte de stabilité ?
Pour moi, je réponds NON. Et les autres ?
b) deuxième gage de respect : ne pas se contenter de slogans et de
formules creuses mais annoncer des mesures précises, cohérentes,
et compatibles avec la réponse fournie au point précédent.
Il y a deux façons de se moquer du peuple, de ridiculiser la démocratie et de faire le lit de toutes les
démagogies :
La première consiste à n’avancer que des promesses générales, ne proférer que des slogans
sympathiques ou des banalités, en se gardant toujours de prendre des engagements précis. Ce
n’est alors plus un programme de gouvernement mais une campagne publicitaire.
La seconde consiste à prendre des engagements innombrables mais contradictoires les uns avec
les autres, en se déclarant d'accord avec tous les groupes de pression quels qu’ils soient et sans
aucun souci de cohérence. Ce n’est alors plus un candidat à la Présidence de la République mais un
caméléon.
Pour ces deux raisons, le respect des électeurs passe :
a) par la présentation d’un programme clair, assorti de mesures précises, et non de simples
promesses générales ou de formules creuses.
b) et par la présentation de mesures cohérentes entre elles. En particulier cohérentes avec les
contraintes du Pacte de stabilité que le candidat à la Présidence de la République se sera engagé
ou non à respecter dans la question précédente.
Car il est trop facile de prétendre imposer l’impunité zéro en matière de sécurité ce qui impose
d’augmenter considérablement le budget du ministère de la Justice -, de s’indigner de l’état de paupérisation
de nos armées - ce qui impose d’augmenter considérablement le budget du ministère de la Défense -, de
soutenir les revendications des professions de santé, ou de s’alarmer du niveau excessif de nos impôts, tout
en se réjouissant de l’euro et en refusant de remettre en cause les contraintes du Pacte de stabilité, fût-ce
contre le gré de nos partenaires européens.
De même, il est trop facile d’annoncer que l’on veut une France plus forte dans le monde ou “ une France
plus grande ” sans expliquer précisément, considérations budgétaires à l’appui, comment l’on va y parvenir.
Ou en taisant aux Français certaines questions politiques essentielles.
S’agissant justement du rayonnement de la France dans le monde et de l’influence de sa diplomatie, chaque
candidat à la Présidence de la publique doit, me semble-t-il, répondre à la question précise suivante : OUI
ou NON acceptera-t-il que la France abandonne son siège de membre permanent au Conseil de
Sécurité des Nations-Unies c'est-à-dire l’un des éléments essentiels de son statut de grande
puissance -, et ce au profit de l’Union européenne ?
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Pourquoi cette question est-elle d’actualité ? Parce que le Chancelier allemand l’a plusieurs fois réclamé – et
encore pas plus tard que le 8 mars dernier ; et parce que le Parti Populaire Européen, qui regroupe les
différents partis fédéralistes au niveau européen, prévoit justement, dans l’article 506 de ses statuts,
un siège unique pour l’Union européenne.
Pour moi, je réponds NON : Jamais la France ne doit céder son siège de membre permanent.
Les autres candidats et en particulier MM. Chirac et Jospin sont-ils prêts à annoncer
publiquement la même chose ? Et sinon, que valent alors leurs promesses d’une France plus
grande ” ou “ plus forte dans le monde ?
C'est pour l’ensemble de ces raisons que je présente aujourd'hui un programme précis et dense, et
des mesures qui ont toutes été conçues avec un grand souci de cohérence intellectuelle et
budgétaire.
La clé de voûte de ce programme, c'est la volonté, conforme à mille ans d’histoire de France, de
maintenir, aujourd'hui comme hier, une France libre, souveraine et indépendante de toutes les
hégémonies. C'est l’essence même de mon combat politique. C'est la raison de ma candidature au
poste suprême de nos institutions.
Loin d’être un combat d’arrière-garde, c'est au contraire le combat de demain. Il s’inscrit d'ailleurs dans une
tendance historique visible partout à la surface du globe : jamais la planète n’a compté autant d’Etats-nations
qu’en ce début de XXIème siècle et les soixante dernières années ont montré, partout, le triomphe des
peuples et des nations contre tous les empires plurinationaux.
Logiquement, ce combat m’amène à refuser la construction d'un Super-Etat européen, qui nous
mène dans une impasse, à l’effacement de la France et à la perte de notre identité nationale.
Logiquement, je propose donc de renégocier le Traité de Maastricht et je refuse en toute hypothèse
les contraintes du Pacte de stabilité, contraintes dont le futur proche révèlera le caractère
incompatible avec les aspirations du corps social français.
Logiquement, je suis donc en mesure de proposer de sérieux efforts budgétaires dans les secteurs
où les besoins sont criants.
Cinq priorités budgétaires absolues doivent prévaloir :
1. la Justice, dans le cadre d’une grande politique alliant sécurité et justice,
2. la Défense, afin de redonner à nos armées leur capacité d’action,
3. l’Aménagement du territoire, afin de sauvegarder la ruralité, de lutter contre l’inégalité entre
les territoires et de réhabiliter les banlieues,
4. la politique de la Famille, notamment afin de parvenir à l’objectif minimal de renouvellement
des générations, élément essentiel de redynamisation de la France et de financement des
retraites sur long terme,
5. et la Santé, afin de sauver le système français de soins.
Logiquement aussi, je suis en mesure de proposer une baisse des prélèvements obligatoires, dun
point par an pendant cinq ans, afin de soulager les ménages, de libérer les initiatives des entreprises
et de favoriser l’emploi.
Afin de ne pas grever à l’excès le déficit budgétaire, je propose une réforme de l’Etat, avec
notamment une réduction sensible du nombre de ministères et du nombre de députés, et une
suppression des doublons administratifs entre l’Etat et les collectivités locales.
Je propose aussi un réexamen de tous les budgets ministériels et un audit de toutes les prestations
sociales afin de mettre un terme aux niches favorisant l’inactivité et de corriger les abus, car tous les
Français savent qu’il y en a.
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